Gilles Lazimi, médecin généraliste, revient sur la première campagne vidéo sur les violences verbales faites aux enfants, qu’il a coordonnée.
LE MONDE | • Mis à jour le | Propos recueillis par Moina Fauchier-Delavigne
« T’es une moins que rien », « Tu as toujours été plus lent que ton frère », « Heureusement que tu es jolie ma chérie, ça t’aidera peut-être »… Cinq adultes apparaissent dans un clip vidéo, marqués à vie par « une petite phrase » entendue enfants. Le clip, intitulé Les mots qui font mal, est diffusé sur Internet depuis la mi-septembre et passera bientôt à la télévision. C’est la première campagne grand public lancée contre les violences verbales, pour sensibiliser les parents à l’impact des mots qu’ils utilisent. Gilles Lazimi, médecin généraliste et coordinateur de la campagne initiée par l’Observatoire de la violence éducative ordinaire (OVEO) et Stop VEO, Enfance sans violences, explique cette démarche et analyse comment la France avance lentement vers une éducation non violente.
Vous avez déjà mené plusieurs campagnes de sensibilisation contre les violences physiques faites aux enfants. Pourquoi lancer maintenant une campagne sur les violences verbales ?
Gilles Lazimi. On n’avait jamais parlé de ça, mais crier, hurler, se moquer d’un enfant, peut avoir des conséquences sur son développement. Nous voulions sensibiliser les parents sur les mots qu’ils disent. Les faire réfléchir et qu’ils se rappellent des phrases qui ont pu les toucher, quand eux étaient enfants.
L’idée n’est pas de culpabiliser. Aujourd’hui, 90 % des parents sont bienveillants, et pourtant la plupart utilisent encore des méthodes dépassées. Les mots qui blessent n’aident jamais à grandir.
Par ces témoignages d’adultes, on s’adresse d’abord aux parents. On a tendance à reproduire, consciemment ou non, ce que l’on a vécu enfant. On est parent avec l’enfant qu’on a été.