11 janvier 2021
La pandémie de COVID ébranle les êtres humains en tant qu’espèce et société. Nous ne savons pas encore dans quelle mesure la longue et immense crise sanitaire, qui a mis sous de multiples tensions nos sociétés, est en train de transformer celles-ci, dans leur vie sociale (dans le style de relations que les citoyens ont les uns avec les autres), économique (quels dégâts irréversibles ? Quelles innovations ?), au travail (quelles conséquences auront les pratiques massives de télétravail, d’enseignement à distance, de réunions par visioconférences, etc. ?), etc.
Un thème peu présent dans les médias lors du premier confinement a fait l’objet d’une intense attention depuis le deuxième : la santé mentale. Celle-ci occupe une place centrale dans les préoccupations sanitaires des sociétés d’individualisme de masse. Mais les problèmes de santé mentale, à la différence des autres domaines pathologiques, vont au-delà des préoccupations sanitaires. On peut clarifier leur sens et leurs fonctions en les insérant dans le contexte des mœurs et des manières instituées de vivre en société qui se sont développées à partir des années 1980 et au sein desquelles les aspects émotionnels et affectif des relations sociales ont pris une importance qu’ils ne possédaient pas auparavant. Ces aspects se montrent dans la vie quotidienne à travers le langage de la santé mentale. Car la santé mentale, à la différence de la psychiatrie et des problèmes de maladies mentales, est un langage avec lequel nous exprimons toute sortes de choses sociales.