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Articles, témoignages, infos sur la psychiatrie, la psychanalyse, la clinique, etc.

jeudi 30 avril 2020

Cynthia Fleury : « Nous sommes entrés dans une ère de “bien(sur)veillance” »

« Confinement : l’humain peut-il et doit-il s’adapter à tout ? » La philosophe et psychanalyste a répondu à vos questions dans un tchat « Nos vies confinées ».
Publié le 29 avril 2020
A Marseille, le 25 avril 2020.
A Marseille, le 25 avril 2020. ANNE-CHRISTINE POUJOULAT / AFP
Après plus de six semaines de confinement, chacun a dû adapter son quotidien à de nouvelles contraintes, nous poussant à nous interroger sur la vie recluse d’« assigné » à résidence. Philosophe et psychanalyste, Cynthia Fleury, qui tient le « Journal d’une confinée » pour Télérama, a répondu à vos questions sur le sens de notre existence en temps de confinement.

Gil Kaplan : Que pensez-vous d’une récente tribune publiée dans Le Monde proposant de renoncer à notre liberté pour la responsabilité, en consentant à se faire pister et tracer sur nos téléphones dans l’idée de suivre l’évolution de l’épidémie ? Ne voit-on pas là réalisé le fantasme d’une science toute puissante qui bascule dans la barbarie, et d’un biopouvoir extrêmement dangereux pour la démocratie ?

La défense de nos libertés publiques et individuelles est un héritage historique de l’Etat de droit, non négociable. Après, il est éventuellement possible d’articuler davantage les conceptions de liberté négative et de liberté positive (Isaiah Berlin), autrement dit de ne pas avoir uniquement une approche centrée sur notre absence de nuisance et sur le fait que l’Etat n’a pas à nous dicter ce que nous pouvons faire, vers une réflexion solidaire, plus collective, plus responsable.

André Comte-Sponville/Francis Wolff. Préférons-nous la santé à la liberté ?

Mis en ligne le 29/04/2020

© Peter Kovalev/Tass/Sipa USA/Sipa
Près de Saint-Pétersbourg (Russie), le 8 mars 2020, de jeunes étudiants en médecine russes sont placés en quarantaine. © Peter Kovalev/Tass/Sipa USA/Sipa

Pour André Comte-Sponville, la pandémie du Covid-19 est moins grave qu’on le croit alors que le confinement, lui, menace l’économie et les libertés. De son côté, Francis Wolff défend l’idéal humaniste, selon lui au fondement de la réaction générale à cette épreuve. Extraits d’un débat essentiel à paraître dans le prochain numéro de “Philosophie magazine”.


Covid-19 et "suicide gérontocratique" : une curieuse vision du monde qui vient

Marianne (magazine) — Wikipédia

Sébastien Boussois  Publié le 28/04/2020


Sébastien Boussois s'oppose au philosophe André Comte-Sponville, qui sous-entend que la vie des personnes âgées vaut moins que celle des jeunes.

[...] LE RELATIVISME DANGEREUX D'ANDRÉ COMTE-SPONVILLE

Le philosophe André Comte-Sponville, regrettait récemment dans un entretien le scandaleux retour en grâce de la science toute-puissante (ou qui devrait l’être) et l’obsession de nos sociétés à faire de la santé une valeur suprême au détriment de notre liberté. Nous serions angéliques et naïfs en réalité à vouloir sauver tout le monde du drame sanitaire que nous vivons. Pour lui, nous devons vraiment sortir de ce pan-médicalisme et apprendre à ré-apprivoiser la mort et accepter une certaine fatalité : tout n’est pas contrôlable, tout n’est pas guérissable, tout n’est au fond pas gérable, qui plus est en temps de crise sanitaire inédite. Sans cette acceptation, nous perdrons tous notre liberté et les moyens de vivre. Un peu à l’image de la guerre qui fait des morts, le philosophe finissait par déplorer que nos sociétés en se confinant, et sacrifiant l’économie, sacrifient la vie et l’avenir des jeunes pour espérer sauver toute la société : parmi elle, quelques petits vieux. Sans revenir sur la responsabilité en amont de nos dirigeants politiques qui n’ont pas su au moins anticiper, la vertu censée être cardinale en politique.


