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Articles, témoignages, infos sur la psychiatrie, la psychanalyse, la clinique, etc.

vendredi 16 novembre 2012

La piste de l’auto-immunité en psychiatrie
Vendredi 8 juin 2012

L’éditorialiste du British Journal of Psychiatry attire notre attention sur un thème encore relativement méconnu, mais auquel certains travaux sont désormais consacrés : l’auto-immunité en psychiatrie. 

Invoqué depuis une centaine d’années, ce concept traduit « l’échec d’un organisme à reconnaître ses constituants » avec, pour conséquence, « un ensemble de réactions immunitaires contre ses propres cellules et tissus. » 

Vu la fréquence des affections auto-immunes dans d’autres disciplines médicales (l’Association américaine sur les maladies auto-immunes en recense plus de 150, et estime qu’elles touchent environ 3 % de la population), il est donc concevable que la psychiatrie soit également concernée par ce dysfonctionnement immunitaire, d’autant plus que des troubles neurologiques (notamment certaines scléroses en plaques ou encéphalites) peuvent avoir une dimension auto-immune avérée.
On peut noter au passage la portée particulière de cette « défaillance de la reconnaissance de soi » en psychiatrie, puisqu’elle évoque immédiatement une thématique psychotique, même si les deux phénomènes (méconnaissance de soi à l’échelle biologique et au niveau psychologique) semblent sans rapport direct, malgré l’essor des recherches explorant l’hypothèse auto-immune dans la schizophrénie. 

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Santé mentale. «Avoir le corps en tête»
La prise en charge de la douleur, physique et pas seulement psychique, investit progressivement le champ de la santé mentale. À l'hôpital Gourmelen, à Quimper, des professionnels s'ingénient à faire évoluer les pratiques.
«La plupart des douleurs sont simples et facilement curables. Seulement, dès que ça devient complexe, le patient s'engage dans un parcours du combattant difficile», note le médecin généraliste William Fromentin, qui travaille en gériatrie. Or «nous sommes en retard, dans la prise en charge de la douleur en santé mentale. Parmi nos collègues, certains continuent d'effectuer ce clivage entre douleur physique et psychique. Nous souhaitons faire reconnaître que la douleur est la douleur d'un sujet dans son entier, il n'y a pas à morceler les choses», insiste la psychiatre Annie Bléas. C'est dans ce sens, d'un repérage et d'un traitement pluridisciplinaire de la douleur, que travaille le comité de lutte contre la douleur (Clud) créé à l'établissement de santé mentale Étienne-Gourmelen il y a seulement deux ans. Il est en relation avec d'autres Clud d'hôpitaux et cliniques du secteur et une unité spécialisée du centre hospitalier de Cornouaille. Ses acteurs ambitionnent de continuer à former et informer les soignants, de mettre en place un référent douleur dans chaque service de l'hôpital afin d'harmoniser leurs pratiques. Ils vont aussi s'impliquer dans la création d'un comité régional dédié à l'appréhension de la douleur enpsychiatrie
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Sommes-nous câblés pour argumenter ?

Cette irrationalité inhérente à l'esprit humain, dont nous avons déjà présenté plusieurs aspects dans nos colonnes, d'où vient-elle ? Si la raison a été réellement développée pour nous permettre de résoudre des problèmes complexes, elle aurait dû se montrer plus efficace. C'est le lièvre que soulève un article du New Scientist(réservé aux abonnés, mais ses sources sont disponibles en ligne). La réponse la plus évidente est que la raison n'a pas pour but de trouver des solutions.

Le raisonnement sert-il d'abord à convaincre ?

Fondamentalement, nous explique-t-on, l'homme est un animal social dont l'intelligence a évolué au sein d'un groupe. Nos fonctions mentales les plus évoluées, comme le langage, ne sont peut-être pas apparues pour gérer directement les difficultés matérielles de l'environnement, mais plutôt comme moyen de faciliter la communication à l'intérieur de la tribu. Lorsqu'on examine une faculté comme le raisonnement, il faut donc replacer celle-ci dans le contexte social où elle s'est développée. Son but, nous explique le New Scientist, ne serait pas de trouver des solutions, mais de convaincre nos partenaires de la force de nos propositions en argumentant. Cette théorie du "cerveau machiavélique" a été émise par Dan Sperber et Hugo Mercier dans un article " Why do humans reason ? Arguments for an argumentative theory (.pdf)" (on notera l’ironie du titre ! : "Pourquoi les humains raisonnent ? Arguments pour une théorie argumentative" - que nous avions déjà évoqués dans La théorie argumentative : le rôle social de l'argumentation). Hugo Mercier travaille à l'université de Neuchâtel.
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E-santéUne loi est nécessaire pour permettre le secret partagé d'informations, selon l'ASIP Santé

