Des explorations mescaliniennes d’Henri Michaux dans les années 1950 aux embrasements de la contre-culture américaine dans les années 1960, le courant dit psychédélique et ses affluents protéiformes continuent aujourd’hui encore d’irriguer les imaginaires.
En s’attachant pour commencer au sens premier de ce néologisme - psychédélique, qui révèle l’âme - inventé par le psychiatre Humphry Osmond en 1956, cette série explorera quelques facettes d’une histoire dont l’écriture n’est peut-être pas achevée.
"Vert. L’ai-je vu ? Trop fugitivement vu ? Je sais qu’il va y avoir du vert, qu’il y a une poussée de vert, qu’il y a du vert qui tend frénétiquement vers...
Récits de routes des années 1960 où se déploie une nouvelle manière d’être ensemble, où se forme une communauté émotionnelle, et où se dessine peu à peu...
Comment devient-on le parent, l’enfant, le frère/la sœur ? Etre né de… suffit-il à former une famille ?
J’ai trouvé que la part légale de notre relation, c’était important de la sceller devant le juge. Je ne pouvais pas faire plus, en dehors des liens génétiques que nous n’avions pas, pour qu’on soit complètement père et fille. Lucie
La ville écossaise est l’une des plus touchées du Royaume-Uni par la misère infantile, selon un rapport publié fin juillet. Le système défaillant des allocations est notamment pointé du doigt.
Parmi les difficultés du langage les plus communes dans les troubles du spectre autistique (TSA), certaines différences dans la prosodie (rythme saccadé, intonation chantante, voix monocorde...) ont un impact significatif sur la communication. Des différences prosodiques plus subtiles ont aussi été identifiées chez des proches parents (non affectés cliniquement) de sujets atteints de TSA, et pourraient refléter une susceptibilité génétique aux TSA.
« La médecine d’enfants est différente des autres médecines... L’enfant est un être à part et point un adulte en miniature. La complexité de son évolution ne permet pas d’accepter, pour la prescription des médicaments, qu’on se contente de réduire les doses de l’adulte. » (Robert Debré, in L’honneur de vivre, 1974, Éditions Hermann & Stock)
Par la plume d’un praticien exerçant au département de psychiatrie de Bhubaneswar (en Inde), l’Indian Journal of Psychiatry propose une réflexion (nourrie surtout par des références au DSM-5 et à l’Evidence-Based-Medicine[1]) sur « l’évaluation et la prise en charge de la dépression en pédopsychiatrie. » Peut-on d’ailleurs voir un signifiant important dans le fait que l’auteur parle, en fait, de « dépression pédiatrique » plutôt que de dépression dans un cadre pédopsychiatrique ? Comme si la pédopsychiatrie doit s’enraciner davantage dans la médecine du corps (la pédiatrie) que pencher vers la médecine de l’esprit ? Quoi qu’il en soit, l’auteur rappelle que cette « dépression pédiatrique » est difficile à identifier, en raison de sa « nature complexe » où des dimensions multiples (somatique, biologique, psychologique, cognitive...) influent sur la présentation clinique.
Bien que l’aménorrhée ne soit plus un critère diagnostique du DSM-V, ce symptôme reste l’un des premiers signes cliniques présents dans l’anorexie mentale. Cette aménorrhée est dite fonctionnelle, d’origine hypothalamique, en lien avec une baisse des apports lipidiques d’origine alimentaire. Ses conséquences sont multiples, en particulier sur les os, avec une diminution de la densité minérale osseuse. La prise en charge de l’aménorrhée passe par une renutrition. Mais la question du traitement estroprogestatif, notamment pour la protection osseuse, reste débattue. Dans la littérature, les estroprogestatifs par voie transdermique semblent être à privilégier par rapport à la voie orale. Le choix thérapeutique repose sur une balance bénéfices/risques.
L’ouvrage « Homo biologicus » [1] de Pier Vincenzo Piazza est tout simplement révolutionnaire. L’auteur veut refondre radicalement la psychiatrie en… trois chapitres. Le dernier chapitre établit une distinction entre maladie, « vice » considéré par certains moralistes et le « cancer psychosocial des addictions » qui conduit à l’obésité et aux différentes dépendances aux drogues (nicotine, cannabis, jusqu’aux drogues dures). L’auteur évoque les difficultés que rencontre la psychiatrie traditionnelle à endiguer l’obésité et les toxicomanies en croissance exponentielle dans notre pays, deux fléaux sur lesquels butte la psychiatrie. L’allusion au « cancer » souligne l’échec de la psychiatrie à soigner ces deux fléaux à titre d’exemple. On pourrait allonger la liste si l’on devait ajouter les dépressions, les différentes formes de schizophrénie, les troubles bipolaires ou TOC dont les soubassements génétiques de ces syndromes sont peu probants. Pour comprendre fondamentalement le livre, les deux premiers chapitres suggèrent des pistes fiables étant donné les récentes découvertes en neuroépigénétique. Nous rappellerons ici les travaux d’Isabelle Mansuy qui est pour nous une référente précieuse. Lire la suite ...
