Jérôme LOURDAIS Publié le
La spécialité souffre d’un manque d’attractivité. Alors que s’ouvrent les Assises nationales de la psychiatrie, regard sur la situation en Sarthe, plombée par le manque de soignants.
Pour répondre aux besoins, il nous faudrait trente médecins supplémentaires
, estime Céline Lagrais, nouvelle directrice de l’EPSM, consciente d’œuvrer dans un territoire aux difficultés aiguës
. La crise du Covid a fait grimper l’activité. Pas les vocations. Outre les psychiatres, il manque quarante infirmiers et aides-soignants, mais aussi dix cadres et secrétaires.
Trois jours sur un brancard
À la clé, un douloureux jeu de chaises musicales, notamment aux urgences du centre hospitalier du Mans, où une équipe de l’EPSM prend en charge les patients relevant de la psychiatrie. Actuellement, une dizaine de personnes, dont l’état nécessiterait une hospitalisation, restent « stockées » sur des brancards. Certaines y passent trois jours. Alors qu’il s’agit de cas lourds : personnes délirantes, suicidaires, victimes d’angoisses…
Les patients sont juste séparés par un rideau en plastique. Certains montent en tension, ça finit avec de la sédation, des gens attachés
, déplore une infirmière, qui a enregistré vingt malades sur ces brancards il y a deux semaines. Le week-end, quelques-uns partent vers les hôpitaux de Nantes (Loire-Atlantique), Alençon (Orne), Rennes (Ille-et-Vilaine). En semaine, des places se libèrent à Allonnes, mais au compte-gouttes. Avec une pression insidieuse sur les psychiatres pour faire sortir
des malades.
La réserve sanitaire appelée en renfort
C’est choquant. Vingt personnes, c’est l’équivalent d’un service
, s’indigne Frédéric David, délégué CGT de l’EPSM. Ces patients seraient sans doute mieux à Allonnes
, admet la directrice, qui parle de partie visible de l’iceberg
: Si on ne devait pas réduire l’accueil dans les centres médico-psychologiques, les lieux de consultation, les hôpitaux de jour, on n’aurait pas autant de personnes en crise.
Pour éviter la fermeture de lits cet été, l’EPSM de la Sarthe a été l’un des rares établissements à recevoir le renfort de la réserve sanitaire. Les lits ? Après des décennies de réduction, l’EPSM en compte près de 400 depuis une dizaine d’années. Mais le problème est ailleurs. L’ambulatoire, aux vertus thérapeutiques reconnues, ne compense pas l’augmentation des besoins.