Thérapie comportementale contre Tourette
Publié le 08/10/2012

Dans le syndrome de Gilles de la Tourette, les tics commencent dans l’enfance, puis culminent à l’adolescence pour décliner généralement à l’âge adulte. Cependant, même des patients adultes continuent à éprouver des tics. Si les traitements psychotropes proposés sont souvent efficaces, ils peuvent susciter des effets indésirables, et des thérapies comportementales constituent des alternatives intéressantes, bien qu’elles ne semblent jamais avoir été évaluées chez l’adulte, dans des essais contrôlés sur une large échelle.

Formation continue des infirmières libérales : des incertitudes face à la réforme

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La refonte du système de formation continue conventionnelle des infirmières libérales, qui prendra effet dès le 1er janvier 2013, pourrait rapidement susciter de vifs émois dans la communauté. Avec une perte des indemnités journalières lors des sessions de formation et une obligation de se former tout au long de la vie, professionnels et syndicats expriment d’ores et déjà leurs inquiétudes.

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Les frontières de la mort |  
Laura Bossi
 Philosophie
Collection : Manuels Payot
Grand format  | 192 pages.  | Paru le : 14-03-2012  | Prix : 15.00 €


Avec le développement des techniques de réanimation et des greffes d'organes, la médecine propose, à la fin des années 1960, une nouvelle définition de la mort fondée sur la perte complète et irréversible des fonctions du cerveau. Les critères de la mort ne sont plus destinés à éviter d'enterrer une personne vivante, cauchemar récurrent du passé ; pour permettre le prélèvement d'organes vivants, ils visent au contraire à anticiper la déclaration de la mort.

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Auch. Psychoses, névroses... traiter ou plonger

PUBLIÉ LE 12/04/2012 | DOSSIER RÉALISÉ PAR BÉATRICE DILLIES

santé mentale

Vendredi 2 mars 2012, à 7 heures. Un Gersois tue son frère avec un fusil de chasse avant de retourner l'arme contre lui. L'homme était suivi en psychiatrie. « Mais dès qu'il sortait de l'hôpital, il arrêtait son traitement pensant que les médicaments allaient le tuer. Et 4-5 mois après, il replongeait ; ça faisait trois semaines qu'il allait vraiment très mal », confie un voisin. Deux semaines avant à Auch, une jeune femme menace de sauter par la fenêtre. Un mois plus tôt, c'est son psychiatre qui a arrêté son traitement, considérant qu'elle allait mieux. Peu importe le coup du sort qu'il l'a faite replonger. Elle n'avait peut-être plus de béquille médicamenteuse, mais son appel à l'aide a été entendu. Ces deux événements interrogent sur le nécessaire suivi des personnes victimes de troubles psychiques dans un département où les moyens ne cessent de baisser. L'an dernier, 5 739 Gersois ont eu recours aux services du CHS ou de la clinique d'Embats à Auch. On peut imaginer qu'ils sont aussi plusieurs centaines à suivre une psychothérapie dans l'antre feutré d'un des rares cabinets en ville qui subsistent dans le Gers. Certains pour un état dépressif passager, d'autres pour des troubles psychiques plus graves. Risquent-ils tous le pire pour un arrêt de traitement mal contrôlé ? Pas forcément.
Les médecins le savent, tout le monde est susceptible de « péter les plombs » un jour, même les personnes qui n'ont jamais pris le moindre médicament. Quant au traitement, même bien suivi, il n'est pas une garantie absolue contre la rechute… à l'instar des traitements contre le cancer ou contre toute autre pathologie lourde. « Dans un contexte particulier, on peut passer à l'acte même sous médicaments, indique le docteur Le Quang, psychiatre à Auch. Le médicament, c'est une digue. Mais quand le tsunami est trop fort, ça peut passer par-dessus ! » Raison de plus pour comprendre comment travaillent les spécialistes de la santé mentale dans le Gers. État des lieux.

