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Articles, témoignages, infos sur la psychiatrie, la psychanalyse, la clinique, etc.

dimanche 6 février 2011

Prévention des suicides : le coup de gueule du Pr Lançon
05 février 2011

Un psychiatre de Marseille dénonce l'absence de politiques publiques


En matière de prévention des suicides "il n'y a pas de politique publique digne de ce nom en France". C'est le coup de gueule poussé, hier, par le professeur Lançon. Le chef du service psychiatrie de l'hôpital Sainte-Marguerite de Marseille n'a d'ailleurs pas été franchement contredit par le docteur Pierre Verger, directeur adjoint de l'Office régional de la Santé, qui présentait hier la 15e journée nationale de prévention du suicide, qui se déroule aujourd'hui.

Le taux de suicide était d'environ 17 pour 100000 habitants en Paca et 20 pour 100000 dans toute la France entre 1979 et 1981 et il était, tant pour notre région que pour l'ensemble de l'Hexagone, d'environ 16 pour 100000 lors de la période 2006-2008 (derniers chiffres disponibles), avec une différence du simple au double entre les hommes et les femmes. Le suicide des jeunes, qui horrifie tant les adultes parce qu'ils ne le comprennent pas, est en nette régression (de 16 à 10 pour 100000 entre 1991 et 2008), alors qu'il diminue peu pour les plus de 65 ans mais est plus important en nombre (de 33 à 28 pour 100000, selon la même période).

" En France nous avons réussi à diviser par deux le nombre d'accidents de voiture. Mais le taux de suicide diminue lentement, alors que dans d'autres pays européens qui ont mis sur pied des politiques volontaristes, il a diminué de 50%", a affirmé le professeur Lançon. Signes avant-coureurs Quelles politiques? "90% des gens qui se sont suicidés avaient vu un médecin dans le mois précédent leur passage à l'acte", note-t-il.

Sans vouloir alourdir la barque déjà bien chargée des généralistes, il estime nécessaire qu'ils soient formés à détecter les signes avant-coureurs de la dépression. Le stress au travail, l'absence de considération de ses responsables hiérarchiques, le harcèlement, comme stratégie de management ou simplement exercé par un pervers, sont autant de facteurs dépressifs qui peuvent conduire au suicide.

Il réclame aussi une meilleure information du grand public: "Une personne qui a des idées suicidaires ne se confiera jamais à une personne de sa famille. Il aura peur de lui faire de la peine. Il pourrait se confier à un collègue, si celui-ci lui disait : "Qu'est-ce que tu as? Je te trouve bizarre en ce moment". Mais en France, cette question est souvent taboue". Pour l'heure la politique publique de prévention des suicides consiste à distribuer dix mille brochures tous les deux ans aux professionnels de santé. Pas assez pour informer les médecins et dire aux simples citoyens que s'intéresser aux collègues, amis, voisins qui semblent aller mal, c'est peut-être les inciter à consulter afin de ne pas passer à l'acte.
Thierry NOIR (tnoir@laprovence-presse.fr)
Le PH "moderne" : un antifuite triple épaisseur ?
04 Février 2011

Si vous me permettez la caricature un tant soit peu carabine, je vous proposerais de représenter le praticien hospitalier "moderne" d'un pôle de psychiatrie publique, travaillant en intrahospitalier, non pas avec - cela nous aurait fait rire un peu -, mais comme un anti-fuite triple épaisseur. Il faudrait lui adjoindre au dessus de lui, la menace qui planerait de voir son salaire indexé aux chiffres de  l'évaluation de son activité professionnelle. Nous retiendrions les trois types de "chiffre", qu'on lui opposerait désormais le plus fréquemment (vu leur facilité apparente de calcul, mais qui ne sont pas sans portée idéologique) : la durée moyenne de séjour, le nombre des suicides, et celui des fugues.

Autrement dit, le patient "moderne" de notre PH "moderne" ne devrait plus avoir aucune possibilité d'échapper à la guérison, à la maîtrise, à l'emprise de son soignant. Il ne devrait plus avoir aucune possibilité de fuite, que ce soit dans le délire, dans la fugue, ou dans la mort. La durée moyenne de séjour imposerait de "refroidir" le délire en moins de 17 jours. Refroidir est un mot qui fait froid dans le dos. En médecine, en référence au symptôme, il contient la notion importante de l'urgence d'attendre. Passé en psychiatrie, où le symptôme (le délire) est mal démêlable du sujet, on ne sait plus très bien qui ou quoi devrait, sans attendre cette fois, se retrouver "refroidi".

Nous n'oublierions pas en conclusion, qu'Henri Laborit, le grand-père des neuroleptiques (les antifuites chimiques par excellence) par ses travaux sur l'hibernothérapie au début des années cinquante, a écrit à la fin des années soixante et dix : "Éloge de la fuite".
Luc Diaz Psychiatre Montpellier
Soins aux détenus : l’UHSA a tenu « son pari », selon les psychiatres
04.02.2011

« L’UHSA n’est pas un hôpital-prison ! », ont martelé - une nouvelle fois - hier les intervenants médicaux lors des journées d’études « psychiatrie et prison » qui se poursuivent aujourd’hui à l’ENS de Lyon. Leur objectif est d’analyser cet objet thérapeutique encore peu identifié qui a fait coulé beaucoup à son ouverture le 18 mai dernier au sein du centre hospitalier du Vinatier. L’Unité hospitalière spécialement aménagée, « n’est pas un lieu de rétention, de sûreté, un hôpital pour pédophiles » ou encore « un outil d’éradication de la maladie mentale en prison », lance d’emblée le Dr Eve Bécache, la responsable de l’UHSA. L’unique « objet » de l’UHSA est d’apporter une égalité de soins aux personnes détenues souffrant de troubles mentaux, rappellent la psychiatre et le directeur du Vinatier, Hubert Meunier.

Dotée de 3 unités de 20 lits, l’UHSA s’adresse à une population de plus de 7 000 détenus, répartis sur une région allant de Dijon à Aurillac, de Privas à Besançon. Au 26 janvier, elle avait accueilli 164 patients de toutes les prisons de la région mais une majorité était issue de Corbas. Seules 15 femmes et 4 mineurs figuraient parmi les patients âgés pour la plupart de moins de 49 ans. 99 patients étaient des condamnés et 65 des prévenus. Psychoses, dépressions sévères… les pathologies des patients de l’UHSA sont « très lourdes » et « nous sommes confrontés de manière permanente à la mort et aux pulsions de mort », explique le Dr Bécache en soulignant que les 117 soignants doivent subir, eux-aussi, l’enfermement. Avec 49 patients condamnés pour homicide et 26 pour viols, l’UHSA est aussi une « concentration des crimes de sang », cependant il n’y a « jamais eu de violences ». Le premier décès par suicide a été enregistré récemment mais l’équipe a aussi encadré 11 libérations de détenus dont 2 sont rentrés chez eux (les autres restant hospitalisés dans d’autres unités). « Il faut toujours se dire qu’ils seront libres un jour et travailler avec les services qui les prendront en charge », souligne Eve Bécache. Seuls 2 patients sont là depuis l’ouverture, les autres restent en moyenne 46 jours. Mais l’UHSA est « pleine » en permanence. Bref, après 9 mois d’expérience, la responsable de l’unité estime que « le pari et les objectifs ont été tenus » et que l’UHSA est « exclusivement un outil de soins ».
Sylvie Montaron

L'ordinaire des urgences
03.02.11
Point de vue

L'affaire du Mediator focalise aujourd'hui tous les regards sur les relations pour le moins problématiques entre les laboratoires pharmaceutiques et l'Etat. Le scandale sera sans doute chassé par un autre, mais il y en a qui pourrait se révéler encore plus explosif et qui relève du fonctionnement même des hôpitaux. Il suffit d'un malaise pour se retrouver en moins de deux dans la cour des miracles des urgences.

Tout va bien avec les pompiers, professionnels, calmes, mais tout se complique à Bichat (groupement hospitalier universitaire parisien). Conduit le mardi 11 janvier aux alentours de 10h30, j'en repars à 16 h après avoir attendu pendant près de cinq heures l'arrivée du médecin au demeurant exemplaire et qui me délivre enfin mon bon de sortie. Dès l'accueil, vu la pénurie de lit, on m'annonce que je dois plutôt prendre une chaise, option abandonnée quand on s'aperçoit que je suis incapable de m'asseoir. On m'emmène au bilan. L'infirmière assistée d'un stagiaire affolé prépare mon dossier, direction le box rouge n°6. J'ai juste la chance d'échapper encore une fois à la chaise et l'on me gare dans ma cellule.
Groggy, au bout d'une heure je demande à voir un médecin, je comprends bien que ceux qui passent devant moi, réclament des soins immédiats : une épileptique, une vieille dame à qui l'on fait un vestiaire, autrement dit on l'a déshabille devant tout le monde au milieu du couloir. Seul, je bénéficie d'un privilège exorbitant. Le monsieur d'à côté gémit, la vieille dame veut aller aux toilettes. Les infirmiers courent dans tous les sens. Le haut-parleur de mon box crachote des ordres à l'infini, "des infirmiers psychiatriques à l'accueil", "on demande des chaises".

SOUS-EFFECTIF CHRONIQUE


L'accueil au bord de la crise ne peut plus traiter ceux qui débarquent, les cardiaques, les quinteux, les esseulés, et tous ceux qui, atterrés, désespèrent au parking de l'attente. La bande son poursuit sa plainte : "Yvette localise-toi !" "Asia où es-tu ?" "A tous rendez-vous à la régul(ation)", sans doute pour examiner la feuille de route d'un après-midi ordinaire. A mon tour, j'exprime le souhait d'aller aux toilettes, un infirmier compatissant happé au hasard de sa course me soutient, on passe par une salle collective comble, les toilettes sont au bout impraticables ; ils débordent comme les urgences, comme les angoisses.

L'infirmière qui pose l'électrocardiogramme de mon salut avoue son incapacité à suivre le rythme, elle va aller ailleurs. Un sous-effectif chronique oblige le personnel à se débarrasser des patients, pour désengorger le service, et s'accorder à la rotation frénétique de la valse continue des demandeurs de soins. Les visiteurs entraînés dans la dégradation d'un système hospitalier à bout de souffle qui les dessaisit de leur identité n'ont plus que le choix de subir le stress des urgences ou de prier le ciel de les sortir de là le plus vite possible. Faudra-t-il attendre que les malades soient à leur tour victimes de l'hôpital pour que l'affaire des urgences prenne le relais du Médiator ?
Bertrand Raison, consultant

Enfin des fonds pour la recherche
Anne Jeanblanc

03/02/2011

Une personne sur cinq a été, est ou sera touchée par une maladie psychiatrique en France. Ces affections représentent une des premières causes d'hospitalisation en France. Or elles ont été longtemps ignorées par la médecine. Les choses vont peut-être changer : le projet de cohorte - regroupement de patients - sur les maladies psychiatriques proposé par la Fondation FondaMental figure parmi les dix lauréats retenus dans le cadre des Investissements d'avenir du ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche.

Une victoire pour sa directrice, le professeur Marion Leboyer, qui se bat pour améliorer le diagnostic précoce, mettre en place des stratégies de prévention et développer des thérapeutiques innovantes. La création d'une cohorte va, selon elle, " donner une impulsion décisive à la recherche en psychiatrie et permettre de couvrir un champ de la santé publique insuffisamment soutenu et exploré ". Son ambition est de suivre 1 000 patients atteints de troubles bipolaires, 200 du syndrome d'Asperger (une forme d'autisme) et 800 de schizophrénie.
Le secrétariat à la Jeunesse lance une mission sur le suicide des jeunes
AFP - Publié le 03/02/2011

La secrétaire d'État à la Jeunesse Jeannette Bougrab a confié jeudi au psychiatre Boris Cyrulnik une mission sur le suicide des enfants et des jeunes, la deuxième cause de mortalité des 16-24 ans en France, derrière les accidents de la route, a-t-elle indiqué à l'AFP.

La secrétaire d'État à la Jeunesse Jeannette Bougrab a confié jeudi au psychiatre Boris Cyrulnik une mission sur le suicide des enfants et des jeunes, la deuxième cause de mortalité des 16-24 ans en France, derrière les accidents de la route, a-t-elle indiqué à l'AFP.

Bien que plusieurs faits divers récents aient mis en lumière des cas de suicides de jeunes adolescents ou d'enfants (9 et 14 ans), Mme Bougrab a précisé avoir décidé de lancer cette mission avant ces événements.

"On refuse de voir notre propre échec, à savoir que des enfants se donnent la mort, c'est quelque chose qu'on a du mal à concevoir et à imaginer", a-t-elle affirmé.

"C'est un phénomène complexe, qui commence dans la toute petite enfance et qu'il faut aborder de manière évolutive et non pas ponctuelle", a-t-elle poursuivi.

L'idée de la mission est de s'interroger sur tout l'environnement de l'enfant, sa famille mais aussi "le lien social" en général, comme les assistantes maternelles qui peuvent aider à la détection des enfants fragiles ou encore les associations qui proposent des activités aux jeunes (sport...).

"Le lien social protège et offre des référents adultes auxquels peut s'adresser l'enfant en souffrance", selon Mme Bougrab.

Le rapport, que M. Cyrulnik doit remettre en juin, ne s'attaquera pas en revanche à la question de la prise en charge sanitaire (psychiatrie, médicaments...).

En janvier, une fillette de 9 ans, souffrant de diabète chronique, a mis fin à ses jours en se jetant du cinquième étage de l'appartement familial dans la banlieue lyonnaise, tandis qu'une adolescente de 14 ans a tenté de mettre fin à ses jours en sautant du quatrième étage de son collège de Seine-Saint-Denis.

Si le suicide d'enfants est considéré comme très rare par les psychiatres, le suicide représente environ 16% des causes de décès chez les 16-24 ans, selon l'Inserm. En 2008, l'Inserm a dénombré 26 suicides chez les 5-14 ans et 529 chez les 15-24 ans.
L'hystérie, c'est son champ d'études

BRIVE-LA-GAILLARDE

2 février 2011
Mathilde Drouffe n'a pas 30 ans. Mais elle vient déjà d'inscrire son nom en lettres d'or au palmarès du plus réputé congrès de psychiatrie de France. Le congrès de l'Encéphale qui réunit, depuis neuf ans, près de 4.500 spécialistes francophones (France, Belgique, Suisse...).

Un rendez-vous incontournable qui décerne, à chaque édition, les prix congrès, du comité scientifique et poster. C'est dans cette dernière catégorie que le docteur Drouffe s'est illustré, s'imposant devant pas moins de 495 confrères.

Une belle surprise et une première pour la région Limousin. Et le point d'orgue d'une jeune carrière prometteuse, lancée depuis le 1er novembre à l'hôpital de Brive.
Quelle justice pénale pour quelles libertés ? 

Couverture ouvrage
Quelle justice pénale ? Revue "Hommes et Liberté"
Collectif
Éditeur : Ligue des Droits de l'Homme

Résumé : Un numéro de la revue de la Ligue des Droits de l'Homme, "Homme&Libertés", qui analyse le rôle de la justice pénale dans la régulation de notre société.

Que ce soit en tant que ministre de l’intérieur à partir de 2002, candidat à l’élection présidentielle en 2007 ou président de la République, Nicolas Sarkozy a toujours montré une grande appétence pour le droit pénal. Cette matière est en effet un support naturel à une politique en grande partie orientée par la volonté de répondre à la demande de sécurité de la part de nos concitoyens.

Souhaitant dépasser le constat quantitatif1, la revue "Hommes et Libertés" (n°149) a voulu procéder à une analyse des mouvements à l’oeuvre dans le champ de la justice pénale.

L’objectif affiché par la revue publiée par la Ligue des Droits de l’Homme est de permettre au lecteur de "prendre de la hauteur", selon le rédacteur en chef Pierre Tartakowsky, et ce, dans une matière dont on mesure presque quotidiennement combien elle est soumise aux aléas de l’actualité.

Henri Leclerc, Antoine Garapon, Christian Mouhanna, Daniel Zagury, Jean Danet et Jean-Pierre Dubois, analysent dans ce dossier certains aspects de la justice pénale qui en structurent les débats.

A la lecture des contributions composant ce dossier intitulé "Quelle justice pénale ?", trois lignes de force peuvent être dégagées dans les réformes pénales successives qui sont en réalité révélatrices d’un état de notre société :

- les finalités devant être assignées à la peine
- la montée de l’individualisme
- la recherche d’efficacité.

Les Livres de Psychanalyse
2 février 2011

Divangations Fantaisies analytiques
Marcel Sanguet

Erès


N'en déplaise à ses contempteurs, la psychanalyse contemporaine fait preuve de vivacité ! Ces fantaisies de divan en témoignent en nous invitant à un vagabondage littéraire autant que psychanalytique.
L'ouvrage se découpe en petits chapitres introduits par d'improbables pensées consignées par un narrateur au cours de sa psychanalyse. Devenu depuis lui-même analyste, il commente ces notes en procédant de l'association libre pour lier ensemble des éléments culturels, artistiques, littéraires ou scientifiques sur un thème donné.
Au final, ce recueil illustre la clinique actuelle, ses enjeux narcissiques, ses accointances privilégiées avec le pouvoir et son désir insatiable de soumission.

Marcel Sanguet est psychologue clinicien, psychanalyste, il exerce en Savoie dans un foyer de l'Aide sociale à l'enfance et dans un CAMSP/SESSAD ainsi qu'en cabinet privé.


L'œuvre de Lacan. Cours de J.A. Miller du 19 janvier 2011.

« Les tweets du cours de JA Miller ne valent pas pour être le prononcé du cours. Ils sont une adaptation en direct pour Twitter des propos de JA Miller. » Luc Garcia

A lire ici

L'œuvre de Lacan. Cours de J.A. Miller du 2 février 2011.

