Les Bons Plans de Pascal Parmentier
Par Gaël FORMENTIN • • 25/06/2014
Tous les jours depuis plus de 34 ans, le docteur Pascal Pannetier, chef du pôle 2 du CH de Jury et des urgences psychiatriques au CHR de Mercy, côtoie ce que d’aucuns nomment «folie». Il organise cette année les 16es journées internationales des Cellules d’Urgence Médico-Psychologique. Derrière les fantasmes, la réalité.
Pendant plus de deux heures, Pascal Pannetier a parlé. Sans s'arrêter ou presque, avant de stopper net, un peu gêné: « les psychiatres ont l'habitude d'écouter, alors quand on me donne la parole... ». Il a parlé, oui, mais très peu de lui. Comme s'il ne voulait pas se mettre en avant, se dévoiler, à l'abri derrière ses petites lunettes rectangulaires aux fines branches noires, les yeux plissés par le soleil, insondables. Des airs de Michel Onfray. Sa casquette de psy, sa carapace, il ne la quitte jamais totalement. « Nous ne sommes pas citoyens uniquement le jour d'aller voter, mais toute l'année. Je ne suis pas psychiatre à heures fixes non plus », sourit-il amusé devant le petit malaise qu'il vient de créer. « On attribue aux psychiatres un rôle un peu énigmatique, presque de sorciers. Rassurez-vous, je ne tire pas une analyse de chaque conversation ». Ouf.
« Ma grand-mère entendait les fous crier »
Pascal Pannetier est tombé dans l'univers de la psychiatrie il y a près de 34 ans, un peu par hasard, pour ne plus jamais le quitter. Il a vu évoluer les méthodes, les soins, les pathologies et les codes se brouiller. La demande exponentielle de soutien, accentuée par la crise, se heurte toujours à la peur, celle d'une profession stigmatisée. Par le cinéma, l'imaginaire collectif, la littérature et les rares tragédies humaines qui nourrissent la rubrique faits divers. La psychiatrie agit comme un repoussoir. « Personne ne veut se reconnaître comme fou ». Il se souvient de la réaction de sa grand-mère, choquée par l'annonce du choix de son internat qu'il intègre en 1983. « Elle habitait Laxou, non loin du tristement célèbre hôpital de Maréville. Parfois, elle pouvait entendre les cris des patients poussés par le vent. Ce jour, elle a trouvé mon regard changé ». Deux années auparavant, un stage au CHU de Thionville dans l'équipe du professeur Baer l'a définitivement motivé: ce sera la psychiatrie, en dépit des « on-dit ».