Les médicaments : stop ou encore

Dr Christine Barla, pharmacienne
Bénéfices thérapeutiques et effets indésirables : « En 2012, on ne guérit pas les troubles psychotiques, on agit simplement sur les symptômes
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Nous ne serons plus jamais déconnectés…


Jenna Wortham (@jennydeluxe) pour le New York Times a commis un de ces papiers faciles sur les vertus de la déconnexion à l'heure d'un monde toujours plus connecté. Alors qu'elle se rendait à la piscine, elle a été invitée à déposer son téléphone et a pu profiter pleinement de sa journée, sans avoir à consulter avec anxiété ses comptes Facebook et Twitter pour regarder ce que ses amis faisaient. La peur de manquer quelque chose (Fomo, pour Fear of Missing Outque décrivait Caterina Fake, cofondatrice de Flickr, s'évaporait quelques instants. Notre connexion permanente aux médias sociaux nous rend plus attentifs à ce que l'on rate et vous donne le faux sentiment de participer à ce que font les autres par leur intermédiaire, estime Caterina. Mais ce n'est pas une peur, c'est un plaisir, lui répondait l'entrepreneur Anil Dash en évoquant la joie de manquer quelque chose (Jomo pour Joy of Missing Out).

Scripted reality : aussi vrai que nature

LE MONDE TELEVISION | 
C'est fou tout ce qui peut se passer dans une vie ! En tout cas, l'existence de M. et Mme Tout-le-monde - déjà largement évoquée dans les reportages et les émissions de plateau - semble constituer un vivier inépuisable pour la télévision, puisqu'elle a inspiré un nouveau genre, qui déferle depuis quelque temps sur les chaînes : la "scripted reality"(le "réel scénarisé"). Son concept ? Prendre des faits divers et des histoires réels et les faire jouer par des comédiens. Résultat : de petites fictions à l'allure de reportages. De fait, on s'y croirait. Normal. Tout est conçu pour cela.
Exemple. Pierre (un comédien, donc : Emmanuel Hussenot), pris en plan fixe, nous raconte que, médecin en ville, il avait décidé de changer d'environnement et de venir exercer dans le village de ses grands-parents. L'exposition faite, les images prennent le relais. Pierre est alors dans sa voiture, sur une petite route de campagne. Il renverse une adolescente à vélo qui, éjectée, se retrouve dans le fossé, évanouie. Au moment où Pierre se penche sur elle pour lui apporter de l'aide, la jeune fille se réveille, se met à hurler à la vue de cet homme, persuadée qu'elle a affaire à un violeur, elle se relève, s'enfuit. Pierre, éberlué, ramasse le vélo et le range dans le coffre de sa voiture...




ROMAN -
La nébuleuse de l'insomnie
Pour son héros mutique dont la cervelle bat la chamade, le psychiatre António Lobo Antunes crée un langage à sa démesure. Disloqué, poétique, vivifiant.
On aime passionnément
Comment parler de ce livre qui se dérobe et se cabre à chaque mot ? En se cramponnant à ces lignes, à ces mots, comme à des bouées de sauvetage, pour affronter la tempête qui gronde sous le crâne de... Mais quel est donc son nom ? Le garçon ne réagit pas assez au « Jaime » qu'on lui assène de temps à autre, pour que son identité soit certaine, et les hommes ont tellement pris l'habitude de trousser les petites fem­mes de la ferme, que son géniteur n'est qu'un point d'interrogation. Certains l'appellent « l'autiste », et la deuxiè­me partie du livre l'envoie à l'asile. A ses yeux, le dépaysement est mineur. Il y a longtemps qu'il se prend pour le corbeau dont il a lui-même coupé les ailes, alors la camisole, vous pensez...
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Sur le divan