Un rapport parlementaire fait état de nombreux dysfonctionnements qui jalonnent le parcours du patient. Des offres insuffisantes par rapport à la demande de soins, une prise en charge insuffisantes et des patients mal ou pas soignés.
Un Français sur cinq souffre d'une maladie psychique telle que de troubles mentaux, de dépressions, de troubles bipolaires, d’autisme, ou encore de schizophrénie. Or, la profession dénonce un système psychiatrique en plein naufrage et un défaut de prise en charge des malades. Selon un rapport parlementaire, il existe de nombreux dysfonctionnements qui jalonnent le parcours du patient. Des offres insuffisantes par rapport à la demande de soins, une prise en charge insuffisantes et des patients mal ou pas soignés.
Et parfois, des familles se retrouvent parfois seules face à ces maladies. Au début des années 2000, la première fille de Daniel Chatelain est diagnostiquée bipolaire, la seconde schizophrène. Le père de famille est directement confronté à la lenteur du diagnostic sur ce type de maladie.
Dans Le travail des infirmiers en hôpital psychiatrique(2019), pages 151 à 178
En riposte aux attaques contre leur métier, les soignants, et plus particulièrement les infirmiers, développent et se transmettent une série de pratiques. Ils visent, ce faisant, à subvertir les dispositifs censés s’imposer à eux, tout en affichant une façade de résignation face aux dominations gestionnaires et/ou managériales. La notion de « braconnage », développée par Michel de Certeau, est précieuse pour analyser ces « pratiques traversières » – qui ne relèvent pas nécessairement de stratégies. Les infirmiers font bien plutôt usage de leur intelligence rusée, la mètis des Grecs, pour déjouer les dominations dans le quotidien des unités de soin. Ils s’engagent dans un travail méticuleux de subversion des outils managériaux et gestionnaires supposés rendre compte de leur activité.
Nous y voilà ! Ça y est, décision prise "je suis venu vous dire que je m'en vais. Et les larmes n'y pourront rien changer" comme disait Serge Gainsbourg. Dans quelques jours sonnera l'heure de la retraite...Néanmoins, je me souviendrai toujours de l'excellent accueil que j'ai reçu lors de mon arrivée au " pavillon des enfants " en 1978, moi qui venais de l'Usine sucrière de Stella (Photo d'illustration)
Ainsi, des liens très forts se sont tissés avec les uns et les autres au fil des années. Aujourd'hui me voici rendu au terme de ce long et merveilleux périple qui a duré 41 ans. En ce jour particulier, c'est avec une vive émotion que je m'adresse à vous, en vous retraçant en quelques lignes, ce parcours riche, passionnant professionnel et personnel. D’abord, je veux surtout témoigner ma gratitude aux jeunes patients (Ados) de l’hôpital de jour de la pédopsychiatrie de St-Paul, aux familles, aux équipes pluridisciplinaires et aux médecins de la pédopsychiatrie que j’ai côtoyés, qui m’ont accompagné, formé, encouragé et valorisé au fil des années passées. Que retenir de cette période à la fois exaltante mais aussi parsemée d’instants de frustration. Bref historique…
Diffusé ce soir sur Arte, le drame de Ron Howard Un homme d'exception, campé par Russel Crowe, raconte la véritable histoire de John Nash, un mathématicien génial qui souffrait de schizophrénie.
Le héros d’Un homme d’exception, génie des maths atteint de schizophrénie qui allait quand même obtenir un prix Nobel d’économie, c’était lui. John Nash. Incarné à l'écran par Russel Crowe. Réalisé par Ron Howard, ce long-métrage sorti en 2002 était une adaptation en partie romancée d'une biographie, Un cerveau d’exception, écrite par Sylvia Nasar et sortie en 1999. Né en 1928 dans le New Jersey, John Nash a consacré sa vie aux mathématiques, à étudier la théorie des jeux, la géométrie différentielle, et les équations aux dérivées partielles. Il n’était a priori pas destiné à devenir une star. Mais son parcours incroyable ne pouvait qu’inspirer Hollywood…
Quels sont les principaux apports de la psychanalyse au traitement des maladies du cerveau ? Entretien avec le professeur Jean-Noel Fabiani spécialiste de l’Histoire de la médecine.
Jean-Noel Fabiani :
Freud n’a jamais soigné personne, mais il représente une date charnière dans la compréhension des maladies du cerveau, des maladies psychiatriques. D’ailleurs, auparavant non plus, on ne soignait pas les malades du cerveau. Et il faudra attendre bien après lui pour les soigner !
