Président de l'association «Delphine-Cendrine», Christian Stawoski connaît bien les difficultés liées à l'irresponsabilité pénale.
Que pensez-vous du problème du suivi des malades psychiatriques dangereux ?
Christian Stawoski : Le problème est tristement simple : il n'y a pas de suivi. À l'hôpital Marchant, en l'espace de 30 ans, on est passé de 900 lits à moins de 300. Donc, forcément, on laisse sortir des gens qui ne sont pas totalement guéris pour laisser des places à des personnes en crise.
Est-ce un problème de moyen ?
Le manque de moyen de la psychiatrie est une certitude, comme l'absence de suivi. On peut être abonné aux commissariats de police et rester totalement libre de ses mouvements une fois l'hôpital psychiatrique quitté. La justice ne possède pas les moyens légaux pour assurer le suivi. En février 2003 à Gaillac, une femme a été égorgée par un malade qui a été jugé deux fois et reconnu irresponsable. Trois semaines après la dernière décision judiciaire, le fils de la victime a croisé l'assassin de sa mère dans la rue ! Inimaginable ? Malheureusement, la triste réalité.
Une Airvaudaise a porté plainte contre un psychiatre hospitalier de Thouars après le suicide de sa fille de 22 ans. Encore le changement de soins ?
Cette fois, il y a eu plainte. Après plusieurs témoignages mettant en cause les relations de la psychiatrie hospitalière thouarsaise avec des malades et leurs familles, le cas de cette Airvaudaise fait l'objet d'une enquête judiciaire.
« Julie, 22 ans, est morte après avoir avalé tous ses médicaments à la maison. Le psychiatre qui la suivait l'avait fait sortir avec un document. Celui-ci mentionnait que la maladie était aggravée et qu'il y avait possibilité de passage à l'acte. Alors, pourquoi l'avoir fait sortir ? »
L'Observatoire national du suicide vient de publier son premier rapport en novembre 2014. L'état des lieux fait ressortir un taux de suicide important et propose des pistes de prévention, ramenant sur le devant de la scène cette réalité qu'on ne saurait voir: la souffrance et la mort, envers lesquelles la société a sa responsabilité.
5.12.2014 Ce vendredi est marqué par l’ouverture d’une Maison d’accueil pour adolescents en souffrance à Saint-Paul. Cette filière de soins spécifique de psychiatrie adolescente est créée par l’EPSM-R (Etablissement Public de Santé Mentale de la Réunion).
En créant une structure consacrée aux soins spécifiques de psychiatrie adolescente, l’Etablissement Public de Santé Mentale de la Réunion (EPSM-R) a pour objectif de "compléter la prise en charge des jeunes adultes par la Maison des Adolescents (MDA), sur une unité de lieu et en étroite collaboration avec le Centre Hospitalier Gabriel Martin (CHGM)".
Un peu partout dans le pays, les hôpitaux psychiatriques - les salariés qui y travaillent et les patients qui y sont traités - ont subi ces derniers mois d'importantes attaques de la part du gouvernement. Comme dans les hôpitaux généraux, le gouvernement y fait appliquer toujours plus d'austérité par les Agences régionales de santé qui contrôlent les budgets.
Les restrictions budgétaires entraînent une diminution des activités et sorties thérapeutiques que certains patients pouvaient faire hors des hôpitaux où ils sont soignés et où parfois ils vivent des années durant. Comment rompre leur isolement et les encadrer pour faire des courses ou aller parfois au restaurant ou au cinéma, sans le personnel nécessaire ? À l'occasion des fêtes, les habituels décorations et petits cadeaux offerts aux malades disparaissent. Même le linge ou les couvertures viennent à manquer pour les patients.
Le manque de personnel se généralise et s'aggrave. C'est ce qu'ont dénoncé, au cours de l'année écoulée, les grévistes de l'hôpital Pierre-Janet du Havre, de la Maison d'accueil spécialisée du Vinatier à Lyon et ceux du service de psychiatrie de l'hôpital de Poissy-Saint-Germain (Yvelines) en mars ; les infirmiers psychiatriques de l'Assistance publique des hôpitaux de Marseille en juin ; et les travailleurs hospitaliers de Prémontré (Aisne) et de Saint-Anne à Paris en novembre.