10 Avr 2012 Par ElooOO°° 
Il y a quelques années, ma vie a basculé. Un matin dans le métro en allant au travail, un travail que j’abhorrais, avec des gens que je méprisais, un travail qui m’a enlevé jusqu’à ma propre identité (on m’appelait Julie là-bas), j’ai fait ma première crise d’angoisse. Mon coeur s’est emballé. Mes jambes se sont mises à trembler. Ma vue s’est brouillée. Mon corps s’est déchiré… Tant qu’on ne l’a pas vécu, on peut pas s’imaginer la douleur que l’on peut ressentir dans un moment pareil. Une douleur écrasante et impalpable qui s’en va comme elle est venue, pour vous laisser vide, presque mort. Ce fût une, puis deux, puis des crises d’angoisse, qui ont fini par prendre le contrôle de ma vie. Je vivais dans la peur. Peur que ça recommence, n’importe où, dans le métro, dans la rue, au restaurant. N’importe où. Je vivais avec cette épée de Damoclés. Je marchais le regard fixé sur mes pieds, courbée par le stress. Et puis un jour, ce fût la crise d’angoisse de trop. Alors, j’ai tout plaqué. Mon travail, mais surtout ma vie. Je me suis enfermée chez moi pendant des mois. Je ne sortais plus. Je ne vivais plus.
Et puis, il a bien fallu repartir. Quand les forces sont revenues, un peu. J’ai retrouvé un travail, dans un secteur qui me plaisait mais surtout dans une entreprise où on ne vous transforme pas en robot, où l’humain compte. Les crises d’angoisse n’ont pas disparu, mais j’essayais de me battre contre elles, jour après jour. J’ai tergiversé, longtemps. J’ai cru que j’y arriverais toute seule. Mais un jour, il a bien fallu me rendre à l’évidence, oui j’avais besoin d’aide. Alors, j’ai repris mon courage à 2 mains et j’ai pris rendez-vous chez un Psychologue. Pour essayer de comprendre. Et pour aller mieux, tout simplement.
En octobre 2012, j’entamerai ma 3ème année de Psychotérapie (avec ma 3ème Psy). Désormais, ces séances hebdomadaires rythment mon quotidien. Elles font partie de ma vie. Quand j’y pense, c’est finalement assez étrange d’aller s’asseoir devant quelqu’un pour lui raconter sa vie, ses souvenirs, ses rêves, son intimité. Mais quand on a commencé, on a finalement du mal à se dire que l’on pourra arrêter un jour. Au tout début, mon esprit ressemblait à un enchevêtrement de fils. Alors, j’ai tiré un premier fil, puis un deuxième, j’ai commencé à démmêler ce tout qu’était ma vie, pour finalement commencer à comprendre. Comprendre déjà, que cette crise d’angoisse, la toute première, était le moyen qu’avait trouvé mon inconscient de me dire stop. Après des années à refouler mes sentiments, mes angoisses, mes colères, ma carapace s’est finalement brisée. Aujourd’hui, je vais mieux. Les crises d’angoisse sont toujours là, mais beaucoup moins présentes. Elles ne dirigent, en tout cas, plus ma vie. Je continue ce travail personnel pour que les répétitions inconscientes s’arrêtent et pour que mes enfants n’aient pas à (trop) porter le poids de mes angoisses.
Je ne sais pas trop pourquoi, j’ai écrit ce texte aujourd’hui. Sûrement parce que j’ai arrêté d’avoir honte d’aller mal parfois, et d’avoir besoin d’aide. Peut-être parce que j’ai voulu faire le point sur ce parcours difficile, mais tellement bénéfique, que j’ai entamé. Et puis rassurer les gens qui pourraient se poser la question. Non, aller voir un Psy ne signifie pas qu’on est fou, juste qu’on a envie d’être mieux avec soi-même.

jeudi 15 novembre 2012

metro
 Créé 14-11-2012 12:13
psy
La psychiatre, Danielle Canarelli, avec son avocat avant l'ouverture du procès. Photo : Sipa

Marseille : un an de prison avec sursis requis contre la psychiatre

Le procureur du tribunal correctionnel de Marseille a requis mardi soir un an de prison avec sursis à l’encontre de la psychiatre marseillaise jugée pour homicide involontaire.