Statistiques.Ce que nous apprennent les chiffres sur la surmortalité en Europe

Publié le 
Le drapeau de l’Union européenne flotte à Londres, au Royaume-Uni, 2019. PHOTO / 
REUTERS

Les chiffres sur les décès fournis par les autorités des différents pays ne disent pas tout des effets du coronavirus. Une autre façon de comprendre l’impact de la pandémie consiste à comparer le nombre de morts en 2020 avec celui des années précédentes. Le quotidien Italien Corriere della Sera s’est prêté à l’exercice en consultant les chiffres de plusieurs pays européens. Avec des résultats surprenants.

mercredi 29 avril 2020

Vu de l’étranger : l’incroyable efficacité du système hospitalier français







Paris, le mardi 14 avril 2020 - Nous savons que les Français possèdent un regard extrêmement critique sur leur propre pays.


Une étude BVA-Gallup International de 2011 avait ainsi classé la France parmi les pays les plus pessimistes du monde, juste devant l’Irak et l’Afghanistan !



Avant même d’atteindre le pic de l’épidémie de Covid-19, de violentes critiques se sont élevées pour attaquer le gouvernement, l’administration et l’organisation du système hospitalier.



Pourtant, vu de l’étranger, la France est citée en exemple.



Au moment où la courbe du nombre de cas s’affole dans notre pays, c’est le New York Times qui souligne dans un article du 26 mars l’excellence du système de santé français, jugé comme « l’un des meilleurs systèmes de soins de santé du monde ». A cette date toutefois, des doutes existaient sur la capacité pour la France de faire face au « crash test » que représente l’épidémie.



Quinze jours après la publication de cet article, la capacité de réaction des hôpitaux français est désormais saluée par la presse internationale.



Un tour d’horizon qui nous permet sans doute de gonfler l’autre défaut bien connu des Français : notre orgueil.

Vu d’Italie, la France a réagi rapidement !


Premier succès aux yeux du monde : l’augmentation du nombre de places en réanimation.



Pour la Repubblica, la prouesse accomplie est remarquable. Au début de l’épidémie, le quotidien constate que « la France et l’Italie avaient à peu près le même nombre de lits en réanimation, environ 5.000 ». Mais contrairement à nos voisins (il est vrai, pris de court par la catastrophe) « la France a su rapidement multiplier ce nombre ».



Autre élément souligné par le journal : l’organisation des services de réanimation : « en Italie, ce sont des salles ‘ouvertes’ de plusieurs lits, tandis qu’en France, les patients sont seuls dans leur chambre. »

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Enfants d'ici et d'ailleurs, enfants confinés


LAURENCE DE COCK

Professeure d'histoire-géographie Paris


À PROPOS DE L'ÉDITION
Il y a presque un siècle, l'instituteur célestin Freinet faisait écrire librement les enfants. Aujourd'hui, des millions d'enfants connaissent une situation inédite de confinement. Cette édition fait
 le pari de leur donner la parole et de les faire dialoguer entre eux d'abord, puis avec les enfants du passé.
 Retrouvez-nous ur Twitter : @EnfantsIci Envoyez vos textes ici : enfantsdupasse@gmail.com

mardi 28 avril 2020

Épisode 1 : Montaigne, la santé est-elle le bien suprême ?

LES CHEMINS DE LA PHILOSOPHIE par Adèle Van Reeth

LES PHILOSOPHES FACE À LA MALADIE (4 ÉPISODES)
Le 27/04/2020


Comment Michel de Montaigne aurait-il vécu et pensé la crise du covid ? Lui pour qui la santé est un bien, peut-être suprême, mais non une valeur devant régir nos sociétés, nos décisions politiques. Lui qui ne cessa de répéter que le but de la vie n’est pas de ne pas souffrir, mais de jouir !

Michel Eyquem de Montaigne
Michel Eyquem de Montaigne Crédits : Stefano Bianchetti/Corbis - Getty

L'invité du jour :

André Comte-Sponville, philosophe

Le "panmédicalisme" ou la gestion de nos vies par la santé

Pour Montaigne, la santé est peut-être le bien suprême, mais je fais une différence entre un bien et une valeur. Il faut distinguer la santé qui est le bien le plus enviable de tous, mais qui n’est pas une valeur morale… Le discours ambiant, que j’appelle le "panmédicalisme" et qui tend à faire de la santé la valeur suprême, pas seulement un bien désirable, est un contre-sens sur la vie. Et si la santé devient la valeur suprême, alors la médecine devient la chose la plus importante : le "panmédicalisme" délégue aux médecins non seulement la gestion de nos maladies mais la gestion de nos vies, de nos sociétés, ce qui est inquiétant.            

