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Articles, témoignages, infos sur la psychiatrie, la psychanalyse, la clinique, etc.

samedi 6 novembre 2010





Les patients noteront les hôpitaux dès 2011


Les hôpitaux devront mesurer à partir de 2011 la satisfaction de leurs patients, grâce à un questionnaire commun permettant de construire des indicateurs à communiquer au public, a annoncé ce jeudi la ministre de la Santé.

En pratique, les quelque 1 300 établissements publics et privés ayant une activité de médecine, de chirurgie ou d’obstétrique vont devoir organiser à partir de l’an prochain une enquête téléphonique auprès d’un échantillon de 120 patients tirés au sort après une hospitalisation de plus de deux jours. Les questions seront posées par un institut de sondage sur la base d’un questionnaire commun à tous les établissements. Les malades seront notamment interrogés sur la qualité de l’information dans l’hôpital, sur la communication avec les professionnels de santé, la qualité de l’accueil, la commodité de la chambre ou encore la restauration hospitalière. Leurs réponses permettront d’établir plusieurs indicateurs ainsi qu’un indicateur de satisfaction générale les agrégeant.

2011 sera une année de transition : le ministère de la Santé ne publiera qu’un « résultat moyen pour l’ensemble des établissements de santé ». Ce chiffre sera ensuite détaillé par établissement à partir de 2012 et chaque hôpital devra publier des résultats. « Il s’agit d’une avancée majeure pour notre système de santé », a estimé Roselyne Bachelot, soulignant que de tels indicateurs sont « fréquemment utilisés dans les systèmes de santé étrangers, que ce soit au Royaume-Uni, au Canada, en Suisse ou aux États-Unis ». Ces indicateurs de satisfaction viendront compléter ceux mis en place ces dernières années, en matière d’infections nosocomiales et de qualité globale de la prise en charge des patients.

Quotimed.com, le 04/11/2010



Bagnols.
5 novembre 2010

Dans le Sud, plus d'établissements


Les cliniques psychiatriques sont particulièrement implantées dans le Sud-Est. Une raison historique à cela: cette terre d'élection des sanatoriums, a vu, à leur disparition, nombre de ces établissements muer en cliniques psychiatriques. Aujourd'hui, en Languedoc-Roussillon, plus de la moitié des hospitalisations sont prises en charge par des établissements privés. En France, le privé prend en charge près de 25% de l'activité, avec un budget inférieur à 10% du total de la psychiatrie en France. «On ne trouve pas cela équitable», dit M. Reynaud au nom de l'Union nationale des cliniques psychiatriques privées (UNCPSY, 163 établissements), laquelle milite pour une meilleure reconnaissance de leur action par les pouvoirs publics et la  population.




DÉFICIT de l’ATTENTION et HYPERACTIVITÉ : Première preuve d’un lien génétique

The Lancet

Une équipe de scientifiques de l'Université de l’université de Cardiff vient d’identifier le premier lien génétique direct avec le déficit de l'attention et l’hyperactivité (TDAH). L'étude, publiée dans l’édition avancée en ligne du 30 septembre du Lancet, révèle que les enfants atteints de TDAH sont plus susceptibles d'avoir certains petits segments de leur ADN en double ou manquants. Au-delà de ces résultats, les chercheurs ont constaté des similitudes entre les variations génétiques du TDAH, de la schizophrénie et de l’autisme.

Une étude toute récente publiée dans BMC Neuroscience faisait le lien entre le sevrage précoce et la séparation d’avec la mère et le risque de développement de l'hyperactivité et de l'anxiété. Alors les TDAH seraient-ils à la fois d’origine génétique et liés à un déficit d’attention des mères ?

Le TDAH est un des troubles mentaux les plus courants dans l'enfance, touchant environ un enfant sur 50. Les enfants atteints de TDAH sont agités, impulsifs et distraits, et éprouvent des difficultés de comportement à la maison et à l'école. Bien qu'aucun traitement n'existe aujourd’hui, les symptômes peuvent être réduits par des traitements médicamenteux et une thérapie comportementale.

"Nous espérons que nos recherches aideront à surmonter la stigmatisation associée au TDAH,"  commente Anita Thapar: Si les chercheurs savaient déjà la maladie fortement héréditaire car les enfants atteints de TDAH sont statistiquement plus susceptibles d'avoir aussi un parent présentant les mêmes troubles et un enfant ayant un vrai jumeau présentant un TDAH a 3 chances sur 4 de présenter des troubles identiques, il n'existait pas encore de preuve directe que le TDAH est génétique.  

«Trop souvent, les gens assimilent le TDAH à une « mauvaise » parentalité voire à une mauvaise alimentation. En tant que clinicien, il est clair pour moi que ce n’est probablement pas le cas. Maintenant, nous pouvons dire en toute certitude que le TDAH est une maladie génétique et que les cerveau des enfants atteints de cette maladie se développent différemment de ceux des autres enfants ».

L'équipe de l'Université a analysé les génomes de 366 enfants, qui avaient tous reçu un diagnostic clinique de TDAH, contre plus de 1.000 échantillons de contrôle à la recherche de variations génétiques spécifiques.  Anita Thapar, professeur de pédopsychiatrie, à l’école médecine de l’Université de Cardiff, et coll. ont constaté un chevauchement important entre ces segments d’ADN, déjà connus comme des variantes génétiques impliqués dans l'autisme et la schizophrénie, ce qui confirme que le TDAH est un trouble neurologique du développement ou, en d'autres termes, que le cerveau des enfants atteints de la maladie diffère de celui des autres enfants.

TDAH, autisme et schizophrénie, une certaine proximité « génétique » : Ils ont également identifié un  chevauchement important entre les CNVs (copy number variants), identifiés chez les enfants atteints de TDAH et des régions du génome connues pour influencer la susceptibilité à l'autisme et la schizophrénie. Et cela, en particulier sur une région particulière du chromosome 16. Alors que ces troubles sont actuellement considérés comme tout à fait distincts, il y aurait en réalité  une certaine proximité entre le TDAH et autisme en termes de symptômes et de difficultés d'apprentissage. Cette nouvelle recherche laisse entendre qu'il pourrait y avoir une base biologique commune à ces deux maladies.

Sources : Cardiff University « ADHD’s genetic link » ; The Lancet doi:10.1016/S0140-6736(10)61109-9 « Rare chromosomal deletions and duplications in attention-deficit hyperactivity disorder: a genome-wide analysis », traduction, adaptation, mise en ligne Alexis Yapnine, Santé log, le 2 octobre 2010

mercredi 3 novembre 2010




« Cinéma et psychanalyse » au Millénium de Caudry, jeudi : un nouveau départ ?

03.11.2010










Joseph Rondeau, du groupe «Cinéma et psychanalyse»,
et Julien Méloni, médiateur du Millénium


Demain soir, après deux ans d'absence dans les salles obscures du Cambrésis, le groupe « Cinéma et psychanalyse » propose une séance au Millénium de Caudry autour du film « La Régate ». Le président de l'association, Joseph Rondeau et le médiateur du cinéma, Julien Méloni mettent cette « première » en perspective.

- Pouvez-vous nous rappeler le principe de ces séances ?


Joseph Rondeau : « Ce n'est pas nouveau ! En une quinzaine d'années, il y en a eu une quarantaine... Notre groupe s'était constitué autour du cinéma Les Archers à Cambrai. Entre professionnels de la psychanalyse et de la santé mentale, nous avions envisagé ces séances à partir de nos préoccupations autour du lien social et de la vie ensemble, et des difficultés qu'on peut rencontrer lorsque l'on est enfant, adolescent ou adulte. Le principe : engager une réflexion, un échange, pour permettre la prise en compte de ces difficultés. Plutôt que de les taire, on peut en parler sur un mode artistique. La famille, la vie ensemble... sont des grands classiques parmi les problématiques abordées au cinéma. » -

Ces séances-débat ne s'adressent pas qu'à des professionnels...


J. R. « Parler de ces problèmes, pouvoir en témoigner, en donner des lectures différentes... Ça permet de leur donner une place dans le débat public. C'est déjà un premier pas. Ce n'est pas pour rien que cette envie est venue de psychanalystes : c'est leur fonction de chercher ce qui encombre... Nos séances s'adressent au tout-venant, aux personnes que de telles questions intéressent, qui ont envie de voir un film puis de rester pour en débattre.

Selon nous, sur les questions de l'enfance, la parentalité, la famille, il n'y a pas de "professionnel". Et il n'y a pas une réponse, mais des réponses. »- Jeudi, « La Régate » évoquera les violences intrafamiliales.

J. R. « C'est la première source de violences, à la fois intime, insidieuse et pas spectaculaire on n'en parle pas dans les médias. 90 % des situations sont tues. Pouvoir porter de tels débats, même difficiles, sur la place publique, c'est faire un pas vers leur résolution. » - Mais nous ne sommes pas dans une démarche thérapeutique... Julien Méloni : « Je ne pense pas que ce soit le cas. Même quand on est artiste et que l'on réalise un film. On relate. »

J. R. « On n'est pas là pour faire la psychanalyse des gens qui viennent. En même temps, on n'est pas sûr qu'il n'y ait pas d'effet pour celui qui réalise ou pour celui qui assiste à la séance. Nous pensons même que ça peut apporter quelque chose. Certaines personnes peuvent se dire : "Je ne suis pas seul avec ce problème-là." » - Julien, le Millénium a décidé de s'associer au groupe pour relancer de telles séances...