A Marseille, une psychiatre sur le banc des prévenus

LE MONDE | 



La psychiatre Danièle Canarelli et son avocat, Sylvain Pontier, au tribunal de Marseille, le 13 novembre.
La psychiatre Danièle Canarelli et son avocat, Sylvain Pontier, au tribunal de Marseille, le 13 novembre. | AFP/ANNE-CHRISTINE POUJOULAT

Pousser la porte d'un univers qu'elle connaît mal et qui a une fâcheuse tendance à lui dénier le droit d'entrer est un défi auquel la justice est souvent confrontée. Mardi 13 novembre, à l'ouverture du procès de Danièle Canarelli, une psychiatre poursuivie pour homicide involontaire après un assassinat commis par l'un de ses patients atteint de schizophrénie, le président du tribunal correctionnel de Marseille, Fabrice Castoldi, a réservé ses premiers mots au public de professionnels venus manifester bruyamment leur soutien à leur collègue : "On peut comprendre l'émotion légitime d'une profession. Mais on ne juge pas ici la psychiatrie, ni les psychiatres. Il s'agit pour nous de savoir si, dans une situation concrète, une faute caractérisée a été commise." Rappelant le "cadre juridique très particulier" de l'article121-3 du code pénal issu de la loi Fauchon du 10 juillet 2000 sur les délits non intentionnels susceptibles d'être reprochés aux décideurs publics, le président a ajouté : "Il ne peut exister d'impunité, la société ne l'accepte pas."
C'est d'abord à l'opiniâtreté de l'un des fils de la victime que l'on doit ce procès. En janvier 2005, l'instruction ouverte sur l'assassinat de Germain Trabuc à coups de hachette par Joël Gaillard se conclut par un non-lieu, l'auteur des faits étant déclaré irresponsable pénalement en raison de ses troubles psychiatriques. Michel Trabuc engage alors une action devant la juridiction administrative contre l'Etat et contre l'hôpital – il obtiendra la condamnation de l'établissement pour défaut de surveillance – et dépose parallèlement une plainte avec constitution de partie civile contre toutes les personnes physiques ou morales qui ont pu faire preuve de négligence dans le suivi de Joël Gaillard.
Une nouvelle instruction est ouverte qui entraîne le renvoi devant le tribunal du docteur Canarelli, le juge considérant que, par ses manquements aux obligations particulières de prudence et de sécurité, celle-ci porte une responsabilité pénale indirecte dans l'assassinat de Germain Trabuc. Le magistrat s'appuie notamment sur l'expertise confiée à l'expert psychiatre Jean-Claude Archambault, qui constitue un terrible réquisitoire contre sa collègue Danièle Canarelli.
Le rappel à l'audience des nombreuses alertes sur le comportement de Joël Gaillard a en effet de quoi donner le frisson. Pendant les quatre années – de 2000 à 2004 – où il est suivi au centre Edouard-Toulouse, il alterne séjours à l'hôpital psychiatrique et en prison pour agressions à l'arme blanche, incendie volontaire et tentative d'assassinat – qui se conclut elle aussi sur un non-lieu pour abolition du discernement. A chaque fois, les psychiatres qui l'examinent dans le cadre des enquêtes concluent à une schizophrénie "avec dangerosité établie" et"escalade dans les passages à l'acte" et alertent sur les risques que font courir ses interruptions répétées de traitement.
"UN PATIENT PLUS COMPLIQUÉ QUE LES AUTRES"