Dans le luxueux cadre de l'hôtel Marcel Dassault, sur les Champs-Elysées, la fondation FondaMental, réseau de coopération scientifique spécialisée dans l'étude des maladies mentales, récompensait hier deux chercheurs en psychiatrie avec le prix Marcel Dassault.
Joël Swendsen, directeur de recherche au CNRS de Bordeaux, a reçu le prix « chercheur de l'année » pour son application sur téléphone portable permettant au patient d'envoyer des données sur son état mental tout au long de la journée.
«En tant que chef du pôle des spécialités chirurgicales, je ne peux laisser la CGT diffuser des allégations erronées !», tempête le docteur Jean-Paul Gaestel.
«Je suis tout de même mieux placé que cette centrale syndicale pour savoir s’il faut mettre un infirmier ici plus qu’une sage-femme là. J’assume mes choix bien que l’on m’accuse d’incohérence. Lire la suite ...
Un triste record. En 2011, soit les derniers chiffres disponibles, plus de 11.000 personnes ont décidé de mettre fin à leur jour en France. Le pays enregistre ainsi l’un taux de suicide les plus élevés d’Europe, comme le démontre le premier rapport de l’Observatoire national du suicide. Cette étude prouve aussi qu’en fonction de leur catégorie sociale, les citoyens passeront plus ou moins facilement à l’acte.
L’employabilité
Etre en recherche d’emploi multiplie par trois le risque de mortalité par suicide par rapport aux individus en activité professionnelle.
L'astrophysicien britannique Stephen Hawking, qui s'exprime par l'intermédiaire d'un ordinateur en raison d'une maladie, met en garde contre le développement de l'intelligence artificielle. Dans un entretien à la BBC, le scientifique affirme que ce type de technologie pouvait évoluer rapidement et dépasser l'humanité, un scénario comparable à celui des films Terminator.
LES HUMAINS, LIMITÉS
« Les formes primitives d'intelligence artificielle que nous avons déjà se sont montrées très utiles. Mais je pense que le développement d'une intelligence artificielle complète pourrait mettre fin à l'humanité », a affirmé le professeur dans cet entretien. « Une fois que les hommes auraient développé l'intelligence artificielle, celle-ci décollerait seule, et se redéfinirait de plus en plus vite », a-t-il déclaré. « Les humains, limités par une lente évolution biologique, ne pourraient pas rivaliser et seraient dépassés », poursuit M. Hawking, considéré comme un des plus brillants scientifiques vivants.
C’est sans tambour ni trompettes que la secrétaire d’Etat à la famille, Laurence Rossignol, s’apprête à célébrer à New York (États-Unis), jeudi 20 novembre, les 25 ans de la Convention internationale des droits de l’enfant (CIDE). La Manif pour tous se saisit au contraire ostensiblement de la date pour appuyer son hostilité à la gestation pour autrui (GPA), au nom de « l’intérêt supérieur » des enfants. La popularité actuelle de cette notion, souvent instrumentalisée, découle directement de ce texte qui indique qu’il doit être « une considération primordiale ».
Est-ce la raison d’une célébration relativement discrète ? Le contenu de la convention est beaucoup plus polémique qu’il n’y paraît. Le texte de 54 articles énumère une longue liste de droits jugés indispensables au bien-être des enfants : droit d’avoir une nationalité, de connaître ses parents, d’être entendu en justice, droit à la scolarité, à un niveau de vie suffisant, liberté d’expression, d’association, d’opinion, de conscience, etc.
L’ANSM met en garde contre l’usage détourné de médicaments antitussifs à base de dextromorphane chez des sujets toxicomanes mais aussi des adolescents et jeunes adultes. L’ensemble des « acteurs concernés par la prise en charge sanitaire ou sociale de jeunes publics », ce qui inclut pharmaciens, médecins généralistes, addictologues, pédiatres, médecins scolaires, de planning familial et de PMI, associations de prévention de drogues pour les jeunes, est invité à la vigilance sur le détournement de ces médicaments délivrés sans ou avec ordonnance. Il existe de nombreuses spécialités commercialisées, dont « Tussidane », « Pulmodexane » ou encore « Vicks Toux sèche » (liste indicative del’ANSM).