Du Moyen Age à la fin du XIXe siècle, une alternance d’enfermement et de libération des « fous »
Jean-Noel Fabiani : "Au Moyen Age, le fou est celui qui est possédé par le diable, qu’il faut exorciser. Si c'est une femme, elle est considérée comme une sorcière, et on la brûle ! En tous les cas, ces personnes sont mises au ban de la société.
Le chercheur américain en neurosciences et philosophie ouvre de livre en livre des perspectives novatrices sur les origines organiques de la conscience. « L’Ordre étrange des choses » en témoigne. Entrées dans une pensée en mouvement.
Plus les sciences accumulent de connaissances, plus l’esprit humain est tenté de tout expliquer à leur lumière ; et plus c’est impossible. Quand le savoir devient infini, rien ne peut le clore. D’où, en regard de tentatives d’autant plus démesurées et absurdes d’explication intégrale du monde, le plaisir que donne chacun des livres d’Antonio Damasio depuis le premier, L’Erreur de Descartes (Odile Jacob, 1995), merveilles d’effervescence scientifique, d’inventivité conceptuelle et, à la fois, de modestie, de ce sens des limites du savoir que seul le savoir procure.
C’est d’ailleurs par cela que débute le professeur en neurosciences et philosophie de l’université de Californie du Sud lorsqu’on le rencontre pour discuter de son nouvel essai, L’Ordre étrange des choses, consacré aux origines biologiques des cultures humaines : « J’ai toujours peur, avec ce livre, d’être regardé comme quelqu’un qui veut réduire la culture à la biologie. La biologie est un instrument d’exploration, pas de réduction. » Sans doute certains s’y tromperont-ils face à l’ampleur des données réunies dans ce travail, à la fois synthèse des recherches qu’Antonio Damasio, né en 1944 au Portugal, mène depuis plus de trois décennies aux Etats-Unis, notamment sur les liens entre émotions et conscience, et des dernières avancées de l’ensemble des sciences du vivant. Mais, précisément, cela va trop loin, cela recouvre un champ trop vaste – trop de formes de vie, trop de milliards d’années –, aucune démesure même ne serait assez grande pour s’y exercer. Il n’y a, dans l’ouverture radicale que les sciences opèrent, de pensée que de l’inconnu.
Bactéries
Les bactéries, premières formes de vie apparues il y a 3,5 milliards d’années ou un peu plus, ont quelques points communs avec nous. Ne serait-ce que d’être, en effet, des formes de vie, évidence que n’entend pas dépasser Damasio, dont la méthode est plus retorse : pas de révélations sur d’autres points communs ; mais ce qu’on croyait connaître s’élargit soudain. Qu’est-ce qu’être vivant ? Qu’est-ce que cette qualité que nous partageons non seulement avec nos plantes et nos chats, mais avec la moindre cellule présente dans le moindre recoin de la planète ?
Pour le comprendre, il faut commencer par observer – les bactéries, donc. « Ça a été une révélation pour moi, raconte Antonio Damasio, de constater qu’il y a chez elles une complexité des comportements, une émotivité, des stratégies. Certaines travaillent très dur, mais il y a des bactéries traîtresses, il y en a qui rusent pour ne rien faire et profiter de ce que font les autres… C’est très beau, très étrange, parce qu’il n’y a aucune possibilité qu’il y ait une pensée chez elles. » Le livre est né de ce constat, que son auteur résume en une phrase : « Il y a chez les bactéries des comportements qui s’apparentent à nos comportements culturels. »
Contre le contrôle des mœurs, et pour la légalisation de l’avortement, plus de 470 Marocains signent une tribune, rédigée par la romancière Leïla Slimani et la réalisatrice Sonia Terrab, pour encourager leurs dirigeants à ouvrir un débat sur les libertés individuelles et la dépénalisation des relations sexuelles.
Collectif Publié le 23 septembre 2019
Tribune. [Elles sont chefs d’entreprise, universitaires, femmes de ménage, artistes, professeures de lycée, mères de famille, banquières, etc. Ces femmes marocaines signent ensemble, et avec des hommes, un texte écrit en réaction au récent durcissement de la répression sexuelle dans leur pays. Ainsi la journaliste Hajar Raissouni fait actuellement l’objet de poursuites pour relations sexuelles hors mariage. Une ressortissante suédoise et son amant marocain ont également été arrêtés début septembre et risquent deux ans de prison pour adultère. En juillet, la presse révélait que l’actrice Najat El Ouafi avait été arrêtée pour le même motif. Contre le contrôle des mœurs, et pour la légalisation de l’avortement, ce collectif demande aux législateurs et aux gouvernants marocains d’ouvrir un débat sur les libertés individuelles et la dépénalisation des relations sexuelles.]
