L’Observatoire national des violences de milieu de santé (ONVS, ministère de la Santé) vient de publier son rapport annuel sur les faits de violence hospitalière déclarés pour l’année 2014.
337 établissements de santé ont fait remonter à l'organisme 14 502 signalements, dont les trois quarts (10 638 déclarations) concernent des atteintes aux personnes. Le nombre d'actes de violence signalés est en nette augmentation par rapport à 2013.
CHU, centres hospitaliers et hôpitaux psychiatriques sont les plus prompts à jouer le jeu de la déclaration (94 % de l’ensemble). 68 cliniques ont également contacté l’ONVS.
Afin de développer la culture du signalement dans les hôpitaux, l’ONVS – associé à la Fédération hospitalière de France (FHF) – vient de publier une fiche réflexe sur les points clés d’une politique de sécurité en établissement de soins.
1 075 médecins violentés
Une déclaration sur trois provient d'un établissement francilien, région très impliquée dans le signalement de violences hospitalières, notamment par le travail de l'Assistance publique – Hôpitaux de Paris (AP-HP). Sur l'ensemble du territoire, la psychiatrie (21 %), les urgences (15 %), la médecine (9 %) et la gériatrie (9 %) sont les services hospitaliers qui en sont le plus victimes.
18 143 victimes ont été recensées au total, dont 85 % font partie du personnel hospitalier. Si l'ONVS constate une légère amélioration par rapport à 2013 (plus de 20 000 atteintes aux personnes et aux biens), il déplore malgré tout une victime « toutes les 30 minutes » et 50 tous les jours. Parmi elles, 1 075 médecins et 5 703 infirmiers ont été violentés.
Dans neuf cas sur dix, les auteurs d'actes de violence sont des patients, des visiteurs ou des accompagnants. Plus rarement, il s'agit de personnels ou de détenus.
La cause des agressions concerne la prise en charge dans 59 % des cas. Un temps d’attente jugé excessif est à l'origine de 12 % des faits recensés. L’alcoolisation (12 %), les règlements de compte (7 %) et les refus de prescription (6 %) sont également en cause.
Pied à perfusion, plateau-repas et massue en bois en guise d'arme
La majorité (48 %) des signalements entre dans la catégorie des violences physiques : l’ONVS recense 5 041 cas de violence volontaire, 623 menaces avec arme et 73 agressions sexuelles.
Une fois sur trois (32 %), les personnels essuient injures et insultes.
Les menaces représentent 18 % des faits recensés.
Plus inquiétant, « les faits les plus graves sont en hausse » d'une année sur l'autre, s’inquiète l’ONVS. 179 cas de violences avec arme pouvant aller jusqu’au crime (soit 2 % des atteintes physiques), dont dix viols, cinq séquestrations et une prise d’otage sont enregistrés en 2014. On constate l’usage d’une arme à feu (un cas), d’une arme blanche (12 cas) et d’une bombe lacrymogène (un cas). À défaut, les auteurs de violence ont utilisé un pied à perfusion, un plateau-repas, une massue en bois, des ciseaux, une chaise et un pistolet à bille.
Moins de poursuites judiciaires
Si le nombre de violences graves a augmenté, les suites judiciaires ont, elles, diminué. En 2014, les évènements signalés par les établissements ont donné lieu à 2 224 dépôts de plainte (contre 2 257 en 2013) et à 185 mains courantes (contre 260 en 2013).
« Certains services sont le lieu d’expression principal des violences verbales avec une escalade pouvant déboucher sur des coups, note l’ONVS. Ces situations se retrouvent notamment dans les services où l’attente du patient est forte, chargée en émotion et en angoisse (pédiatrie, urgences) ou lorsque le patient estime que la prise en charge ne correspond pas à ses besoins. »
L'Observatoire constate par ailleurs que les conditions d’accueil, « services ponctuellement surchargés, longueur de l’attente, manque de personnel, communication insuffisante », peuvent constituer des « facteurs de tensions supplémentaires ».
Measure
Measure
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire