Haut les flingues !
Décidément, certaines recherches ne peuvent provenir que du pays de l’Oncle Sam ! Sous prétexte de permettre la « défense de la Constitution » (Second amendement) [1], on sait en effet que les États-Unis ont une politique très laxiste en matière d’armes à feu. Et la conjonction explosive de ce cadre complaisant avec la psychopathologie conduit immanquablement à une prolifération des homicides et des suicides par armes à feu !
The American Journal of Psychiatry propose une étude apportant une information nouvelle : dans cette atmosphère de violence, liée à la possession banalisée d’un « flingue », le risque de suicide par arme à feu est aussi fonction de… l’altitude de l’état ! Au passage, notons que les données sur l’altitude des lieux émanent notamment de la célèbre NASA, une institution rarement évoquée dans les publications psychiatriques !
Une réserve doit être faite toutefois, à propos des données sur la possession des armes à feu, car la législation des États-Unis n’impose pas à leurs détenteurs une déclaration obligatoire (en 2008, la Cour Suprême a même invalidé une loi du District de Columbia imposant cette déclaration à Washington et a réaffirmé « le droit de chaque Américain à posséder une arme »). Par conséquent, la fiabilité des statistiques sur la possession des armes à feu n’est pas assurée, faute de fichier central, et il s’agit au mieux d’estimations réalistes. Néanmoins, on observe une « corrélation positive entre le taux de suicide (après ajustement pour l’âge) et l’altitude de la région » (county elevation).
Cette corrélation positive entre le niveau d’autolyse et l’altitude moyenne du site est retrouvée d’ailleurs pour les suicides par arme à feu comme pour les autres formes de suicide. Selon les auteurs, cette association est indépendante des autres facteurs de risque (comme le nombre d’armes à feu ou la densité de population) et semble traduire un effet délétère propre de l’altitude : celle-ci représenterait en elle-même un facteur de risque particulier, en relation probable avec « les effets du stress métabolique [2] associé à une légère hypoxie », source chronique d’une vulnérabilité neuronale et psychique.
[1] http://fr.wikipedia.org/wiki/Deuxi%C3%A8me_amendement_de_la_Constitution_des_%C3%89tats-Unis
[2] http://fr.wikipedia.org/wiki/Syndrome_m%C3%A9tabolique
Dr Alain Cohen
Namkug Kim et coll. : Altitude, gun ownership, rural areas, and suicide. Am J Psychiatry 2011 ; 168-01 : 49–54.
Publié le 03/02/2011
Décidément, certaines recherches ne peuvent provenir que du pays de l’Oncle Sam ! Sous prétexte de permettre la « défense de la Constitution » (Second amendement) [1], on sait en effet que les États-Unis ont une politique très laxiste en matière d’armes à feu. Et la conjonction explosive de ce cadre complaisant avec la psychopathologie conduit immanquablement à une prolifération des homicides et des suicides par armes à feu !
The American Journal of Psychiatry propose une étude apportant une information nouvelle : dans cette atmosphère de violence, liée à la possession banalisée d’un « flingue », le risque de suicide par arme à feu est aussi fonction de… l’altitude de l’état ! Au passage, notons que les données sur l’altitude des lieux émanent notamment de la célèbre NASA, une institution rarement évoquée dans les publications psychiatriques !
Une réserve doit être faite toutefois, à propos des données sur la possession des armes à feu, car la législation des États-Unis n’impose pas à leurs détenteurs une déclaration obligatoire (en 2008, la Cour Suprême a même invalidé une loi du District de Columbia imposant cette déclaration à Washington et a réaffirmé « le droit de chaque Américain à posséder une arme »). Par conséquent, la fiabilité des statistiques sur la possession des armes à feu n’est pas assurée, faute de fichier central, et il s’agit au mieux d’estimations réalistes. Néanmoins, on observe une « corrélation positive entre le taux de suicide (après ajustement pour l’âge) et l’altitude de la région » (county elevation).
Cette corrélation positive entre le niveau d’autolyse et l’altitude moyenne du site est retrouvée d’ailleurs pour les suicides par arme à feu comme pour les autres formes de suicide. Selon les auteurs, cette association est indépendante des autres facteurs de risque (comme le nombre d’armes à feu ou la densité de population) et semble traduire un effet délétère propre de l’altitude : celle-ci représenterait en elle-même un facteur de risque particulier, en relation probable avec « les effets du stress métabolique [2] associé à une légère hypoxie », source chronique d’une vulnérabilité neuronale et psychique.
[1] http://fr.wikipedia.org/wiki/Deuxi%C3%A8me_amendement_de_la_Constitution_des_%C3%89tats-Unis
[2] http://fr.wikipedia.org/wiki/Syndrome_m%C3%A9tabolique
Dr Alain Cohen
Namkug Kim et coll. : Altitude, gun ownership, rural areas, and suicide. Am J Psychiatry 2011 ; 168-01 : 49–54.
Publié le 03/02/2011