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Articles, témoignages, infos sur la psychiatrie, la psychanalyse, la clinique, etc.

mercredi 10 mars 2021

Isolement et contention, où est le débat ?

09/03/2021


Dans une lettre ouverte à Olivier Véran, les représentants d’organisations professionnelles de psychiatres dénoncent le nouveau cadre de recours à l’isolement et à la contention en psychiatrie. Et ravivent deux débats : le recours à des mesures souvent regardées comme inhumaines et l’abandon du secteur.

Sur le fond, ils sont d’accord. Les psychiatres signataires de la lettre du le 24 février 2021 l’écrivent noir sur blanc : « En tant que représentants de la communauté psychiatriques, nous sommes pleinement en accord avec ce que dit l’article 84 de la loi du 14 décembre 2020 (…) : “L’isolement et la contention sont des pratiques de dernier recours et ne peuvent concerner que des patients en hospitalisation complète sans consentement. » Mais ça, c’était déjà le cas depuis une loi de 2016. Ce qu’ils reprochent aux pouvoirs publics, c’est l’application de la loi et son projet de décret* selon des critères de durée et de renouvellement stricts, « impossibles en raison, notamment, des moyens actuels de la psychiatrie publique ». La loi prévoit pour l’isolement une période de douze heures renouvelables par tranche de douze heures jusqu’à quarante-huit heures et pour la contention, six heures, renouvelables par tranche de six heures dans un maximum de vingt-quatre heures. Au-delà, il y a obligation d’informer le juge des libertés et de la détention. 

Nécessité d’une réflexion sur la contention

Le docteur Bernard Odier, président du conseil national professionnel de la psychiatrie, a cosigné ladite lettre. « Cette histoire de l’article 84 glissé dans la loi de financement de la Sécurité sociale, c’est une gesticulation du gouvernement, souffle le psychiatre. Un article qui est d’inspiration bureaucratique, prometteur de charges supplémentaires en matière de paperasse. Ce n’est pas ça qui va régler le problème du recours, probablement excessif, à l’isolement et à la contention. C’est forcément un travail beaucoup plus patient et minutieux. » 

Patrick Estrade, infirmier en psychiatrie depuis 1981, estime que « les débats législatifs ne doivent pas occulter la réflexion à mener sur ce type de pratiques ». Il a vu revenir dans les établissements, au milieu des années 2000, ces mesures et en a été heurté, comme d’autres. 

Ce qui se passe aujourd’hui continue de révolter André Bitton. Ancien psychiatrisé, il milite depuis trente ans pour les droits des patients, notamment au sein du CRPA, le cercle de réflexion et de proposition d’actions sur la psychiatrie. C’est grâce à l’intervention d’usagers comme lui auprès du législateur que la réglementation a évolué ces dernières années : « C’est la bestialisation du patient. La contention devrait être abolie. L’isolement fortement contingenté et encadré. » 

« Le vrai débat, ce sont les conditions à réunir pour abolir la pratique, appuie Olivia, d’Humapsy, une autre association de patients. Une psychiatrie vécue comme une menace qui plane, comme quelque chose de punitif, ne peut pas soigner. »

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Maladies psychiques : des appartements pour (ré)apprendre l'autonomie

Publié le 08/03/2021

Le centre hospitalier Esquirol à Limoges a mis en place un dispositif expérimental : les appartements de coordination thérapeutique (ACT). Ils permettent à des personnes atteintes de troubles psychiques d'évaluer leur capacité à vivre en autonomie, tout en bénéficiant d'un accompagnement.

Le CH Esquirol dispose de dix appartements de coordination thérapeutique (ACT) destinés à la réhabilitation sur Limoges.

Le CH Esquirol dispose de dix appartements de coordination thérapeutique (ACT) destinés à la réhabilitation sur Limoges. • © Gwenola Bériou - France Télévisions

Vivre seul en appartement ne va pas de soi pour tout le monde. Notamment pour les personnes atteintes de troubles psychiques, quelle que soit la maladie (schizophrénie, bipolarité, névroses, état dépressif...).
Les appartements de coordination thérapeutiques (ACT) existaient déjà en addictologie au sein du centre hospitalier Esquirol.
Depuis février 2019, l'établissement teste ce dispositif au sein du département réhabilitation, dans le pôle de psychiatrie adulte dirigé par le Dr Verger.