André Comte-Sponville
Lire la suite et écouter le podcast ... 

Épisode 2 : 

L’épidémie mondiale comme catastrophe intime

La téléconsultation médicale : une pratique ancienne et délicate

28/04/2020

Brutalement revenue sur le devant de la scène afin de déjouer les mécanismes de contagion grâce aux progrès des technologies de la communication, la téléconsultation ne date pourtant pas d'hier. Au XVIIIe siècle, il était même courant de consulter un médecin... par voie épistolaire ! Xavier Mauduit s'entretient avec Isabelle Robin, historienne du soin.
Lettre enluminée
Lettre enluminée Crédits : Leemage/Universal Images Group - Getty
La médecine moderne a fait de l'examen clinique (palpation, auscultation, questions et autres examens) et de l'échange en tête-à-tête entre le praticien et son patient le socle de toute consultation. Au point qu'il n'y a pas si longtemps, l'idée d'effectuer une consultation à distance, par téléphone, visioconférence, voire par simple lettre ou e-mail, nous aurait semblé parfaitement incongrue. 
Pourtant, à la faveur du développement des technologies de communication et de la saturation de certaines branches de notre système de santé - et plus encore depuis le début de l'épidémie de Covid-19 et de ses impératifs de distanciation - la téléconsultation médicale s'est imposée comme une alternative à la consultation en présence. Ecrire à son médecin a pourtant longtemps été un moyen parfaitement classique d'avoir recours à son savoir ! Au début du XVIIIe siècle par exemple, la consultation épistolaire est une activité routinière, quasi quotidienne, d'un médecin parisien. 
Mais comment consultait-on à distance alors ? Quel type de relation médecin-patient rendait cet exercice possible ? Et en quoi cette relation était-elle différente de celle qui nous unit à notre médecin aujourd'hui ? Xavier Mauduit, producteur de l'émission Le Cours de l'histoire, s'entretient avec Isabelle Robin, historienne du soin et de l'assistance. 

« Bienvenue en Alsace, à Coronaland »

Par   Publié le 27 avril 2020


REPORTAGE Le département du Haut-Rhin, dans le sud de l’Alsace, a été l’un des principaux foyers nationaux de l’épidémie. Alors que le pire semble être derrière elle, la population tente timidement d’entrevoir « l’après ».

Sous une treille de glycine, un enfant a accroché son dessin à la fenêtre d’une ferme : des lapins qui jonglent avec des œufs de Pâques devant une pancarte « Bienvenue en Alsace, à Coronaland ». Traverser le Haut-Rhin aujourd’hui, un des départements les plus touchés par le virus, c’est voyager de ville en village au pays des drapeaux en berne et des hélicoptères sanitaires. « Ailleurs en France, ils se rendent compte que le monde a changé ? Qu’on ne vivra peut-être plus comme avant ? », demande un gendarme. Ce matin, il a eu un choc en voyant à la télé des joggeurs qui bronzaient, quelque part dans Paris.

A la mairie d’Altkirch


Ils sont à deux mètres les uns des autres, mais se dévorent des yeux par-dessus leurs masques chirurgicaux. Certains ont grossi, d’autres maigri. L’une a pris un coup de soleil au jardin, celui-là est tout pâle de ne pas avoir quitté la chambre. A la mairie d’Altkirch, les cinq membres de la cellule de crise se rencontrent pour la première fois après des semaines de réunions par ordinateur. Ils se retiennent pour ne pas sangloter. Etre à nouveau ensemble, tout simplement.

Marques de distanciation sur le trottoir devant La Poste d’Altkirch (Haut Rhin) le 25 avril.
Marques de distanciation sur le trottoir devant La Poste d’Altkirch (Haut Rhin) le 25 avril. Pascal Bastien/Divergence Images pour Le Monde

La journée paraît bénie, il faut dire. En cette mi-avril, trois décès seulement ont été enregistrés en vingt-quatre heures à l’état civil, contre sept ou huit depuis le début de la crise. Au « temps d’avant », il y en avait un seul par semaine ; on n’arrive plus à réaliser.