« Les tweets du cours de JA Miller ne valent pas pour être le prononcé du cours. Ils sont une adaptation en direct pour Twitter des propos de JA Miller. » Luc Garcia

A lire ici


jeudi 3 février 2011

Soutien psychologique : le rugby français montre l’exemple

Blog Fortes têtes
Récemment, nous apprenions que le syndicat des rugbymen professionnels, Provale, avait mis en place un dispositif destiné à accompagner les joueurs en difficulté psychologique sous la forme d’une permanence téléphonique offrant l’anonymat. Cette dernière est effectuée à tour de rôle par deux psychiatres et quatre psychologues. Le service, quant à lui, est basé au CHU de Bordeaux, au Centre d’Accompagnement et de Prévention pour les Sportifs (CAPS), créé en 2001 par Serge Simon, médecin et ancien international.
En tant qu’intervenante en psychologie du sport, il est toujours agréable de constater que la prise en compte du sportif dans son entier prend de l’essor et que le versant psychologique tend à « être regardé en face ». Ces hommes et ces femmes que nous avons coutume de nommer les « Dieux du stade » lors de grandes performances, n’en restent pas moins, nous en avons souvent discuté ici, faillibles, humains. Pourtant, dans certaines pratiques, il semble plus sûr, pour la réussite de l’athlète concerné, de se faire passer pour un gladiateur indestructible… même s’il n’en est rien. David Attoub, qui vient de retrouver les terrains après une suspension d’un an pour mauvais geste, avoue : « Si ce dispositif avait existé, j’aurais pu composer ce numéro d’aide, sans fard. L’anonymat est très important. Dire à l’encadrement du club que ça ne va pas, c’est risquer de se retrouver sur le banc. Du coup, on reporte le malaise sur ses proches, sa famille. Cela peut être horrible… » (p.30).

Le président de Provale, Mathieu Blin légitime l’initiative et raconte : « En onze ans de professionnalisme, j’ai constaté chaque saison qu’un ou deux coéquipiers étaient en souffrance (…). En un match, tu peux ressentir de la tristesse, du ras le bol, de la colère, de l’injustice. Tu ne te maîtrises plus, tu perds l’envie de respecter les règles. Sans compter la mise en danger de notre intégrité physique et de celle des autres ». Serge Simon, à son tour, précise : « Il existe une fragilité particulière du sportif de haut niveau. C’est de plus en plus vrai dans le rugby, avec le professionnalisme et la médiatisation. Les joueurs sont hyper-investis, constamment dans une machine à laver émotionnelle, où ils passent par des très hauts et des très bas ».

Si cette initiative doit être soulignée et félicitée compte tenu de l’intérêt qu’elle témoigne aux rugbymen français et à leurs souffrances éventuelles, nous partageons le sentiment de Nadine Debois, Présidente de la Société Française de Psychologie du Sport (SFPS), Docteur d’Université en STAPS et Professeur agrégé détachée à l’INSEP, lorsqu’elle précise que « la relation directe reste primordiale » et qu’ « il vaut mieux repérer les fragilités en amont plutôt qu’en aval ». Pour cette raison « former les entraîneurs à la psychologie comme le font les fédérations d’athlétisme, de cyclisme et bientôt de ski est aussi une excellente chose ».

Cependant, devant la réticence de certaines disciplines à « franchir le pas » d’une réelle prise en compte des aspects psychologiques de la performance et du vécu de leurs sportifs, l’écoute que cette permanence téléphonique offre reste très intéressante… Néanmoins, il faut reconnaître que ceux qui finiront par composer le numéro auraient dû rencontrer de l’aide antérieurement… Peut-être même certains d’entre eux n’en auraient-ils pas eu besoin grâce à la formation psychologique et mentale et à l’accompagnement reçus en amont… Allons savoir… 

mercredi 2 février 2011

La psychiatrie, ça sert à quoi au juste ?
Chroniques de La Quinzaine
Roger Gentis

Il y a des ouvrages qui ont le mérite d'être inattendus. C'est le cas de ce recueil de chroniques, impulsé par Patrick Faugéras, qui furent publiées en leur temps dans La Quinzaine littéraire. Pourquoi inattendu ? Peut-être parce que la personnalité de Roger Gentis l'est tout autant, ainsi que son sens acéré de l'écriture, devenue trop rare ces temps-ci. Celle-ci donne un coup de jeunesse aux problématiques les plus contemporaines à travers des textes pourtant anciens. Ces chroniques concernent le champ de la psychiatrie au sens large et la parution d'ouvrages devenus, pour certains, des classiques à l'instar de leurs auteurs, des noms qui comptent dans le domaine du soin psychique. Certains controversés (Bruno Bettelheim), voire plus (Wilhelm Reich), et d'autres à reconsidérer, comme Ludwig Binswanger ou encore Edouard Zarifian. Mais Roger Gentis sait à qui il a affaire et le dit en quelques mots dans sa langue vigoureuse, réhabilitant certains à leur juste place en tenant compte de la portée de leurs œuvres, tel le commentaire quasi visionnaire datant de 1976 à propos de Fabriquer la folie de Thomas Szaz.

D'autres analyses concernent plus précisément la situation de la psychiatrie en France qui n'a rien à envier, à l'époque, à celle d'aujourd’hui. Ainsi, l'ouvrage de Francis Jeanson, intitulé La Psychiatrie au tournant, où la situation est qualifiée de "merdier idéologique" et où sont dénoncés les comportements indolents des médecins. Bref, que de l'actuel, mais aussi un plaidoyer pour une psychiatrie enthousiaste, libérée de ses carcans et de ses acteurs les plus rétrogrades. Un peu d'air frais en somme. À lire aussi, dans la même collection – "Des travaux et des jours" : Freudaines du même auteur.
Patrick Conrath

La psychiatrie, ça sert à quoi au juste ?
Chroniques de La Quinzaine
Roger Gentis
Erès, 2010
220 p.


Rêve ou cauchemar ?
31.01.11

Le rêve reste une source d'inspiration pour les artistes. A Paris, les Ateliers d'art de France invitent à découvrir diverses "chambres" du rêve, à travers l'imagination de quarante créateurs et artisans. En quatre lieux - L'Atelier Bastille, Collection Le Marais, Talents Etoile et Talents Opéra - cohabitent des oeuvres de papier, de verre, de céramique, de bois, de métal ou de tissu (Hybrids rouges, de Géraldine Gonzalez ; Curiosité, de Sophie Dalla-Rosa ; Des-Composition, d'Alexandre Bour). Les mots de Daniel Sibony, psychanalyste et écrivain, explorent et décrypte ce parcours onirique. Au fil de sa pérégrination, le visiteur passe d'un univers du rêve à l'autre. Le Marais a choisi la volupté ; à la Bastille, c'est l'éden ; à l'Etoile, c'est l'heure du réveil, de l'interrogation et de la recherche de sens. Quant au quartier de l'Opéra, c'est à croire que les fantômes y rôdent toujours : c'est le contre-pied de la thématique du rêve, le cauchemar, qui y est présenté, non sans humour.

Du 4 février au 26 mars.
Tél. : 01-44-01-08-30.
Sur le Web : Ateliersdart.com.


Melina Gazsi
"Les évadés du bocal"

Festival du 4 Mars au 3 Avril 2011 au bar-restaurant le Lieu-Dit, 6 rue Sorbier, Paris XXe


C’est avant tout une histoire de rencontres. De rencontres et d’ouverture à autre. Tout part d’une conversation, suivie de la proposition d’Hossein Sadeghi, le propriétaire du Lieu-dit, à une personne qu’il rencontrait pour la première fois, de mettre à disposition son lieu pour un événement politique sur l’art et la folie. Cette proposition engendra d’autres rencontres : entre des soignants en formation (Utopsy), des soignants révoltés (le collectif des 39), des artistes (collectif Pounchd), un collectif philosophique et radiophonique (Zones d’attraction), de Nouveaux cahiers pour la folie, un Théâtre du reflet… Ainsi est né le collectif des évadés du bocal.

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À quel réel répond le discours psychanalytique ?

Colloque de la Fondation européenne pour la psychanalyse
à l’hôpital Sainte-Anne à Paris
(amphithéâtre Raymond Garcin,
entrées 2 rue d’Alésia ou 1 rue Cabanis, 75014 Paris)

le 28 mai 2011, de 9h30 à 12h30 et de 14h30 à 18h
et le 29 mai de 9h30 à 13h


À quel réel répond le discours psychanalytique ?

Cette question a un présupposé, qui ne va pas de soi aujourd’hui. Dans le climat idéologique contemporain, les discours sont jugés à l’aune de leur vraisemblance et de leur supposée efficacité, plutôt que d’être confrontés au réel dont ils procèdent ou à celui qu’ils pourraient éclairer.

Le réel auquel renvoie la psychanalyse, c’est d’abord celui de l’inconscient. Mais ce qui pour nous constitue une évidence ne peut être soutenu qu’à travers un discours qui permette de le rendre appréhendable. Ce n’est d’ailleurs pas là seulement une contrainte sociale. La pratique de la cure elle-même ne nous fait atteindre ce réel – fût-il situable hors chaîne de discours – qu’à travers une pratique de parole et de langage. C’est le cas par exemple dans l’analyse du rêve, où le déchiffrage d’un désir vient faire pièce à la jouissance muette du réel qui s’y inscrit.

