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Articles, témoignages, infos sur la psychiatrie, la psychanalyse, la clinique, etc.

lundi 22 août 2016

Leur agresseur, fou d'Allah ou malade mental ?

18/08/2016
«C'est quelqu'un qui hurlait des propos islamistes religieux… et dont nous vérifions la santé mentale». Le procureur de la République d'Auch, Pierre Aurignac, revient sur l'agression qui s'est déroulée lundi soir dans une maison isolée d'Auch. «Un couple de 68 et 69 ans se préparait à aller se coucher quand ils ont entendu parler arabe devant la maison isolée. L'homme et la dame ont essayé de discuter avec le jeune homme qui était dehors, mais celui-ci a réussi à pénétrer dans la maison.» Selon nos informations, les deux Auscitains auraient fermé leur porte à clef et juste eu le temps d'appeler la police avant que leur agresseur ne défonce la porte à coup de pied. Après quoi il se serait jeté sur le retraité auscitain, tentant de l'étrangler. Celui-ci se serait défendu comme il l'a pu, avant que les policiers n'arrivent et ne parviennent à maîtriser le forcené.
L'agresseur et le retraité ont immédiatement été transférés à l'hôpital, la victime souffrant de blessures physiques légères. L'agresseur a lui été hospitalisé d'office à l'hôpital psychiatrique d'Auch.

Expertise psychiatrique

«D'ici la fin de la semaine, nous aurons, nous l'espérons, des résultats des experts pour ce qui concerne sa santé mentale», indique le procureur Aurignac. Il ajoute : «Ce jeune homme né en 1994 n'est a priori pas connu des services spécialisés mais nous continuons notre enquête pour savoir s'il n'aurait pas pu être radicalisé

L'autisme n'est pas une fatalité

ALGERIE Par 

LAURENT KOMLANZ, INFIRMIER LIBÉRAL : « ON SE CONFIE PLUS À MOI QU’AU CURÉ »

19/07/2016

Laurent Komlanz, 57 ans, est infirmier libéral à Diebling. Né au village, il s’y est installé en tant que professionnel lorsque personne d’autre n’assurait les soins. Depuis, il s’est fait une place dans chaque famille.

Moselle. Son sourire et son regard malicieux masquent la fatigue d’heures et d’heures de travail, sans relâche, auprès de ses patients. À 57 ans, Laurent Komlanz est infirmier libéral à Diebling, petit village près de Freyming-Merlebach. Il y est né, y a toujours vécu. Mais il ne s’y est pas installé tout de suite professionnellement : « J’ai travaillé en milieu hospitalier d’abord », commence-t-il à raconter. « Mais au bout d’un moment, je n’en pouvais plus. Des murs surtout, j’avais besoin de lumière. »
« On n’a pas le droit à l’erreur »
Nous sommes en 1992 et à Diebling, personne n’assure les soins à domicile. Le jeune infirmier y voit une opportunité et décide d’ouvrir son cabinet. Le rapport au patient change immédiatement : « A l’hôpital c’est le malade qui est un étranger. Là, c’est moi, qui entre chez les gens, qui m’introduis dans leur intimité. Et je n’ai même plus la blouse pour me cacher derrière. » À cette époque, le matériel est moins sophistiqué qu’aujourd’hui, « les lits médicalisés n’étaient pas ce qu’ils sont désormais ».

samedi 20 août 2016

Eric Fiat «La pudeur, c’est l’esprit qui rougit du corps»

— 19 août 2016

Eric Fiat «La pudeur,  c’est l’esprit qui rougit du corps»

Alors que l’époque est au porno, à l’épilation intégrale et au burkini, dans une société tiraillée entre l’obscénité et la pudibonderie, le philosophe fait l’éloge de la pudeur, jeu subtil de voilement et de dévoilement. Une affaire de sagesse et d’érotisme.