L’incidence de la grossesse sur la dépression demeure encore « confuse » rappellent les auteurs d’une étude réalisée en Australie à ce sujet. En effet, les femmes concernées par les études préalables ne sont pas toujours représentatives de la population générale, et ces recherches ne comportent généralement aucune information sur la santé mentale avant la grossesse.
« On ne soigne pas avec des murs mais avec des hommes » rappellent les contempteurs des politiques sécuritaires prônant l’enfermement. Mais sans remettre en cause la prépondérance des moyens humains dans la prise en charge du malade mental, il est probable que le cadre contribue, peu ou prou, à favoriser ou au contraire à freiner la guérison, par son aspect « d’interaction dynamique entre les dimensions sociales et symboliques. » Dans son ouvrage Un lieu où renaître, Bruno Bettelheim explique ainsi que le patient « sait fort bien que le bâtiment lui-même –murs, portiques, allées– représente une structure permanente qui ne saurait être améliorée momentanément dans le seul but de l’impressionner favorablement. Puisque l’aspect extérieur d’un établissement est si éloquent qu’il n’a pas besoin de paroles, il revêt donc une importance capitale. »
Le système de prise en charge périnatale australien permet une réelle continuité des soins, depuis la période prénatale jusqu’au post partum en passant par l’accouchement. C’est un véritable partenariat de santé entre la femme et la sage-femme qui contribue à diminuer le recours à la pharmacopée pendant l’accouchement, réduit le nombre d’interventions opératoires lors de la naissance et augmente le taux d’allaitement au sein ainsi que le bien-être maternel. Bien évidement, toutes les femmes ne sont pas satisfaites de ce type de démarche : les toxicomanes par exemple qui connaissent parfois des rapports difficiles avec les professionnels de santé et hésitent à se faire suivre de peur d’être dénoncées à la police ou que leur enfant leur soit retiré à la naissance.
Un programme d'entraînement à la méditation et à la réduction du stress basé sur la pleine conscience (MBSR pour Mindfulness Based Stress Reduction) a été mis en place dans les années 80 dans le département médical de l'Université du Massachusetts avec pour objectif de diminuer le stress associé aux maladies chroniques.
Près de 55% des nourrissons aux Etats-Unis sont placés dans des conditions pour dormir qui accroissent le risque de mort subite, conclut lundi une recherche des Instituts nationaux de la santé (NIH) et des Centres de contrôles et de prévention des maladies (CDC), publiée en ligne dans la revue Pediatrics. En 2012, l'American Academy of Pediatrics (AAP) avait émis des recommandations selon lesquelles les nouveaux-nés devaient être placés sur le dos pour dormir. Les auteurs de l’étude rappelent encore que les très jeunes enfants doivent en outre dormir seuls, sur un matelas ferme recouvert d'un drap housse bien ajusté, ajoutant que tout objet mou, jouet, couette ou couverture épaisse ne doit pas être laissé dans le berceau. De fait, ces pratiques ont nettement diminué depuis vingt ans en passant de 85,9% des nourrissons placés dans un environnement potentiellement dangereux pour dormir en 1993-1995, à 54,7% pour la période 2008-2010. Mais ce dernier chiffre reste trop élevé, insistent les auteurs.
A l'annonce que sa fille est trisomique, le monde de Fabien Toulmé s'écroule. Il va lui falloir traverser une période de rejet et de tristesse pour finalement apprendre à connaître et aimer son enfant. Il raconte dans une BD l'histoire de cette rencontre inattendue. « Ce n'est pas toi que j'attendais »: cette bande dessinée, publiée début octobre 2014 aux éditions Delcourt, retrace cette rencontre émouvante entre un père et sa fille porteuse d'un handicap non dépisté lors de la grossesse. « Mais je suis quand même content que tu sois venue », ajoute l'auteur dès la deuxième de couverture.