Reste qu’aujourd’hui, moins encore que naguère, la psychanalyse ne peut se désintéresser d’un autre réel, le réel social dans lequel le sujet se trouve pris. Si Lacan a pu dire que « l’inconscient c’est la politique » c’est que l’écho des bouleversements du vingtième siècle résonnait dans les cures que l’analyste avait à conduire. La situation d’aujourd’hui est certes différente. Mais l’ultra-libéralisme et les idéologies qui l’accompagnent ne sont pas sans effets subjectifs.

Un dernier questionnement concerne ici la question de ce que nous désignons comme « discours de la science ». Peut-être sommes nous allés un peu vite lorsque nous avons, à travers cette thématique, contribué à donner l’image d’une forme de pensée qui entraînait nécessairement une « forclusion » du sujet. Mais si la science a son propre réel, auquel elle s’affronte, la frontière est parfois mince, dans le champ de ce qu’on appelle sciences humaines, entre science et idéologie. Et que dire de la psychiatrie contemporaine, qui se cantonne à une démarche empiriste et pragmatique ?

Responsables du colloque Roland Chemama et Christian Hoffmann

Est déjà prévue la participation de : Sidi Askofaré, Graziella Baravalle, Gorana Bulat-Manenti, Roland Chemama, Marcel Czermak, Christian Hoffmann, Laura Kait, Jacques Leibowitch, Rosa Navarro, Gérard Pommier, Moustapha Safouan, Alain Vanier


Inscription sur place, 60 euros, membres de la fondation 40 euros, étudiants 20 euros
Soins aux étrangers : les associations s’inquiètent

Après les restrictions apportées à l’aide médiale d’Etat (AME) fin 2010, plusieurs associations et médecins se sont inquiétés lundi du projet de loi sur l'immigration qui sera examiné mardi par le Sénat, qui pourrait restreindre la possibilité de droit au séjour pour les personnes sans papiers lorsqu'elles sont atteintes de pathologies graves. Ce projet de loi relatif à l'immigration a déjà été adopté par l'Assemblée nationale. Le texte initial prévoyait dans son article 17ter de restreindre le droit au séjour pour raisons médicales, qui permet aux étrangers résidant en France et atteints d'une pathologie grave (cancer, diabète, VIH, hépatites, troubles psychiatriques, etc.), de bénéficier d'un titre de séjour et d'une prise en charge médicale, lorsqu'ils «ne peuvent effectivement bénéficier d'un traitement approprié dans leur pays d'origine». Un amendement déposé par le gouvernement proposait de remplacer la condition de «non-accès effectif au traitement approprié» par une «indisponibilité du traitement approprié» dans le pays d'origine, un terme beaucoup plus flou et «sujet à caution», que dénoncent la sénatrice Alima Boumedienne-Thiery (Europe Ecologie-Les Verts) et l'Observatoire du droit à la santé des étrangers (ODSE). Willy Rozenbaum, président du Conseil national du Sida (CNS) et François Bourdillon, président de la société française de santé publique (SFSP) se sont également élevés contre ce texte.
Soins des maladies mentales : faut-il une nouvelle loi ?

Pour des états généraux de la psychiatrie


Par Marie-Agnès Letrouit, ex-directrice de recherche au CNRS, et Paul Cossé, docteur en médecine, 
tous deux membres de l’association France-Schizophrénie (*).

Dans son exposé des motifs, le projet de loi relatif aux droits et à la protection des personnes handicapées en raison de troubles mentaux affirme vouloir «lever les obstacles à l’accès aux soins et garantir leur continuité sans remettre en question les fondements des dispositifs actuels». Il propose de remplacer la notion d’«hospitalisation» par celle de « soins sans consentement», y compris en dehors de l’hôpital.

L’ignorance du public, la peur des soins en psychiatrie sont un frein. Des pratiques médicales fautives, dont le refus de soigner les patients incapables de se savoir malades et donc de demander des soins, en sont un autre. Enfin une loi spécifique à la psychiatrie qui, loin de favoriser l’accès aux soins comme on aurait pu le croire, comparativement à la loi générale, ne fait que le compliquer, l’empêcher et de toute façon le retarder. Pourtant, l’article L.1111-4 du Code de santé publique précise comment des soins peuvent être donnés à toute personne incapable d’y consentir. Par ailleurs, le maintien d’une loi spécifique conduit à des incohérences. Ainsi, pour une même maladie, Alzheimer par exemple, il y aura déclenchement du processus « psychiatrie » en cas d’hospitalisation en établissement de santé mentale. Au contraire, en service de gérontologie de l’hôpital général, il y aura hospitalisation ordinaire.

En 1838, les asiles d’aliénés étaient des lieux de « placement » des personnes vulnérables. Et dans l’esprit du public s’opère encore le glissement : placement = enfermement = atteinte à la liberté des personnes = atteinte aux droits de l’homme. D’où l’ambition des législateurs de résoudre simultanément deux problèmes : faire accéder aux soins les malades incapables d’y consentir et rendre impossibles les « hospitalisations abusives ». Or, celles-ci sont de purs fantasmes ! Les commissions départementales des hospitalisations psychiatriques (CDHP), dont le rôle est précisément de surveiller leur régularité, en font largement la preuve. Seules des fautes de procédure dans les modalités compliquées d’hospitalisations ont pu être relevées et même utilisées pour saisir la justice et faire condamner l’État sur des défaillances inévitables au regard des méandres juridiques.

Du fait du dispositif actuel propre à l’hospitalisation psychiatrique, nous constatons quantité de suicides, d’accidents, de délits qui auraient pu être évités si on avait cessé de gêner l’accès des malades mentaux aux soins les plus précoces possible recommandés par les congrès de psychiatrie. Est-il admissible d’attendre parfois le trouble à l’ordre public pour que médecins, policiers, pompiers se posent la question d’intervenir et de conduire enfin le patient en pleine crise aux urgences psychiatriques, alors que les soins qui étaient nécessaires étaient demandés depuis longtemps ? La Haute Autorité de santé l’affirme : « Il est recommandé de se référer aux critères cliniques et de recourir à l’hospitalisation sans consentement si son refus d’hospitalisation peut entraîner une détérioration de l’état du patient ou l’empêcher de recevoir un traitement approprié. » Nous sommes en désaccord avec ceux qui demandent que tout soin sans consentement relève de l’autorisation d’un juge judiciaire. Que diable un juge a-t-il à voir avec la nécessité de soins ? Il ne pourrait que demander l’avis d’un psychiatre et cela ralentirait de façon drastique les soins urgents et indispensables à l’hôpital et hors hôpital dont des centaines de milliers de malades ont besoin pour recouvrer une liberté que la maladie leur interdit. Sans compter que la justice n’arrive pas à faire son travail ordinaire.

Nous aurions préféré la suppression de toute loi spécifique et nous proposons, avec d’autres, la tenue d’états généraux de la psychiatrie. Quoi qu’il en soit, s’il doit y avoir une nouvelle loi, elle sera ce que sa mise en pratique en fera. Le risque existe qu’elle ne soit prétexte à enrichir l’arsenal « sécuritaire » du pouvoir. Nous devons nous employer à désamorcer toute tentative contre-productive et dangereuse de cette nature. Le débat aux deux Assemblées devrait y contribuer en conservant les mesures simplifiant l’accès aux soins à et hors l’hôpital et en se focalisant sur son amélioration : rôle des Samu, programmes post-hospitalisations, formation de ceux qui hébergent les malades, programmation annuelle de diminution des malades à la rue, en prison et de ceux qui font la navette avec l’hôpital. Les parlementaires doivent être accompagnés par la mobilisation des professionnels et des usagers.

(*) www.schizo-oui.com ; contactschizo@free.fr

Schizo ?… oui ! Faire face à la schizophrénie, bât. D, 54, rue Vergniaud, 75013 Paris. Tél. : 01 45 89 49 44.
Marie-Agnès Letrouit
Les malades mentaux ne sont peut-être pas plus nombreux en prison, mais ils y restent plus longtemps
14/05/2010     

Évoquant l’incarcération de plus en plus fréquente et problématique de personnes souffrant de maladies mentales, le médecin chef du service médico-psychologique régional (SMPR) de la prison de Fresnes, Christiane de Beaurepaire n’avait pas hésité à déclarer en juillet 2006 : « La prison sert de cache misère. C’est bien l’asile du XIXe siècle où se mêlaient les fous, les criminels et les pauvres », décrivait-elle. Quatre ans plus tard, les sénateurs auteurs d’un rapport intitulé « Prison et troubles mentaux : comment remédier aux dérives du système français », rendu public cette semaine, dressent un bilan similaire : « Le constat est alarmant » ont-ils tonné.