Avec les « invisibles » de la Pitié-Salpêtrière : l’écrivain Sylvain Tesson raconte les coulisses de l’hôpital parisien









immersion dans l'unite de reanimation hopital parisien de La Pitie-Salpetriere.. Hopitaux Universitaires La Pitie Salpetriere.
Capacite 22 lits en reanimation. Docteur Martin Dres , medecin reanimateur. Entree du service de reanimation equipe d'un sas d'entree  pour s'equiper avec toutes les protections.


Reanimation service at the Pitie Salpetriere Hospital. The hospital have 22 reanimation beds. Paris, France, April, 2020//JDD_0304.8730/2004261102/Credit:Eric Dessons/JDD/SIPA/2004261111
ERIC DESSONS / SIPA
Par Sylvain Tesson
Publié le 28 avril 2020
« Vous n’êtes pas un rouage essentiel. » Le premier jour du confinement, Bertrand Pivert, jardinier en chef de la Pitié-Salpêtrière, s’est entendu signifier qu’il pouvait remiser ses râteaux dans la serre, au nord du terrain de l’hôpital, le long de la voie de chemin de fer de la gare d’Austerlitz. C’est la mi-mars, la peste gagne, le monde entier se replie, la France n’a pas besoin de pivoines. Tout juste quelques-uns des dix jardiniers de l’équipe sont-ils requis pour participer à l’immense chambardement de la Pitié.
Les malades affluent, les premiers morts tombent. Le Covid fait sa moisson. En quelques heures, des unités médicales destinées à d’autres soins sont transformées en « zones Covid ». Il faut des bras pour réaménager les lieux car le directeur général de la santé, Jérôme Salomon, a fixé la stratégie d’« ouverture de lits partout où on le pourra ».

Marie de Hennezel : "Cette prise de conscience brutale que nous sommes mortels change notre rapport à la mort"

Le 27/04/2020

La situation dans les EHPAD, la polémique quant au maintien d’une certaine catégorie d’âge en confinement ou encore le chamboulement du rapport à la mort nous invitent à réfléchir au rapport de la société avec la question du vieillissement. Nous en parlons ce matin avec Marie de Hennezel.
Une femme aidant une personne âgée à se déplacer dans un EHPAD
Une femme aidant une personne âgée à se déplacer dans un EHPAD Crédits : SEBASTIEN BOZON - AFP
Après de longs atermoiements, la question a été tranchée. Les plus de 65 ans ne resteront pas confinés après le 11 mai. Cette décision a soulagé les premiers concernés mais aussi les acteurs du secteur qui ont alarmé sur les risques psychosociaux d’une telle décision. L’épidémie invite la question du vieillissement au centre des discussions, familiales, sociales mais aussi politiques. Il y a quinze jours, Emmanuel Macron a promis un plan massif pour nos aînés, remettant à l’ordre du jour la loi « grand âge », évoquée par le chef de l’État depuis mi-2018.
Comment la crise que nous traversons nous invite-t-elle à changer notre regard sur la vieillesse ? Quel est l’impact du confinement sur les personnes âgées ?
Pour en parler, nous recevons la psychologue clinicienne Marie de Hennezel, autrice notamment de Et si vieillir libérait la tendresse, In Press (2019)

Épisode 1 : Santé et économie, les frères ennemis


ENTENDEZ-VOUS L'ÉCO ? 
par Tiphaine de Rocquigny

LE PRIX DE LA SANTÉ (4 ÉPISODES)


Stopper l’économie pour sauver les vies, quoi qu'il en coûte : telle a été la première réaction du gouvernement français lorsqu’il a dû faire face à l’arrivée de l’épidémie sur le territoire. Mais que penser de cette option ? Et si l’arrêt de l’économie n’était pas tout aussi coûteux ?

Le confinement, un moindre mal ?
Le confinement, un moindre mal ? Crédits : Getty

INTERVENANTS

Lutte contre les violences ordinaires : une campagne plus que jamais d'actualité par temps de confinement

PAR 
COLINE GARRÉ -  
PUBLIÉ LE 27/04/2020

Crédit photo : PHANIE
À l'approche de la journée dédiée à la non-violence éducative le 30 avril, et alors que le confinement se traduit par une augmentation de la maltraitance, l'association StopVeo (pour violence éducative ordinaire) lance une campagne de sensibilisation aux violences envers les enfants.