En partenariat avec Limoges Habitat et l'Agence immobilière sociale, l'hôpital loue dix appartements dans Limoges, destinés à accueillir, pour une durée d'un an maximum, les bénéficiaires du dispositif. Pour l'instant, une vingtaine de personnes sont passées par les ACT.

Evaluer la capacité à "savoir habiter"

C'est le cas de Vincent, qui vit dans l'un de ces appartements depuis deux mois. Victime de dépression, de troubles obsessionnels du comportement et d'anxiété depuis l'adolescence, il a du mal à vivre en autonomie : "Ce qui est dur pour moi, c'est d'initier toutes les actions du quotidien, les tâches ménagères, la vaisselle, les courses, prendre soin de son hygiène corporelle... Ces actions sont lourdes à réaliser pour moi".

Depuis qu'il est installé en ACT, Vincent reçoit tous les jours la visite d'un membre de l'équipe dédiée au dispositif. Une équipe pluridisciplinaire : psychiatre, psychologue, assistant social, infirmiers, moniteurs éducateurs...

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Psychiatrie : attention ce patient n’a plus que quelques seconde pour améliorer son psychique 5,4,3,2...



par Nagy (son site) mardi 9 mars 2021

EXTRAIT d'un communiqué coécrit par les Dr Laurent Delhommeau et Loriane Bellahsen psychiatres, à propos de la réforme du financement de la psychiatrie, qui devra être mise en œuvre début 2022.

Sous couvert d’intégrer au maximum les patients dans les dispositifs de droit commun, il (l'article 34) introduit de nouvelles injustices graves, entre autres :

● qu’une personne autiste ou schizophrène naisse ici ou là, la dotation qui lui sera allouée sera différente. La situation actuelle est déjà celle de fortes inégalités territoriales ; mais cette réforme s’effectuant à enveloppe fermée, elle ne fera que déplacer les inégalités.

● Les lieux de soins qui accueillent actuellement des adolescents et jeunes adultes seront fragilisés dès que les patients auront atteint 18 ans, via une perte massive de financement.

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Sophie Mendelsohn : « La panique décoloniale a saisi beaucoup de milieux, y compris psychanalytiques »

 Entretien par Pablo Pillaud-VivienPierre Jacquemain | 9 mars 2021




Sophie Mendelsohn est psychanalyste, ses travaux portent sur les théories critiques du genre et de la race. Elle vient de publier avec Livio Boni La vie psychique du racisme aux éditions de La Découverte. Elle est l’invitée de #LaMidinale.

 Sur les conséquences psychologiques de la crise sanitaire  
« On constate depuis le premier confinement que la crise sanitaire se reflète dans la crise institutionnelle, à commencer par l’hôpital et notamment l’hôpital psychiatrique. »
« Il y a une difficulté de prendre en compte les effets de ce confinement dans l’après coup de cette expérience d’isolement social que tout le monde a faite. »
« La psychiatrie a toujours été sensible aux crises sociétales. On a en tête la tragédie psychiatrique pendant la seconde guerre mondiale. »
« A l’hôpital psychiatrique, l’isolement a été renforcé et les moyens humains sont en chute libre. »

[...]  Sur la panique décoloniale chez certains 

« La panique décoloniale a saisi beaucoup de milieux, y compris psychanalytiques. »
« Ce livre n’est pas le fruit d’un questionnement psychanalytique strict ni d’un combat idéologique : il est lié au fait que l’on reçoit les patients et que le discours des patients a changé au regard de ces questions-là. Le psychanalyste doit se laisser interpeller par les conjonctures historiques dans les discours se constituent parce que c’est le creuset d’une construction subjective qui, à la fois, peut passer par des revendications politiques et, en même temps, permet de trouver des points de troubles par lesquels on se construit comme sujet à partir de discours qui sont tributaires des rapports de dominations. »
« Il y a toujours un écart entre ce que les discours nous disent que nous sommes et la manière dont on peut se faire exister comme sujet avec des conflits, des contradictions et une non-transparence à soi. »


