Par Elsa Maudet — 25 novembre 2016 à 07:04
A l'occasion de la Journée internationale pour l'élimination de la violence à l'égard des femmes, focus sur un numéro d'écoute dédié aux femmes handicapées. Une ligne spécifique pour des violences spécifiques.
Clotilde Largillier hésite. La rappeler ou pas ? Une femme a laissé un message sur le répondeur de la ligne Ecoute violences femmes handicapées (1) la veille, un dimanche, en disant qu’elle rappellerait. Mais en laissant son numéro avant de raccrocher, comme une perche tendue. Après réflexion, l’écoutante, assistante de service social de formation, décroche le combiné, puis, faute de réponse, laisse un message à son tour. Certaines femmes, comme celle-ci, font exprès de contacter le service d’écoute lorsqu’il est fermé, trouvant certes le courage d’appeler… tout en craignant d’avoir une interlocutrice.
Chaque mois, le numéro d’écoute dédié spécifiquement aux femmes handicapées victimes de violences, créé et géré par l’association Femmes pour le dire, femmes pour agir (FDFA), reçoit en moyenne 51 appels. C’était 38 en 2015, année de sa création. Ça baisse dès que le numéro est loin des radars médiatiques, ça augmente après les passages radio de Maudy Piot, la présidente de l’association.
«Les femmes handicapées subissent beaucoup plus de violences que les femmes valides», rappelle cette dernière. Le chiffre de 4 sur 5 est souvent brandi, attribué à tort au Conseil français des personnes handicapées pour les questions européennes (CFHE), incapable lui-même de dire d’où il vient. Reste que la surreprésentation des violences envers les femmes handicapées est une réalité. Selon l’ONU, plus de la moitié des femmes handicapées d’Europe, d’Amérique du Nord et d’Australie sont victimes de maltraitance, contre un tiers des femmes valides. Dans un rapport publié en 2014 (en anglais, p. 187), l’Agence des droits fondamentaux de l’Union européenne révélait entre autres que 34% des femmes handicapées avaient subi des violences physiques ou sexuelles de la part d’un partenaire, contre 19% des femmes valides.