La psychiatrie publique de Nice déprime
Grande souffrance dans les services psychiatriques après la décision du préfet d’interdire les sorties d’essai.
En janvier dernier, à Roquebrune-Cap-Martin (Alpes-Maritimes), un homme soigné pour une paranoïa au CHU de Nice poignarde son voisin alors qu’il est en sortie d’essai autorisée par son psychiatre. Aussitôt et selon la méthode Sarkozy où l’émotion prime sur la raison, le représentant local du gouvernement interdit toute sortie d’essai. Six mois après, conséquence de cette décision démagogique du préfet Lamy : une soixantaine de patients ont réintégré l’hôpital public et les entrants, notamment ceux qui sont en placement d’office ordonnés par… le préfet, vont rester hospitalisés parfois cinq mois durant sans pouvoir sortir. Des faits aggravés par un contexte de pénurie de lits puisque, selon Nicolas Deconinck, infirmier psy et militant CGT, « la psychiatrie publique dans les Alpes-Maritimes a perdu 50 % de ses lits en dix ans, soit 130 lits ». La conséquence est immédiate pour les patients qui, passagèrement dépressifs ou alcooliques, cherchent un placement libre en psychiatrie : on les envoie se faire voir ailleurs, c’est-à-dire dans une clinique privée. À l’hôpital Pasteur par exemple, les 24 lits de psychiatrie sont occupés par 8 personnes en placement à la demande de tiers et par 16 personnes en placement d’office et doivent y rester pour plusieurs semaines sans bouger.
Depuis le début de l’été la situation a encore empiré avec la fermeture de lits liée aux congés du personnel et aux mesures d’économies du CHU de Nice alors que, durant cette période, la population de cette ville touristique augmente considérablement. Le pire est sans doute vécu aux urgences psychiatriques de l’hôpital Saint-Roch en centre-ville. Christiane Cini, déléguée CGT, cite l’exemple de cette journée ordinaire de l’été actuel où l’on compte jusqu’à 19 patients (dont 12 hospitalisés à la demande d’un tiers) pour 10 lits ouverts seulement. « On en vient à faire dormir des gens dans les couloirs sur des brancards ou dans des fauteuils de salle d’attente », s’indigne-t-elle. La situation est également tendue dans les services de pédopsychiatrie, des enfants malades ayant dû être réorientés vers Marseille. La CGT tire également le signal d’alarme à Grasse où, certains jours, on a placé des malades en liste d’attente, et à Antibes où, à l’hôpital de jour, il ne reste que deux infirmiers psy, soit un effectif inférieur au minimum requis. Derrière ces chiffres, beaucoup de souffrances aggravées, autant chez les malades mentaux que parmi les blouses blanches.
C’est donc avec grande insistance que la CGT santé réitère sa demande d’ouverture de lits en psychiatrie (« Il en faudrait tout de suite une cinquantaine », estime Nicolas Deconinck) en espérant que le préfet « dégèle » enfin les sorties d’essai.
Philippe Jérôme
Grande souffrance dans les services psychiatriques après la décision du préfet d’interdire les sorties d’essai.
En janvier dernier, à Roquebrune-Cap-Martin (Alpes-Maritimes), un homme soigné pour une paranoïa au CHU de Nice poignarde son voisin alors qu’il est en sortie d’essai autorisée par son psychiatre. Aussitôt et selon la méthode Sarkozy où l’émotion prime sur la raison, le représentant local du gouvernement interdit toute sortie d’essai. Six mois après, conséquence de cette décision démagogique du préfet Lamy : une soixantaine de patients ont réintégré l’hôpital public et les entrants, notamment ceux qui sont en placement d’office ordonnés par… le préfet, vont rester hospitalisés parfois cinq mois durant sans pouvoir sortir. Des faits aggravés par un contexte de pénurie de lits puisque, selon Nicolas Deconinck, infirmier psy et militant CGT, « la psychiatrie publique dans les Alpes-Maritimes a perdu 50 % de ses lits en dix ans, soit 130 lits ». La conséquence est immédiate pour les patients qui, passagèrement dépressifs ou alcooliques, cherchent un placement libre en psychiatrie : on les envoie se faire voir ailleurs, c’est-à-dire dans une clinique privée. À l’hôpital Pasteur par exemple, les 24 lits de psychiatrie sont occupés par 8 personnes en placement à la demande de tiers et par 16 personnes en placement d’office et doivent y rester pour plusieurs semaines sans bouger.
Depuis le début de l’été la situation a encore empiré avec la fermeture de lits liée aux congés du personnel et aux mesures d’économies du CHU de Nice alors que, durant cette période, la population de cette ville touristique augmente considérablement. Le pire est sans doute vécu aux urgences psychiatriques de l’hôpital Saint-Roch en centre-ville. Christiane Cini, déléguée CGT, cite l’exemple de cette journée ordinaire de l’été actuel où l’on compte jusqu’à 19 patients (dont 12 hospitalisés à la demande d’un tiers) pour 10 lits ouverts seulement. « On en vient à faire dormir des gens dans les couloirs sur des brancards ou dans des fauteuils de salle d’attente », s’indigne-t-elle. La situation est également tendue dans les services de pédopsychiatrie, des enfants malades ayant dû être réorientés vers Marseille. La CGT tire également le signal d’alarme à Grasse où, certains jours, on a placé des malades en liste d’attente, et à Antibes où, à l’hôpital de jour, il ne reste que deux infirmiers psy, soit un effectif inférieur au minimum requis. Derrière ces chiffres, beaucoup de souffrances aggravées, autant chez les malades mentaux que parmi les blouses blanches.
C’est donc avec grande insistance que la CGT santé réitère sa demande d’ouverture de lits en psychiatrie (« Il en faudrait tout de suite une cinquantaine », estime Nicolas Deconinck) en espérant que le préfet « dégèle » enfin les sorties d’essai.
Philippe Jérôme
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