30.12.2015
Maîtriser son stress. C’est la promesse de Melomind, un casque capable d’analyser l’activité cérébrale à des fins de relaxation, et censé » arriver sur le marché en 2016. Peut-on y croire à ce stade de développement ? Le point avec le Dr Jean-Christophe Seznec, psychiatre.
Melomind serait un « coach personnel de relaxation qui vous aide à mieux gérer votre stress et à suivre vos progrès n’importe où et à n’importe quel moment de la journée ». C’est la promesse de myBrain Technologies, la société française qui a mis au point ce casque audio. Cet accessoire très design a été créé par deux docteurs en neurosciences, en partenariat avec l’Institut du cerveau et de la moelle épinière (ICM, hôpital la Pitié-Salpêtrière, Paris). Il est censé « vous aider à améliorer vos capacités cérébrales afin d’atteindre la paix intérieure ».
Le casque permet de s‘« immerger dans un voyage audio interactif le temps d’une session de 3 à 15 minutes ».
Comment fonctionne Melomind ? Sur le principe du « neurofeedback ». Le casque, muni de capteurs, permet une mesure EEG qui est transmise à un smartphone via Bluetooth. Le signal EEG est ensuite analysé en temps réel et le « marqueur biologique de relaxation est calculé ». Le casque émet, après analyse, de la musique qui est modulée en temps réel et « joue un indicateur de votre état de relaxation : plus vous vous relaxez, plus vous arriverez à progresser dans le voyage musical et vous maîtriserez votre relaxation ».
myBrain Technologies précise que les données cérébrales resteront confidentielles et stockées sur le smartphone ou la tablette personnelle relié(e). Melomind devrait arriver sur le marché en 2016, après une série de tests sur des bêta-testeurs. L’objet connecté proactif devrait être mis en vente à un prix de 300 euros.
L’avis du Dr Jean-Christophe Seznec, psychiatre, président de l’Association francophones de sciences contextuelles et comportementale.
Actuellement, on ne dispose que d’informations limitées sur Melomind. Et de nombreuses questions doivent encore être posées avant de donner un avis plus argumenté sur ce dispositif : pourquoi a-t-on choisi ces zones cérébrales d’enregistrement ? Existe-t-il des études en double aveugle démontrant son efficacité ? Quelles ondes EEG sont enregistrées ? Dans quelles régions cérébrales ? Pourquoi ces régions ont-elles été choisies ? Quelles études scientifiques ont été menées ? Quelles sont les indications ? Quelle est la cible dans le grand public ? Comment se fait le choix de la musique ?
Les données dont on dispose actuellement ne permettent pas d’affirmer que le dispositif a été testé avec rigueur scientifique et qu’il est efficace.
On sait que la relaxation, tout comme la méditation « pleine conscience », permet de modifier le tracé EEG de certaines zones du cerveau. Cependant, est-ce que ce feedback technologique apporte vraiment quelque chose à une simple pratique ? Le prix de l’appareil étant élevé, il est important d’en connaître la valeur ajoutée. En outre, ce type d’appareil ne doit pas entraver la consultation d’un spécialiste si on ressent une souffrance. Mais dans le cas de Melomind, on parle de relaxation. Or, il n’existe pas de données scientifiques sur le sujet spécifique « EEG et relaxation ».
On peut imaginer – si la validité de cette approche est prouvée scientifiquement – que Melomind pourrait devenir un outil prescrit par des médecins à des fins de relaxation au cabinet comme à domicile, mais il ne faut pas oublier que de tels objets peuvent être détournés de leur utilisation première, par des personnes mal intentionnées se prenant pour des thérapeutes sans en avoir les compétences.
Utile ou futile ?
Tant que des études menées avec rigueur scientifique ne sont pas disponibles, il est impossible de conclure à une quelconque utilité de Melomind, même avec la caution scientifique mise en avant par le concepteur.
Dr Isabelle Catala
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