Surpopulation Dans les prisons de France, 849 détenus dorment sur un matelas à même le sol

par LIBERATION et AFP publié le 8 mars 2021

Le garde des Sceaux, Eric Dupond-Moretti, a annoncé ce chiffre devant le Sénat, ce lundi, où est examinée en première lecture une proposition de loi pour que les prisonniers puissent plus efficacement contester leurs conditions de détention.

Ils n’ont même pas de lit en bonne et due forme. En raison de la surpopulation carcérale, «849 détenus sont aujourd’hui contraints de dormir sur des matelas posés à même le sol», a déploré le garde des Sceaux, Eric Dupond-Moretti, ce lundi dans l’hémicycle du Sénat. Le ministre de la Justice intervenait lors de l’examen en première lecture d’une proposition de loi visant à répondre à l’exigence du Conseil constitutionnel d’ouvrir une voie de recours aux prisonniers, pour qu’ils puissent contester leurs conditions de détention quand elles sont jugées indignes. Le cœur du sujet, donc.

Interview Carte européenne du handicap : « Il faudra qu’on se mette d’accord sur ce qui rendra éligi

par Elsa Maudet  publié le 5 mars 2021

Déployée à partir de 2023, elle permettra aux citoyens handicapés de bénéficier de certains droits dans tous les Etats membres. Mais quelques obstacles doivent encore être levés, explique le chef de la représentation de la Commission en France, Baudouin Baudru.

La Commission européenne a annoncé mercredi le déploiement d’une carte européenne du handicap à l’horizon 2023. Objectif : permettre aux personnes disposant d’une carte d’invalidité dans leur pays de l’utiliser dans les autres Etats membres et ainsi bénéficier des mêmes droits en matière d’accès à la culture, aux sports ou aux loisirs. Baudouin Baudru, chef de la représentation en France de la Commission, revient sur les enjeux et les difficultés du déploiement de cette carte.

mardi 9 mars 2021

Interview Grève des sages-femmes : «C’est incroyable d’être oubliées comme ça des politiques de santé publique»

par Elsa Maudetpublié le 8 mars 2021

Les professionnelles de la maïeutique se mobilisent pour la quatrième fois depuis le début de l’année, leurs revendications n’ayant toujours pas été entendues.

Les sages-femmes remettent ça. Déjà appelées à la grève les 26 janvier, 10 et 24 février, elles se mobilisent de nouveau en ce 8 mars, journée internationale des droits des femmes, car leurs revendications n’ont toujours pas obtenu satisfaction. Parmi elles : l’augmentation des effectifs (les décrets de périnatalité, qui fixent le nombre de sages-femmes dans les établissements de santé, datent de 1998), la reconnaissance de leur statut de profession médicale à l’hôpital et un alignement des salaires sur les autres professionnels de santé.

Interview Excision : «La paix procurée par la reconstruction est bien plus importante que le respect de la tradition»

par Kadiatou Sakho  publié le 9 mars 2021 

Selon Marie-Claire Kakpotia Moraldo, directrice d’un centre de prise en charge de femmes excisées à Bordeaux, le parcours de soins des victimes de mutilations génitales reste très compliqué, malgré la mobilisation des associations pour les repérer et les orienter.

En France, les autorités médicales estiment à 125 000 le nombre de femmes victimes d’excision. Un acte pratiqué au nom de croyances culturelles, religieuses et sociales dans plusieurs parties du monde. A l’occasion de la journée internationale des droits des femmes, Marie-Claire Kakpotia Moraldo revient sur l’accompagnement dont bénéficient les jeunes filles et les femmes excisées en France. En septembre, elle a notamment créé une unité de soins régionale, à Bordeaux, avec son association les Orchidées rouges, lancée en 2017.

