L’encre de la loi de financement de la sécurité sociale à peine sèche, la chasse au gaspillage est à nouveau ouverte. Bien sûr, tout le monde se réjouirait si une baisse des dépenses pouvait aussi correspondre à une amélioration objective des soins. Or, c’est tout à fait possible. Si l’assurance maladie remboursait même partiellement un certain nombre de séances de psychothérapie, environ une vingtaine (il en faut parfois beaucoup moins), à tous ceux qui sont atteints d’un trouble de santé mentale courant (dépression modérée à sévère, troubles anxieux), le gain serait considérable, autant pour la collectivité que pour ces personnes en souffrance. Nous voyons déjà s’écarquiller les yeux des lecteurs et, malheureusement, d’un trop grand nombre de décideurs publics. Car cinq idées fausses, hélas très enracinées, biaisent le débat. Un énorme corpus d’études, accumulées depuis plus de trente ans, vient heureusement les contredire, auquel s’ajoute notre travail récent, centré sur la France.
C'est l'un des débats les plus délicats et brûlants du moment. L'un des sujets les plus intimes et politiquement sensibles. Sans doute l'un des plus polémiques, aussi. Comment mourir dans la dignité lorsque qu'on souffre d'une maladie incurable ? Comment accompagner la fin de vie d'un être en état de conscience minimale ?
Candidat, François Hollande voulait « ouvrir pour toute personne majeure en phase avancée d'une maladie incurable » un droit à « bénéficier d'une assistance médicalisée pour terminer sa vie dans la dignité ». Devenu président, il a réaffirmé, le 14 janvier, son souhait de voir aboutir une nouvelle loi qui viendrait compléter celle du 22 avril 2005 relative aux droits des patients en fin de vie.
ENTORSE À LA LOI
Cette dernière, dite loi Leonetti car elle fut portée au Parlement par le député UMP Jean Leonetti, qui permet à tout malade, même celui qui n'est pas en fin de vie, de demander l'arrêt de tout traitement, présenterait des « ambiguïtés » qu'il faudrait « lever », assure la ministre de la santé Marisol Touraine. Saisi en 2012 sur cette question de l'euthanasie, le Comité consultatif national d'éthique (CCNE) préconise quant à lui le maintien de l'interdiction de « provoquer délibérément la mort ».
Une nouvelle affaire a récemment relancé le débat. Vincent Lambert, 38 ans, tétraplégique en état de conscience minimale depuis un accident de la route en 2008, est hospitalisé au CHU de Reims. Autour de lui, sa famille se déchire. Son père et sa mère ainsi que d'autres membres de sa famille s'opposent à l'arrêt de son alimentation et de son hydratation artificielle. Son épouse et une autre partie de la famille, qui y sont favorables, ont indiqué qu'avant son accident, Vincent Lambert aurait déclaré ne pas souhaiter d'acharnement thérapeutique. L'équipe médicale devait l'interrompre.
Mais le tribunal administratif de Châlons-en-Champagne a jugé que cette interruption constituerait « une atteinte grave et manifestement illégale du droit à la vie », donnant ainsi tort à l'hôpital. Saisi par cette affaire, le Conseil d'Etat doit rendre un avis très attendu par la communauté médicale et par tous les citoyens touchés par des situations semblables.