Pour réformer les urgences et éviter que la crise n'enflamme tout l'hôpital, Agnès Buzyn impose un rythme effréné. Jeudi 19 septembre, quelques jours seulement après avoir présenté son
« pacte de refondation », la ministre a installé trois groupes de travail dont elle attend des
« propositions concrètes » et applicables
« dans les deux mois ».
Leur mission ? Apporter des « déclinaisons opérationnelles » aux promesses gouvernementales consistant à optimiser la gestion des lits d’aval, faciliter l’admission directe des personnes âgées et développer les compétences des paramédicaux avec notamment la création du métier d’infirmière en pratique avancée (IPA).
« Le pacte de refondation des urgences est un devoir d’exécution », a résolument déclaré Agnès Buzyn à la cinquantaine de représentants du secteur réunis pour l’occasion avenue de Ségur. Autour de la table, très peu de têtes connues. Venus du Mans, de Cherbourg ou encore de Colmar, la plupart des professionnels invités sont issus du terrain. La ministre veut s’inspirer des exemples qui fonctionnent sur le territoire afin de les déployer rapidement dans les hôpitaux en tension. Après un discours d’introduction d’une petite quinzaine de minutes, Agnès Buzyn a laissé les professionnels entre les mains de la direction générale de l’offre de soins (DGOS), chargée d’animer les trois ateliers.
Fini donc les longues réunions de négociation avec le gratin des urgences publiques françaises, la locataire de Ségur veut du concret, et vite. « Nous devons avoir collectivement l’ambition d’être au rendez-vous, nous ne sommes plus au temps des propositions, nous en sommes à l’action », a-t-elle prévenu.
150 millions d'euros déjà disponibles
La méthode peut étonner au regard du flegme à toute épreuve dont fait habituellement preuve l’hématologue. « À un moment, quand la ministre commence à s’énerver, et c’est mon cas aujourd’hui, les tergiversations ça suffit ! », s’est-elle justifiée en marge de la réunion. Et d’ajouter : « dans les deux mois qui viennent, je veux que les ateliers m’aient rendu leur copie, même avant si c’est possible ! »
Car le budget est déjà débloqué et prêt à l’usage. « Je peux mettre de l’argent sur la table dès cette année pour améliorer la situation dans les hôpitaux », assure Agnès Buzyn. Pas besoin donc d’attendre la loi de financement de la Sécurité sociale, traditionnellement votée en décembre. « L’ONDAM 2020 est déjà fait, on ne touchera pas une ligne à ce qui est prévu. » L’enveloppe de 150 millions d’euros promise par la ministre pour 2019-2020 sera donc prélevée sur des financements déjà votés. « On avait un budget pour des opérations d’investissements lourds qui ont été retardés et qu’on va réorienter pour les urgences », précise-t-elle.
Pour tenir le rythme, la ministre installera la semaine prochaine un atelier similaire pour dessiner les contours du service d'accès aux soins (SAS), mesure phare de son plan pour les urgences.