J. M. « Le cinéma avait accueilli la dernière séance il y a deux ans. À l'époque, la situation des Archers était déjà compliquée pour d'autres causes.

Le groupe n'est pour rien dans ce qui se passe entre le Palace et les Archers. Ce qui nous intéresse, c'est de continuer à soutenir ce groupe dont les séances s'inscrivent tout à fait dans notre ligne de programmation Arts et essai, avec des débats qui permettent l'échange... »

J. R. « Ce serait en fait une dimension de service public, dans le sens de l'ouverture au grand public ? »

J. M. « Peut-être... »

J. R. « Jean-Marie Guéant a pris sa retraite, mais son esprit reste... Il avait une vision de l'éducation populaire, comme qualité d'éducation tournée vers le peuple... Un souci de transmission. Je pense que c'est ce qui est présent ici, au Millénium. » -

Le Millénium va-t-il reprendre le flambeau vis-à-vis du groupe avec une programmation régulière ?

J. M. « J'espère qu'il y aura d'autres séances... Les gens sont très demandeurs. J'ai eu pas mal de questions sur le film de jeudi. Si on ne doit tourner qu'avec des blockbusters, qu'il y ait médiation ou pas, ça marche, on n'est pas à plaindre. Mon boulot, c'est plus de travailler avec des populations plus difficiles... Pour l'instant, on a de bons échos. »

PROPOS RECUEILLIS PAR HÉLÈNE HARBONNIER
Résistances

Le populisme pénal ou l’exploitation électoraliste des faits divers, par Serge Portelli

Conférence de Serge Portelli, vice-président au tribunal de Paris, membre du syndicat de la magistrature, Toulon le Lundi 18 octobre 2010 – à 18h30, Faculté de droit de Toulon, amphi 500-1 – entrée libre
« Que nous ayons affaire à une idéologie de l’enfermement, du fichage tous azimuts et de la répression systématique est une évidence. Chacun peut constater chaque jour, au rythme frénétique des “réformes”, les ravages de cette philosophie de comptoir débitée sur tous les tons, dans tous les domaines,dès que le moindre fait divers le permet. Qu’il s’agisse des enfants, des étrangers en situation irrégulière, des malades mentaux, des délinquants et de tout ce qui est censé représenter un danger. On nous propose une société sous haute surveillance, dans un monde sûr, simple, où les bons citoyens, les honnêtes gens, ceux qui ont du bon sens, seront à l’abri des autres. Le vaste monde des“autres”. Qui évidemment ne nous ressemblent pas. Qu’un tel discours puisse prospérer en France fait honte. L’image que nous donnons à l’étranger est terrible. Parler du pays des libertés fait sourire. » (S.P.)
Résistances

Retraites : les médecins généralistes montent au créneau


Communiqué du 25 octobre 2010 du Syndicat de la Médecine Générale

Le projet de réforme des retraites porte en lui « une aggravation de la violence sociale et économique contre l’individu, une barbarie quotidienne qui ne dit pas son nom : celle de l’aliénation de l’individu au travail par l’usure prématurée de son corps et de son psychisme se manifestant entre autres par les maladies dites « professionnelles » et les accidents de travail, dont le nombre explose depuis 20 ans. » Ce n’est pas la CGT qui pousse ce coup de gueule mais le Syndicat de la médecine générale dans un communiqué publié le 25 octobre.

Le communiqué rappelle les raisons de l’opposition du syndicat à la réforme programmée par le gouvernement. Ce projet est « une régression sociale, dit le SMG, car il reporte les âges légaux de départ à la retraite et de retraite à taux plein, renvoie les individus à une autonomie illusoire, à leur propre culpabilité vis-à-vis de leur santé. Ce projet nie les déterminants collectifs de santé et, notamment, l’organisation du travail aujourd’hui en France comme cause de nombreuses atteintes à la santé : suicides, dépressions, cancers, troubles musculo-squelettiques, maladies cardio-vasculaires. » En plus du « retrait pur et simple » du projet de loi, le SMG appelle à une mobilisation forte pour les 28 octobre et 6 novembre.
La Non-Philosophie

Un-Soin : sans Monde, ni Dieu, ni Maître

Le site de l’Onphi publie la Présentation à la soutenance (remaniée) de Annie-Françoise Noël : “Un-Soin : sans Monde, ni Dieu, ni Maître”. Passionnant.

Quelques lignes…

“ L'idée de « théorie du soin » ne vient pas de moi, mais plutôt de chercheurs officiels en soin infirmier, lesquels travaillent à l'élaboration d'une « science » qui pourrait faire « reconnaître » ce soin et l'autonomie de la profession infirmière.
En dépit de la production de textes parfois très pertinents, mais soigneusement marginalisés, l'échec de la « recherche infirmière » est d'autant plus fracassant, que la victoire institutionnelle remportée par un « paradigme de soin unique »1 , pétri d'empirisme, de scientisme et de puritanisme anglo-saxons, fait croire à une réussite totale.
Cette « réussite » se concrétise par la constitution d'une « communauté scientifique infirmière internationale » qui a débusqué chez T. Kuhn les ingrédients de sa propre recette de fabrication, laquelle rendrait aussi « scientifique » que « révolutionnaire », et « donc » indiscutable, le « paradigme de soin » de cette communauté. Il s'ensuit que toute conception du soin qui n'entrerait pas exactement dans le moule à gaufres des mères fondatrices d'outre-Atlantique, ainsi que dans la moulin à paroles de leurs épigones de tous horizons, serait « incompatible » avec ce « paradigme unique », et donc ravageuse pour la « science infirmière » et « la reconnaissance de la profession ».” (…)

> suite sur le site de l’Onphi


L'alcool plus dangereux que le crack


LEMONDE.FR avec AFP
01.11.10

L'alcool est plus nocif que certaines drogues illégales comme l'héroïne ou le crack, si l'on tient compte de ses effets autant sur les individus que sur l'ensemble de la société. C'est ce qu'affirme le professeur David Nutt, ancien conseiller du gouvernement britannique sur les drogues, dans une étude publiée lundi par la revue médicale britannique The Lancet. L'étude, qui émane de la Commission scientifique indépendante sur les drogues (ISCD), estime que "les actuels systèmes de classification des drogues gardent peu de relation avec leur réelle nocivité".

Ses auteurs expriment leur "accord avec les conclusions d'études d'experts précédentes selon lesquelles prendre fermement l'alcool pour cible constitue une politique de santé valable et nécessaire". Les experts de la commission ont élaboré leur propre système pour évaluer les substances et étudié la nocivité des drogues sur le corps humain, mais également d'autres facteurs, comme le coût de leur usage pour le système de santé ou le système carcéral.

L'héroïne, le crack (dérivé de la cocaïne) et la méthamphétamine sont les plus mortels, mais si l'on tient compte des effets pour la société, l'alcool est le plus dangereux, suivi de l'héroïne et du crack, selon l'étude. Dans une échelle de dangerosité de 0 à 100, l'alcool est évalué à 72, l'héroïne à 55 et le crack à 54.




Le début d’une télé-psychiatrie ?

Publié le 02/11/2010    

La pénurie de psychiatres dans certaines régions incite à proposer des solutions d’allure plutôt « exotique », telle cette expérience (innovante ou consternante, selon notre degré d’orthodoxie) expérimentée dans trois états ruraux des USA et analysée dans Archives of General Psychiatry.

Dans cet essai déroutant de « télémédecine contre la dépression », chaque site possède un système de « télécommunications interactives dédiées à la santé mentale », mais ne dispose d’aucun psychiatre ni psychologue exerçant à cet endroit. Les soignants (un psychiatre, un pharmacologue, et un infirmier) gèrent alors à distance les problématiques dépressives détectées, en communiquant avec les patients par téléphone et en s’appuyant sur l’assistance d’un « logiciel de soutien », en vue d’une aide à la décision thérapeutique, dans une sorte de « psychiatrie assistée par ordinateur ». Les critères d’efficacité retenus consistent notamment dans le nombre de jours sans dépression et les données d’un questionnaire simplifié (12-Item Short Form Health Survey) [1].

Si certains – trop décontenancés–  pousseront sûrement des cris d’orfraie devant cette (étrange ?) « évolution » du métier, on peut rappeler que lors d’une mission spatiale habitée, les médecins suivant les astronautes exercent aussi leur art à distance, dans des conditions assez semblables… Mais que les esprits chagrins se rassurent ! Les auteurs démontrent que si cette forme de télémédecine en milieu rural est (contre toute attente ?) « efficace » pour « télétraiter » une dépression, elle risque pourtant de demeurer anecdotique et confidentielle, car elle est aussi « coûteuse »! Aussi le divan du psy « traditionnel » ne doit-il pas encore redouter une concurrence rapide venue des logiciels, webcams, et autres téléphones portables…

[1] http://www.jstor.org/pss/3766749




ENTOURLOUPE
Nice Matin et France 3 abusés par une organisation proche de la Scientologie
02/11/2010

Les manifestants contre les internements abusifs étaient en réalité des proches de l'Église.