Un nouveau MOOC pour tout savoir sur les peintres femmes

Un nouveau MOOC pour tout savoir sur les peintres femmes
Adélaïde Labille-Guiard, Autoportrait avec deux élèves (détail), 1785, The Metropolitan Museum of Art. Domaine Public ©CC0 MET / Adélaïde Labille-Guiard

Jeudi 4 mars, la RMN - Grand Palais et la Fondation Orange ont annoncé l'arrivée d'un nouveau MOOC sur les femmes peintres, à l'occasion de l'exposition prévue « Peintres femmes, 1780-1830. Naissance d'un combat » au musée du Luxembourg au printemps 2021. Les inscriptions sont d'ores et déjà ouvertes.

En cette Journée internationale des droits des femmes, un nouveau MOOC (Massive Open Online Course, enseignement de masse en ligne) fait son apparition pour mettre en lumière plus de 20 artistes telles que Sofonisba Anguissola (1532-1625), Artemisia Gentileschi (1593-1662), Élisabeth Vigée Le Brun (1755-1842), Adélaïde Labille-Guiard (1749-1803), Suzanne Valadon (1865-1938), Tamara de Lempicka (1898-1980) ou encore Joan Mitchell (1926-1992). En effet, la Fondation Orange et la Réunion des musées nationaux (RMN) Grand Palais viennent d’ouvrir les inscriptions de leur nouveau MOOC Femmes peintres à travers les âges sur les peintres femmes, à l’occasion de l’exposition « Peintres femmes, 1780-1830. Naissance d’un combat » prévue au musée du Luxembourg au printemps 2021. Le MOOC commencera le 29 mars prochain.

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Fast fashion - Les dessous de la mode à bas prix

92 min

Disponible du 02/03/2021 au 06/06/2021






En quelques décennies, la "fast fashion", ou mode jetable, a révolutionné l’industrie textile à bas prix. Enquête sur l'impact social et le coût environnemental d'un secteur qui ne connaît pas la crise.

Renouveler en permanence sa garde-robe sans se ruiner : rien de plus simple aujourd’hui. Tandis que les marques qui font le pari de vendre exclusivement en ligne se multiplient, l’achat de vêtements tient désormais pour beaucoup d’entre nous du loisir à part entière. Une tendance entretenue par les nouveaux acteurs de la fast fashion sur les réseaux sociaux qui, via un marketing subtil, rémunèrent les influenceurs pour placer leurs produits. Ces dernières années, des marques d’ultra fast fashion se sont même lancé le défi de produire et de livrer encore plus vite et moins cher que les vendeurs traditionnels. Mais leur efficacité se paie au prix fort. En Grande-Bretagne, ces vêtements sont fabriqués dans des ateliers insalubres par des ouvriers payés la moitié du salaire minimum. Au-delà de son impact social, la fast fashion, deuxième industrie la plus polluante au monde, a aussi un coût environnemental. Même quand ce modèle industriel promet de s’amender en proposant une mode plus durable, sa facture écologique reste lourde.

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Dix femmes inspirantes

10 ÉPISODES (10 DISPONIBLES)

Pyramide de femmes, 1937

À PROPOS DE LA SÉRIE

À l’occasion de la Journée internationale des femmes, Les Pieds sur Terre ont compilé dix récits de femmes inspirantes. De Victorine la bretonne à Assa Traoré en passant par Anna balayeuse heureuse ou Mireille, calaisienne résistante et aide des migrants, (re)découvrez des femmes exceptionnelles.

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Femmes en lutte !

4 ÉPISODES (1 DISPONIBLE)

Pancarte "LE VRAI VIRUS C'EST LE PATRIARCAT" lors de la manifestation rassemblant 5000 personnes pour la Journée Internationale pour les Droits des Femmes le 8 mars 2020 à Lyon, France.

À PROPOS DE LA SÉRIE

La lutte féministe est internationale et les victoires sont à géométrie variable. Du droit de l’avortement à celui de se déplacer ou de travailler en passant par le combat des violences sexistes, une série d’émissions sur les actions menées par et pour les femmes dans cette conquête pour l’égalité.