Eric Fiat parle avec d’infinies précautions. Il l’admet, il «aime bien les imparfaits du subjonctif, le beau français» , reconnaît que ses «références sont un peu datées». Et puis, au fil de la discussion, on se dit que le philosophe sied à merveille au sentiment dont il fait l’éloge, la pudeur. Il use des mots avec tact pour parler d’elle. C’est qu’il ne faut pas la brutaliser, sinon le charme s’évanouit. On ne la dissèque pas, mais on l’apprivoise, on l’effeuille, et alors on la débarrasse de la décence, la coquetterie, la pudibonderie. Elle est un trouble de l’âme avant d’être un trouble à l’ordre public. Délicieusement érotique, est-elle plus dans le burkini ou le maillot de Mme Macron en une de Paris Match ?
Parmi les raisons invoquées par les personnalités politiques pour justifier l’interdiction du burkini sur les plages figure «le respect des bonnes mœurs». Est-ce à dire que le bikini y serait plus conforme ?
C’est une expression étrangement désuète et inquiétante dans la bouche d’un politique, car ce n’est pas à ce dernier de dire ce qui, en matière de mœurs, est bon ou non. La conséquence logique de cette invocation est de juger que respecte plus les «bonnes» mœurs celle qui porte le bikini le plus minimaliste que celle qui porte le burkini. La reine Victoria doit se retourner dans sa tombe, car l’expression fut forgée en des temps «puritains» et même pudibonds, où la norme en la matière était à la plus grande dissimulation possible du corps. Le moindre qu’on pourrait attendre d’un maire soucieux de tous ses administrés est de ne pas décréter qu’une vêture est licite parce que majoritaire, ou illicite parce que minoritaire.
La raison invoquée par les femmes qui portent le burkini est souvent la pudeur.
Certes, mais pourquoi l’homme pourrait-il montrer cuisses et ventre sans être impudique ? J’enrage que la pudeur ait été longtemps genrée. En cours de latin, nous devions traduire«virtu» par «courage», appliqué aux hommes, et par «pudeur» pour les femmes. Il y a une impudeur objective du sexe de l’homme, mais il serait catastrophique d’inférer de ce simple constat que la pudeur doit être une vertu réservée aux femmes ! Surtout, je ne parviens pas à comprendre qu’après des siècles d’efforts à tendre vers la parité, on légitime le burkini, soit la réinvention en Occident d’une discrimination radicale entre féminin et masculin. L’intimation des hommes aux femmes de se voiler révèle plutôt l’obscénité de leur regard que le respect qu’ils auraient pour leur pudeur. D’ailleurs, il est ridicule et contradictoire de vouloir commander la pudeur : ce serait la faire tristement se transformer en décence. La pudeur est une injonction intérieure, à la fois éthique et esthétique. La décence est une injonction sociale et extérieure, c’est l’institutionnalisation de la pudeur. Le souci de la bienséance, du conformisme, de l’étiquette, suppose une réflexion. Alors que la pudeur s’exprime comme une spontanéité, elle est une difficulté à paraître sous les regards dont l’origine se trouve en soi. Comme disait Jankélévitch, «la pudeur ignore le calcul prudent de l’étiquette». Visiblement, certaines femmes disent décider de se voiler. Je peux comprendre qu’elles essayent d’échapper à une tyrannie du corps parfait en se cachant. Il faut être délicat avec la question du voile, tenter de comprendre, sans forcément légitimer, ni oublier ce que La Boétie nomme«la servitude volontaire».

La maternité dans tous ses états

16.08.2016
Qui mieux que le Docteur Ghada Hatem , gynécologue-obstétricien, responsable de la maternité de Saint-Denis et porteuse de nombreux projets, pour nous parler de la naissance.
Ghada Hatem et René Frydman
Ghada Hatem et René Frydman Crédits : Catherine Donné - Radio France
Rediffusion du 5 janvier 2016
Gatha Hatem est une femme engagée auprès des femmes, elle a accepté de diriger cette maternité de Seine-Saint-Denis où chaque année il y a 4500 accouchements, en essayant de maintenir une humanité et un relationnel qu’elle avait déjà exercés à la clinique des Bleuets à Paris et ceci malgré des conditions difficiles. Conditions difficiles liées à une certaine précarité qui entraînent un grand nombre de grossesses à risque - où obésité, hypertension, diabète sont fréquents. Mais les efforts des sages-femmes et de toute l’équipe qu’elle dirige sont là pour accompagner les femmes quelles que soient leurs cultures, leurs langues, et qui sont de fait très diversifiées.

À quel point sommes-nous prévisibles ?