Un article, publié dans Nice-matin, était passé inaperçu. Mais la suite de l'histoire montre l'indispensable vérification des sources. Fabien Bénard, représentant du Modem des Alpes-Maritimes, dénonce une manipulation des médias locaux par la Scientologie. En cause, un compte-rendu publié samedi sur une manifestation sur la voie publique à Nice.

Devant un hôpital psychiatrique, une cinquantaine de personnes dénonçait des hospitalisations abusives. Des personnes qui appartiennent à la commission des citoyens pour les droits de l’homme (CCDH). « Une commission qui s’attaque partout en France aux hôpitaux psychiatriques est un faux nez de la Scientologie », écrit le politique dans un communiqué que s'est procuré le site Nissactu.

Après vérification, effectivement, la mission interministérielle de lutte contre les sectes (MIVILUDES) confirme : "L’association qui dénonce l’augmentation des hospitalisations sur demande d’un tiers dans chaque département est la commission des citoyens pour les droits de l’homme (CCDH), une émanation de l’Eglise de la scientologie" , écrivait le ministère de la Santé en 2005.

"Mon inquiétude vient du fait que cette association (au nom déposé comme une marque), a les moyens d’envoyer 50 000 DVD produits aux USA pour déconseiller à nos médecins la prescription d’anti-dépresseurs", précise Fabien Bénard. Effectivement, il suffit de se connecter au site internet de la CCDH -qui précise, toutefois, que l’organisation a été fondée en partenariat avec l’église de Scientologie, pour pouvoir se procurer l’un des DVD.

Des médias déjà sollicités

Après enquête du site Nissactu, plusieurs médias -notamment des radios locales- ont été sollicitées ces dernières années pour diffuser des émissions "clé en main" sur les sujets d’internements abusifs, notamment. Ces radios avaient pris soin de se renseigner sur les origines de la CCDH qui se présentait comme une ONG, alors.

Une propagande qui a déjà fonctionné !

Selon Nice-matin qui se défend ce lundi dans ses colonnes, "les médias ne sont pas les seuls à avoir été abusés par la CCDH. Plus de 80 parlementaires se sont fait piéger l’an passé par le lobbying de la CCDH, en demandant des explications sur les hospitalisations sous contrainte à Roselyne Bachelot".

Et en 1998, un parlementaire rappelait l’action de la CCDH et demandait, alors, au ministre de la Santé "quelles mesures il comptait prendre pour que la propagande de cette officine sectaire soit contrecarrée". A priori, il est clair qu’il faudra prendre celle -déjà- de bien revérifier les sources des journalistes !

Un reportage sur la manifestation a aussi été diffusé sur France 3 côte d'Azur.

Note de la rédaction
Jointe par Le Post, France3 Côte d'Azur n'a pas encore répondu à nos appels.



Transmettre l'expérience de son propre rétablissement

Par Marc Mennessier
02/11/2010

D'anciens sans-abris se dévouent aux les malades dans la rue pour les accompagner dans leur guérison.

Qui peut mieux qu'une personne atteinte de schizophrénie comprendre quelqu'un qui souffre de la même pathologie? «L'expérience de la maladie, de l'hôpital et du rétablissement peut bénéficier à d'autres», explique le Dr Vincent Girard, psychiatre de rue à Marseille à propos des trois médiateurs de santé qui font partie de l'équipe mobile psychiatrie-précarité de Marseille qu'il coordonne.

Atteint de schizophrénie depuis l'âge de 35 ans, Claude Lefèvre se définit lui-même comme un «usager de la psychiatrie». Cet ancien squatter d'origine gitane, à la silhouette frêle et aux yeux anthracite, s'est donné pour mission de «faire le lien avec les personnes de la rue exclues ou qui s'autoexcluent du système de soins souvent parce qu'elles en ont peur».

Chaque jeudi, il passe toute sa journée dans l'unité de psychiatrie de l'hôpital Sainte-Marguerite où il rencontre les patients et les personnels soignants du service du professeur Jean Naudin. «Toute mon expérience, je la fais partager à ceux qui sont en grande difficulté. Comme je suis déjà passé par là, j'essaie de leur apprendre à retrouver leur autonomie, à être des citoyens, à connaître leurs droits mais aussi leurs devoirs.» Le reste du temps, Claude sillonne les vieux quartiers de Marseille: «On souffre dans la rue, explique-t-il de manière laconique. Quand on y reste trop longtemps, les dégâts sont terribles.»

«On arrive à mieux se comprendre»


Après avoir sombré, par le passé, dans l'alcoolisme et une vie d'errance, Bernard Staes, la cinquantaine, travaille comme médiateur dans l'immeuble thérapeutique de la rue Curiol, dans le Ier arrondissement de Marseille, qui accueille depuis bientôt trois ans une douzaine de pensionnaires.

«Quand j'arrive le matin, je leur fais un café, je leur donne aussi du tabac s'ils n'en ont pas, je les écoute…, confie cet homme au regard doux et à la silhouette bonhomme. En somme, j'essaie de les mettre dans les meilleures dispositions possibles avant l'arrivée de l'équipe soignante. Comme je suis un de leurs pairs, comme j'ai vécu les mêmes souffrances qu'eux, on arrive à mieux se comprendre. Ils vont me confier des choses qu'ils ne diront pas forcément au médecin ou à l'infirmière et que je garde bien évidemment secrètes, sauf si leur vie ou celle d'autrui devait être en danger. Mon rôle consiste, non pas à les surveiller, mais à les accompagner dans leur rétablissement.»



Dans l'unité des malades dangereux de Montfavet
02 novembre 2010


Reportage dans l'une des cinq Unités de France où sont traités des schizophrènes et psychopathes auteurs d'actes criminels.


On les aperçoit d'abord par la baie vitrée à travers laquelle s'infiltrent les doux rayons d'un soleil d'automne. En entrant, on distingue une dizaine d'entre eux, concentrés à reprendre en choeur le refrain d'une chanson de Jean-Jacques Goldman. Ambiance bon enfant, contraste saisissant. Parmi eux, trois sont des criminels. Nous sommes au coeur de l'Unité des malades difficiles (UMD) de l'hôpital psychiatrique de Montfavet, à deux pas d'Avignon, l'une des cinq qui existent en France. La structure, ultrasécurisée avec mur d'enceinte, sauts de loup, portiques à l'entrée, portes constamment fermées à clé, tout le mobilier scellé au sol, accueille actuellement 46 hommes dans quatre pavillons distincts.

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Eveil des sens dans tous les sens au théâtre de l'Adret
du 06/11/2010 au 06/11/2010

Domaine Debray,
1 Place Saint Jacques
21200 Beaune France

Le Domaine Debray à Beaune, sera le théâtre d’une pièce d’Ann Rocard In VINOS Veritas.

Découvrez l’histoire du vin au travers de sa psychanalyse !

Une innovation oenotouristique qui aura lieu le : Samedi 6 Novembre à 20 h Le THÉÂTRE DE L’ADRET jouera cette pièce articulée en trois actes qui correspondent à trois séances de psychanalyse qui révèlent la petite enfance, l’adolescence et l’âge mûr du vin. Des personnages bibliques au viticulteur d’aujourd’hui toute une pléiade de personnages donne naissance à des scènes tantôt cocasses, tantôt exaltées, tantôt sérieuses selon les thèmes abordés (mythologie, développement de la viticulture, problèmes actuels…) ou empreintes de poésie malicieuse.

La dégustation des vins du domaine avec des spécialités bourguignonnes sera proposée à chaque entracte.

Public :
ContactElisabeth DESBOIS
Terroir de Bacchus, cabinet spécialisé en oenotourisme
03.80.22.62.58
contact@domaine-debray.fr
www.domaine-debray.fr

dimanche 31 octobre 2010



Défendre l'accès aux soins des étrangers précaires

29.10.10

Après la suppression du droit au séjour pour les étrangers malades, adoptée en première lecture le 12 octobre par l'Assemblée nationale dans le cadre de la loi Besson, un second projet vient menacer l'accès aux soins des étrangers les plus démunis dans le cadre cette fois de la loi de finances. Les restrictions prévues pour l'Aide médicale d'Etat (AME) sont dangereuses pour la santé publique, financièrement contre-productives et contraires aux valeurs éthiques et déontologiques qui fondent nos actions de solidarité et de soins.

C'est il y a plus d'un siècle, en 1893, qu'a été mis en place un système de protection de la santé des personnes en situation de grande précarité. La plupart d'entre elles ont bénéficié en 1999 de l'inscription dans le dispositif de droit commun : la Couverture maladie universelle (CMU). L'AME reste depuis lors la protection maladie pour les seuls étrangers en situation irrégulière, démunis, et vivant sur notre territoire depuis au moins trois mois. L'accès à l'AME est soumis au même seuil financier que celui de la CMU-complémentaire (634 euros par mois), avec toutefois des prestations réduites.