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Laisse parler les femmes


 


Une série documentaire en huit épisodes qui donne la parole à une centaine de femmes de tous âges, de classes sociales diverses, à travers tout le territoire et qui interroge la place des femmes en 2021. A découvrir dès le 8 mars.

Laisse parler les femmes
Laisse parler les femmes Crédits :  Celia Gaultier - Radio France

Au départ, il y a un élan. Une envie d'aller rencontrer d'autres femmes pour comprendre leur place dans le monde. Elles, ce sont des adolescentes que l’on espère voir grandir dans une société différente, des dames qui ressemblent à nos grands-mères, ou d’autres qui ne se disent pas féministes.

Puis il y a eu des trains et des bus. Des montagnes d’été, des mers d’hiver et des champs d’automne. Des âges à un chiffre, à deux et même, à trois chiffres. Des femmes qui se lèvent tôt et d’autres qui se couchent tard.

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lundi 8 mars 2021

Avec Lizette, de la « ronronthérapie » en psychiatrie à l'hôpital d'Aurillac (Cantal)


 


Publié le 08/03/2021

Avec Lizette, de la « ronronthérapie » en psychiatrie à l'hôpital d'Aurillac (Cantal)

Lizette, la chatte du service psychiatrique de l’hôpital Henri-Mondor, est « très joueuse ». Photo Jérémie Fulleringer
Depuis 2015, Lizette, une chatte, a été adoptée par un service de psychiatrie du centre hospitalier Henri-Mondor. Et le félin a conquis les soignants et s’est lié aux patients.

« Elle nous réconforte, elle est très joueuse », témoigne une patiente. « Ça nous responsabilise, ça atténue le stress, ajoute une autre. Les gens sont moins agressifs avec le chat. Il est souvent avec moi, est assez expressif, ça a été le coup de foudre ». L’animal est également synonyme de « paix » pour une autre pensionnaire du service Claude-Bernard, l’unité psychiatrique sous contrainte du centre hospitalier Henri-Mondor d’Aurillac, qui accueille quinze patients et donc la chatte Lizette

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Retour sur Comment la lutte contre les violences obstétricales s’est imposée

par Lea Mormin Chauvac  publié le 7 mars 2021

Le 7 mars, le collectif de lutte contre les violences obstétricales et gynécologiques Stop VOG appelait à un rassemblement pour dénoncer des actes médicaux effectués sans le consentement des patientes. L’Amérique latine, première terre de mobilisations, a fait de ces actes un objet de lutte et un sujet de recherche.

Sur le Power Point, les femmes sont comparées à des juments – «celles qui ont des grosses hanches ne sont pas les plus agréables à monter, mais c’est celles (sic) qui mettent bas le plus facilement». Le 7 décembre 2018, le Collège national des gynécologues et obstétriciens français (CNGOF) se réunit à l’occasion de son congrès annuel. La citation projetée sur grand écran est extraite d’un roman historique écrit par un gynécologue, Yves Aubard. Elle choque. Sur son compte Twitter, le réseau militant Osez le féminisme dénonce, en plus de ce parallèle insultant, deux ateliers aux intitulés évocateurs : «Ces prétendues violences obstétricales: les enjeux juridiques» et «Comment se prémunir des plaintes pour attouchement sexuel». Deux communications dont les titres disent bien le malaise du secteur gynécologique depuis que des femmes ont commencé massivement, il y a quelques années, à raconter publiquement les violences et humiliations endurées au cours de leur parcours de soin, et particulièrement pendant leur grossesse et leur accouchement.

Une nouvelle revue sur le "bouillonnement mondial de luttes culturelles, éditoriales, artistiques" des femmes

Par Nadine Epstain et Nabila Amel

07/03/2021

La face cachée du globe | Trimestrielle, "La Déferlante" raconte les mouvements des femmes qui agitent le monde. Son premier numéro, publié cette semaine, met notamment en avant la mobilisation des Chiliennes.

