Par Mohamed Saâd Bouyafri 26 avril, 2021
MAROC
Rabat – Le débat autour des maladies mentales revient de façon sporadique dans l’actualité du Maroc, souvent au gré de faits divers sanglants. Sans déroger à la règle, c’est une nouvelle fois dans des circonstances tragiques que le sujet de la prise en charge des personnes en proie à cette souffrance refait surface.
Le 17 avril courant, la province de Taounate s’est retrouvée dans un état d’effarement suite à un triple meurtre attribué à un individu souffrant de troubles mentaux. Le mis en cause aurait agressé plusieurs personnes à l’aide d’un bâton, à Douar Rass El Koudia, Ain Beida, Caïdat Ain Aicha, entraînant la mort d’une femme âgée et de deux enfants de 7 et 9 ans.
Dans le dessein de lever le voile une fois pour toute sur une éventuelle corrélation entre les troubles psychologiques et les tendances criminelles, la MAP a contacté le psychiatre et psychanalyste, Khalid El Alj, qui a souhaité d’emblée dissiper toute ambiguïté en clarifiant que les homicides, dans leur majorité, ne sont pas dus aux malades mentaux.
Près de 85 % des auteurs d’homicides ne souffrent pas de maladies mentales, a précisé M. El Alj, notant qu'”ils ne sont pas fous au sens commun du terme et l’intervention psychologique et psychiatrique, si elle doit avoir lieu, ne vient qu’après la réponse sociale et judiciaire”.
Pour étayer ses propos, M. El Alj a relevé que selon des études sérieuses, les homicides ne concerneraient qu’une catégorie de maladies mentales qualifiées de “graves” qui ne serait responsable que de 0,16 cas d’homicides pour 100.000 habitants par an.
“Il s’agit beaucoup plus de situations critiques de souffrance vécues par des individus présentant des perturbations structurelles de la personnalité et dont la dangerosité est sensiblement accrue par la prise de stupéfiants”, a-t-il expliqué.
Toutefois, “la représentation collective de la folie criminelle stigmatise la souffrance humaine et la surmédiatisation y contribue”, a déploré M. El Alj.
En effet, selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), la stigmatisation est l’obstacle le plus important à surmonter dans la communauté pour la prise en charge des maladies mentales.
A cet égard, l’OMS insiste sur l’importance de mener des campagnes de santé publique visant à améliorer la prise de conscience générale des dangers de la stigmatisation des maladies psychiques afin d’éviter que les personnes en proie à ces troubles ne finissent par s’approprier les stéréotypes attribués à leur maladie.
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