L'instruction et la gestion de l'AME sont régulièrement vérifiées par les services de l'Etat : Inspection générale des affaires sociales, Inspection générale des finances et Groupe de lutte contre les fraudes du ministère des finances. Seules les Caisses primaires d'assurance maladie peuvent l'accorder, avec des procédures et contrôles stricts. Les rumeurs régulières de fraude à l'AME n'ont jamais été étayées par aucune enquête ou évaluation, contrairement aux difficultés d'accès qui constituent le quotidien des personnes concernées et des associations qui leur viennent en aide.

Pourtant, l'AME est en danger. Des amendements soumis à l'Assemblée nationale viennent remettre en question sa légitimité et son cadre d'application (restriction à des situations d'urgence médicale, exclusion de la médecine de ville, dépôt et instruction des dossiers en préfecture). Réinterrogeons-nous donc collectivement, à l'occasion de ce nouveau débat sur l'AME, sur notre conception du système de protection maladie.

Maintenir un accès continu à des soins cohérents et adaptés pour l'ensemble de la population vivant en France sous le seuil de pauvreté, soit 13 % de la population française, est un impératif de solidarité aussi bien que de santé publique. AME, CMU, CMU-complémentaire et aide à l'acquisition d'une complémentaire santé participent de cet objectif. Renforçons ces dispositifs et défendons l'idée d'un accès aux soins pour les plus pauvres et les plus malades, sans discrimination.

Il faut également conserver et améliorer un système de santé organisé autour de l'offre de soins de premier recours. Assurer des soins, particulièrement auprès d'une population socialement fragile, c'est assurer une coordination médicale, mais aussi sociale et éducative, dont l'absence peut s'avérer lourde de conséquences. Ainsi, ne pas permettre à une femme enceinte sans papiers de bénéficier d'un suivi de grossesse cohérent, c'est augmenter le risque de complications et d'accouchement prématuré, avec ses conséquences humaines et financières.

MAUVAIS SIGNAL


Au moment où la ministre de la santé veut faire de la réduction des inégalités sociales de santé une priorité de la prochaine loi de santé publique, vouloir réduire l'accès aux droits et aux soins pour les plus fragiles est un mauvais signal. En tant qu'acteurs impliqués au quotidien dans la prise en charge de ces personnes, nous ne pouvons souscrire aux restrictions annoncées concernant l'AME. Et ce, pour plusieurs raisons.

De santé publique, d'abord : l'AME est destinée à une population précaire, qui n'accède pas à des soins coordonnés, qui est mal prise en compte dans les stratégies de prévention et qui subit donc de plein fouet tout ce qui concourt à augmenter les inégalités de santé : les freins administratifs et financiers, l'inaccessibilité ou le refus de soins, le barrage de la langue, la mauvaise alimentation et le mal logement. Les populations migrantes et étrangères ont un risque sanitaire accru, particulièrement pendant les périodes de séjour irrégulier, comme le montre l'augmentation en 2009 des dépenses de l'AME consacrées aux maladies chroniques et infectieuses.

Pour des raisons économiques, ensuite. Que pèsent les 540 millions de l'AME par rapport aux 160 milliards de dépenses de l'assurance maladie ? D'ailleurs, la limitation de l'AME à des situations d'urgence et l'exclusion de la médecine de ville et des soins de premier recours ne feraient que renforcer le recours tardif au système hospitalier, plus coûteux.

Pour des raisons éthiques, enfin. Quelles sont les limites du champ de la solidarité du point de vue médical ? La déontologie médicale n'en admet aucune. Le droit à la santé ne peut être lié à la régularité du séjour.

La solution la plus cohérente au regard de cette triple exigence sanitaire, économique et éthique est donc simple : intégrer enfin l'AME dans la CMU pour l'ensemble des personnes, françaises et étrangères, à très bas revenus. Dans l'attente, l'AME reste un dispositif utile et symbolique dans notre système de protection maladie car il souligne à la fois le caractère fondamental de la solidarité dans notre conception de l'accès aux soins, mais aussi l'importance de disposer d'un premier recours efficace et d'en privilégier l'accès pour tous.

Ne nous trompons pas sur les enjeux. Les économies que font espérer les restrictions de l'AME, outre qu'elles ne visent que le très court terme, sont de peu de poids au regard des conséquences sanitaires, sociales et politiques pour notre pays. Au moment où la France s'apprête à prendre la présidence du G20 et alors que l'inquiétude grandit dans le monde quant à la manière dont notre Etat de droit traite les populations précaires, et notamment étrangères, la représentation nationale s'honorerait non seulement en ne restreignant pas la protection maladie pour les plus fragiles, mais en la rendant plus cohérente.

Marie-Pierre Allié, présidente de Médecins sans frontières ;
Olivier Bernard, président de Médecins du monde ;
François Bourdillon, président de la Société française de santé publique ;
Didier Fassin, président du Comede ;
Bruno Spire, président de Aides.

Marie-Pierre Allié, Olivier Bernard, François Bourdillon, Didier Fassin et Bruno Spire



Les médecins soumis au secret professionnel même pour une expertise sur les conditions de travail
29.10.10

Les médecins qui interviennent en entreprise pour le compte de cabinets d'expertise en conditions de travail agissent-ils en tant médecins, et donc soumis au secret professionnel, ou bien comme consultants ? La chambre disciplinaire d'Ile-de-France du Conseil de l'ordre des médecins vient d'y répondre par une sévère mise au point : le 21 octobre, il a prononcé un blâme pour violation du secret professionnel à l'encontre Stéphanie Palazzi, médecin psychiatre collaborant avec le cabinet Technologia, selon l'information révélée par le site Santé & travail.

Lors de l'audience devant le Conseil de l'ordre, Mme Palazzi avait affirmé qu'elle avait agi en tant que collaboratrice d'un cabinet et non comme médecin. La chambre disciplinaire a jugé le contraire. L'intéressée indique qu'elle "réfléchit à l'éventualité de faire appel" de cette sanction.

Après une série de suicides au Technocentre de Renault, à Guyancourt (Yvelines), le constructeur automobile et le comité d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT) avaient commandé à Technologia une expertise globale sur les risques psychosociaux. L'un des volets consistait à faire une "autopsie psychique" de M. B., ingénieur au Technocentre, qui s'était donné la mort le 20 octobre 2006 sur son lieu de travail.

Pour mener cette "analyse du suicide", comme l'appelle Mme Palazzi, celle-ci avait mené des entretiens avec la famille et l'entourage du salarié pour tenter de cerner son profil psychologique et les causes de son geste. Elle avait exposé ses résultats oralement devant les commanditaires puis les proches et les collègues de M. B. (Le Monde du 9 novembre 2009). Ce processus avait ensuite été appliqué à deux autres cas de suicide.

Selon la décision du Conseil de l'ordre, que Le Monde a consultée, Mme Palazzi a fait des comptes-rendus oraux "en mentionnant les noms des personnes" qui s'étaient suicidées et en "décrivant pour chacune d'elle le contexte psychologique de vie personnelle et professionnelle dans lequel s'est situé le suicide".

VALEUR "PÉDAGOGIQUE"


Or, ces informations s'appuyaient sur des entretiens obtenus "dans des conditions indissociables de sa qualité de médecin". Elle a donc "méconnu son obligation de respect du secret professionnel", même si l'exposé a été présenté oralement et à "titre confidentiel".

Mme Palazzi admet, aujourd'hui, avoir "fait une erreur". Mais, dit-elle, "je ne me suis pas lancée dans ces travaux sans me poser de questions". Elle indique avoir, au préalable, interrogé le Conseil de l'ordre sur son rôle dans le cadre d'une "analyse de suicide" pour le compte d'un cabinet d'expertise.

"On m'a répondu qu'un médecin peut être expert auprès d'un CHSCT, à condition que le cabinet soit agréé" par le ministère du travail, ce qui est le cas de Technologia. Elle en a conclut que ses travaux n'étaient pas soumis au secret professionnel car "dans ce cas contraire, une telle expertise n'a pas d'utilité, dit-elle. C'est là où je me suis trompée."

Pour le Syndicat national des professionnels de la santé au travail (SNPST), cette affaire a une valeur "pédagogique". "Cette sanction rappelle à tous les médecins qui mènent des investigations dans les entreprises qu'ils n'échappent pas à la déontologie médicale et en premier lieu, au secret professionnel", souligne Mireille Chevalier, la secrétaire générale du SNPST.

Un rappel utile au moment où de plus en plus de médecins interviennent dans des expertises et où certains médecins du travail sont pressés par des directions de leur divulguer des informations sur des salariés qui se sont confiés à eux.

