Par Jane Roussel Publié le 27 octobre 2022
Alors qu’en France 40 % des personnes décédées sont crématisées, les endeuillés sont nombreux à ne pas savoir quoi faire de l’urne, faute de connaître la loi. Au fil des récits de dispersion des cendres se dessine une galerie d’au revoir rocambolesques et de rituels bricolés.
« On était sur la pointe des Guettes, en Bretagne, on a ouvert la boîte et les cendres sont tombées d’un bloc, en tas par terre, à nos pieds. » La scène de dispersion des restes du père de Marine (tous les prénoms ont été changés) n’a rien de la cérémonie émouvante que l’on imagine en pareilles circonstances. Elle n’est pas sans rappeler le dernier voyage de Donny dans The Big Lebowski, le café soluble et le vent en moins.
« Il avait plu. On a failli tomber dans la boue avant d’arriver au bord de la falaise, détaille Marine. On n’a pas fait de discours du type, “Va-t’en, va voir la mer, papa !” On est restés en plan, on n’a rien dit. Mon frère a ouvert le carton qui contenait les cendres de mon père, et s’est trouvé face à un gros sachet en plastique. On était autour et on se disait : “Ça commence bien…” Il a réussi à l’ouvrir après avoir lutté, mais rien ne s’est envolé comme on l’avait imaginé. Il s’est tourné vers nous, gêné. On s’est sentis bêtes. On a pris un bâton pour les étaler. Bref, ça n’avait rien de solennel du tout. »