Le docteur Canarelli se refuse pourtant à poser ce diagnostic. Elle lève régulièrement les mesures d'hospitalisation d'office et lui accorde des permissions de sortie. Au président qui lui demande pourquoi elle n'a pas suivi les recommandations de ses confrères sur la nécessité de soumettre Joël Gaillard à un cadre psychiatrique plus contraignant, elle répond: "On ne peut pas toujours être dans la coercition." "Mais comment soigner un patient qui n'est pas consentant autrement que par la coercition?", intervient le président. "J'étais dans une relation de confiance avec lui. Il venait à tous les rendez-vous, ce qui est rare, et il n'y avait aucun incident de comportement pendant les hospitalisations. Le consentement du patient est essentiel si l'on veut engager une relation thérapeutique dans la durée."
Fabrice Castoldi plonge dans le dossier, en extrait un bout du rapport du docteur Archambault: "Au fil des années, le docteur Canarelli n'a pas tenu compte des avis des différents psychiatres et experts qui avaient formulé un diagnostic particulièrement clair. Il y a eu en quelque sorte un enfermement dans le déni, le déni de Joël Gaillard ayant entraîné un déni de l'équipe soignante." Elle répond: "C'était un patient plus compliqué que les autres. J'étais confrontée à une énigme. J'étais convaincue qu'il présentait une pathologie psychotique mais j'étais embarrassée par l'absence de symptômes."
Le président lui demande alors, abruptement: "Mais pourquoi n'avez-vous pas passé la main?
– Ce n'est pas si facile que ça de passer un patient à une autre équipe."
Pour Danièle Canarelli, la principale difficulté est à venir. En février2004, de nouveaux clignotants s'allument. La sœur de Joël Gaillard prévient le médecin que son frère est très agressif et qu'il profère des menaces de mort. Au même moment, le patient ne se présente pas à un rendez-vous avec sa psychiatre car il s'est blessé à la main et doit subir une opération. Les conditions de la blessure – une coupure grave, à la suite d'une altercation à l'arme blanche – inquiètent le docteur Canarelli qui demande son transfert dans son service psychiatrique après l'opération. Lorsqu'il se présente quelques jours plus tard devant elle, elle lui annonce qu'elle va le réhospitaliser. L'entretien tourne court, Joël Gaillard se lève brutalement et quitte le pavillon où la médecin, qui est seule avec un infirmier, ne peut pas le retenir. "Nous n'avons pas tenté. Il était mal et aurait pu nous faire mal. Nous n'avons pas eu le temps de prévenir les renforts.
– Mais vous n'aviez pas imaginé l'hypothèse d'une fugue?
– Non, il était calme."
Elle attend trois heures pour signaler sa fuite à la police. "Mais ça veut dire qu'un patient part dans la cité alors que vous nous dites qu'il était mal et qu'il pouvait faire mal...", observe le président.
On sent que ses questions font monter l'indignation dans le public de professionnels massé au fond de la salle d'audience. "Il faudrait que les juges viennent faire un stage dans les hôpitaux psychiatriques", murmure une femme à sa voisine. Trois semaines plus tard, Joël Gaillard se présente devant le domicile de sa grand-mère et frappe à mort la tête de son compagnon, Germain Trabuc.
"Cette affaire, c'est la chronique d'une mort annoncée, relève MeGérard Chemla, avocat du fils de la victime. On ne peut pas se laisser enfermer dans un raisonnement absurde selon lequel la justice n'a aucune compétence pour juger les malades mentaux et qu'il faut les remettre à l'institution psychiatrique. Une poursuite comme celle-ci est saine. Il y a un moment où la défense sociale doit passer avant le patient", conclut-il. Le procureur a requis un an de prison avec sursis contre Danièle Canarelli. Jugement le 18 décembre.