Francine Aizicovici


Le Medef reconnaît que l'organisation du travail peut aboutir au harcèlement
29.03.10

La négociation sur "le harcèlement et la violence au travail" s'est achevée, vendredi 26 mars au siège du Medef à Paris, par un projet d'accord qui pourrait être signé par l'ensemble des organisations patronales et syndicales. A l'issue de cette ultime séance, les représentants des cinq confédérations (CGT, CFDT, FO, CFTC et CFE-CGC), qui doivent encore consulter leurs instances, ont émis un "avis positif" sur le texte qui comporte sept articles et vient "compléter la démarche initiée par l'accord national interprofessionnel du 2 juillet 2008 sur le stress au travail".


Il s'agit en fait de la reprise, nécessaire, d'un accord-cadre européen sur le même sujet qui date, lui, de 2007. Ces questions ont occupé le devant de la scène sociale et médiatique, notamment en raison de la multiplication des suicides chez France Télécom à la fin de l'année 2009. Syndicats et patronat ont alors multiplié, depuis le mois d'octobre 2009, les réunions pour finir par ce projet d'accord.

Les principaux points de blocage ont été levés in extremis, en particulier par l'acceptation par le Medef de la prise en compte de l'organisation du travail et du management dans les possibles causes de violence et de harcèlement.

Le texte indique que "l'employeur, en concertation avec les salariés ou leurs représentants, procédera à l'examen des situations de harcèlement et de violence au travail (...), y compris au regard de l'ensemble des éléments de l'environnement de travail : comportements individuels, modes de management, relations avec la clientèle, mode de fonctionnement de l'entreprise"...

L'enjeu était principalement là. A l'issue de la réunion, le responsable de la négociation pour le camp patronal, Benoît Roger-Vasselin, vantait un "accord équilibré", le "pas en avant des organisations syndicales" et tenait à rappeler son souhait que "l'organisation de l'entreprise ne soit pas elle-même en cause, puisque le dysfonctionnement peut ne relever que d'un service tandis que les autres fonctionnent normalement, ce qui prouve l'origine individuelle du harcèlement".

Stress et agressions

Le projet d'accord indique que "les phénomènes de stress lorsqu'ils découlent de facteurs tenant à l'organisation du travail, l'environnement de travail ou une mauvaise communication dans l'entreprise peuvent conduire à des situations de harcèlement et de violence au travail plus difficiles à identifier".

Sont aussi présentées les violences entre collègues, les relations avec le public, "les incivilités contribuant à la dégradation des conditions de travail (...) ". Les violences peuvent prendre la forme d'agression verbale, d'agression comportementale, notamment sexiste, d'agression physique... "5 % des viols et 25 % des faits de harcèlement sexuel ont lieu sur le lieu de travail", rappelle ainsi Jean-Louis Malys (CFDT).

Pour les syndicats, ce projet d'accord - qui intervient dans le cadre d'une prise de conscience globale sur les conditions de travail, avec l'accord déjà signé sur le stress, le plan ministériel santé au travail ou les négociations sur la médecine du travail - représente un point d'appui supplémentaire pour les salariés. "L'essentiel est que le patronat ait été obligé de reconnaître que l'organisation du travail et le management étaient quasi systématiquement en cause", souligne Alain Alphon-Layre (CGT), tout en reconnaissant que les organisations syndicales ont négligé longtemps ce dossier : "On s'occupait plus des salaires, on était plus sur le cadre collectif que sur le travail lui-même et l'individu", dit-il.

Les syndicats regrettent toutefois que ce futur accord n'ait pas d'aspect normatif. Le patronat s'y est refusé, préférant se contenter d'insister "sur le rôle fondamental que doivent jouer les branches professionnelles en la matière". Dans deux ans, prévoient les partenaires sociaux, ils se réuniront pour "évaluer la mise en oeuvre de l'accord à tous les niveaux".

Rémi Barroux


Stress au travail : le classement des entreprises
18.02.10

Après une série de suicides à France Télécom, le ministre du travail, Xavier Darcos, avait lancé, en octobre 2008, un plan national d'urgence pour la prévention du stress professionnel incitant les quelque 1 500 entreprises françaises de plus de 1 000 salariés à engager avant le 1er février des négociations ou des démarches sur le stress au travail.


Le ministère a donc mis en ligne, jeudi 18 février, sur le site consacré à "la santé et la sécurité au travail" Travailler-mieux.gouv.fr, les listes des entreprises classées en fonction de leurs efforts dans la prise en charge du stress.

Les entreprises se répartissent entre trois catégories : "vert" (celles qui ont déclaré avoir signé un accord de fond ou de méthode), "orange" (celles qui ont engagé une ou plusieurs réunions de négociations ou de discussions) et "rouge" (celles qui n'ont rien entrepris ou n'ont pas répondu au questionnaire soumis par le ministère). Les deux premières catégories comptent 900 entreprises (respectivement 55 % et 33 %), 600 n'ont pas répondu et sont automatiquement classées dans "rouge".

Dans la catégorie "orange", la plus mystérieuse, se situent France Télécom, Décathlon, Sony France, Mars Chocolat, ou encore Sephora.

Pour Jenny Urbina, déléguée générale CGT chez Sephora, la couleur orange n'est due qu'à l'urgence dans laquelle s'est retrouvée la direction. Selon elle, il n'était pas possible de signer les accords : absence de médecin du travail, documents élaborés "à la va-vite". A ses yeux, les projets d'accords transmis étaient "scandaleux". Pas de médecins ni d'enquête en interne. Or les problèmes semblent nombreux : sous-effectifs, horaires difficiles, vie personnelle et familiale négligée. Et "chez Sephora, nous avons 90 % de femmes", précise-t-elle.

La démarche aura donc évité au géant de la parfumerie de se retrouver dans le rouge, prouvant, grâce à deux réunions, qu'un accord est en cours d'élaboration. "Ils ont juste limité la casse", conclut-elle.

Pour Jean-Claude Delgènes, DG de Technologia, qui a mis au point le questionnaire destiné aux entreprises, la couleur rouge est très dissuasive. Les tribunaux seront sans pitié pour les entreprises traînées au pénal, les partenaires sociaux ne laisseront rien passer et les candidats à l'embauche exigeront des garanties.

En ce qui concerne les entreprises à propos desquelles un professeur aurait dit "peut mieux faire" (les classées "orange"), elles sont inscrites dans une dynamique, explique M. Delgènes. "La dynamique respecte le rythme propre aux entreprises. Elle s'inscrit dans le long terme." Même chose si l'entreprise a les honneurs du vert ; elle ne devra pas pour autant se reposer sur ses lauriers. Si les partenaires sociaux montent au créneau, elle pourra très bien retomber dans l'orange, ou dans le rouge. Une stratégie du "name and shame" ("nommer et faire honte"), explique Xavier Darcos dans Paris Match, qui "a des conséquences sur leur image". Le bonnet d'âne n'est pas loin.




Société
28/10/2010


La prison sommée de se refaire une santé

Soins . «Libération» s’est procuré le texte du plan gouvernemental sur la médecine en détention.

Par SONYA FAURE

S’assurer que les préservatifs soient accessibles aux détenus, permettre le dépistage des cancers du sein ou du col de l’utérus pour les femmes incarcérées, rendre automatique un examen bucco-dentaire dès l’arrivée en prison… et faire en sorte qu’un principe plusieurs fois répété soit enfin effectif : les détenus doivent bénéficier de la même qualité de soin que ceux du dehors. Libération s’est procuré le «plan d’actions stratégiques pour la prise en charge sanitaire des personnes détenues 2010-2014» que doivent présenter cet après-midi les ministres de la Santé et de la Justice.

D’abord, un constat sans appel : on est davantage malade en prison. Les prévalences des infections par le VIH et l’hépatite C sont plus élevées chez les personnes détenues (1,04% pour le VIH et 4,2% pour l’hépatite) que dans la population générale (0,23% et 0,84 %). «L’incidence de la tuberculose y est 8 à 10 fois supérieure», lit-on aussi dans le préambule. Et les auteurs reconnaissent : «Le choc carcéral et l’épreuve de l’enfermement sont susceptibles d’avoir un impact sur la santé

Suicides. Tranchant avec l’ergotage de l’administration pénitentiaire, le texte assène : «Les personnes détenues se suicident 6 fois plus que les hommes libres âgés de 15 à 59 ans. Les données récentes montrent une augmentation des actes auto-agressifs dans les établissements pénitentiaires : 2 599 tentatives de suicides et 2 426 automutilations ont été comptabilisées en 2009 (contre 1 699 et 2 187 en 2008).» Le texte prévoit des études épidémiologiques, l’amélioration des données sur le phénomène suicidaire et, en 2012, un plan pluriannuel de mise en conformité des prisons avec la réglementation en matière d’hygiène, de sécurité et de salubrité.