8 % de schizophrènes en prison, contre 1 % dans la population générale

De fait, les chiffres rappelés par Jean-René Lecercf (UMP), Jean-Pierre Michel (PS), Christiane Demontès (PS) et Gilbert Barbier (divers gauche) révèlent la forte proportion de détenus atteints de troubles mentaux. Ainsi, 8 % des prisonniers souffriraient de schizophrénie, tandis que les sénateurs observent que « la proportion de personnes atteintes de troubles mentaux les plus graves (schizophrénie ou autres formes de psychoses) pour lesquelles la peine n’a guère de sens, représenterait 10 % de la population pénale ». Les sénateurs rapportent en outre que 39,2 % des détenus seraient atteints de dépression, notent que 31,2 % souffrent d’anxiété généralisée, alors que l’addiction aux substances illicites touche 38 % des personnes incarcérées et l’alcoolisme 30 %.

Envoie-t-on vraiment plus de malades mentaux en prison ?

Au-delà de ces statistiques, les sénateurs ont souhaité déterminer si la proportion de détenus atteints de troubles mentaux majeurs avait réellement progressé ces dernières années. En dépit de l’impression dominante exprimée par les experts, qui tendent à répondre par l’affirmative, « faute de statistiques, ce sentiment ne s’appuie sur aucune donnée objective » remarquent les sénateurs. Ces derniers mettent cependant en avant une série d’arguments qui confortent ce point de vue. Ils s’intéressent notamment aux conséquences de la réforme du principe de l’irresponsabilité pénale de 1993. Une distinction entre l’abolition du discernement qui aboutit à décréter le prévenu irresponsable et l’altération du discernement qui « n’exonère pas l’auteur des faits de sa responsabilité » avait été établie. En 2003, le même Sénat affirmait que cette refonte du code pénal avait entraîné une diminution très importante du nombre de cas d’irresponsabilité pénale. Le Palais du Luxembourg affirmait alors que si 17 % des prévenus étaient déclarés totalement irresponsables dans les années 80, ils n’étaient plus que 1 % en 1997. Le diagnostic diffère aujourd’hui. Il semble que si « le nombre de non-lieux a baissé en valeur absolue, la part de ceux motivés par l’article 122-1 (définissant la notion d’irresponsabilité pénale, ndrl) est restée stable (5 % du total) » écrivent les sénateurs de 2010.

Maladie mentale : une circonstance aggravante


La réforme n’a cependant pas été sans influence. En effet, dans l’esprit du législateur, si le principe « d’atténuation du discernement » ne devait pas permettre au suspect d’échapper à un procès, il devait coïncider avec un allégement ou tout du moins un aménagement de la peine. Or, c’est la situation inverse qui s’est imposée : « l’altération du discernement (…) a constitué en pratique (…) un facteur d’aggravation de la peine allongeant la durée d’emprisonnement de personnes atteintes de troubles mentaux ». De façon plus explicite, les sénateurs, lors de leur conférence de presse, ont remarqué que les jurys avaient tendance à considérer la prison comme « le lieu le plus sûr » pour protéger la société d’éventuels nouveaux passages à l’acte. Aussi, dans leurs recommandations, les sénateurs estiment que doit être « conservée la distinction entre abolition et altération du discernement » mais que doit être « prévue explicitement l’atténuation de la peine en cas d’altération ». En tout état de cause, les sénateurs sont loin de recommander une restriction de l’application du principe d’irresponsabilité pénale, alors qu’une telle tendance aurait pu séduire au plus haut sommet de l’Etat.

Chambres d’hospitalisation : une cellule comme une autre

Au-delà des effets de la réforme de la responsabilité pénale, les sénateurs évoquent les conséquences de « la réduction de l’offre de soins psychiatriques en hospitalisation complète ». Le nombre de lits est en effet passé entre 1985 et 2005 de 129 500 à 89 800 lits. Connaissant cette situation critique, les experts seraient tentés de « refuser l’irresponsabilité d’auteurs d’infractions afin d’éviter de mobiliser un lit d’hospitalisation ». Les sénateurs dénoncent enfin le fait que les expertises ne soient « quasiment jamais mises en œuvre dans le cadre des procédures rapides de jugement, notamment la comparution immédiate qui concerne un nombre croissant de délits (près de 11 % des jugements en 2006) ». Si cette situation doit être dénoncée, c’est, martèle le rapport que la prison n’est nullement le lieu adapté pour des patients atteints de maladie mentale. Ils observent par ailleurs que les solutions mises en place ne sont pas toujours optimales : ils soulignent notamment comment dans « une majorité de SMPR, les chambres d’hospitalisation ne se différencient pas réellement des cellules de détention ».

La prison doit devenir plus séduisante pour les soignants

Aussi ont-ils établi une série de proposition, dont certaines semblent déjà avoir été entendues par le ministre de la Santé. Ils appellent en effet à une réforme rapide de la loi de juin 1990 sur l’hospitalisation d’office, or on sait que celle-ci est déjà engagée. Par ailleurs, ils invitent à renforcer la formation et l’offre en psychiatrie. Déjà, le 19 avril dernier, au lendemain de la prise en otage par un détenu d’un médecin de la prison de la Santé pendant quelques heures, Roselyne Bachelot avait annoncé qu’un plan dédié à la santé en prison allait être adopté et qu’il aurait notamment pour vocation « d’améliorer l’attractivité des métiers de la santé en milieu pénitentiaire ». Le ministre avait dans cette même lignée affirmé que : « Des opérations d’information auprès des étudiants seront amenées à se multiplier pour changer l’image des métiers de santé en milieu carcéral ». De leur côté, les sénateurs appellent à la création d’un « diplôme d’études spécialisées complémentaire en psychiatrie médico-légale ». Ils savent cependant que c’est l’ensemble de l’offre en psychiatrie qui doit être augmentée. En effet, « depuis 1997, les effectifs médicaux et soignants n’ont progressé que de 21,45 % en psychiatrie contre 108,3 % pour les soins somatiques » remarquent-ils. Aussi suggèrent-ils de « créer une spécialisation de niveau master en psychiatrie pour les infirmiers ».
Aurélie Haroche
Autisme : de la génétique aux innovations thérapeutiques

Les enjeux

Utiliser les outils modernes des neurosciences pour mieux comprendre les mécanismes étiologiques qui sous-tendent l’autisme infantile est un enjeu capital.

Les résultats obtenus au cours de ces dernières années par les chercheurs français sont à la hauteur de l’enjeu. Les équipes de la Fondation FondaMental ont identifié les premières mutations délétères de gènes rencontrées dans l’autisme idiopathique. Elles démontrent ainsi que certaines modifications de la connectivité cérébrale contribueraient à l'apparition de l'autisme.

Ces équipes ont également identifié des mutations dans les gènes impliqués dans la synthèse de la mélatonine qui pourraient sous-tendre les troubles du sommeil rencontrés chez les personnes avec autisme. Ces études se poursuivent en collaboration avec des équipes de biochimistes qui caractérisent les anomalies de la mélatonine et avec des équipes spécialistes des troubles du sommeil.

En pratique, ce type d’étude devrait conduire à l’identification de bio-marqueurs et au développement d’innovations thérapeutiques.

En parallèle à ces recherches très fondamentales, les équipes de la Fondation poursuivent des études utilisant l’imagerie cérébrale, le cognitif ou la recherche clinique. A cet égard, le réseau de Centres Experts Asperger va permettre de poursuivre ces recherches.

Source: http://www.fondation-fondamental.org/

Repères :
La Fondation FondaMental est une fondation de coopération scientifique dédiée aux maladies mentales.

Son ambition : faire des maladies psychiatriques des maladies comme les autres.

Son rôle : allier toutes les intelligences pour améliorer la compréhension, le soin et la prévention et redonner espoir aux patients et à leurs proches.

Elle a été créée en juin 2007 par décret du Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche, dans le cadre de la mise en place des Réseaux Thématiques de Recherche et de Soins (RTRS).

La Fondation FondaMental travaille en particulier autour de trois pathologies considérées parmi les plus invalidantes : la schizophrénie, les troubles bipolaires et l’autisme de haut niveau (syndrome d’Asperger). Ses travaux favorisent également la compréhension et le traitement de pathologies comme la dépression ou les conduites suicidaires et feront à terme reculer les troubles psychiques.

Un réseau d’excellence pour un enjeu majeur de santé publique


La psychiatrie est à un tournant de son histoire. Elle connaît aujourd’hui des avancées scientifiques et technologiques qui permettent une lecture nouvelle des maladies mentales et de leurs causes. Pour relever ces défis, la Fondation FondaMental :

< mobilise psychiatres et chercheurs de haut niveau appartenant à plus de soixante laboratoires de recherche et services hospitaliers sur l’ensemble du territoire ;

< coopère avec les équipes internationales les plus performantes ;

< œuvre à la constitution de réseaux européens de soins et de recherche en psychiatrie.

cyberpresse.ca 
Les poissons du Fleuve intoxiqués au Prozac

 21 janvier 2011
La concentration de médicaments dans l'eau est trop faible pour nuire à la santé d'une personne. Selon le professeur Sauvé, elle équivaut en effet à un grain de sel dans une piscine olympique.
Photo AFP
Mathieu Perreault

Les antidépresseurs qui se retrouvent dans le fleuve après un passage dans les égouts affectent les poissons, selon une nouvelle étude montréalaise. Le chercheur Sébastien Sauvé n'a toutefois pas pu observer d'effet sur le comportement des poissons.

