Alternative à l’expulsion, un programme de maintien à domicile des locataires souffrant de troubles mentaux est développé depuis deux ans au sein de PCH, avec le relais des professionnels de santé.
Gérer un parc de logements sociaux est une chose. S’occuper des troubles mentaux des personnes qui en sont les locataires en est une autre. Depuis 2015 pourtant, l’Office public Plaine Commune Habitat développe un programme intitulé « Logement et santé mentale », d’ailleurs primé dernièrement par la Fédération des OPH. « L’objectif était d’accompagner, par les professionnels de santé mentale, une vingtaine de personnes par an, en situation de troubles du comportement.
On en est à une centaine sur 18 mois !» D’après Nassira Abbas et Tania Berki, les besoins sont d’autant plus grands qu’ils ont souvent à voir des situations d’isolement et de rupture de lien social, comme elles en voient se multiplier. L’une est directrice des politiques sociales, et l’autre était assistante sociale dans le « service dédié à l’accompagnement des locataires en difficulté ». Des fonctions en première ligne de cette détresse humaine « qui dérange » entre toutes, la maladie mentale. Pour remédier aux troubles de voisinage qui peuvent en résulter, « l’urgence et le manque de réponse adaptée rendaient inéluctable l’expulsion du locataire », expliquent-elles.
Le dispositif qu’elles ont mis en place avec l’Établissement public de santé de Ville-Evrard, la direction municipale de la santé et son Conseil local de santé mentale est exemplaire. Tania Berki, qui en est la coordinatrice, rapporte le cas de cette femme, seule avec son fils de 12 ans, dont des « locataires réclamaient son départ. Elle décompensait en harcelant ses voisins avec une arme blanche ». Sitôt le signalement effectué, Tania Berki s’est rendue au domicile, a mené une première enquête, et constaté que « l’enfant n’était pas en danger ».