«Le ministère de la Santé va enfin mettre son nez dans les conditions de vie des détenus. Il aurait pu aller encore plus loin et ne pas "cogérer" avec l’administration pénitentiaire les questions de santé en prison, notamment la prévention du suicide : il ne réaffirme pas l’importance du secret médical en prison», commente François Bès, de l’Observatoire international des prisons. «Depuis une réforme de 1994, l’hôpital est arrivé dans la prison. Mais des blocages sont vite apparus, rendant l’accès aux soins souvent théorique, explique-t-il. L’hygiène des locaux, le manque de soins dentaires, la problématique de la mise aux normes des lieux de soins somatiques… tout est enfin mis noir sur blanc avec ce plan, qui donne un programme précis pour y remédier d’ici 2014. L’éventail des thèmes abordés est large : de l’intimité de la vie sexuelle à l’immatriculation à la sécurité sociale.» Bémol, toutefois : «Le plan laisse aux UHSA [unités hospitalières spécialement aménagées, ndlr], ces nouveaux hôpitaux-prisons, le soin de s’occuper des malades psychiatriques. On ne sort pas du principe d’enfermement.»

Seringues. Ce plan reprend une expertise de l’Inserm qui recommandait de «pallier les carences constatées en France : distribution d’eau de Javel [pour désinfecter les seringues], accès aux préservatifs, aux matériels stériles liés à la toxicomanie». Sans donner de méthode et de calendrier précis. «Alors que le plan est très précis sur les mesures pour éviter la contamination lors des tatouages, il ne dit rien sur les échanges de seringues : ça dérange. C’est pourtant ce qui a réussi à diminuer les contaminations, dehors, dans les années 90 ! s’agace Laura Petersell, d’Act Up. Pour le reste, ce plan est une mascarade, il ne fait que dire : "Il faut appliquer le droit en prison."On oublie juste de rappeler que la prison n’est pas un lieu de soin et qu’il faut appliquer les suspensions de peines prévues pour les malades.»





Société
28/10/2010


Paris malade de sa carence en infirmières

L’hôpital Tenon, comme une grande partie des établissements parisiens, est à court de personnel. Une pénurie permanente.

Par ERIC FAVEREAU

C’était vendredi. Un nouveau rassemblement du personnel devant l’hôpital Tenon, dans le XXe arrondissement de Paris. Le dixième du même genre. Une petite foule. «Depuis quatre semaines, l’hôpital est en grève pour une remise à niveau des effectifs et une réelle amélioration des conditions de travail», expliquait avec force le responsable CGT. Et il ajoutait : «Hier, les patients de dialyse ont dû être transférés par manque de personnel, cinq infirmières se trouvant en arrêt maladie.» Le scénario classique ? Celui d’un banal conflit comme il y en a régulièrement dans les milliers d’établissements de santé en France, toujours à vif ? Pas si sûr… Car ce qui se passe à l’hôpital Tenon est emblématique d’une radicalisation de certains mouvements sociaux à l’hôpital, en particulier chez les infirmières.

Tenon, comme les autres établissements parisiens, est en pleine restructuration. Il doit se regrouper avec les hôpitaux Saint-Antoine, Rothschild et l’hôpital pédiatrique Trousseau. Tout cela est logique, mais voilà, à Paris, il manque des infirmières. Et tout devient plus aigu. Les causes de cette pénurie sont nombreuses, mais la première est la difficulté de trouver un logement dans la capitale avec un salaire d’infirmière.

Plus de 10% de postes sont ainsi vacants à l’hôpital Tenon : 58 postes sur 600. Et cela tend à augmenter. Très logiquement, pour essayer d’y faire face, la direction de l’établissement fait régulièrement fonctionner le robinet des intérimaires. En même temps, il existe une équipe d’infirmières suppléantes qui tourne dans les services au gré des besoins. On se débrouille, mais les tensions restent palpables. «C’est bien sûr aux urgences que les choses se compliquent. Et en particulier dans les équipes de nuit, explique le professeur Etienne Hinglais, chef du service des urgences, mais aussi membre de la commission médicale d’établissement (CME) de toute l’Assistance publique de Paris. On travaille dans de mauvaises conditions, les gens sont fatigués. En plus, les locaux ne sont pas adaptés. Et le nouveau bâtiment n’est toujours pas prêt.»

Prime. A Tenon, ce sont de grosses urgences: 45 000 passages par an. Déjà l’année dernière, une grève des infirmières avait éclaté. «Celles qui travaillent disent, non sans justesse, que vu le contexte et la surcharge de travail, il serait normal qu’elles soient aidées financièrement.» A l’époque, une petite prime avait été accordée. Mais rien n’a vraiment changé. Pis, la direction a même de plus en plus de mal à embaucher des intérimaires. «Au point que le week-end, 25% des infirmières sont intérimaires», s’alarme le professeur Hinglais.

Début octobre, les syndicats de l’hôpital Tenon annoncent le dépôt d’un préavis de grève. Le matin du samedi 2 octobre, veille de la Nuit blanche et jour de manifestation dans les rues de Paris, cinq infirmières sont attendues aux urgences. Quelques minutes avant la prise de leur service, trois infirmières appellent pour dire qu’elles sont en arrêt maladie. «C’est inédit», note le Pr Hinglais. Il est rarissime que des infirmières aillent aussi loin, au risque de mettre en danger la santé des malades. «Pour nous, cela a été un choc, suivi d’un branle-bas de combat, poursuit le chef de service. Les aides soignantes étaient toutes présentes, on a dispatché les malades du service porte [l’arrivée des urgences, ndlr] vers les autres services, puis les médecins se sont mis en première ligne aux urgences et on a renvoyé les patients vers les autres hôpitaux.» Ce qui, au passage, a désorganisé les hôpitaux voisins. Mais il n’y a pas qu’aux urgences de Tenon que le conflit s’est durci. En radiothérapie, en oncologie et en dialyse également. «Il y a un tel manque d’infirmières que tout le monde en souffre, raconte un autre chef de service. Il arrive que le matin même, sans préavis, certaines infirmières soient déplacées vers d’autres services. Avant, il y avait une équipe tournante ; maintenant, elle est inexistante.»

«Dantesque.» «Tout se tient, poursuit le Pr Hinglais. Faute d’infirmières, plus de 5% des lits de Tenon sont fermés. Donc cela devient absolument dantesque pour arriver à hospitaliser en urgence une personne âgée. On est à deux doigts de l’accident.» Dans ce contexte, une grande majorité de médecins de Tenon a signé un appel commun. Où ils notent : «Le manque d’effectif est compensé depuis de longs mois par les efforts du personnel en place. Il est fréquemment arrivé que le personnel infirmier reste en poste plusieurs heures supplémentaires, faute de relève. Devant cette situation, la direction du personnel a recours à des infirmiers intérimaires. Ce recours, couramment utilisé pendant les périodes de congés depuis quelques années, se généralise durant toute l’année, particulièrement aujourd’hui. Le personnel intérimaire ne peut pas assurer les mêmes prestations quand ils ne connaissent ni les locaux ni les spécificités des services auxquels ils sont affectés. De ce fait, il est arrivé que des infirmiers intérimaires, recrutés en réanimation ou en soins intensifs, refusent d’assurer leur mission, considérant qu’ils n’avaient pas la formation suffisante pour l’assurer sans danger pour les patients, laissant le personnel soignant du service en sous-nombre.» Et ils concluent : «Le personnel soignant se sent pris dans une spirale infernale : maintien du nombre de patients entrants, diminution du nombre de lits disponibles, engorgement des services, épuisement prévisible des équipes ! A ce jour, l’hôpital Tenon connaît une crise inédite qui menace de compromettre la qualité et la continuité des soins.»

En attendant, la grève se poursuit et les discussions se succèdent entre les syndicats et la direction. Dernier malentendu en date : mardi, ils devaient être reçus par la nouvelle directrice de l’Assistance publique, mais ils ont dû se contenter de la DRH.



Les tailleurs de pierre de Blombos
29.10.10

Vous manifestez parfois un mépris condescendant pour les hommes des cavernes ? Essayez donc de tailler un silex. L'affaire est beaucoup plus compliquée qu'il n'y paraît. Car il ne s'agit pas de cogner comme un sourd sur un caillou : les préhistoriens identifient un vaste éventail de techniques de débitage et de taille de la pierre. L'une des plus précises et des plus raffinées était présumée avoir été inventée tardivement en Europe, voilà quelque 20 000 ans. Las ! Cette prérogative n'est plus européenne : des archéologues et préhistoriens démontrent, dans l'édition du vendredi 29 octobre de la revue Science, que cette technique très élaborée, dite de "retouche par pression", est en réalité apparue il y quelque 75 000 ans, en Afrique australe.

Cette technique, jusqu'ici caractéristique de la culture dite solutréenne, consiste à exercer de fortes pressions sur la pierre à tailler, à l'aide d'instruments sans doute en os ou en bois de cervidés. Ces pressions successives sur les bords de la pierre permettent d'enlever de petits éclats et d'obtenir ainsi des objets d'une grande finesse, pointes de flèche ou de lance très aiguës et tranchantes. Si régulières et si belles que "ce sont presque des oeuvres d'art", dit la préhistorienne Paola Villa (université du Colorado à Boulder, laboratoire Pacéa à Bordeaux). Or, des pointes ressemblantes avaient été découvertes voilà plusieurs années dans la grotte de Blombos (Afrique du Sud), fouillée depuis le début des années 1990.

