Le Parlement a adopté mardi 26 mai la proposition de loi sur l'allongement du congé accordé aux parents endeuillés. Son rejet en février dernier avait suscité un tollé, rappelant à quel point la question de la durée du deuil est sensible. Combien de temps faut-il pour "réparer les vivants" ?
Choc, démarches administratives, organisation des obsèques et surtout, une immense peine… Combien de temps dure le deuil ? Cette question s’est récemment immiscée dans l’actualité. Jeudi 30 janvier, l’Assemblée nationale se penchait sur la proposition du député UDI-Agir Guy Bricout d’amender l'article du Code du travail fixant la durée du congé accordé par les entreprises en cas de décès d'un enfant. Estimant que l’actuelle parenthèse de cinq jours proposée n’était pas suffisante pour “reprendre pied”, le député proposait de la fixer à douze jours : "Six jours pour s’occuper des obsèques, la tête dans le malheur, et six autres pour tâcher de reprendre un peu son souffle et penser à l’avenir.”
Mais à l’issue d’un débat houleux, le texte a été rejeté à 40 voix contre 38. Jugeant qu’il était “trop facile de s'acheter de la générosité sur le dos des entreprises", la députée LaREM Sereine Mauborgne a provoqué de vives protestations au sein de l'hémicycle, dont celle du député La France Insoumise François Ruffin. "On parle de la tragédie des tragédies (...) douze jours, je pensais que ça passerait comme une lettre à la poste", a-t-il lancé à Murielle Pénicaud. Critiquée de toute part - y compris par le chef de l’État qui appelait le gouvernement à “faire preuve d’humanité” -, le lendemain, la Ministre du travail a reconnu une “erreur”, engageant un rétropédalage de l'exécutif. Lundi 3 février, Emmanuel Macron, alors en visite en Pologne, confirmait son intention de “corriger les choses” afin que “l'humanité retrouve l'efficacité"...
Quatre mois plus tard, le mardi 26 mai, le Parlement a définitivement adopté la proposition de loi centriste qui porte le congé pour deuil d'enfant à 15 jours ouvrés. Des applaudissements ont accompagné le vote à main levée des députés. "J'ai senti aujourd'hui sur [c]es bancs une profonde humanité. Je pense que l'on a tous laissé parler notre cœur et ça c'est exceptionnel. J'espère qu'il y aura d'autres moments comme celui-ci que l'on partager