Comment puis-je affirmer ma liberté face à un Dieu qui, omniscient, a toujours déjà décidé de tout ? C’est une question que se posaient les philosophes de la modernité naissante, tels Descartes ou Leibniz, et que nous avions pris l’habitude de considérer comme datée. Du moins, avant que ne surgisse, au tournant du siècle, un nouveau genre d’entité omnisciente et qui semble prédire de manière de plus en plus exacte nos choix, nos goûts, nos pensées ou nos actions, avant même que nous ayons la possibilité de les formuler. Armés d’algorithmes toujours plus fins moulinant des big data toujours plus pléthoriques, ces nouveaux Moloch numériques que sont Google, Facebook ou Amazon nous connaissent sans doute mieux que nos proches. C’est un problème de nature politique, bien sûr, que nos sociétés auront à affronter. Mais c’est d’abord une énigme métaphysique que nous posent les data scientists de la Silicon Valley : sommes-nous aussi prévisibles que ce qu’ils prétendent ? Quels moyens avons-nous, sinon de dérouter, du moins d’échapper à nos déterminismes sociaux désormais assistés par ordinateurs ? Et surtout : comment pourrais-je affirmer ma liberté si je sais qu’une machine, quelque part, a déjà anticipé mon prochain geste ? Autrement dit : qu’en penserait Leibniz ?


vendredi 19 août 2016

Quand les virilités partent en vrille

Par Nancy Huston, Ecrivaine — 18 août 2016
Nancy Huston.
Nancy Huston. Photo Guy Oberson

Et si les jeunes hommes qui se tournent vers Daech ne toléraient pas leurs propres faiblesses ? Et transformaient leur terreur intime en une terreur politique ? Face au fanatisme, il faut prendre conscience de l’importance du corps et des pulsions.

Face au fanatisme et au populisme, comment faire entendre la parole des penseurs et des humanistes ? Sujet, donné d’avance, d’un débat auquel j’ai récemment pris part à Avignon. Le problème, c’est que l’humain ne commence pas par la religion ou la politique mais par le corps. Avant d’être un gentil penseur humaniste, fleuron de la civilisation occidentale, on est un fœtus puis un gamin, perpétuellement en interaction avec autrui. Or le fanatisme et le populisme parlent tous deux au corps, aux pulsions. Ils parlent au besoin qu’ont chaque garçon et chaque homme, différemment des filles et des femmes, d’exister, plaire, impressionner, appartenir. La parole des penseurs et des humanistes ne peut être reçue que par ceux qui mangent et dorment bien, font l’amour à peu près comme ils le souhaitent, ne craignent pas pour leur survie. Si on oublie ça, on est dans la candeur… Le vœu pieux… La suffisance… Beaucoup plus que les femmes, les hommes ont tendance à vivre leur virilité par solidarité (en se liant entre eux) et par procuration (en s’identifiant à d’autres hommes dont ils suivent et célèbrent les exploits). Dans les sociétés traditionnelles, chaque garçon était valorisé et pris en charge par le groupe d’hommes et sentait son avenir viril garanti depuis l’enfance. Grâce à des rites de passage, l’apprentissage de la chasse, de la guerre et d’un métier masculin, il avait sa place garantie dans la société. De nos jours, une majorité de garçons voient mal comment faire, quoi faire, qui imiter, à quoi ressembler, pour se sentir homme - contrairement à ce que suggère la phrase la plus citée de Beauvoir, le «devenir homme» est plus ardu que le «devenir femme». Ayant compris qu’il fallait admettre l’égalité entre les sexes, on est embêté par ce qui en pointe la différence. Pas trace d’un discours public au sujet de l’âge nubile. Or, à la puberté, les corps se réveillent à leur sexualité naissante, préparent garçons et filles (qu’ils aient ou non l’intention de procréer) à se reproduire. On ne s’aperçoit pas à quel point le corps d’un garçon, les besoins et les pulsions de son corps peuvent lui poser problème.

Nouvelles dissensions syndicales

   06 août 2016


Nouvelles dissensions syndicales
Hier, des agents de l'Ehpad du Char ont débrayé, pour la deuxième journée consécutive.
L'UTG d'un côté et l'intersyndicale de l'autre tirent chacune de leur côté. La première juge urgent de voir partir les administrateurs provisoires ; la seconde les défend.

