par Agnès Giard
En 1889, le physiologiste français Charles-Edouard Brown-Séquard (1817-1894) note que les castrats ont «une activité intellectuelle appauvrie» et qu’ils sont physiquement débiles. On observe de semblables faiblesses chez «les hommes qui abusent du coït ou qui se livrent à la masturbation», écrit-il. Brown-Séquard en déduit que l’énergie vitale provient du sperme : plus il y en a dans les testicules, plus l’individu est fort. Dès lors, pourquoi ne pas s’injecter du jus de testicules ? Dans un ouvrage foisonnant consacré aux plus belles pages de l’andrologie – Faire et défaire la virilité (éditions PUR) – l’historienne Elodie Serna retrace les débuts parfois baroques de la science dédiée à l’appareil génital masculin… Parmi les expérimentateurs figurent de grands noms de la médecine, dit-elle, dévoilant l’aspect tantôt loufoque, tantôt inquiétant des «progrès» scientifiques en matière de sexualité. Commençons par Brown-Séquard.