Féministes en tous genres
entretiens et articles de chercheuses sur le genre et les sexualités
Exposition roman psychanalytique The Hidden Mother à l'atelier Rouart, 12 octobre-17 novembre 2012
40, rue Paul Valérie
75016 Paris
code AB012 puis AB55
Photo anonyme du XIXe siècle.
Elle a "fasciné" les deux auteures de "l'exposition roman psychanalytique",
The Hidden Mother.
La critique d'art et curatrice Sinziana Ravini et la productriceEstelle Benazet ont patiemment élaboré l'"exposition roman psychanalytique" The Hidden Mother, menant un passionnant travail sur elles-mêmes et leur rapport à des oeuvres faisant énigme autour de la question de la mère et de "la scène primitive qui nous échappe".
L'exposition rassemble d'étranges photographies anonymes du XIXe avec enfant unique trônant - ou abandonné ? - sur des draps recouvrant une "mère cachée" et des oeuvres de Berthe Morizot, Orlan, Bracha Ettinger, Vanessa Beercroft, Sophie Calle, Agnès Geoffray, Agnès Thurnauer, Tova Mozard, Françoise Vergier, Jean Daviot, Sammy Engrammer, Joao Vieira Torres, Ulla Von Brandenburg, Pilar Albaracin, Pauline Curnier Jardin, Vydia Gastaldon, Alejandro Gomez De Tuddo, Laura Gozlan, Mathieu K. Abonnenc, Leigh Ledare, Joanna Lombard, Frédérique Loutz, Tea Mäkipää, John Menick, Olof Oldsson, Stéphane Penchréach, Dorothée Smith, et Annika Ström.
Bracha Ettinger, Ophelia and Eurydice n° 3, 2009
À l'écart de l'originaire
"On ne voit pas la mère comme origine absolue, mais c'est elle qui porte, qui donne naissance, c'est elle qui est transformée par cet acte, tandis que le père ne l'est pas, même si certains d'entre eux imitent la grossesse et mangent autant que les femmes. Beaucoup de pères voudraient être des femmes. [...]
Bracha parle de l'espace matrixiel, de la matrice. Je suis hantée par la théorie suivante : le père arrive et coupe la symbiose entre l'enfant et la mère par le langage, comme s'il n'y avait pas de langage entre la mère et l'enfant avant que le père, le phallus, arrive. je m'intéresse à la femme dans ce sens-ci, plus qu'à l'homme, car son langage avec l'enfant précède celui de l'homme.Elle est la première dans l'histoire de tout être, mais elle est mise à l'écart. Qui a produit ce discours qui voit l'homme, le père comme l'équivalent du langage, de la différence ? C'est quand même deux hommes, Freud et Lacan, c'est un discours purementphallocentrique", dit-écrit Sinziana Ravini dans la drôle de psychanalyse à quatre - deux analysantes/artiste-critique d'art et deux analystes, Nouria Gründler et François Ansermet.
Cette hantise - celle-là même que tout un courant psychanalytico-féministe a exhumée et mise en oeuvre, de Luce Irigaray à Monique Schneider et Bracha Ettinger - pourrait bien avoir enfanté cette exposition d'un autre genre. Pour une part.
Mais pas seulement. "Je pense que ce qui vous intéresse, propose François Ansermet lors de la première séance de pseudo-psychanalyse ludique, c'est le point où l'oeuvre résiste à l'interprétation", les "points de résistance", les "points de butée".