Avec l'incendie qui a coûté la vie à Jean-Claude Christophe, dans la nuit de mardi à mercredi, c'est un nouveau front qui s'ouvre dans la lutte syndicale. D'un côté, l'UTG, syndicat majoritaire à l'hôpital. De l'autre, l'intersyndicale (CDTG, FO, syndicat des médecins), qui a beaucoup fait parler d'elle depuis le début de l'année.
L'UTG a initié des débrayages, mardi, à l'Établissement d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad). Le syndicat annonce qu'il n'y mettra fin qu'une fois mise en oeuvre une cellule d'urgence médico-psychologique pour les agents et la famille du défunt. Pour la CDTG, membre de l'intersyndicale, il faut revoir l'organisation de l'hôpital mise en place par l'ancien directeur : « C'est ce management qui a conduit à ce qu'il y ait un mort aujourd'hui. »


jeudi 18 août 2016

Que savez-vous du bâillement ?

20/07/2016


Quoi de plus banal que de bâiller ? La plupart d’entre nous n’y prête pas vraiment attention. Pourtant, ce comportement complexe reste mystérieux par bien de ses aspects. La pratique quotidienne d’un ORL le connaît, entre autres, comme un traitement des dysfonctionnements tubo-tympaniques.

Qu’est-ce qu’un bâillement ?

L’observation d’un bâillement l’apprécie en une véritable stéréotypie comportementale. En une dizaine de secondes se succèdent toujours en suivant la même chronologie :
– une inspiration ample, lente et profonde par une bouche largement ouverte. À cet instant, le tractus pharyngo-laryngé quadruple son diamètre par rapport au repos. L’inspiration d’air est essentiellement buccale ;
 – un bref arrêt des flux ventilatoires à thorax plein, l’acmé, souvent associé à des mouvements d’étirements des membres, joliment nommés pandiculations et une occlusion des yeux. Une larme peut couler sur la joue en raison de l’obturation du canal lacrymal. La trompe d’Eustache s’ouvre, entraînant une brève baisse de l’audition. Le cardia se relâche simultanément, provoquant un appel d’air intragastrique, responsable d’une impression de plénitude abdominale ;
– une expiration passive, bruyante, plus ou moins lente, accompagnée d’une relaxation de tous les muscles concernés. La bouche se referme et le larynx reprend sa place initiale. La salive accumulée pendant le bâillement est déglutie. Une sensation de bienêtre se répand.
Physiologiquement, l’homme, à l’âge adulte, bâille entre 3 et 10 fois par jour, essentiellement après le réveil, moment privilégié de la pandiculation, et avant l’endormissement. Ceux qui ont un chronotype du soir bâillent plus que ceux du matin. Les bâillements surviennent lors de toute baisse d’activité et de vigilance, lors d’une dette de sommeil mais aussi en accompagnement de la sensation de faim ou de satiété.
L’activité des muscles respiratoires (diaphragme, intercostaux, scalènes) ne diffère en rien de celle d’une inspiration complète et très ample, alors que l’importance de l’ouverture pharyngo-laryngée, accompagnée d’un abaissement à leur maximum physiologique du cartilage thyroïde et de l’os hyoïde, est propre au bâillement. La contraction, simultanée à l’inspiration, des muscles du cou provoque une flexion modeste puis une extension marquée de celui-ci, portant la tête en arrière. Les mouvements de la tête font partie intégrante du cycle ouverture/fermeture de la bouche nécessaire à la mastication, à la déglutition, à l’élocution, au chant comme au bâillement.
D’un point de vue phylogénétique, chez toutes les espèces, ce couplage fonctionnel a une valeur adaptative, sélectionnée car elle assure une meilleure capacité à saisir des proies mais aussi à se défendre et à combattre.

Si " Le Généraliste " était paru en juin 1906 La lecture, passion dangereuse

Alain Létot  28.06.2016
Je viens de voir mourir un de mes pauvres voisins, tuberculeux au dernier degré. Le malheureux, durant ses longs jours d'agonie, trouvait un léger divertissement dans la lecture des livres de la bibliothèque populaire de son quartier, dont il faisait ample consommation. Je suis totalement persuadé que presque tous les livres de cette bibliothèque sont passés sous ses mains, ont traîné sur son lit de douleur pendant ses longues insomnies et même, parfois, pendant son sommeil, lorsque épuisé de fatigue, il s'endormait inconscient sur le livre municipal.

