CRITIQUE
Les cinq brins d’une œuvre détissés par l’anthropologue Maurice Godelier.
Qu’est-ce qui fonde une société ? L’échange, le don, le potlatch, les rapports de production, le lien sexuel, la parenté ? On peut, pour répondre, songer à Marcel Mauss, à Marx, à Claude Lévi-Strauss… Mais si un penseur renommé avance qu’à côté des choses qu’on donne et des choses qu’on vend il est des choses qu’il ne faut ni vendre ni donner mais garder, pour les transmettre, que nulle société n’a jamais été fondée sur la famille ou la parenté, qu’«il faut toujours plus qu’un homme et une femme pour faire un enfant», que la sexualité humaine est fondamentalement asociale, et que toutes les relations sociales contiennent comme éléments constitutifs des «nœuds imaginaires»fonctionnant à travers les pratiques symboliques, comment alors ne pas perdre le nord ? Eh bien, en suivant les chemins ouverts par Maurice Godelier, l’un des plus grands anthropologues de ce temps, qui l’an prochain soufflera ses 80 bougies, Médaille d’or du CNRS, ancien directeur scientifique du musée du Quai-Branly, auteur, entre tant d’autres ouvrages, de l’Enigme du don (1996), des Métamorphoses de la parenté (2004), ou d’Au fondement des sociétés humaines (2007).