De toutes les maladies non transmissibles, l’autisme est l’une de celles dont la fréquence augmente le plus rapidement. Si vite qu’il est même difficile d’y croire. En mars, les Centers for Disease Control and Prevention (CDC) américains, l’équivalent de notre Institut de veille sanitaire (InVS), rendaient publiques les dernières estimations de la prévalence des troubles du spectre autistique chez les garçons et les filles de 8 ans aux Etats-Unis. Selon ces chiffres, un enfant sur 68 est désormais touché par cet ensemble de maladies du développement, regroupant l’autisme profond, les syndromes de Rett et d’Asperger, etc.
Le plus impressionnant n’est pas tant le chiffre lui-même, que la rapidité de son évolution : il est supérieur de 30 % à celui publié seulement deux ans auparavant (un enfant sur 88) par le même réseau de surveillance mis en place par les CDC, et a plus que doublé en moins d’une décennie. Au cours des vingt dernières années, les données américaines suggèrent une augmentation quasi-exponentielle de ces troubles, aujourd’hui diagnostiqués« vingt à trente fois plus » que dans les années 1970, selon le rapport des CDC. 40 % de ces enfants dépistés aux Etats-Unis présentent un quotient intellectuel (QI) inférieur à 70.
D’autres troubles neuro-comportementaux sont également en forte croissance ces dernières années. Outre-Atlantique, l’hyperactivité et les troubles de l’attention touchaient, selon les chiffres des CDC, 7,8 % des enfants entre 4 et 17 ans en 2003. Ce taux est passé à 9,5 % en 2007, puis à 11 % en 2011. Par comparaison, en France, leur fréquence est estimée entre 3,5 et 6 % pour les 6-12 ans.
Aux Etats-Unis, un enfant sur six est concerné par un trouble du développement (troubles neuro-comportementaux, retard mental, handicaps moteurs, etc.).
Dans un ouvrage scientifique tout juste publié (Losing Our Minds. How Environmental Pollution Impairs Human Intelligence and Mental, Oxford University Press, 2014) Barbara Demeneix, directrice du département Régulations, développement et diversité moléculaire du Muséum national d’histoire naturelle (MNHN), soutient que cette augmentation rapide de la fréquence des troubles neurocomportementaux est, en grande partie, le résultat de l’exposition de la population générale à certaines pollutions chimiques diffuses – en particulier les femmes enceintes et les jeunes enfants.
Depuis plus de trente ans Bruno Decharme assemble sa collection d'Art Brut. Elle compte aujourd’hui 3 500 pièces, recense 300 artistes du milieu du dix-neuvième siècle à nos jours. Elle réunit des œuvres de nombreux pays, produites dans un cadre asilaire ou dans la solitude des villes et des campagnes, des productions dites médiumniques et des objets...
À une époque de crise généralisée, où les sociologues sont de plus en plus conduits, par une actualité morose ou dramatique, à se pencher sur les vulnérabilités, les déclins, les catastrophes, il s’agira de prendre l’histoire à rebrousse-poil et de s’intéresser à l’ « aller mieux », que l'on énonce celui-ci en termes de résilience, de rétablissement, de guérison, ou de « faire face et s’en sortir » (pour reprendre le titre d’un ouvrage dirigé par V. Châtel et M. -H Soulet en 2002). Le centre de gravité du colloque concernera la santé mentale, mais les expériences de guérison en santé somatique ou de résilience sociale pourront être mobilisées en contrepoint.
L’agence de la biomédecine (ABM) a annoncé, mardi 2 décembre, qu’elle autorisait pour la première fois un centre hospitalier à pratiquer des prélèvements d’organes (reins, poumons, foie) sur des personnes décédées après une décision d’arrêt ou de limitation des traitements qui les maintenaient en vie. Jusqu’alors, des organes étaient prélevés uniquement en cas de mort par arrêt cardiaque brutal – infarctus – ou de mort cérébrale.
