Se soustraire aux affaires sérieuses, aux raisons efficaces, à l’enchaînement morne du quotidien ne serait-ce qu’un jour, ne serait-ce qu’une heure, pour retrouver le goût de cette liberté qui nous rappelle à la vie.
Je vais partir. Couper mes ponts. Larguer ce qui m’encombre. Je vais enfin exercer mon pouvoir de ne pas faire. Exercer un pur désœuvrement, contrairement à ce qu’on attend de moi, contrairement à ce qu’on attend de nous, soumis tous autant que nous sommes à l’injonction incessante de faire et de faire et de faire et de remplir jusqu’à la gueule nos vies d’affairements pour avoir l’air vivants.
Je vais être enfin dans le désœuvrement, qui n’est pas l’apathie dépressive où je tombe parfois, ni le dégoût hautain du «à quoi bon», ni l’aboulie je ne fous rien, encore moins la presque mort du mélancolique. Qui n’est pas non plus le désormais fameux «lâcher prise» dont se sont engoués nos nouveaux managers, devenus agents d’ambiance, dans l’idée de faire davantage trimer les trimeurs mais sans qu’ils s’en aperçoivent.
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