Marche féministe à Santiago. Chili, le 25 novembre 2019. Page de reportage extraite de la nouvelle revue "La Déferlante".
Marche féministe à Santiago. Chili, le 25 novembre 2019. Page de reportage extraite de la nouvelle revue "La Déferlante". Crédits :  Elisa Torres Olave

160 pages d’enquêtes, de portraits, de témoignages, de reportages en longueur accompagnés de belles illustrations, photos, dessins, BD, pour donner plus de visibilité aux femmes. C'est La Déferlante née cette semaine comme "première revue trimestrielle post-#metoo consacrée aux féminismes et au genre". La vague féministe, la quatrième vague de cette révolution de toutes celles qui luttent contre le machisme et le patriarcat et pour l’égalité des sexes pour toutes et partout, n’épargne aucun pays.

Pour son premier numéro, cette publication consacre un grand reportage au Chili. Actuellement, le pays examine une loi pour légaliser l’avortement. Autre chamboulement en cours, la révision de la Constitution, ces évolutions ont été amenées par la ténacité des Chiliennes. Un exemple, quatre d’entre elles ont lancé un collectif, Las Tesis, les thèses contre les violences faites aux femmes. Interview avec Marie Barbier, l'une des quatre cofondatrices de la revue La Déferlante

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Enquête «Le mot “viol” était écrit noir sur blanc»

par Eva Fonteneau, correspondante à Bordeaux  publié le 7 mars 2021

A l’origine de la libération de la parole à Sciences-Po Bordeaux, Alma, aujourd’hui hospitalisée pour dépression, réagit à la lettre de son ancien compagnon qui reconnaît l’avoir violée il y a deux ans. Elle fait part de son «soulagement» de le voir avouer et assure qu’elle portera plainte quand elle sera prête.

«J’ai été violée par l’homme que j’aimais il y a deux ans. Ce jour, ce lundi où Notre-Dame brûlait, il m’a pris mon être.» Alma Ménager a 18 ans quand son petit ami la viole un soir d’avril 2019, puis la quitte. Le 14 décembre 2020, rongée par la tristesse, l’incompréhension, les crises d’angoisse, la peur et la colère, son corps et son esprit lâchent. Elle est hospitalisée pour dépression dans une clinique psychiatrique, avec le souvenir d’être «à l’antichambre de la mort». Il lui faudra attendre janvier et une longue discussion avec une amie pour poser des mots pour la première fois sur l’origine de son mal-être. Une déflagration dans la vie de la jeune femme, qui décide de «briser le silence» quelques jours plus tard sur le groupe Facebook des étudiants de Sciences-Po Bordeaux, où elle était scolarisée.

Petit guide de survie aux mails agressifs avec Roman Jakobson



Clara Degiovanni publié le  

« Tu n’es pas sans savoir que », « Je n’ai toujours pas reçu la pièce jointe, Didier », « OK. » Une double négation, un prénom en fin de phrase, un point après un simple « OK » : rien de querelleur, au premier abord, dans ce petit florilège d’extraits de mails. A priori, la tournure de ces phrases pourrait laisser penser qu’il s’agit d’une froideur neutre, purement professionnelle. Pourtant, surtout s’ils se répètent à longueur de journée, tous ces petits éléments peuvent être perçus comme une « micro-agression », témoignant de l’exaspération de l’expéditeur. Sensiblerie que tout cela ? Que nenni – derrière des formules toutes faites et des signes de ponctuations savamment placés, se cache en effet un emploi tout à fait conscient du langage. Admettons-le : pour signifier notre agacement l’air de rien, sans nous « mouiller » auprès de notre interlocuteur, il nous arrive à nous aussi d’avoir recours, à différents degrés, à ces pernicieuses petites astuces rédactionnelles… Alors, comment faire de notre boîte mail une « safe place » pour tout le monde ? Petit guide de survie aux micro-agressions par courriel (et comment les éviter), avec le linguiste russe Roman Jakobson (1896-1982), qui analyse le langage selon six grandes fonctions dans son célèbre article « Linguistique et poétique »(1960), repris dans ses Essais de linguistique générale (1963).

