Longtemps rejetée par la médecine faute d’avoir révélé les secrets de son action, l’hypnose est aujourd’hui utilisée partout, depuis les cabinets de psychothérapie jusqu’aux blocs opératoires en passant par les cabinets dentaires ou les services de pédiatrie pour apaiser douleurs, angoisses, phobies ou encore addictions. Décryptage avec l’un des plus grands experts de Suisse romande, le Pr Éric Bonvin, également psychiatre et directeur de l’Hôpital du Valais.
Après des décennies de marginalisation, l'hypnose est revenue par la grande porte dans le monde de la médecine. Pr. Éric Bonvin, comment expliquez-vous cette réhabilitation ?
Un heureux paradoxe se vit aujourd’hui: la médecine du XXIe siècle est plus technique et performante que jamais, mais cela exige d’elle de mieux prendre en compte la dimension humaine. On parle d’ailleurs de patient «partenaire». Cela signifie que l’on ne prend pas uniquement en compte l’organe malade, mais l’individu dans sa globalité, en intégrant son ressenti, qui peut tout autant le tétaniser et nuire à un traitement qu’être une force si l’on parvient à l’influencer dans le sens d’un soulagement. L’hypnose est à ce titre un magnifique prétexte pour donner cette place clé aux perceptions des patients.