« Cinéma et psychanalyse » au Millénium de Caudry, jeudi : un nouveau départ ?
03.11.2010
Joseph Rondeau, du groupe «Cinéma et psychanalyse»,
et Julien Méloni, médiateur du Millénium
Demain soir, après deux ans d'absence dans les salles obscures du Cambrésis, le groupe « Cinéma et psychanalyse » propose une séance au Millénium de Caudry autour du film « La Régate ». Le président de l'association, Joseph Rondeau et le médiateur du cinéma, Julien Méloni mettent cette « première » en perspective.
- Pouvez-vous nous rappeler le principe de ces séances ?
Joseph Rondeau : « Ce n'est pas nouveau ! En une quinzaine d'années, il y en a eu une quarantaine... Notre groupe s'était constitué autour du cinéma Les Archers à Cambrai. Entre professionnels de la psychanalyse et de la santé mentale, nous avions envisagé ces séances à partir de nos préoccupations autour du lien social et de la vie ensemble, et des difficultés qu'on peut rencontrer lorsque l'on est enfant, adolescent ou adulte. Le principe : engager une réflexion, un échange, pour permettre la prise en compte de ces difficultés. Plutôt que de les taire, on peut en parler sur un mode artistique. La famille, la vie ensemble... sont des grands classiques parmi les problématiques abordées au cinéma. » -
Ces séances-débat ne s'adressent pas qu'à des professionnels...
J. R. « Parler de ces problèmes, pouvoir en témoigner, en donner des lectures différentes... Ça permet de leur donner une place dans le débat public. C'est déjà un premier pas. Ce n'est pas pour rien que cette envie est venue de psychanalystes : c'est leur fonction de chercher ce qui encombre... Nos séances s'adressent au tout-venant, aux personnes que de telles questions intéressent, qui ont envie de voir un film puis de rester pour en débattre.
Selon nous, sur les questions de l'enfance, la parentalité, la famille, il n'y a pas de "professionnel". Et il n'y a pas une réponse, mais des réponses. »- Jeudi, « La Régate » évoquera les violences intrafamiliales.
J. R. « C'est la première source de violences, à la fois intime, insidieuse et pas spectaculaire on n'en parle pas dans les médias. 90 % des situations sont tues. Pouvoir porter de tels débats, même difficiles, sur la place publique, c'est faire un pas vers leur résolution. » - Mais nous ne sommes pas dans une démarche thérapeutique... Julien Méloni : « Je ne pense pas que ce soit le cas. Même quand on est artiste et que l'on réalise un film. On relate. »
J. R. « On n'est pas là pour faire la psychanalyse des gens qui viennent. En même temps, on n'est pas sûr qu'il n'y ait pas d'effet pour celui qui réalise ou pour celui qui assiste à la séance. Nous pensons même que ça peut apporter quelque chose. Certaines personnes peuvent se dire : "Je ne suis pas seul avec ce problème-là." » - Julien, le Millénium a décidé de s'associer au groupe pour relancer de telles séances...
J. M. « Le cinéma avait accueilli la dernière séance il y a deux ans. À l'époque, la situation des Archers était déjà compliquée pour d'autres causes.
Le groupe n'est pour rien dans ce qui se passe entre le Palace et les Archers. Ce qui nous intéresse, c'est de continuer à soutenir ce groupe dont les séances s'inscrivent tout à fait dans notre ligne de programmation Arts et essai, avec des débats qui permettent l'échange... »
J. R. « Ce serait en fait une dimension de service public, dans le sens de l'ouverture au grand public ? »
J. M. « Peut-être... »
J. R. « Jean-Marie Guéant a pris sa retraite, mais son esprit reste... Il avait une vision de l'éducation populaire, comme qualité d'éducation tournée vers le peuple... Un souci de transmission. Je pense que c'est ce qui est présent ici, au Millénium. » -
Le Millénium va-t-il reprendre le flambeau vis-à-vis du groupe avec une programmation régulière ?
J. M. « J'espère qu'il y aura d'autres séances... Les gens sont très demandeurs. J'ai eu pas mal de questions sur le film de jeudi. Si on ne doit tourner qu'avec des blockbusters, qu'il y ait médiation ou pas, ça marche, on n'est pas à plaindre. Mon boulot, c'est plus de travailler avec des populations plus difficiles... Pour l'instant, on a de bons échos. »
PROPOS RECUEILLIS PAR HÉLÈNE HARBONNIER