  • La fonction expressive pour doser son exaspération. Consistant à « donner l’impression d’une certaine émotion », cette fonction, par mail, remplace les expressions faciales. Tout ce qui s’écrit doit donc pouvoir se dire « en face » sans regret. Les majuscules, par exemple, sonnent comme UN CRI dans la tête de celui qui les lit. Crierait-on à la figure du destinataire d’un mail ? L’usage est donc de privilégier la stratégie d’euphémisation de la fonction expressive. « Sauf erreur de ma part » (je sais que j’ai raison), « tu n’es pas sans savoir que » (tu aurais dû savoir). Ces expressions, certes irritantes, évitent de transformer nos boîtes mails en terrains de catch virtuel.
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Prêtresses, vestales, druidesses : ces femmes qui murmuraient à l’oreille des dieux

Par Gaétan Supertino  Publié le 7 mars 2021

De Rome à Athènes, de l’Egypte à la Bretagne, l’Antiquité a vu officier des prêtresses avec, parfois, autant de prestige que leurs homologues masculins.

Dans le temple de la vestale, par Constantin Hölscher, 1902, Villa Grisebach (Allemagne).

Faut-il être un homme pour avoir l’oreille de(s) dieu(x) ? Pour guider les fidèles sur les voies du sacré, quelles qu’elles soient ? Beaucoup l’ont pensé, et beaucoup le pensent encore. Certes, les lignes bougent depuis un petit siècle. Aujourd’hui, des femmes sont pasteures, rabbines, mufties, imames ou théologiennes.

Mais dans la plupart des traditions religieuses, le clergé reste très majoritairement, parfois exclusivement, masculin. Ce « masculinisme » est-il le propre des monothéismes ? Non : il suffit de scruter l’histoire du bouddhisme ou de l’hindouisme pour constater que ces religions n’ont pas été épargnées par le patriarcat – certes à des degrés divers selon les époques, les lieux et les courants.

Jean-Pierre Bacri pour la vie

4 ÉPISODES (2 DISPONIBLES)

Jean-Pierre Bacri en 2015

À PROPOS DE LA SÉRIE

Comment le cinéma nous place-t-il face à nos contradictions, notre mal-être ?
En interrogeant philosophie et cinéma, nous revenons sur 4 films de la carrière de Jean-Pierre Bacri, mort le 18 janvier 2021, que l'on scrutera en compagnie de nos invités :
"On connaît la chanson" d'Alain Resnais, avec François Thomas
"Le goût des autres"de JP Bacri et Agnès Jaoui, avec Guillaume Leblanc
"Smoking / No smoking" d'Alain Resnais avec Vincent Delecroix
"Un air de famille" de ET avec Cédric Klapisch

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4 ÉPISODES (2 DISPONIBLES)

Bruno Falissard : « Les jeunes psychiatres doivent avoir une pensée neurobiologie ET une pensée du sens et de la société »

Propos recueillis par Catherine Vincent  Publié le 17 juillet 2020

Entretien. Bruno Falissard est pédopsychiatre, directeur de recherche Inserm à la Maison des adolescents de Cochin (AP-HP). Il vient de publier Soigner la souffrance psychique des enfants (O.Jacob, 224 p., 19,90 euros).

Comment les enfants que vous suivez en consultation ont-ils vécu les contraintes du confinement ?

Des hyperactifs coincés dans 40 m² avec leurs parents, des autistes dont le rituel consiste à se rendre en hôpital de jour et qui, du jour au lendemain, doivent rester chez eux : pour ces enfants-là, les pédopsychiatres ont immédiatement pensé que le confinement allait être une catastrophe. Or, globalement, c’est le contraire que l’on a observé : ils allaient bien, voire parfois mieux que d’habitude. Pourquoi ? Parce que pour un enfant hyperactif, ou pour un enfant autiste lorsqu’il est scolarisé, ce qui est dur, c’est l’école ! C’est de passer sa journée dans un lieu où il est considéré comme différent, et décalé en permanence. Le confinement a été l’occasion de le vérifier : le problème de nos patients provient en partie des normes imposées par la société.