INTERVIEW
Alors que la loi Touraine prévoit de mieux encadrer le recours à l’isolement, le Dr Najman dénonce les dérives d’une époque «néoaliéniste».
C’est aujourd’hui que l’Assemblée nationale vote toute la loi de santé de Marisol Touraine. Dans ce très long texte, juste quelques éléments sur la psychiatrie. Et, entre autres, une disposition limitant le placement en chambre d’isolement et la contention des malades dans les hôpitaux psychiatriques.
Que le législateur se penche sur cette question pointe au minimum qu’il y a un problème. Dans le texte, il entend mieux surveiller ces pratiques ; il rappelle que les mesures de privation de liberté «sont des pratiques de dernier recours», uniquement «pour prévenir un dommage immédiat ou imminent pour le patient ou autrui, sur décision d’un psychiatre» et «pour une durée limitée». En outre,«leur mise en œuvre doit faire l’objet d’une surveillance stricte confiée par l’établissement à des professionnels de santé désignés à cette fin». Un registre devra être tenu dans chaque établissement, mentionnant le nom du psychiatre ayant décidé l’isolement ou la contention, et celui des professionnels l’ayant contrôlé. Le Dr Thierry Najman dirige un important secteur à l’hôpital psychiatrique de Moisselles, près de Paris. Membre du Collectif des 39, qui défend une conception humaniste de la psychiatrie, il va publier Lieu d’asile aux éditions Odile Jacob.