par Frédérique Roussel publié le 23 février 2022
De hautes tours d’une vingtaine d’étages, des barres de quinconce ou alignées, de larges avenues, parfois plantées d’arbres ou de sculptures monumentales. Le ciel est toujours bleu sur ces grands ensembles bâtis dans les années 50-60. Cité Beauregard, La Paillade, Les Raguenets, la Fontaine d’Ouche… Ces images nous paraissent familières et datées, ces cités froides et inhumaines. Mais quand elles sont sorties de terre, on les regardait comme des merveilles architecturales et des foyers modernes pour des milliers d’arrivants. On y vivait bien aussi, ce que veut montrer On est bien arrivés. «C’était beau. Vert, blanc. Ordonné. On sentait l’organisation. Ils avaient tout fait pour qu’on soit bien, ils s’étaient demandé : qu’est-ce qu’il faut mettre pour qu’ils soient bien ? et ils l’avaient mis. Ils avaient même mis de la diversité : quatre grandes tours, pour varier le paysage» (1). Renaud Epstein, professeur de sociologie à Sciences-Po Saint-Germain-en-Laye, spécialiste de la politique de la ville et des politiques urbaines, collectionne depuis presque trente ans ces cartes postales rétro, vestiges d’une époque et d’une idéologie qui permettent de s’interroger sur la représentation actuelle des «quartiers».