À la préhistoire des ordinateurs, dans les années 1960, un programme de traduction automatique avait rendu l’expression « loin des yeux, loin du cœur » par l’équivalent anglais de la formule « invisible périphérie. » Bien que chaque idée corresponde effectivement terme à terme («invisible » avec « loin des yeux », et « périphérie » avec «loin du cœur », c’est-à-dire excentré), la collusion des deux entités paraît déconcertante... Mais cette anecdote des pionniers de l’informatique retrouve une certaine actualité, à la lecture d’un éditorial du British Journal of Psychiatry dont le titre évoque cette locution « loin des yeux, loin du cœur » : Out of sight, out of mind (Hors de vue, hors de l’esprit).
Les auteurs rappellent que, suite au programme de fermeture (surtout entre 1992 et 2002) des hôpitaux psychiatriques de proximité, dont le nombre s’élevait autrefois à une centaine au Royaume-Uni[1], le recours à des structures privées et hors secteur (out of aera treatments, OAT) augmente massivement pour des patients délaissés par les services publics. En particulier quand ces malades ont des besoins de soins à long terme, ou sont réputés « difficiles » pour les (rares) services locaux, en raison d’une résistance au traitement ou d’une problématique « très complexe. »