mercredi 14 novembre 2012

"La psychiatrie n'est pas une science exacte"

LE MONDE | 
Le docteur Canarelli a reçu le soutien de cinq syndicats de psychiatres. Olivier Labouret, le président de l'Union syndicale de la psychiatrie, auteur du Nouvel Ordre psychiatrique (ed. Erès, 336p., 25,50euros), explique en quoi ce procès choque la profession.
Pourquoi soutenez-vous le docteur Canarelli ?
Ce qui nous gêne dans cette procédure, c'est l'impression qu'il faut trouver un bouc émissaire. Nous jugeons inadmissible de vouloir ainsi faire de cette psychiatre la principale responsable, car nous sommes là dans une situation complexe, où la responsabilité de ce médecin apparaît pratiquement nulle.
Que lui est-il au juste reproché ? De ne pas avoir réussi, lors d'une consultation, à garder un patient en sortie d'essai, alors qu'elle jugeait qu'il nécessitait d'être réhospitalisé. Autrement dit, de ne pas avoir réussi à assurer la sécurité publique, comme si c'était son rôle, et non celui de la police. Or, malgré le signalement qu'elle a fait de sa "fugue", le patient n'a pas été interpellé.
Nous ne sommes pas des policiers. Entre le patient et le psychiatre, tout doit être basé sur la confiance et le soin thérapeutique, pas sur la sécurité.
Est-ce la première fois qu'un psychiatre pourrait être reconnu responsable des actes de son patient ?
A ma connaissance, oui. Cela s'inscrit dans le climat sécuritaire actuel. Dans cette affaire, un expert a par ailleurs estimé que le diagnostic de la psychiatre était inadapté, parce qu'elle n'avait pas délivré de"traitement retard" rescription de neuroleptiques à action prolongée], qui aurait pu empêcher le passage à l'acte. Mais la psychiatrie n'est pas une science exacte, nous tâtonnons forcément, chaque cas est différent. Le "traitement retard" n'est pas la panacée, encore faut-il réussir à le faire accepter par le patient.
Il est impossible d'imposer au patient la prise de médicaments, sauf à exercer un chantage à l'enfermement, ce qui n'est pas le rôle du psychiatre. C'est pourtant l'esprit de la loi sur les soins sans consentement adoptée en 2011, dont nous réclamons l'abrogation car le soin ne peut devenir une contrainte.
Quel impact aurait une condamnation du docteur Canarelli ?
Cela ferait sûrement jurisprudence et aboutirait à ce qu'il y ait une épée de Damoclès au-dessus de chaque praticien. Cette pression transformera les psychiatres en gardiens de l'ordre public. Le risque pour les patients serait alors de rester de plus en plus enfermés à l'hôpital –alors que l'on réduit le nombre de lits dans les établissements! Heureusement, ce genre d'affaire est rarissime, parce que la police intervient normalement en cas de signalement, et parce que les patients psychiatriques ne sont pas plus dangereux que le reste de la population. Il est toujours utile de le rappeler.

" Nous ne répondrons pas aux faits divers par des lois "

13/11/2012
Le député PS de Loir-et-Cher et avocat Denys Robiliard sera le rapporteur d’une nouvelle mission parlementaire sur la santé mentale et la psychiatrie.
Qu'est-ce que cette mission d'information sur la santé mentale et la psychiatrie ?
Denys Robiliard. « Elle vient d'être décidée par la Commission des affaires sociales. Nous serons une vingtaine. C'est le député UMP et médecin Arnaud Robinet qui la présidera et j'en serai le rapporteur. J'ai probablement été choisi parce que je ne suis pas médecin, que je ne suis donc pas impliqué dans les controverses existant dans ce domaine de la santé mentale… Un domaine complexe. »
Cette mission intervient alors que le Conseil constitutionnel a retoqué deux dispositions issues de la loi de juillet 2011 sur l'hospitalisation sous contrainte…
« Oui, il s'agit de dispositions relatives à la situation des personnes hospitalisées sous contrainte après une infraction, irresponsables pénalement, et de celles placées en UMD [unités pour malades difficiles]… Cela ne veut pas dire que ces modalités de contrainte ne sont pas nécessaires, il faut être clair, mais il faut qu'elles soient revues du point de vue technique et du point de vue des libertés. »
Cette loi avait été voulue par Nicolas Sarkozy après le meurtre d'un étudiant grenoblois, en 2008, par un malade mental échappé de l'hôpital. Cela avait fait réagir à l'époque, notamment la gauche ? Qu'en pensez-vous aujourd'hui ?
« Cette majorité a indiqué très clairement qu'on n'entendait pas répondre aux faits divers par des lois. Une loi doit être le moyen d'une politique, pas autre chose… Quant au fond, je n'émettrai aucun avis avant d'avoir effectué le travail. Je ferais sinon un bien mauvais rapporteur. C'est le rôle d'une mission d'information de rester à l'écoute sans a priori… En outre, ce n'est pas cela ni seulement la décision du Conseil constitutionnel qui a motivé la mission… »
Quelle est (ou sont) alors sa (ses) principale(s) raison(s) d'être ?
« Il y a la problématique essentielle des libertés, celle de la démographie médicale aussi, de plus en plus prégnante et particulièrement dans ce secteur de la santé mentale et de la psychiatrie… Le champ est large en la matière. Il concerne les médecins, mais pas seulement… Les magistrats également, les juges des libertés et de la détention, notamment, pour l'hospitalisation sous contrainte… Puis, mais je ne sais pas si nous irons jusque-là, les juges des tutelles… La première tâche de la mission va être de définir les axes d'investigation, de caler les auditions… L'objectif est d'avoir terminé à la fin du premier semestre 2013. »
la phrase
" L'évaluation de la dangerosité criminologique est l'une des missions les plus difficiles qui puisse être confiée à un médecin psychiatre expert de justice. "
Dans un rapport publié lundi, l'Académie de médecine et le Conseil national des compagnies d'experts de justice soulignent la difficulté d'évaluer la « dangerosité criminologique » et s'inquiète de « l'utopie du risque zéro ».

