Sommeil chaotique des bébés, horaires scolaires ou adolescence, la synchronisation des rythmes parents-enfants est une difficulté éducative bien partagée. Retour avec l'anthropologue David Le Breton, sur les contradictions qui opposent parfois le temps des adolescents à celui des parents.
L'anthropologue David Le Breton étudie depuis des années l'âge adolescent, le rapport particulier au risque qu'on peut avoir à cet âge. C'est aussi un marcheur qui a fait l'éloge de la lenteur à travers ses livres qui interrogent le rapport contemporain au temps et les temporalités qui structurent nos vies. À l'occasion du 35e Salon du livre et de la presse jeunesse de Seine-Saint-Denis, dont le thème est l'éloge de la lenteur, nous lui avons demandé ce qui, à ses yeux, particularisait la notion du temps des adolescents. Il était l'invité de Louise Tourret dans l'émission Etre et savoir.
Louise Tourret : La perception du temps vous semble-t-elle différente selon les âges de la vie ? Quelle serait la particularité du temps des adolescents ?
David Le Breton : Le temps adolescent est vraiment rivé sur le présent, avec une grande difficulté à intégrer l'avenir. Pourtant, je pense que beaucoup d'adolescents vivent des journées relativement contrastées, avec des moments d'hyperactivité, des moments de suspension, d'autres d'oisiveté. En quelque sorte, des moments d'accélération et de ralentissements.