Espérance de vie des malades mentaux : l’écart se creuse
Publié le 04/06/2013
La maladie mentale affecte l’espérance de vie des personnes qui en sont atteintes. Le fait est reconnu, les travaux les plus récents révélant entre 8 et 20 années d’espérance de vie en moins pour les patients souffrant de troubles mentaux. Cette réduction est souvent attribuée aux suicides ou aux décès accidentels, plus fréquents chez ce type de patients.
Cette idée pourrait s’avérer fausse, si l’on en croit une étude australienne détaillant l’évolution de l’espérance de vie chez les malades mentaux entre 1985 et 2005 par rapport à l’ensemble de la population.
L’étude confirme bien une espérance de vie inférieure pour les malades mentaux. Alors qu’en 1985, les hommes atteints de maladie mentale avaient une espérance de vie réduite de 13,5 ans par rapport à la moyenne de la population, la différence est de 15,9 années en 2005. Pour les femmes, la différence passe de 10,4 années de moins en 1985 à 12,0 années en 2005. Ce sont les patients atteints de psychose et de troubles anxieux ou de l’adaptation qui sont les plus touchés par cette augmentation du différentiel.
Mais le suicide n’est pas la principale cause des décès prématurés. Dans 80 % des cas, les décès prématurés sont dus à des pathologies organiques : pathologies cardiovasculaires (causes de 26,2 % des décès en surnombre chez les hommes et 35,3 % chez les femmes) et cancers (13,6 % des décès supplémentaires chez les hommes et 13,3 % chez les femmes) principalement. Quant aux suicides, ils sont à l’origine de 16,6 % des décès supplémentaires chez les hommes et 10,1 % chez les femmes.
Les auteurs de l’étude font remarquer que l’aggravation des écarts entre l’espérance de vie des malades psychiatriques et celle de la moyenne de la population est sans doute plus largement liée à l’augmentation de l’espérance de vie dans la population générale qu’à la diminution de celle des patients atteints de maladie psychiatrique. Mais cela sous-entend tout de même que ces derniers n’ont pas bénéficié de la même façon de l’allongement de l’espérance de vie.
L’impact des pathologies mentales sur la mortalité est pourtant reconnu depuis longtemps. A titre de comparaison, le tabagisme entraîne une diminution de l’espérance de 10 ans environ. Il bénéficie pourtant de toute l’attention des pouvoirs publics et de beaucoup de moyens pour sa prévention.
Les auteurs mettent en exergue le rôle important que peuvent jouer les médecins généralistes dans l’évaluation des besoins des patients atteints de maladie mentale en termes de santé et ils évoquent notamment la mise en place des nouveaux modes de rémunération qui permettraient aux praticiens de consacrer plus de temps à ces patients complexes.
Dr Roseline Péluchon
Lawrence D. et coll. : The gap in life expectancy from preventable physical illness in psychiatric patients in Western Australia:retrospective analysis of population based registers. BMJ 2013; 346: f2539doi: 10.1136/bmj.f2539
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