La plume et le bistouri
Un petit tour à l'IPPP
Le bâtiment a beau être imposant, il n’y a pas grand monde. En moyenne, 5 patients par jour. Et pour s’occuper d’eux, une dizaine de psychiatres à temps partiel, et 27 infirmiers ou surveillants. En ces temps de grande restriction budgétaire, l’Infirmerie psychiatrique de la préfecture de police de Paris est un havre de paix.
Certes, l’IPPP est au centre d’une polémique depuis la publication d’une recommandation du contrôleur général des lieux de privation de liberté, demandant sa fermeture et son transfert vers le ministère de la santé (Libération du 18 mars 2011), mais à part ça tout va bien. Cette après midi, -hier en l’occurrence, c’est jour de visite. La préfecture de police a ainsi organisé une visite pour les journalistes. Une première. Et ce lundi, c’est sacrément calme. Il y a juste une femme enfermée dans une cellule. Le médecin chef, le Dr Eric Mairesse le dit avec insistance aux journalistes conviés: «Ici, je peux travailler très correctement, en tout cas sans remettre jamais en cause ma déontologie».
L’IPPP est un lieu unique en France, dépendant donc de la préfecture de Police de Paris. C’est là que tous les commissariats de police de Paris adressent les personnes, prises sur la voie publique, en état d’agitation. Transportées à l’IPPP, les psychiatres ont 48 heures pour leur proposer ou non au préfet de police une hospitalisation d’office en psychiatrie. Dans les autres grandes villes de France, cela se passe différemment: la personne agitée est conduite aux urgences psychiatriques, qui proposent ou non une HO, ensuite.
«Contrairement à ce que l’on pourrait croire, lâche le Dr Mairesse, ici en proportion on décide moins de HO qu’ailleurs: autour de 40% des personnes qui nous sont amenés». La raison? «On a une certaine expérience, et puis garder 24 heures ou 48 heures quelqu’un permet de le calmer, alors que dans les services hospitaliers d’urgence ils sont débordés, et doivent décider très vite».
Pour autant, l’IPPP reste à part, clairement sous l’autorité de la préfecture de police. Les psychiatres sont embauchés par elle, comme le personnel soignant. Et les surveillants, dont la fonction est de prévenir toute violence, portent bizarrement des blouses blanches.
Située aux portes de l’hôpital St Anne de Paris, l’IPPP est essentiellement un long couloir, avec une série de 12 cellules. Quand la personne arrive, elle est immédiatement déshabillée, lavée, et mise en pyjama, avant d’être vue par un psychiatre. Depuis un arrêt du Conseil d'Etat en 2009, la personne peut demander à voir un avocat.
«Nous n’avons aucune pression», insiste le médecin chef. «Mais pourquoi l’appréciation compétente d’une situation pathologique a-t-elle des liens avec une institution de police ?», se demandait le contrôleur, dans sa recommandation. Ajoutant: «Il y a là les conditions d’une confusion dans la matière délicate de la privation de liberté pour motifs psychiatriques auxquelles il importe de mettre fin».
«Je ne comprends pas ce réquisitoire», répète le Dr Mairesse. «Dans notre fonctionnement, le contrôleur ne nous reproche presque rien. Mais à la fin, il demande notre fermeture».
Eric Favereau
Certes, l’IPPP est au centre d’une polémique depuis la publication d’une recommandation du contrôleur général des lieux de privation de liberté, demandant sa fermeture et son transfert vers le ministère de la santé (Libération du 18 mars 2011), mais à part ça tout va bien. Cette après midi, -hier en l’occurrence, c’est jour de visite. La préfecture de police a ainsi organisé une visite pour les journalistes. Une première. Et ce lundi, c’est sacrément calme. Il y a juste une femme enfermée dans une cellule. Le médecin chef, le Dr Eric Mairesse le dit avec insistance aux journalistes conviés: «Ici, je peux travailler très correctement, en tout cas sans remettre jamais en cause ma déontologie».
L’IPPP est un lieu unique en France, dépendant donc de la préfecture de Police de Paris. C’est là que tous les commissariats de police de Paris adressent les personnes, prises sur la voie publique, en état d’agitation. Transportées à l’IPPP, les psychiatres ont 48 heures pour leur proposer ou non au préfet de police une hospitalisation d’office en psychiatrie. Dans les autres grandes villes de France, cela se passe différemment: la personne agitée est conduite aux urgences psychiatriques, qui proposent ou non une HO, ensuite.
«Contrairement à ce que l’on pourrait croire, lâche le Dr Mairesse, ici en proportion on décide moins de HO qu’ailleurs: autour de 40% des personnes qui nous sont amenés». La raison? «On a une certaine expérience, et puis garder 24 heures ou 48 heures quelqu’un permet de le calmer, alors que dans les services hospitaliers d’urgence ils sont débordés, et doivent décider très vite».
Pour autant, l’IPPP reste à part, clairement sous l’autorité de la préfecture de police. Les psychiatres sont embauchés par elle, comme le personnel soignant. Et les surveillants, dont la fonction est de prévenir toute violence, portent bizarrement des blouses blanches.
Située aux portes de l’hôpital St Anne de Paris, l’IPPP est essentiellement un long couloir, avec une série de 12 cellules. Quand la personne arrive, elle est immédiatement déshabillée, lavée, et mise en pyjama, avant d’être vue par un psychiatre. Depuis un arrêt du Conseil d'Etat en 2009, la personne peut demander à voir un avocat.
«Nous n’avons aucune pression», insiste le médecin chef. «Mais pourquoi l’appréciation compétente d’une situation pathologique a-t-elle des liens avec une institution de police ?», se demandait le contrôleur, dans sa recommandation. Ajoutant: «Il y a là les conditions d’une confusion dans la matière délicate de la privation de liberté pour motifs psychiatriques auxquelles il importe de mettre fin».
«Je ne comprends pas ce réquisitoire», répète le Dr Mairesse. «Dans notre fonctionnement, le contrôleur ne nous reproche presque rien. Mais à la fin, il demande notre fermeture».
Eric Favereau
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