Soutien psychologique : le rugby français montre l’exemple
Blog Fortes têtes
Récemment, nous apprenions que le syndicat des rugbymen professionnels, Provale, avait mis en place un dispositif destiné à accompagner les joueurs en difficulté psychologique sous la forme d’une permanence téléphonique offrant l’anonymat. Cette dernière est effectuée à tour de rôle par deux psychiatres et quatre psychologues. Le service, quant à lui, est basé au CHU de Bordeaux, au Centre d’Accompagnement et de Prévention pour les Sportifs (CAPS), créé en 2001 par Serge Simon, médecin et ancien international.
En tant qu’intervenante en psychologie du sport, il est toujours agréable de constater que la prise en compte du sportif dans son entier prend de l’essor et que le versant psychologique tend à « être regardé en face ». Ces hommes et ces femmes que nous avons coutume de nommer les « Dieux du stade » lors de grandes performances, n’en restent pas moins, nous en avons souvent discuté ici, faillibles, humains. Pourtant, dans certaines pratiques, il semble plus sûr, pour la réussite de l’athlète concerné, de se faire passer pour un gladiateur indestructible… même s’il n’en est rien. David Attoub, qui vient de retrouver les terrains après une suspension d’un an pour mauvais geste, avoue : « Si ce dispositif avait existé, j’aurais pu composer ce numéro d’aide, sans fard. L’anonymat est très important. Dire à l’encadrement du club que ça ne va pas, c’est risquer de se retrouver sur le banc. Du coup, on reporte le malaise sur ses proches, sa famille. Cela peut être horrible… » (p.30).
Le président de Provale, Mathieu Blin légitime l’initiative et raconte : « En onze ans de professionnalisme, j’ai constaté chaque saison qu’un ou deux coéquipiers étaient en souffrance (…). En un match, tu peux ressentir de la tristesse, du ras le bol, de la colère, de l’injustice. Tu ne te maîtrises plus, tu perds l’envie de respecter les règles. Sans compter la mise en danger de notre intégrité physique et de celle des autres ». Serge Simon, à son tour, précise : « Il existe une fragilité particulière du sportif de haut niveau. C’est de plus en plus vrai dans le rugby, avec le professionnalisme et la médiatisation. Les joueurs sont hyper-investis, constamment dans une machine à laver émotionnelle, où ils passent par des très hauts et des très bas ».
Si cette initiative doit être soulignée et félicitée compte tenu de l’intérêt qu’elle témoigne aux rugbymen français et à leurs souffrances éventuelles, nous partageons le sentiment de Nadine Debois, Présidente de la Société Française de Psychologie du Sport (SFPS), Docteur d’Université en STAPS et Professeur agrégé détachée à l’INSEP, lorsqu’elle précise que « la relation directe reste primordiale » et qu’ « il vaut mieux repérer les fragilités en amont plutôt qu’en aval ». Pour cette raison « former les entraîneurs à la psychologie comme le font les fédérations d’athlétisme, de cyclisme et bientôt de ski est aussi une excellente chose ».
Cependant, devant la réticence de certaines disciplines à « franchir le pas » d’une réelle prise en compte des aspects psychologiques de la performance et du vécu de leurs sportifs, l’écoute que cette permanence téléphonique offre reste très intéressante… Néanmoins, il faut reconnaître que ceux qui finiront par composer le numéro auraient dû rencontrer de l’aide antérieurement… Peut-être même certains d’entre eux n’en auraient-ils pas eu besoin grâce à la formation psychologique et mentale et à l’accompagnement reçus en amont… Allons savoir…
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Récemment, nous apprenions que le syndicat des rugbymen professionnels, Provale, avait mis en place un dispositif destiné à accompagner les joueurs en difficulté psychologique sous la forme d’une permanence téléphonique offrant l’anonymat. Cette dernière est effectuée à tour de rôle par deux psychiatres et quatre psychologues. Le service, quant à lui, est basé au CHU de Bordeaux, au Centre d’Accompagnement et de Prévention pour les Sportifs (CAPS), créé en 2001 par Serge Simon, médecin et ancien international.
En tant qu’intervenante en psychologie du sport, il est toujours agréable de constater que la prise en compte du sportif dans son entier prend de l’essor et que le versant psychologique tend à « être regardé en face ». Ces hommes et ces femmes que nous avons coutume de nommer les « Dieux du stade » lors de grandes performances, n’en restent pas moins, nous en avons souvent discuté ici, faillibles, humains. Pourtant, dans certaines pratiques, il semble plus sûr, pour la réussite de l’athlète concerné, de se faire passer pour un gladiateur indestructible… même s’il n’en est rien. David Attoub, qui vient de retrouver les terrains après une suspension d’un an pour mauvais geste, avoue : « Si ce dispositif avait existé, j’aurais pu composer ce numéro d’aide, sans fard. L’anonymat est très important. Dire à l’encadrement du club que ça ne va pas, c’est risquer de se retrouver sur le banc. Du coup, on reporte le malaise sur ses proches, sa famille. Cela peut être horrible… » (p.30).
Le président de Provale, Mathieu Blin légitime l’initiative et raconte : « En onze ans de professionnalisme, j’ai constaté chaque saison qu’un ou deux coéquipiers étaient en souffrance (…). En un match, tu peux ressentir de la tristesse, du ras le bol, de la colère, de l’injustice. Tu ne te maîtrises plus, tu perds l’envie de respecter les règles. Sans compter la mise en danger de notre intégrité physique et de celle des autres ». Serge Simon, à son tour, précise : « Il existe une fragilité particulière du sportif de haut niveau. C’est de plus en plus vrai dans le rugby, avec le professionnalisme et la médiatisation. Les joueurs sont hyper-investis, constamment dans une machine à laver émotionnelle, où ils passent par des très hauts et des très bas ».
Si cette initiative doit être soulignée et félicitée compte tenu de l’intérêt qu’elle témoigne aux rugbymen français et à leurs souffrances éventuelles, nous partageons le sentiment de Nadine Debois, Présidente de la Société Française de Psychologie du Sport (SFPS), Docteur d’Université en STAPS et Professeur agrégé détachée à l’INSEP, lorsqu’elle précise que « la relation directe reste primordiale » et qu’ « il vaut mieux repérer les fragilités en amont plutôt qu’en aval ». Pour cette raison « former les entraîneurs à la psychologie comme le font les fédérations d’athlétisme, de cyclisme et bientôt de ski est aussi une excellente chose ».
Cependant, devant la réticence de certaines disciplines à « franchir le pas » d’une réelle prise en compte des aspects psychologiques de la performance et du vécu de leurs sportifs, l’écoute que cette permanence téléphonique offre reste très intéressante… Néanmoins, il faut reconnaître que ceux qui finiront par composer le numéro auraient dû rencontrer de l’aide antérieurement… Peut-être même certains d’entre eux n’en auraient-ils pas eu besoin grâce à la formation psychologique et mentale et à l’accompagnement reçus en amont… Allons savoir…
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