15/10/2014
Les discussions qui naissent sur le Net autour la grossesse peuvent avoir de fâcheuses conséquences. L’analyse menée par le service de Pharmacologie médicale et clinique de Toulouse montre que 20 % des conseils délivrés en ligne pour cette période délicate de la vie ne sont pas en accord avec la médecine fondée sur les preuves et 12 % sont potentiellement dangereux.
Lucie Palosse-Cantaloube et Christine Damase-Michel* ont exploré au cours d’une analyse rétrospective 10 forums autour de la grossesse et pour chacun d’eux environ 21 questions concernant essentiellement les médicaments lesquels ont été classés en 5 catégories, A, B, C, D et X selon la dangerosité établie par la Food and Drug Administration (FDA).
Les questions
Cent quarante et une questions ont été collectées, posées essentiellement par des femmes jeunes, au début de leur grossesse dans 1 cas sur 3 ; 130 concernaient directement les traitements, et principalement les traitements du système nerveux avec, en tête, l’acétaminophène, la molécule la plus souvent citée, l’acide acétyl-salicylique, les psycholeptiques, les antiépileptiques... 22 % des questions concernaient des drogues tératogènes (classée D ou X par la FDA).
L’homéopathie : réponse à presque tout
Chaque question obtenait une ou plusieurs réponses, et 214 réponses ont ainsi été recencées dont seulement 7 % émanant de professionnels de santé. Parmi les traitements les plus recommandés, 32 % étaient des principes homéopathiques.
Environ 20 % des réponses étaient incorrectes et 12 % des traitements recommandés pouvaient être à risque pour la grossesse, dans la majorité des cas parce que les drogues citées n’ont jamais été évaluées au cours de cette période : suppléments minéraux, vitaminiques, flubendazole, etc... ou parce qu’elles contenaient de l’alcool. Autre exemple de réponse « à risque » : le tamoxifène, anti-œstrogène, recommandé pour traiter le reflux gastro-intestinal.
Les auteurs reconnaissent à ce type d’étude certaines limites qui tiennent à la population étudiée ; une frange de la population qui surfe sur le Web mais qui n’est pas représentative de la population des femmes enceintes. Google n’est pas non plus le seul moteur de recherche…
Concernant la dangerosité, les auteurs remarquent que l’utilisation de produits homéopathiques est assez fréquente au cours de la grossesse mais leur efficacité n’est pas prouvée, et le risque est de méconnaître une pathologie qui nécessiterait un traitement pharmacologique étayé. Les riques doivent être connus, insistent les auteurs, ainsi que le moyen de s’en prémunir, comme le fait de vérifier la certification HONcode des sites qui garantit une information de meilleure qualité.
Dr Anne Teyssédou
Analysis of chats on French internet forums about drugs and pregnancy. Pharmacœpidemiology and Drug Safety ( 2014) DOI : 10.1002/pds.3709
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