La longue reconstruction de jeunes victimes d’attentats

LE MONDE  | Par Marion Biremon

Anaële Abescat, 21 ans, et Viviana Duarte Abitbol, 20 ans, ont toutes deux perdu leur père, tués par des terroristes. Elles participent à l’atelier du projet Papillon.
Anaële Abescat, 21 ans, et Viviana Duarte Abitbol, 20 ans, ont toutes deux perdu leur père, tués par des terroristes. Elles participent à l’atelier du projet Papillon. BRUNO FERT POUR "LE MONDE"

« Je n’ai pas peur de la mort », répète Alex, 21 ans, qui a tenu à garder l’anonymat. Sa voix est grave, posée, et laisse entendre un léger accent russe. Assis à l’envers sur une chaise, la joue posée sur son avant-bras, il commente deux dessins scotchés sur le mur devant lui, ceux qu’il a créés pendant l’atelier d’art du projet Papillon, un programme de thérapie intensive pour des jeunes victimes d’actes terroristes. L’un de ses tableaux est vert, recouvert de jets de peintures de couleurs vives : « La vie », dit-il. L’autre est noir, tâché de rouge : « La mort. »Alex avait moins de 10 ans quand son école de Beslan, en Ossétie du Nord, est devenue le théâtre d’une prise d’otages meurtrière, du 1er au 3 septembre 2004.

HANDICAP La CNSA s'interroge sur le réalisme des objectifs de programmation de places de handicap pour 2020



HOSPIMEDIA 

Entre 2016 et 2019, 10 824 places sont programmées sur le champ du handicap pour un montant de plus de 421 millions d'euros (M€). Fort de ce constat, la Caisse nationale de solidarité pour l'autonomie (CNSA) s'est interrogée, dans un rapport publié ce 18 juillet, sur l'impact de l'évolution de l'offre en matière de prise en charge. Si les prévisions paraissent réalistes pour 2016 et 2017, des difficultés semblent émerger quant à la poursuite du rythme de créations de places d'ici à 2020.

Larguer les amarres… et les enfants

LE MONDE  | Par Yoanna Sultan-R'bibo
Se retrouver quelques jours en amoureux, débarrassé de toute contrainte familiale ? C’est le rêve de nombreux jeunes parents. Mais quand les petits s’éloignent, la culpabilité rapplique.

Si 56 % des Français sont déjà partis en vacances sans leurs enfants, le sujet reste tabou.
Si 56 % des Français sont déjà partis en vacances sans leurs enfants, le sujet reste tabou. Barbara Bouyne pour Le Monde

Ouvrons l’album photo de nos vacances en famille. Venise, sa magie, ses gondoles… et le lumbago à force de porter la poussette pour passer les ponts. Le val d’Aoste, ses chemins de randonnée bucoliques… et l’enfant endormi dans un sac à dos, la tête brinquebalante, lourd comme une pierre. La Guadeloupe, ses plages idylliques… et la poussée de fièvre du petit dernier, en plein cagnard.
Depuis, on ne rêve que d’une chose : partir sans eux. Rien qu’un peu. Histoire de renouer avec la vie sans contrainte – la vie d’avant –, celle où vacances rimaient avec grasse matinée, déjeuner à 15 heures, sieste, et, folie douce, lecture sur un transat.
L’envie a quelque chose de honteux, presque tabou. « Logique dans un pays où, depuis un demi-siècle, l’offre touristique est tournée vers la famille, avec des clubs comme Pierre & Vacances ou Belambra qui en ont fait leur fonds de commerce », précise Patrick Viceriat, secrétaire général de l’Association francophone des experts et scientifiques du tourisme (Afest). Comme si le fantôme de Léon Blum nous murmurait : « Si j’ai inventé les congés payés, c’est pour que vous profitiez de votre tribu, bande d’égoïstes ! »
Une pause nécessaire
Pourtant, les mœurs changent, et notre désir égoïste est partagé. Une étude récente (Harris Interactive pour Voyages-sncf, 2014) montre que 56 % des parents sont déjà partis en vacances sans leurs enfants. Aussi, 60 % des voyageurs européens sont des couples, dit un sondage réalisé par le tour-opérateur allemand TUI Group sur 9 000 clients.
« L’idée est nouvelle, mais elle semble bien intégrée : des pauses sans enfant sont nécessaires pour ne pas aller droit dans le mur, dans un quotidien où l’enfant, justement, prend beaucoup de place », explique Béatrice Copper-Royer, psychologue, spécialiste de l’enfance et de l’adolescence.