On croyait oubliées les méthodes de contraception naturelles. Les Françaises s'en étaient détournées du fait de leur moindre efficacité depuis l'arrivée de la pilule. Pourtant, aujourd'hui, près d'une femme sur dix opte pour ces techniques d'observation du cycle d'ovulation ou pour le retrait. Le chiffre, révélé par une étude Ined-Inserm en mai, surprend.
Anne-Sophie S., Brestoise, est l'une d'elles. Son compagnon n'en est pas vraiment satisfait, mais c'est ainsi, elle a opté pour le retrait avant éjaculation. « Pour lui, ce n'est pas facile, reconnaît-elle. Ça gâche un peu les choses, et met de la tension dans le couple, je lui dis tout le temps de faire gaffe. »
Depuis qu'a éclaté le scandale des pilules de troisième et quatrième générations, elle a arrêté la sienne, aussi « pour des raisons écologiques ». Elle est allergique au préservatif et sait qu'elle pourrait se faire poser un stérilet. Elle le fera peut-être quand elle aura de l'argent. A 22 ans, elle n'a jamais trouvé de travail fixe depuis l'obtention de son BTS d'assistante de gestion. Son compagnon est aussi sans emploi. Alors, tous les mois, ils attendent ses règles « avec inquiétude ». Selon l'étude Ined-Inserm consacrée aux choix contraceptifs depuis la crise des pilules, le recours aux méthodes naturelles a bien plus augmenté chez les femmes en difficulté financière et/ou sans diplôme. Le refus d'imposer à son corps des hormones a aussi joué.