Dans un contexte de pénurie d’organes, ce changement réglementaire était attendu de longue date par les associations de patients en attente de greffe. Il marque l’aboutissement d’un processus de réflexion éthique engagé dès 2005 lors de l’adoption de la loi Leonetti sur la fin de vie.
62 % des infirmiers et 61 % des masseurs-kinésithérapeutes d’Ile-de-France se sentent personnellement menacés par l’épuisement professionnel, révèle une étude (1) présentée ce mardi par l’Association d’aide aux professionnels de santé et médecins libéraux (AAPml) et les infirmiers et kinéslibéraux de l’Union régionale des professionnels de santé (URPS) d’Ile-de-France.
En 2007, la même enquête indiquait que 61 % des médecins généralistes se disaient pareillement menacés (et 53 % des médecins dans leur ensemble).
Certains étudiants de psychiatrie avaient déjà vu la version de l,examen de l,an dernier, sur laquelle ils s'étaient exercés. malgré tout, le Collège royal n'a pas jugé bon de refaire l'épreuve final.
PHOTO THE NEW YORK TIMES
Une « erreur humaine » peu banale s'est produite, cette année, lors de l'examen final annuel que le Collège royal des médecins et chirurgiens du Canada fait passer à tous les futurs psychiatres du pays : la même version de l'épreuve que l'an dernier a été distribuée à tous les candidats, ce qui a du coup augmenté le taux de réussite.
Le Collège royal assure que les diplômés en psychiatrie de cette année sont tout de même très compétents et qu'il ne faut pas douter de la qualité de l'évaluation.
Chaque année, le Collège royal fait passer les examens finaux à tous les candidats canadiens qui ont terminé leur formation postdoctorale dans leur spécialité médicale.
Cette année, les étudiants ont passé l'examen annuel de psychiatrie le 1er avril. La porte-parole du Collège royal, Sandy Shearman, explique qu'une « erreur humaine » est à l'origine de la confusion : « L'examen de 2013 a simplement été imprimé et distribué à la place de celui de 2014 », dit-elle.
Le hic : certains étudiants de psychiatrie auraient déjà vu la version de l'examen de l'an dernier, avec laquelle ils s'étaient exercés. Interrogé à ce sujet, le Collège royal a dit « ne pas être au courant de cette situation ». « Nous allons enquêter là-dessus », déclare Mme Shearman.
Réunies en colloque à Dakar, des universitaires d’Afrique de l’Ouest ont partagé leur expérience, entre harcèlement sexuel et discrimination, et appelé à se méfier d’une «illusion d’égalité». Rencontre avec six d’entre elles, alors que s’ouvre ce week-end le 15e sommet de la francophonie.
Femmes de tous les pays francophones, unissez-vous ! De Paris à Cotonou, en passant par Tunis, Dakar ou Bucarest, vous êtes confrontées peu ou prou aux mêmes inégalités. Bien installés aux postes de pouvoir, les hommes trouvent normal d’y rester et regimbent à laisser les femmes s’immiscer. A la maison, beaucoup ont encore une fâcheuse tendance à mettre les pieds sous la table ou à en faire un minimum. L’Agence universitaire de la francophonie (1), qui rassemble 800 établissements dans une centaine de pays, a organisé mi-novembre à Dakar un colloque intitulé «Femmes universitaires, femmes de pouvoir ?» L’idée était de voir si, dans un monde aussi protégé que l’université, les femmes bénéficiaient d’un meilleur traitement, voire de bribes de pouvoir. La réponse est non.
