par Franck Bouaziz publié le 1er janvier 2024
«Tu me prépares deux végétariens pour cette cellule. Donnez-moi une assiette pour les desserts…» Fleury-Mérogis, Essonne. Dans le couloir du bâtiment D3 de la maison d’arrêt, Giuseppe, vingt ans d’expérience dans les cuisines de différents établissements et lui-même détenu, pousse le chariot du dîner et effectue la distribution des plats. En cette soirée du dimanche 31 décembre, Elior, la société de restauration collective sous contrat avec l’administration pénitentiaire, a amélioré l’ordinaire : salade de mangue, penne viande-champignon et profiteroles au chocolat. Un plat végé est prévu pour ceux qui ne consomment pas de viande. Le repas du soir est accompagné d’un sachet contenant le petit-déjeuner du lendemain. Dans la coursive, une à une les portes de métal peintes en jaune claquent dès que les assiettes sont remplies. La distribution prend un peu plus de temps lorsqu’une procédure dite «2 + 1» s’enclenche. Pour les détenus considérés comme plus dangereux, le surveillant qui ouvre la porte est encadré par deux de ses collègues afin de limiter les risques de sortie non prévue de la cellule. Chacune d’entre elles est conçue sur le même modèle : 9 m2 de superficie, et la plupart du temps un lit jumeau pour accueillir un deuxième occupant. Dans cet espace exigu, il a fallu caser lors des travaux de rénovation un espace douche et sanitaires. Seule varie la «décoration intérieure». Elle va des graffitis les plus divers aux bandes dessinées affichées sur la face intérieure de la porte.