«Nous avons soumis des truites mouchetées à une concentration d'antidépresseurs semblable à celle des effluents de l'usine de traitement», explique M. Sauvé, de l'Université de Montréal, qui publie ses résultats dans la revue Chemosphere. «Le composé semble traverser la membrane du cerveau. Ça pourrait avoir un effet sur le comportement, mais c'est difficile à observer.»

L'équipe de scientifiques dirigée par le professeur Sébastien Sauvé, du département de chimie, a trouvé des traces de médicaments dans le le foie et le cerveau de truites exposées à l'eau du fleuve. Les composés chimiques étaient concentrés dans le foie, mais les chercheurs ont aussi constaté qu'ils s'accumulaient dans le cerveau.

Problème réglé en 2013

Y a-t-il eu des changements dans les populations de poissons? «Rien de frappant», répond M. Sauvé. Et de toute façon il serait difficile de lier un médicament en particulier avec des changements dans les populations de poissons. «Manger du poisson contaminé aux antidépresseurs ne pose pas problème, selon M. Sauvé, parce que les concentrations sont trop faibles.»

Cet automne, une étude de l'Université d'Ottawa a constaté que les truites sont moitié moins susceptibles d'éjaculer en présence d'une concentration d'antidépresseurs 1000 fois plus importantes que les effluents des usines de traitement.

Le problème sera réglé en 2013, quand l'unité de stérilisation à l'ozone de l'usine de traitement sera terminée, à un coût de 150 millions. «L'ozone est l'une des seules techniques de stérilisation qui élimine les produits pharmaceutiques des eaux usées», dit M. Sauvé
Ce n'est pas la première étude de M. Sauvé sur le sujet. En 2009, il avait constaté que les médicaments anticancer se retrouvaient dans le fleuve.

Eli Lilly augmente d'un quart son résultat net trimestriel

Eli Lilly augmente d'un quart son résultat net trimestriel
27 janvier 2011
Par Cercle Finance

Eli Lilly a dégagé un résultat net de 1,23 milliard de dollars au titre de son quatrième trimestre, en croissance de 24%. Rapporté au nombre d'actions, le bénéfice du laboratoire pharmaceutique s'est établi à 1,11 dollar, globalement conforme aux hypothèses de marché.

Cette amélioration des résultats s'appuie sur une croissance de 4% du chiffre, d'affaires, à près de 6,2 milliards de dollars (dont un effet volume de +3 points), et sur une progression de la marge brute.

Par produit, l'antidépresseur Cymbalta (+20%) et les médicaments vétérinaires (+19%) ont le plus contribué à la croissance des ventes, devant l'anticancéreux Alimta (+9%).

Pour l'exercice 2011, Eli Lilly indique prévoir un BPA ajusté entre 4,15 et 4,30 dollars, en baisse par rapport à celui de 4,74 dollars réalisé en 2010.

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mardi 1 février 2011

Mauritanie : santé mentale, tout reste à faire
Par Laura Martel

Selon l’OMS, 10% de la population mondiale est susceptible d’être touchée par une maladie mentale, du simple trouble psycho-social à la pathologie psychiatrique. Dans la capitale mauritanienne, ce sont donc près de 100 000 personnes qui sont potentiellement en demande de soins. Depuis 2010, l’ONG Santé Sud s’est vu confier un projet de renforcement des soins en santé mentale dans la Communauté urbaine de Nouakchott. Manque de personnel, de financement, de législation ou tout simplement de connaissances des troubles mentaux, le défi à relever est de taille.

Écouter (02:23) en cliquant ici




lundi 31 janvier 2011

Quand la technologie devient l’architecte de notre intimité
21.01.11


Combien de fois par jour vérifiez-vous votre e-mail ? Dès votre réveil ? Avant de vous coucher ? Une douzaine de fois entre les deux ? Si vous êtes comme beaucoup d'entre-nous, le clignotant rouge de votre BlackBerry est la première chose que vous voyez chaque matin – vous avez un message ! – et la dernière lumière à disparaître quand vous vous endormez
", rappelle Jessica Bennett pour Newsweek. Ajoutez Twitter, Facebook et le reste de nos médias sociaux à ces obsessions et la connectivité permanente qui était censée nous simplifier la vie est devenue le boulet que l'on traîne avec soi du matin au soir. L'avantage de ces gadgets, bien sûr, c'est la connectivité qui nous permet de répondre à un mail sur la route et qui nous permet de rester en contact avec plus de personnes que nous sommes capables d'en rencontrer en une journée. Reste que pour Sherry Turkle, ces technologies nous rendent plus isolées que jamais.

On ne présente plus l'ethnographe et psychologue Sherry Turkle directrice du département sur la technologie et l'autonomie du MIT et auteur de nombreux livres dont La vie à l'écran sur l'identité à l'heure de l'internet (1995), ou La simulation et son malaise (2009). Elle publie un nouveau livre qui analyse notre relation à la technologie, intitulé Seuls ensemble (Alone Together) où elle dissèque l'ambivalence de la technologie quand elle propose d'être "l'architecte de notre intimité". Seuls ensemble est un fascinant portrait de notre relation changeante avec la technologie, estime Jessica Bennett et de comment celle-ci a redéfini notre perception de l'intimité et de la solitude.

Turkle y parle de ces élèves du secondaire qui craignent d'avoir à passer un coup de fil à quelqu'un, de ces enfants des écoles élémentaires désemparés quand leurs robots jouets de compagnie en viennent à mourir. Elle se demande comment sa fille se souviendra de leur relation, si toutes les communications longue distance qu'elles échangent se font principalement par textos. Turkle dénonce l'engagement superficiel qu'impliquent ces objets. "Nous utilisons des objets inanimés pour nous convaincre que même quand nous sommes seuls, nous nous sentons ensemble. Et puis, quand nous sommes avec d'autres, nos appareils mobiles nous mettent constamment en situation où l'on se sent seul. Ces objets induisent une véritable tempête de confusion sur ce qui est important dans les relations humaines".

Certes, la technologie, malgré ses défauts, rend la vie plus facile. Elle nous permet de communiquer avec plus de personnes en moins de temps. Elle rend la conversation plus simple. Elle peut même avoir un rôle thérapeutique. Mais elle peut aussi être séduisante : elle sait fournir plus de stimulation que la vie réelle : "Par rapport à une centaine de retweets et une avalanche de textos, une seule conversation pendant le dîner semble terriblement ennuyeuse"

Avec ces technologies, "la montée d'adrénaline est continue" estime Sherry Turkle. "Nous avons une petite poussée de dopamine à chaque fois nous faisons une connexion". Un étudiant du secondaire lui a confié qu'il se sentait bien dès qu'il commençait à écrire un texto.

Les sentiments que les machines nous font ressentir ne sont pas les mêmes que ceux que nous ressentons en temps réel, dans l'intimité du face à face. En ligne, nous pouvons ignorer les sentiments des autres. Dans un message textuel, nous pouvons éviter le contact visuel.

Cela ne veut pas dire que nous courrons à la catastrophe, nuance Sherry Turkle, mais peut-être qu'il nous faut réfléchir à la façon dont nous voulons vivre avec ces technologies. Car Sherry Turkle se défend d'être une luddite ou d'exprimer le point de vue moral d'une maîtresse d'école, mais elle craint que l'usage des technologies transforme nos normes sociales, plutôt que l'inverse. Nous n'avons pas à sacrifier la société pour les applications phares du moment, estime-t-elle.

Avec ces machines, "Il y a une réelle ambiguïté de savoir si nous avons ou pas l'attention des autres dans cette culture de la connectivité permanente" dans laquelle nous baignons, explique la psychologue qui rapporte dans son livre des exemples provenant de centaines d'extraits d'entretiens qu'elle a eu avec des patients. L'une des constatations les plus frappantes de l'ouvrage estime Peter Dizikes du service de presse du MIT, repose sur un renversement des rôles autour des technologies dans les familles. Les jeunes, pourtant grands utilisateurs d'appareils mobiles eux-mêmes, n'en sont pas moins malheureux quand leurs parents surutilisent ces mêmes appareils. Beaucoup de lycéens se plaignent ainsi de ces parents qui demeurent dans la "zone BlackBerry", qui les font ignorer leur entourage, même pendant les repas de famille.

"Mais pouvons-nous vraiment changer nos habitudes ?" demande Nancy Rosenblum, professeur en éthique politique à Harvard. Sherry Turkle n'évoque pas de grande révolution en conclusion de son ouvrage. Au contraire. Elle suggère de commencer par des choses simples qui ressemblent plutôt aux bonnes manières : parler à des collègues dans le couloir, ne pas utiliser son téléphone lors d'un diner, quand on est venu voir son enfant faire du sport, dans la voiture, ou en compagnie.

