Livre. Dans son dernier essai, le sociologue Nicolas Duvoux souligne que loin d’être des faits bruts, les inégalités sont le produit de relations sociales inégalitaires.
LE MONDE ECONOMIE | | Par Margherita Nasi
La crise financière a mis sur le devant de la scène la question des inégalités dans les pays développés. Le succès mondial de l’ouvrage de Thomas Piketty Le Capital au XXe siècle ainsi que le mouvement Occupy Wall Street, qui cible le 1 % le plus riche de la population américaine, témoignent de l’importance d’un phénomène décortiqué par Nicolas Duvoux dans son dernier essai : Les Inégalités sociales.
Souvent réduites à leur dimension monétaire, les inégalités sociales sont certes liées aux inégalités économiques, mais elles n’y sont pas réductibles, « tant du point de vue des processus qui les produisent que de la manière dont elles sont vécues », rappelle le professeur de sociologie à l’université Paris-VIII Vincennes-Saint-Denis.
Une perpétuelle lutte se joue autour des biens désirables
Loin d’être des faits bruts, les inégalités sont le produit de relations sociales inégalitaires. « Plus un bien est collectivement désiré et plus sa distribution engendrera la privation, et donc l’inégalité. Parce que la possession d’un diplôme est de plus en plus nécessaire pour obtenir un emploi de qualité, par exemple, ne pas en détenir est pénalisant. » Une perpétuelle lutte se joue alors autour des biens désirables, « même si les rapports de domination structurés autour de la possession de ces ressources sont d’une grande stabilité : diplôme, revenus, position professionnelle, accès à la consommation, à la culture et à la santé sont considérés comme des biens fondamentaux dans les sociétés développées ».