Mais de vagues ressemblances ne démontrent rien. D'autant que "les pierres utilisées à Blombos ne sont pas faites en silex, comme c'est le cas en Europe, mais en silcrète", dit Mme Villa, coauteur de ces travaux. Les caractéristiques de ces deux roches étant différentes, des techniques identiques ne produisent pas nécessairement les mêmes résultats. Aussi, pour en avoir le coeur net, les chercheurs ont taillé du silcrète en reproduisant la technique de retouche par pression.

"Retouche par pression"

En outre, avant de les travailler, les chercheurs ont chauffé les pierres pour les attendrir, comme le faisaient les "Européens" il y a 20 000 ans, c'est-à-dire "en les plaçant dans le sable, sous les foyers", explique Vincent Mourre (Institut national de recherches archéologiques préventives), principal auteur de l'étude. Ayant appliqué au silcrète l'ensemble des techniques réputées être nées en Europe au paléolithique supérieur, les chercheurs obtiennent un résultat remarquablement comparable aux pierres taillées il y a 75 000 ans par les hommes de Blombos. "En particulier, nous avons étudié la taille et l'abondance des éclats retrouvés dans la grotte et nous les avons comparés à ceux obtenus en taillant les pierres nous-mêmes selon cette technique", raconte Vincent Mourre. L'étude au microscope des outils modernes et anciens a achevé de convaincre les chercheurs : la "retouche par pression" n'a pas été inventée il y a 20 000 ans en Europe, mais il y a 75 000 ans en Afrique.

Y a-t-il une filiation entre les deux techniques ? "C'est une question à laquelle nous ne pouvons pas répondre pour le moment, répond Mme Villa. Nous avons un trou d'environ 50 000 ans au cours desquels on ne retrouve pas d'objets taillés avec cette technique. Des outils découverts en Russie, sur un site daté de 35 000 ans, ont peut être été obtenus grâce à cette technique, mais il resterait encore un vide de 40 000 ans..." Peut-être la mémoire de cette technologie africaine a-t-elle simplement disparu, avant d'être "réinventée", beaucoup plus tard, en Europe.

Quelle que soit la réponse, le site de Blombos dépossède une fois de plus l'Europe de l'une de ses fières prérogatives. On pensait que l'art était apparu en Europe voilà quelque 30 000 ans, avec les peintures rupestres comme celles de la grotte Chauvet : des parures de coquillages anciennes de plus de 70 000 ans, sans doute portées en collier, ont été récemment découvertes à Blombos. D'où les archéologues ont aussi exhumé des petits blocs d'ocre inscrits de motifs géométriques, signe d'une vie spirituelle de ses auteurs car, comme le dit M. Mourre, "ces petits objets n'étaient nullement nécessaires à la survie matérielle du groupe".
Stéphane Foucart



Un sondage montre l'acceptation massive de l'euthanasie en France
30.10.10

L'immense majorité des Français se déclare favorable à une loi sur l'euthanasie dans certains cas, comme une de maladie incurable, selon un sondage CSA publié, samedi 30 octobre, dans Sud-Ouest. Selon cette enquête, 94% des personnes interrogées se disent pour une telle loi. En 2001, ils étaient 88%.

Si la progression est impressionnante, l'adhésion à l'idée d'une autorisation de l'euthanasie dépend fortement de la religion : 97% des personnes sans religion se déclarent favorables à une telle loi, contre 82% des catholiques pratiquants et 58% des musulmans.

De même, si les sondés sont en faveur d'une telle possibilité, ils souhaitent qu'elle soit strictement encadrée : 58% souhaitent que l'euthanasie soit possible "dans certains cas", 36% qu'elle "devrait s'appliquer à toutes les personnes atteintes de maladies insupportables et incurables".

Sondage réalisé par téléphone du 21 au 22 octobre sur un échantillon représentatif de 956 adultes selon la méthode des quotas..
AFP
Héros contemporains et psychanalyse
http://heroscontemporainsetpsychanalyse.wordpress.com/

Zelda, Link ou la bisexualité psychique ?


Zelda et Link sont des personnages des jeux vidéos “The Legend of Zelda” produit par Nintendo dont le premier titre est sorti en 1986.
Contrairement à ce qu’on pourrait penser au travers du nom de ce jeu, le joueur incarne un jeune homme se nommant Link dans la plupart des épisodes de la série. Ce personnage doit sauver la Princesse Zelda, le plus fréquemment enlevée par le Seigneur Ganondorf. Afin de sauver Zelda, Link sera amener à affronter des monstres dans différents donjons lui permettant d’obtenir des armes. Il est toujours muni en début d’aventure d’une épée et d’un bouclier.

Une des principales quêtes est aussi de retrouver “Excalibur”, l’épée pouvant sauver la princesse Zelda.

La tryade Oedipienne est retrouvée au travers de Zelda, Ganondorf et Link. Le symbole même du jeu est la “triforce”, représentant les qualités principales du guerrier. La “force” pour Ganondorf, celui contre qui doit s’opposer Link qui a le “courage”, enfin la “sagesse” revient à la mère : Zelda.

Au-delà d’une question Oedipienne retrouvé à travers la rivalité entre Link et Ganondorf, afin d’être l’objet d’amour de Zelda, d’autres questions se posent sur l’identité sexuelle des personnages.

En premier lieu, on peut constater que chaque joueur de “The legend of Zelda” a effectué l’erreur : parler de Link en utilisant le nom de Zelda. La différenciation entre les deux personnages semble fragile. Link est le personnage auquel le joueur s’identifie, mais il est également le “lien” avec d’autres personnages.

Selon Freud (Dans “Trois essais sur la théorie sexuelle” 1905) : “tout être humain aurait constitutionnellement des dispositions sexuelles à la fois masculines et féminines se retrouvant dans les conflits que le sujet connaît pour assumer son propre sexe”  (“Vocabulaire de la psychanalyse”). Freud vient à penser, grâce à Fliess, qu’il y a un hermaphrodisme psychique. Cette notion de bissexualité nous permettrait de comprendre les identifications oedipiennes au sexe opposé.

Zelda est donc une femme, mais tout le monde l’a déjà confondu avec un homme (Link). D’autant plus que “Ocarina of time”, Zelda se déguise en Sheik, un jeune homme qui aide Link.

Le titre du Jeu Vidéo le rappelle, l’aventure vécue par le joueur est une “Légende”. La bisexualité a toujours eu une place importante dans les mythes et les religions. Zelda représente l’homme et la femme, divinité suprême considérée comme androgyne amenant la création du monde (un exemple de personnages androgynes dans les trois religions monothéistes sont les anges, dépourvu de sexe, ils sont les êtres les plus proche de Dieu). Les androgynes étant considérés pour certaines cultures les liens entre les humaines et dieux.
Au-delà de ceci, Zelda serait-elle transexuelle? Comme l’explique Mormont ( “Blanche-neige était-elle transexuelle?”Michel, Mormont, 2002 ), à travers la passation du Rorschach (Méthode Exner), il a pu constater un “Snow White Syndrom” constaté chez les transexuelles. Ce Syndrome, définit par Exner, serait l’expression d’une propension à se réfugier dans la passivité et dans l’imaginaire pour fuir les difficultés de la vie.

Zelda fuit en quelque sorte à chaque nouvelle aventure, et se trouve dans une position passive, attendant que Link vienne la sauver. La seule fois où Zelda fut active, c’est lorsqu’ellle devint Sheik




Être soigné par une infirmière-robot, ça vous dit ?
28/10/2010

Elle s'appelle Actroid-F et elle est le premier robot androïde destiné aux service médicaux. Ses capacités d'actions et ses expressions faciales sont ultra réalistes, elle est programmée notamment pour prodiguer des soins à des patients. Elle a été conçue par Yoshio Matsumoto, un chercheur de l'AIST (Institute of Advanced Industrial Science and Technology), pour être utilisée dans les hôpitaux mais aussi dans n'importe quelle endroit de contact. Cette androïde est capable de reproduire des expressions typiquement humaines (cligner des yeux, sourire ou froncer les sourcils) et surtout elle peut interagir avec ceux-ci. Ses expressions faciales peuvent être contrôlées par un PC.

Mais le robot est aussi capable d'imiter et de reproduire à la perfection les expressions et les mouvements humains qu'il perçoit dans son intelligence artificielle. Portable et léger, il peut être rechargé grâce à de simples batteries. Rarement un robot n'avait atteint un tel niveau de ressemblance. A tel point que ça en devient presque flippant...

Les infirmières vont faire la gueule


Actroid-F est destinée au domaine médical. Elle peut servir d'aides aux personnes âgées et aux handicapés ainsi qu'aux enfants hospitalisés. A ce stade de sa création, l'androïde n'est bien sûr pas encore prête à assurer toutes les fonctions d'une infirmière "humaine". Mais elle a été développée dans ce but.

Reste à savoir ce qu'en pense les infirmières, pas certain qu'elles soient ravies de se faire piquer un job, déjà pas super bien payé, par un robot japonais...