Une "Netiquette" que nos pratiques ont depuis longtemps fait voler en éclat. "Ces actes ne sont pas nécessairement faciles", en tout cas pas aussi faciles qu'ils le paraissent. "Quand nous essayons de retrouver notre concentration, nous entrons souvent en guerre contre nous-mêmes". Mais nous ne pouvons pas céder pour autant le contrôle de notre vie à la technologie.

DES EXEMPLES DRAMATIQUES FONT-ILS PATHOLOGIE ?

Le livre de Turkle explique que la technologie redessine le paysage de notre vie affective. Mais il pose également la question de savoir si elle nous offre pour autant la vie que nous voulons mener ?, explique David Weinberger dans le Boston Globe. Ce qui ne l'empêche pas d'être plutôt critique face à cette vision. "Turkle lit comme des maladies bien des symptômes que beaucoup d'entre nous considèreraient comme des signes d'une bonne santé sociale. Pour Turkle, les photos des téléphones mobiles pendant l'investiture présidentielle de janvier 2009 ne sont pas la marque d'un partage d'un moment avec des amis éloignés, mais celle, pathologique, de vouloir échapper à l'ici et au maintenant."

Turkle ne lit pas le flot de SMS que s'échangent les adolescents comme le signe qu'ils sont socialement plus connectés que jamais, mais comme la preuve d'un besoin d'être constamment rassurés. Quand une adolescente lui rapporte qu'elle était heureuse d'apprendre la mort d'un mai par message instantané, car elle "était capable de se composer", d'avoir le temps d'y réfléchir", Turkle voit un repli dans le paradis protecteur de l'internet pour éviter des émotions fortes, plutôt que l'expression d'une solution raisonnable pour faire face à un moment difficile."

Pour David Weinberger, malgré tout le respect qu'il porte au travail de Turkle, son regard lui semble déformé par le modèle psychologique qu'elle cherche à plaquer sur le sujet. Son regard même est déformé, car les symptômes qu'elle égraine semblent souvent plus atypiques qu'autre chose. L'adolescent qui envoie des dizaines de textos par jour à sa mère, ou l'adolescente qui refuse d'utiliser le téléphone, car mettre fin à un appel lui donne l'impression d'être rejetée, sont des exemples dramatiques, mais cela n'en fait pas nécessairement les preuves d'une pathologie généralisée. Enfin, estime David Weinberger, Turkle préfère personnellement les téléphones à Facebook, les courriers papiers à Skype, les poupées aux robots. Comme souvent dans les réflexions critiques à l'égard d'internet, le rejet du nouveau rejoint la préférence pour les formes anciennes, traditionnelles.

La modernité qui nous déplace loin des "anciennes valeurs" semble pathologique par essence. "Les changements qu'induisent les technologies remettent en question jusqu'aux cadres conceptuels que nous maîtrisons pour comprendre ces changements", estime David Weinberger. Même d'un point de vue psychologique.
Hubert Guillaud

En partenariat avec


Cet article a été publié à l'origine sur Internetactu.net


L’hôpital géant enfin achevé

1 017 lits, 20 blocs opératoires, 130 salles de consultation…il aura fallu quatre ans pour construire le nouveau Centre hospitalier Sud francilien, dont le chantier vient de s’achever.

BENJAMIN JÉRÔME
Publié le 22.01.2011
 
Les murs sont là : il ne manque plus que les lits, les malades dessus et les médecins autour. Après quatre années d’efforts — jusqu’à 1700 ouvriers ont travaillé sur le site —, le chantier du Centre hospitalier Sud francilien s’est achevé cette semaine, conformément au calendrier fixé. La direction de l’hôpital a symboliquement récupéré les clés des lieux jeudi.

Ouverture prévue en mai.

Installé entre Corbeil-Essonnes et Evry, ce centre regroupera les actuels hôpitaux de Corbeil-Essonnes, Evry-Courcouronnes et Yerres. Avec ses façades jaunes et orangées visibles de la Francilienne, c’est un mastodonte de la santé qui est en train de naître. Il réunira médecine générale, psychiatrie et rééducation et comptera 1017 lits, 4000 naissances par an, 20 salles de bloc opératoire, 130 salles de consultations… Ce sera une petite ville dans la ville. Au même instant, 4000 personnes, patients et personnels se croiseront sur ces 110000 m2.

Mais pour l’instant, seuls les pas des rares visiteurs résonnent dans les couloirs déserts. Il n’y a rien, ou presque, dans les murs du nouvel hôpital. Pas de lits dans les chambres ni même… de papier aux toilettes. Il y a bien un distributeur de barres chocolatées et de canettes à côté de l’ascenseur, mais il n’est pas branché. En fait, le centre hospitalier se donne quatre mois pour préparer l’arrivée du personnel et des patients. Il faut vérifier la conformité sanitaire des locaux, commander du nouveau matériel…

Un « bras multimédia » pour chaque lit

On sait cependant déjà à quoi ressembleront les chambres. Il y a un an, l’hôpital avait installé dans un préfabriqué une « chambre témoin ». Élus, administratifs et cadres hospitaliers avaient pu découvrir le futur aménagement de l’hôpital. « Les couleurs sont lumineuses, c’est important », réagissait à l’époque Pascale, encadrante de personnel soignant. L’occasion aussi de découvrir la grande nouveauté : un écran tactile accroché à un bras pivotant et déployé au-dessus du lit. Ce « bras multimédia » permet au patient de regarder la télé, écouter la radio, téléphoner ou même se faire livrer un croissant en provenance de la cafétéria. Ce gadget électronique devrait équiper chacun des mille lits de l’hôpital.

« Ce beau bâtiment va devenir un bel hôpital », promettait hier Alain Verret, le directeur général du centre. Quand tout sera prêt, les services déménageront les uns après les autres sur le nouveau site : d’abord la réanimation, les urgences et la chirurgie, puis la médecine, la rééducation et, enfin, les services psychiatriques. Le début des transferts est programmé le 17 mai, l’opération devant s’étaler sur sept semaines. En cas de retard, le déménagement pourrait être décalé à septembre-octobre.

Crises d’anxiété ou de panique: une thérapie centrée sur la respiration et une psychothérapie cognitive plus efficace que la psychanalyse

Une nouvelle thérapie respiratoire réduit la panique et l’anxiété en inversant l’hyperventilation : "ce nouveau programme de traitement enseigne aux gens qui souffrent de trouble panique comment réduire les symptômes en normalisant leur respiration" explique le psychologue Alicia E. Meuret (Southern Methodist University, de Dallas).

L’hyperventilation est un état de la respiration excessive, les résultats de la respiration profonde ou rapide et est fréquente chez les patients souffrant de troubles de panique.

CART aide les patients à apprendre à respirer de manière à inverser l’hyperventilation, un état très inconfortable où la circulation sanguine fonctionne avec des niveaux anormalement bas de dioxyde de carbone.

« Nous avons constaté que c’est le changement thérapeutique en dioxyde de carbone qui impliquent les symptômes de panique – et non l’inverse », a déclaré Meuret.

Des exercices de respiration deux fois par jour

Pendant le traitement, les patients subissent des exercices simples de respiration deux fois par jour. Le but de ces exercices est de réduire l’hyperventilation chronique et aiguë et les symptômes associés physiques. Ceci est réalisé par la respiration plus lente plus importante et moins profonde. Contrairement à la croyance laïcs, prendre de grandes respirations aggrave effectivement l’hyperventilation et les symptômes de panique.

« La plupart des patients disent qu’ils sont terrifiés par des symptômes physiques tels que l’essoufflement ou des vertiges », a déclaré Meuret. « Dans notre étude, la respiration lente et superficielle a conditionné la diminution des troubles ».

Source : eurekalert.org

Pour une information et un entretien gratuit de 30 à 45 minutes, sans engagement, concernant une aide, un soutien psychologique, ou une psychothérapie -> cliquez ici


Santé.com
Sans amygdale, le cerveau humain n'a plus peur


Une nouvelle étude publie que l'amygdale, petite zone du cerveau, serait responsable de nos peurs. Pour preuve, une femme qui en est dépourvue décrète ne plus avoir peur de rien.


Certains scientifiques de l'Iowa cherchant à déterminer quelle partie du cerveau est responsable de nos angoisses et de nos craintes auraient démontré qu'il s'agit de l'amygdale, zone du cerveau située dans la région antéro-interne du lobe temporal. L'étude publiée jeudi dans la revue américaine Current Biology se base sur une femme de 40 ans, dont l'amygdale a été détruite par une maladie rare.
Cette femme affirme ne plus ressentir aucune peur et ne lit plus la peur sur le visage des autres personnes.

Jusqu'ici, seules des études menées sur des rats et des singes avaient montré que l'amygdale tenait un rôle central dans les réactions de peur.

Cette découverte est extrêmement importante, si l'on note que plus de 7 millions d'américains souffrent du syndrome de stress post-traumatique selon l'Institut national de la santé mentale. Ce syndrome est un trouble de l'anxiété qui survient après une dure expérience, notamment quand la survie de l'individu est en jeu. En 2008, une étude de la Rand Corporation estimait que plus de 300 000 soldats revenaient des combats en Irak en souffrant de ce syndrome.

