Préface de Yves Coppens
« Ouvrez quelques cadavres : vous verrez aussitôt disparaître l’obscurité que la seule observation n’avait pu dissiper. » Ce conseil, donné par Xavier Bichat en 1801, est-il toujours d’actualité alors que nos sociétés modernes s’interrogent sur le sens à donner au corps mort ?
Exposition de cadavres humains, restitution de restes anatomiques aux peuples premiers, multiplication des études médico-historiques, rénovation complète du musée de l’Homme à Paris, intensification des autopsies judiciaires…, chaque fois se pose la même question : quelle place et quel sens faut-il donner à ces « patients atypiques », ces morts utiles aux vivants ?
Ce regard change-t-il selon le praticien (anthropologue, médecin, biologiste, etc.) ? Est-il influencé par la société du moment ? S’applique-t-il dans les mêmes termes selon l’aspect et le degré de conservation du corps ? Que peuvent nous apporter des moines bénédictins, des étudiants béninois en médecine, un chef de Papouasie Nouvelle-Guinée, une ancienne Kumari népalaise, etc. ? En quoi l’autopsie sert-elle le bien commun ?