Ce 26 juin, à Saint-Paul-de-Vence, Adrien Maeght s’avouait heureux, simplement heureux, que la fondation qui porte le nom de ses parents consacre une exposition à Gérard Garouste, car, dit-il, « c’est un vrai peintre, un grand peintre, et moi j’aime la peinture ! ». Il n’est certes pas le seul, mais le cas de Gérard Garouste est un peu particulier : né en 1946, il émerge au début des années 1980 en pratiquant, à rebours de la génération qui l’a précédé, une peinture résolument figurative.
Or, paradoxalement, cet attachement à la pratique traditionnelle de son art lui vient de la découverte, alors qu’il était élève du sage abstrait Gustave Singier à l’Ecole des beaux-arts de Paris, de l’homme qui dynamita l’art au XXe siècle, Marcel Duchamp : « J’ai découvert Duchamp grâce aux interviews qu’il a accordées au critique Pierre Cabanne. Pour moi, ç’a été un choc. Singier le considérait comme un dadaïste sans trop d’importance. Ce n’était pas mon avis, et j’ai eu cette espèce de malaise de me dire : “Bon, eh bien, c’est foutu, la peinture, c’est fini, qu’est-ce que je vais faire ?” C’est un instinct de survie qui m’a fait retourner à la case départ, comme au jeu de l’oie. »
Il décide d’apprendre les fondamentaux du métier, les aspects les plus traditionnels de la technique picturale, étudiant la chimie auprès de restaurateurs de peinture ancienne, allant jusqu’à broyer lui-même ses couleurs, ce qui ne se pratique plus guère depuis l’invention du tube au XIXe siècle.
C’est ainsi que, tout en déclarant son admiration pour certains de ses contemporains, comme Daniel Buren ou André Cadere, qui ont choisi une autre voie, il décide de se « dresser contre tout ça », avec « la conscience que j’étais complètement anachronique. J’ai voulu assumer cette position, et ce n’est pas par hasard qu’à un moment donné je me suis passionné pour Don Quichotte ».