Cette étude va donc ouvrir la voie sur de nouveaux traitements, en témoigne le professeur de neurologie et de psychologie Danien Tranel, principal auteur de l'étude. Ce dernier explique à l'AFP : "Les travaux publiés jeudi montrent que des zones spécifiques du cerveau pourraient bien être responsables du syndrome de stress post-traumatique. La psychothérapie et les médicaments sont les options actuelles pour le traiter et ces traitements pourraient ainsi être ajustés ou de nouveaux développés en ciblant l'amygdale".
Caroline Ovary

 

dimanche 30 janvier 2011

Menace sur la psychiatrie parisienne

Plusieurs établissements psychiatriques de la région parisienne sont sur le point de fusionner.


Cela fait des mois que les professionnels de la psychiatrie publique s’inquiètent. Hier, la CGT a tiré une nouvelle fois la sonnette d’alarme, pointant une menace très précise : l’agence régionale de santé d’Île-de-France est actuellement en train d’imposer aux hôpitaux psychiatriques de la région de passer une convention créant une « communauté hospitalière de territoire ». Dans les faits, le centre hospitalier Sainte-Anne, l’établissement public de santé Maison-Blanche ainsi que le groupe de santé Perray-Vaucluse constitueront la communauté avec laquelle l’Association de santé mentale 13 et l’établissement public de santé Esquirol pourront signer des conventions de partenariat. « Ce n’est ni plus ni moins qu’un projet de fusion de la psychiatrie publique de secteur parisienne », dénonce la CGT. Avec un but, idéologique mais surtout financier : trouver une solution pour que cela coûte le moins cher. Et tant pis pour les usagers.

«On a eu connaissance de ce projet il y a dix jours», déplore Bernard Bruant, de la CGT de Sainte-Anne. Comme tous ses collègues, ce qui l’inquiète, c’est la mutualisation de moyens. «Le plateau technique en psychiatrie, c’est le temps humain», rappelle d’ailleurs Christine, de l’hôpital Maison-Blanche. « C’est la fin de la continuité des soins, résume Serge Klopp, infirmier. L’idée de supprimer les secteurs permettrait de globaliser l’offre d’hospitalisation sur Paris. C’est oublier que le soin en psychiatrie repose sur le relationnel et la continuité. Nos patients ne sont pas hospitalisés longtemps, mais souvent. Il est important pour eux de retrouver des soignants qu’ils connaissent. » « On nous impose des choix bien loin des réalités de terrain », surenchérit Christophe Freychet, de la CGT Perray-Vaucluse. Exigeant le retrait de cette convention, la CGT a prévu de passer à l’action d’ici à février.
Alexandra Chaignon


 La CGT contre la réorganisation de la psychiatrie parisienne

La CGT ne veut pas du projet de réorganisation de la psychiatrie parisienne. La branche santé du syndicat a dénonce un projet de «Convention constitutive d'une communauté hospitalière de territoire parisien pour la psychiatrie» qui concerne cinq établissements psychiatriques publics de la région parisienne : Saint-Anne (XIVe), Maison Blanche, Perray-Vaucluse (VIIe, VIIIe et XVIIe, Essonne) et les Hôpitaux de Saint-Maurice (94, et Paris IVe et XIe) et l'Association de santé mentale ASM13 (Paris XIIIe). La CGT Santé estime qu’«une meilleure coordination des actions et une meilleure complémentarité des pratiques (...) ne passe pas obligatoirement par des fermetures de structures de soins, des fusions de services ou des transferts de compétences», selon les termes de Christine Bastouill, déléguée CGT de l'établissement public de santé Maison Blanche (Paris XXe).

Grèves dans 2 hôpitaux en Basse-NormandiePar Europe1.fr
28 janvier 2011

Des mouvements de grève ont été organisés dans les hôpitaux de Vire (Calvados) et de Cherbourg (Manche) vendredi pour protester contre des suppressions de postes. C'est la première fois depuis 1981 que l'hôpital de Vire est en grève, souligne un infirmier en psychiatrie et secrétaire de la CFDT à l'hôpital.

"La mobilisation est exceptionnelle. Nous étions entre 150 et 180 à manifester", a-t-il ajouté. Selon la direction, il y avait 5% de grévistes. Selon les gendarmes, 60 personnes ont participé à la manifestation dans l'après-midi. A Cherbourg, un des services de l'hôpital, soit une vingtaine de personnes selon l'Unsa, était également en grève vendredi pour la deuxième journée consécutive, pour des raisons similaires.

Décès du psychanalyste J-P.Valabrega
AFP
29/01/2011

Jean-Paul Valabrega, psychanalyste proche de Lacan et fondateur du Quatrième Groupe, est décédé le 25 janvier à l'âge de 89 ans, ont annoncé ses proches aujourd'hui. Ancien résistant, il a continué à manifester son indépendance d'esprit au travers des querelles qui ont secoué la psychanalyse française. Analysé par Lacan, il le suivra en 1953 dans la Société Française de Psychanalyse puis en 1964 dans l'École Freudienne de Paris. Il le quittera en 1969 pour fonder avec deux collègues, Piera Aulagnier et François Perrier, une quatrième société: le Quatrième Groupe - Organisation psychanalytique de langue française.Jean-Paul Valabrega a publié de nombreux ouvrages. Il sera inhumé le 2 février au cimetière du Montparnasse à Paris.


La famille dans tous ses états
28.01.2011

Le Conseil Constitutionnel se prononce aujourd’hui, vendredi 28 janvier 2011 sur la question du mariage homosexuel. Même s’il risque fort de renvoyer la balle aux législateurs…
Cet examen par le conseil fait suite à la procédure engagée par un couple de femmes auquel le tribunal de Reims a interdit l’accès au mariage le 24 août 2010… Elles ont donc déposé une QPC (Question prioritaire de constitutionnalité) devant le Conseil constitutionnel

C’est l’occasion pour nous de recevoir le grand anthropologue Maurice Godelier qui dans un entretien au Monde Magazine du 4 décembre dernier avait bousculé quelques conceptions bien établies de la famille… « La famille en chantier », c’était le titre de cet entretien, nous reviendront avec lui sur toutes les implications philosophiques et anthropologiques des révisions à l’assemblée des lois de bioéthique…


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Comment les médecins prescrivent-ils les médicaments ?
28.01.2011

 Après l’affaire du Mediator, ce médicament qui serait responsable de 500 à 2000 décès entre 1975 et fin 2009, c’est un traitement contre l’acné qui est soupçonné d’être à l’origine de 25 à 27 suicides d’adolescents entre 1986 et 2009, selon l’Agence française de sécurité sanitaire, l’Afssaps. Cette semaine, le père d’un jeune de 17 ans qui s’est donné la mort en juillet 2007 alors qu’il suivant un tel traitement, a saisi la justice. Peu avant le 15 janvier, date de la remise du rapport de l’Inspection Générale des affaires sociales, l’IGAS, sur le Médiator, la revue Prescrire avait révélé une liste de médicaments qu’elle juge dangereux comme le buflomédil, le nimésulide ou le vinflunine… Et, comme en 2008 et 2009, la revue n’a pas décerné, pour son palmarès 2010, de pilule d’or… C’est dire à quel point l’industrie du médicament traverse une mauvaise passe. Et c’est sans doute pour limiter les risques de contagion que le regroupement des entreprises françaises du médicament, le LEEM, a décidé, lors de son conseil d’administration du 18 janvier, de suspendre de la liste de ses membres Servier, le laboratoire qui a produit le Mediator pendant 34 ans.

Dans ce contexte, Nicolas Sakozy a chargé Bernard Debré, professeur de médecine et député UMP de Paris, d’une mission pour proposer, dès mars 2011, des mesures destinées à assainir la filière du médicament. C’est donc toute la structure actuelle des Agences et autres Commissions qui se retrouve sur la sellette. Néanmoins, en marge de ce tumulte et du parfum de scandale qui flotte sur la médecine, les patients continuent à consulter et les généralistes à prescrire. Et chacun d’entre nous est en droit de s’interroger sur le processus qui conduit le praticien à délivrer la fameuse ordonnance, sésame d’un traitement.

- Qui n’a pas été surpris de voir son médecin consulter le Vidal pour trouver le bon médicament ?

- Après son diagnostic, comment le généraliste choisit-il un médicament plutôt qu’un autre ?

- Quel rôle jouent les visiteurs médicaux dans ce choix et quels liens existent entre ces visiteurs et les
laboratoires pharmaceutiques ?

- Les patients réclament-ils eux-mêmes certains médicaments et les médecins ont-ils les moyens de résister à cette demande ?

Invités :
Fabienne Bartoli, directrice adjointe de l’Agence française de sécurité sanitaire, l’Afssaps,
Christian Lajoux, président des entreprises du médicament, le LEEM,
Claude Leicher, président du syndicat de la médecine générale, le SMG
Jean-Yves Nau, médecin et journaliste du site Slate.fr
Bruno Toussaint, directeur de la rédaction de la revue Prescrire

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