Après le suicide par le feu d’une jeune Iranienne condamnée pour avoir assisté à un match de football, l’écrivaine et sociologue lie cette immolation au combat plus général pour la liberté et contre l’oppression islamiste dans ce pays. Chahla Chafiq Écrivaine et sociologue Publié le 23 septembre 2019
Tribune. Début septembre, une jeune femme s’est immolée devant le Tribunal de la révolution islamique de Téhéran. Elle venait d’apprendre sa condamnation à une peine de prison pour avoir osé entrer, en 2018, dans un stade et assister à un match de football. Elle s’appelait Sahar, « l’aube » en persan. Dans la poésie et la chanson iraniennes, ce mot évoque la fin des ténèbres, l’espoir de la délivrance. L’acte suicidaire de Sahar Khodayari, qui entraîna sa mort peu après, ne dit-il pas, au contraire, un profond désespoir ?
En réponse aux indignations massives provoquées par sa mort tragique et aux appels à lever l’interdiction faite aux femmes d’entrer dans les stades, les médias liés au pouvoir diffusèrent les propos du père de Sahar disant que sa fille souffrait de perturbations mentales. Des propos semblables avaient été avancés en février 1994 lorsque Homa Darabi, une pédiatre de 53 ans, s’immola à Téhéran. Un moyen pour le pouvoir islamiste de réduire au silence la lutte de cette femme progressiste contre des mesures misogynes qui avaient abouti à son licenciement du poste qu’elle occupait à l’université.
Qu'il s'agisse d'un sticker ou d'un panonceau que l'on ventouse sur son pare-brise arrière, la mention «bébé à bord» ou «famille nombreuse» est un accessoire identitaire et pacificateur.
Ces panonceaux s'avèrent de vrais éléments de langage urbain. |
Les blagues à ce sujet pullulent sur internet, parfois sous forme de tweet railleur, parfois d'une succession de vignettes aux trait et bulles humoristiques. Un petit triangle ou un quadrilatère jaune cerné de noir, trois mots, voire un point d'exclamation, et c'est l'avalanche d'observations moqueuses sur ces conducteurs et conductrices qui voudraient se prémunir des chauffards par ce biais. On comprend la boutade. Pas sûr en effet que la mention «Bébé à bord» à l'arrière de la voiture change grand-chose à la conduite des autres automobilistes, au nombre de queues de poisson comme à l'usage (appuyé) de l'avertisseur sonore.
En tout cas, «côté comportement sur la route, je n'ai pas ressenti de changement fondamental», témoigne Rémy, 33 ans, responsable d'équipe support informatique et père de trois enfants, dont l'arrière de la voiture a été orné un temps d'une girafe avec la formule «Bébé à bord». «Ça ne change rien. On se fait klaxonner autant», abonde Sophie, 38 ans, infirmière, qui a exhibé à l'arrière de sa C3 un panneau rose «princesse à bord» à la naissance de sa fille aînée, puis, sur sa nouvelle voiture, peu avant l'arrivée du deuxième, a collé un «petit rond lilas pâle "bébé à bord"». Certes, cette étiquette, une fois adhérée à l'arrière d'un véhicule motorisé, n'assure pas la sécurité de l'enfant. Elle est pourtant loin d'être inutile et peut même avoir un rôle pacificateur.
Tous les symptômes singuliers seraient-ils ceux d'un trouble psychique ? Faute d'obtenir des réponses à leurs problèmes physiologiques, certains patient(e)s, peu considérés, sont victimes d'erreurs de diagnostic. Des vies gâchées ?
Des douleurs bien réelles, des bleus, des acouphènes, des fractures ? « Mais, non, madame, c'est dans votre tête ! » Thérèse Fournier a entendu ce diagnostic durant huit longues années, au bout desquelles elle a finalement appris qu'elle souffrait d'un syndrome de Cushing. Cette maladie rare se caractérise par une hypersécrétion de cortisol, provoquée par une tumeur de l'hypophyse. Un verdict salvateur pour cette chanteuse qui commençait à voir la vie en noire... Pourtant cette errance médicale aurait pu lui être fatale.
Prétendre qu’un symptôme est dans la tête de son patient n’est pas seulement un déni de son symptôme, c’est aussi un déni du patient lui-même.
C’est un constat sans appel. Pendant que la médecine, plus efficace que jamais, double notre espérance de vie et trouve des remèdes à nos pires maladies, la méfiance et l’insatisfaction ne cessent de grandir en chacun d’entre nous. Le contrat symbolique qui reliait jadis, patients et thérapeutes, s’étiole lentement. Dès lors, pourquoi s’étonner de voir proliférer de fausses médecines prêchant une alternance au dogme académique, alors que nous ne faisons que chercher ailleurs, ce que la science et la médecine sont incapables de nous prodiguer.