Voir la vidéo ici

mercredi 27 octobre 2010




IMAGES DE LA FOLIEC. QUÉTELGallimard Albums Beaux Livres
188 pages
Prix : 49 euros


 Présentation de l'éditeur :

Aucune maladie n'a été plus porteuse d'iconographie que la folie. Le mot lui-même a toujours été ambivalent, signifiant à la fois absence de sagesse et perte de la raison au sens médical du mot. Les artistes se sont engouffrés dans la brèche en jouant sur les deux tableaux. Des pures allégories de la folie comme La Nef des fous, on a cependant tôt fait d'arriver à des représentations où la pathologie a déjà sa place. C'est néanmoins avec la naissance de la psychiatrie, à l'orée du XIXe siècle, que les images de la folie se multiplient : peintures édifiantes, types d'aliénés, scènes de la vie asilaire... L'asile, voulu comme un instrument de guérison, se transforme en vision d'épouvante à travers les images-reportages de ses cours et de ses dortoirs, de ses médications et de ses appareils de contention.
L'iconographie de la folie s'exprime aussi dans les représentations de maladies «vedettes» comme l'hystérie, dans le regard des artistes à diverses époques, dans les figurations d'une antipsychiatrie aussi ancienne que la psychiatrie elle-même. Enfin, les fous eux-mêmes font oeuvre dans l'expression de l'art brut.
Au total, ces images constituent une véritable histoire de la folie, d'une folie qui, rapidement débarrassée de ses oripeaux allégoriques, apparaît en dépit de la diversité de ses représentations comme ce qu'elle a été de tous temps : une maladie toujours aussi mystérieuse et encombrante pour la société.

L'historien Claude Quétel a publié une Histoire de la folie, de l'Antiquité à nos jours (Tallandier, 2009), qui constitue la synthèse de nombreux travaux publiés sur l'histoire de la folie, le plus souvent en collaboration avec des psychiatres (notamment la Nouvelle histoire de la psychiatrie, dirigée avec le Dr Jacques Postel).





Société
26/10/2010
«Ce n'est pas demain la veille qu'on fera des consultations par Internet»
RECUEILLI PAR FÉLIX PENNEL

La télémédecine dispose désormais d'un cadre juridique : un décret qui vient d'être publié au Journal officiel réglemente à partir d'avril 2012 des activités telles que téléconsultation, téléexpertise, télésurveillance médicale ou téléassistance médicale.

Révolution ou simple reconnaissance de ce qui se fait déjà? Le docteur Claude Leicher, président du syndicat des médecins généralistes MG France, opte pour le second choix.

La téléconsultation marque-t-elle un tournant pour la médecine en France ?

Déjà, je ne suis pas favorable à l'emploi de ce terme de «téléconsultation». Ce n'est qu'une façon de résumer les choses. En fait, dans les cabinets médicaux, nous avons tous les jours des appels téléphoniques de patients qui ont des questions. Nous, médecins, leur donnons des conseils pratiques et d'orientation vers tel ou tel spécialiste.

Donc oui, ce décret est intéressant parce qu'il reconnaît ce que nous faisons déjà depuis longtemps. Mais concrètement, ça ne s'appliquera qu'à quelques situations particulières. Par exemple sur une île sans médecin ou en montagne, ce système va permettre de rassurer, de prodiguer des conseils précis grâce aux images retransmises. Mais ça ne remplacera absolument pas la consultation.

Est-il possible de tirer un diagnostic précis d'une «consultation» par Internet ?

Ce système ne permet aucun diagnostic. Bien sûr, si par exemple, une mère signale que son enfant a la varicelle, une description des boutons nous permet de le confirmer. Mais si un patient signale qu'il est anormalement essoufflé, on ne peut rien faire. Un médecin doit le voir pour l'examiner et faire le diagnostic.

C'est pour ça que le terme «téléconsultation» n'est pas approprié, ce n'est pas une consultation.

Quels sont les avantages et les inconvénients d'un «Internet médicalisé» ?

Cela va faciliter l'accès à la santé et permettre aux médecins qui seront en contact avec les patients de donner un degré d'urgence face à un problème.

Mais depuis qu'Internet existe, beaucoup de gens viennent nous voir avec des informations qu'ils ont trouvées, et ne comprennent rien à ce qu'ils ont pu lire. Il ne suffit pas d'avoir les informations, il faut aussi avoir l'interprétation. Nous verrons comment ça se met en place.

Pourquoi avoir attendu si longtemps pour l'autoriser ?

Parce qu'en France on a toujours du retard... Dans les pays anglo-saxons ça existe déjà depuis longtemps. Chez nous c'est toujours soit bon, soit mauvais. On a peur du changement, alors on a attendu.

Pourtant le monde ne va pas changer. Ce n'est pas de la médecine à distance mais bien du conseil. Et ce n'est pas demain la veille qu'on fera des consultations par Internet ou téléphone comme dans un cabinet.





APRÈS LA PARUTION DU DÉCRET TÉLÉMÉDECINE

La e-consultation : fantasme ou réalité ?

Floue sur certains points, la toute fraîche réglementation de la télémédecine laisse le champ libre à l’interprétation, notamment pour ce que sera – ou ne sera pas – une téléconsultation.

LA PARUTION à la fin de la semaine dernière du décret organisant la télémédecine (« le Quotidien » du 25 octobre) a suscité de nombreux commentaires dans les médias, certains voyant déjà pour demain la téléconsultation d’un patient par un médecin via Internet, avec rédaction d’une e-ordonnance et télépaiement à la clé. À l’origine de cet emballement, un certain flou dans l’interprétation de la nouvelle réglemenation. Que dit le décret en cause ? « La téléconsultation a pour objet de permettre à un professionnel médical de donner une consultation à distance à un patient. Un professionnel de santé peut être présent auprès du patient et, le cas échéant, assister le professionnel médical au cours de la téléconsultation. »

À l’Ordre des médecins, le Dr Jacques Lucas, vice-président en charge des questions de télémédecine remet les pendules à l’heure. Pour lui, la téléconsultation dispose essentiellement de deux champs d’application. Soit le patient est suivi régulièrement par le médecin dans le cadre d’une pathologie de longue durée, et après élaboration d’un protocole de télésuivi, il peut lui télétransmettre directement des résultats d’analyse par exemple, ou un électrocardiogramme, ou encore une radiographie dans le cadre de ce suivi. Soit le patient est en consultation chez un autre professionnel de santé ou dans un établissement de santé, et il est demandé à un médecin extérieur d’analyser à distance des symptômes, ou des résultats d’analyses. En dermatologie par exemple, la télétransmission de l’image d’une plaie peut aider au diagnostic.« La téléconsultation, ce n’est pas un diagnostic fondé sur les déclarations fournies par le patient, continue Jacques Lucas, c’est un examen médical différent basé sur l’analyse de données objectives. »

Il n’est donc pas question pour le moment d’imaginer qu’un patient puisse se connecter au cabinet d’un médecin pour lui décrire ses symptômes, encore moins que le médecin rédige une ordonnance et que le patient paye cette téléconsultation. « Non que nous y soyons opposés, précise le Dr Lucas, mais le décret ne prévoit pour l’instant rien de tel et il nous semble que si des évolutions doivent y être apportées, elles doivent se faire petit à petit, en prenant en compte le seul intérêt du patient. »

Accélération.

Mais au chapitre des évolutions futures que pourrait connaître la téléconsultation, le Pr Guy Vallancien a quelques idées. « Les choses vont s’accélérer, prophétise-t-il, car la téléconsultation est l’une des réponses à la désertification médicale et à l’encombrement des cabinets qui en résulte. » Guy Vallancien, qui a rédigé de nombreux rapports à la demande des pouvoirs publics, tant sur les maisons de santé pluridisciplinaires que sur la réforme des hôpitaux ou la rémunération des médecins, est également le père du projet expérimental de cabinet médical mobile. Il prend l’exemple du Canada où certains médecins ont une patientèle disséminée sur des territoires de plusieurs centaines de kilomètres carrés. « Dans chaque village, continue-t-il, des professionnels de santé spécialement formés, et de niveau master, vont voir les malades, procèdent aux examens et analyses nécessaires, et télétransmettent les résultats au médecin qui pose alors son diagnostic et fait sa prescription. »
Mais Guy Vallancien, jamais en retard d’une avancée potentielle, voit encore plus loin et estime que la téléconsultation directe, sans l’intervention d’un autre professionnel de santé, verra le jour tôt ou tard. « Ca n’est pas pour demain, reconnaît-il, et tout dépendra des corporatismes qui se manifesteront. » Mais il en est persuadé,si les collectivités locales investissent dans des bornes Internet, les progrès de la technologie rendront un jour la chose possible. « Les Français vont comprendre qu’on ne perd pas nécessairement de lien humain par Internet, conclut-il. Parfois même, les patients se confient plus en écrivant leurs symptômes ou en les décrivant par webcam interposée. »

HENRI DE SAINT ROMAN

Le Quotidien du Médecin du : 27/10/2010