Par Zahra Chenaoui Publié le 13 Août 2018
S’aimer au Maghreb (2/6). Groupes Facebook, discussions entre amis, films pornos, livres, tout est bon pour tenter de s’informer sur la sexualité au cœur de la société algérienne, un sujet toujours tabou dans les familles.
DELPHINE LEBOURGEOIS
« Je suis une femme de 24 ans, fiancée à un homme que j’aime (…) Je commence à le sentir distant. (…). Un soir, on discutait au téléphone, et il me dit : je veux que tu m’envoies une photo de toi en pyjama et je veux voir tes seins ! (…) Vos conseils, svp. » Sur cette page Facebook, les messages se succèdent, avec de faux airs de petites annonces. Le groupe, réservé aux femmes, n’est accessible que sur invitation et après avoir répondu à un questionnaire.
Celles qui administrent la page se chargent de transmettre les questions et les réponses. « Je n’ai pas envie de faire l’amour, ça énerve mon mari. Que dois-je faire ? », demande l’une, quand l’autre s’interroge : « Je suis amoureuse d’un garçon, il m’a demandée en mariage, mais je veux finir mes études d’abord. Vos conseils ? »
Dans l’anonymat, des centaines de discussions virtuelles se tiennent chaque jour. « Etre en couple, ça ne s’apprend pas au sein de la famille. Ça se transmet sur Internet », tranche Nedjma [les prénoms ont été modifiés], 24 ans, utilisatrice régulière.