« Désormais, la mission de l'expert médical porte moins sur l'évaluation de la responsabilité que sur celle de la dangerosité : le médecin n'a plus à faire un diagnostic mais un pronostic », regrettent-ils. Afin d'améliorer la qualité de l'expertise, le rapport propose notamment d'améliorer la formation des psychiatres se destinant à l'expertise judiciaire, ainsi que leurs conditions de travail et leur rémunération.

Ce rapport est publié à la veille du procès à Marseille d'une psychiatre poursuivie pour homicide involontaire après la mort d'un homme de 83 ans, tué en 2004 par un patient schizophrène qu'elle avait laissé sortir pendant quelques jours. Joël Gaillard séjournait à l'hôpital Édouard-Toulouse dans le cadre d'une hospitalisation d'office après une série d'actes de violence, dont une tentative d'assassinat. Il avait été jugé irresponsable pénalement.
Propos recueillis par Emmanuelle Pavillon
Autisme (2/2) : le psychiatre Gérard Schmit défend le packing
Par Janlou Chaput, Futura-Sciences
En mars dernier sortait un rapport de la Haute autorité de santé (HAS) critiquant la psychanalyse et la psychothérapie institutionnelle dans le traitement de l’autisme. Des propos qui évidemment n’ont pas plu aux psychiatres français. L’un d’entre eux, Gérard Schmit, interrogé par Futura-Sciences, défend sa position et ses pratiques.



DSM : mais quid de l’hystérie ?
Publié le 02/11/2012
C’est un euphémisme de dire que la nosographie actuelle en psychiatrie n’a qu’un lointain rapport avec celle d’autrefois, et que Freud ou Janet –s’ils ressuscitaient– ne reconnaîtraient guère leurs concepts, dans les grilles du DSM et de la CIM ! Par exemple, rappelle l’éditorialiste du British Journal of Psychiatry, « l’usage traditionnel du terme ‘‘hystérie’’ –basé sur la théorie discréditée de ‘‘l’utérus vagabond’’[1]– a fait place au ‘‘trouble de conversion’’ (conversion disorder). »
Les psychiatres formés à l’aune du DSM et de la CIM parlent ainsi de « trouble somatoforme » et de « personnalité histrionique », mais les références théoriques à « l’hystérie de papa » (ou de maman) semblent bien inconsistantes… Et quelles que soient les autres dénominations proposées pour remplacer la classique hystérie (trouble de conversion, trouble neurologique fonctionnel…), aucune ne semble pouvoir aussi bien assurer le « cahier des charges » de cette entité que l’ancien terme ‘‘hystérie’’ lui-même !
Des psy pour la planète ?

Publié le 08/11/2012
« Les sociétés affectées par des conflits ont-elles besoin de psychiatres ? » s’interroge un praticien australien dans les colonnes du British Journal of Psychiatry. Si l’incidence de la souffrance psychique liée à un conflit n’est plus à démontrer (notamment en matière de troubles anxio-dépressifs ou de stress post-traumatique), ce constat épidémiologique constitue un «dilemme majeur » pour la psychiatrie, vu le « très faible niveau de ressources en santé mentale » observé dans les pays concernés par ces trop nombreux conflits. Un autre point fait débat : est-il légitime d’appliquer à des populations appartenant à d’autres cultures des concepts nosographiques et des approches thérapeutiques venant généralement de notre propre perception (occidentale) du monde ?
 Pour l’auteur, la controverse est « inévitable », dans un domaine touchant à la fois « aux droits de l’homme, à la politique internationale, à la théorie du conflit, à la psychiatrie transculturelle. » Mais la psychiatrie devrait éviter l’écueil d’une sorte de « néocolonialisme » où nos modes de pensée (par exemple ceux véhiculés par le DSM et plus généralement par la culture occidentale) pourraient contribuer à « la colonisation des esprits, à défaut des territoires. »