Les intervenantes étaient pour l’essentiel des responsables universitaires d’Afrique de l’Ouest. Souvent de grandes dames issues de milieux aisés, parfois mariées à des députés ou des ministres, elles avaient en commun d’être sensibles à la problématique du genre, générateur d’inégalités. A leurs côtés, des femmes du Maghreb, du Proche-Orient et d’Europe, notamment des Françaises. Sous le chapiteau dressé dans un hôtel de luxe de Dakar, au bord de l’Atlantique, on a eu parfois l’impression d’être hors sol et hors temps. Au Sénégal comme dans les pays voisins, toute une frange de la population se bat pour survivre, dormant dehors, sans moyens pour se soigner ou envoyer les enfants à l’école. Gouvernance masculine, femmes jonglant avec leurs «carrières» d’universitaires et de mères, manque de garderies, étudiantes harcelées par les profs… Très vite, les unes et les autres se sont retrouvées autour des mêmes constats. Au-delà des lois sur la parité adoptées ici ou là, les choses changent trop lentement. Et c’est encore souvent un déchirement pour une femme de vouloir tout assumer.
Au fond de la salle, Fatoumata Balbe Kasse, doctorante en informatique, approuve. A 34 ans, cette mère de trois enfants confie que «c’est très difficile de concilier sa recherche et la maison». Pourtant, elle a une«bonne» pour l’aider. Mais la famille est envahissante au Sénégal : «Tes beaux-parents débarquent et tu dois être là.» Il y a aussi les frères et les sœurs, les belles-sœurs et les beaux-frères…
A la tribune, la Française Caroline de Haas, ex-conseillère de Najat Vallaud-Belkacem au ministère des Droits des femmes, pique un coup de sang après une intervention culpabilisante sur le thème : les femmes n’osent pas assez. «J’en ai marre que l’on parle de responsabilité individuelle ! Les femmes sont discriminées. Il faut former les dirigeants à cette question, comme nous l’avons fait en France avec tous les ministres, qui ont suivi un module de quarante-cinq minutes.»
Les conclusions du colloque ont été transmises à l’Organisation internationale de la francophonie (OIF), qui tient son 15e sommet, consacré aux jeunes et aux femmes, ce week-end à Dakar. Ce sera aussi l’occasion d’élire un successeur au président Abdou Diouf. Parmi les recommandations adoptées, la création d’un réseau de femmes universitaires et d’un observatoire sur l’égalité dans le supérieur, la mise en place d’un module pour sensibiliser les responsables, un engagement des universités en faveur de la parité…
Daniela Roventa-Frumusani, professeure de communication à l’université de Bucarest, est repartie ravie : «La résistance est finalement partout la même. Quand un homme est sur un trône, il n’est jamais content de devoir céder la place.»
Aminata Sidibe 33 ans, sénégalaise
«A 25-30 ANS, UNE FEMME DOIT ÊTRE MARIÉE, ÇA ME STRESSE»
En boubou jaune resplendissant, Aminata Sidibe, assise à l’avant-dernier rang, ne perd aucune parole des intervenantes qui se succèdent à la tribune. Elle vérifie de temps à autre ses messages sur son portable. Mais arrivée à l’ouverture et repartie à la clôture, elle ne paraît jamais lasse pendant ces deux jours. Aminata est venue pour y voir clair.
Dr Pierre Suesser (SNMPMI). - Crédit photo : S. CANNASSE
Le Syndicat national des médecins de protection maternelle et infantile (SNMPMI) réunit aujourd’hui et demain à Paris son 40e colloque. Quelque 300 médecins et professionnels sont attendus. À cette occasion, le Dr Pierre Suesser, président du syndicat, alerte sur l’absence des médecins de PMI dans la loi de santé et s’inquiète des répercussions de la réforme territoriale.
LE QUOTIDIEN : Que pensez-vous du projet de loi de santé de Marisol Touraine ?
Dr SUESSER : Sur le papier, le système de santé est remis en selle autour des notions de prévention, de prise en charge globale du patient, d’action de santé publique et de promotion de la santé. C’est notre dynamique depuis plus de 40 ans et pourtant, nous n’apparaissons pas dans la loi ! Surprenant décalage, non ?
La loi affirme par ailleurs l’extension du médecin traitant, généraliste ou pédiatre, aux moins de 16 ans. Les médecins libéraux n’ont-ils pas autre chose à faire qu’assurer le suivi pédiatrique ? C’est une fausse bonne idée. Et personne ne sait si les médecins de PMI entreront dans le dispositif – même si ce n’est pas une de nos revendications.