LE MONDE | | Par Franck Nouchi
Lorsque, au début des années 1930, fut édifiée la cité de la Muette, à Drancy (Seine-Saint-Denis), personne n’imaginait que ces logements sociaux seraient réquisitionnés quelques années plus tard par l’armée allemande, les transformant en camp d’internement et de transit. Une « antichambre de la mort » où près de 80 000 juifs furent internés avant d’être envoyés, pour la majorité, vers les camps d’extermination nazis.
Soixante-dix ans après la fin de la seconde guerre mondiale, la cité de la Muette existe toujours. Conservée à l’identique, « réhabilitée » en logements sociaux, cette cité HLM héberge près de 500 locataires. Pourquoi ne pas avoir transformé ce lieu de sinistre mémoire en un lieu de recueillement ? En musée ?
Réalisatrice de documentaires, Sabrina Van Tassel a voulu comprendre le sort réservé à cette cité dont même le nom évoque l’idée de taire son histoire. Comme si ces murs n’avaient pas de mémoire. Conseillée par Serge Klarsfeld, dont le père fut interné à Drancy, en octobre 1943, avant d’être déporté à Auschwitz-Birkenau, la réalisatrice livre un film bouleversant et passionnant.