Stress au travail : le classement des entreprises
18.02.10
Après une série de suicides à France Télécom, le ministre du travail, Xavier Darcos, avait lancé, en octobre 2008, un plan national d'urgence pour la prévention du stress professionnel incitant les quelque 1 500 entreprises françaises de plus de 1 000 salariés à engager avant le 1er février des négociations ou des démarches sur le stress au travail.
Le ministère a donc mis en ligne, jeudi 18 février, sur le site consacré à "la santé et la sécurité au travail" Travailler-mieux.gouv.fr, les listes des entreprises classées en fonction de leurs efforts dans la prise en charge du stress.
Les entreprises se répartissent entre trois catégories : "vert" (celles qui ont déclaré avoir signé un accord de fond ou de méthode), "orange" (celles qui ont engagé une ou plusieurs réunions de négociations ou de discussions) et "rouge" (celles qui n'ont rien entrepris ou n'ont pas répondu au questionnaire soumis par le ministère). Les deux premières catégories comptent 900 entreprises (respectivement 55 % et 33 %), 600 n'ont pas répondu et sont automatiquement classées dans "rouge".
Dans la catégorie "orange", la plus mystérieuse, se situent France Télécom, Décathlon, Sony France, Mars Chocolat, ou encore Sephora.
Pour Jenny Urbina, déléguée générale CGT chez Sephora, la couleur orange n'est due qu'à l'urgence dans laquelle s'est retrouvée la direction. Selon elle, il n'était pas possible de signer les accords : absence de médecin du travail, documents élaborés "à la va-vite". A ses yeux, les projets d'accords transmis étaient "scandaleux". Pas de médecins ni d'enquête en interne. Or les problèmes semblent nombreux : sous-effectifs, horaires difficiles, vie personnelle et familiale négligée. Et "chez Sephora, nous avons 90 % de femmes", précise-t-elle.
La démarche aura donc évité au géant de la parfumerie de se retrouver dans le rouge, prouvant, grâce à deux réunions, qu'un accord est en cours d'élaboration. "Ils ont juste limité la casse", conclut-elle.
Pour Jean-Claude Delgènes, DG de Technologia, qui a mis au point le questionnaire destiné aux entreprises, la couleur rouge est très dissuasive. Les tribunaux seront sans pitié pour les entreprises traînées au pénal, les partenaires sociaux ne laisseront rien passer et les candidats à l'embauche exigeront des garanties.
En ce qui concerne les entreprises à propos desquelles un professeur aurait dit "peut mieux faire" (les classées "orange"), elles sont inscrites dans une dynamique, explique M. Delgènes. "La dynamique respecte le rythme propre aux entreprises. Elle s'inscrit dans le long terme." Même chose si l'entreprise a les honneurs du vert ; elle ne devra pas pour autant se reposer sur ses lauriers. Si les partenaires sociaux montent au créneau, elle pourra très bien retomber dans l'orange, ou dans le rouge. Une stratégie du "name and shame" ("nommer et faire honte"), explique Xavier Darcos dans Paris Match, qui "a des conséquences sur leur image". Le bonnet d'âne n'est pas loin.
18.02.10
Après une série de suicides à France Télécom, le ministre du travail, Xavier Darcos, avait lancé, en octobre 2008, un plan national d'urgence pour la prévention du stress professionnel incitant les quelque 1 500 entreprises françaises de plus de 1 000 salariés à engager avant le 1er février des négociations ou des démarches sur le stress au travail.
Le ministère a donc mis en ligne, jeudi 18 février, sur le site consacré à "la santé et la sécurité au travail" Travailler-mieux.gouv.fr, les listes des entreprises classées en fonction de leurs efforts dans la prise en charge du stress.
Les entreprises se répartissent entre trois catégories : "vert" (celles qui ont déclaré avoir signé un accord de fond ou de méthode), "orange" (celles qui ont engagé une ou plusieurs réunions de négociations ou de discussions) et "rouge" (celles qui n'ont rien entrepris ou n'ont pas répondu au questionnaire soumis par le ministère). Les deux premières catégories comptent 900 entreprises (respectivement 55 % et 33 %), 600 n'ont pas répondu et sont automatiquement classées dans "rouge".
Dans la catégorie "orange", la plus mystérieuse, se situent France Télécom, Décathlon, Sony France, Mars Chocolat, ou encore Sephora.
Pour Jenny Urbina, déléguée générale CGT chez Sephora, la couleur orange n'est due qu'à l'urgence dans laquelle s'est retrouvée la direction. Selon elle, il n'était pas possible de signer les accords : absence de médecin du travail, documents élaborés "à la va-vite". A ses yeux, les projets d'accords transmis étaient "scandaleux". Pas de médecins ni d'enquête en interne. Or les problèmes semblent nombreux : sous-effectifs, horaires difficiles, vie personnelle et familiale négligée. Et "chez Sephora, nous avons 90 % de femmes", précise-t-elle.
La démarche aura donc évité au géant de la parfumerie de se retrouver dans le rouge, prouvant, grâce à deux réunions, qu'un accord est en cours d'élaboration. "Ils ont juste limité la casse", conclut-elle.
Pour Jean-Claude Delgènes, DG de Technologia, qui a mis au point le questionnaire destiné aux entreprises, la couleur rouge est très dissuasive. Les tribunaux seront sans pitié pour les entreprises traînées au pénal, les partenaires sociaux ne laisseront rien passer et les candidats à l'embauche exigeront des garanties.
En ce qui concerne les entreprises à propos desquelles un professeur aurait dit "peut mieux faire" (les classées "orange"), elles sont inscrites dans une dynamique, explique M. Delgènes. "La dynamique respecte le rythme propre aux entreprises. Elle s'inscrit dans le long terme." Même chose si l'entreprise a les honneurs du vert ; elle ne devra pas pour autant se reposer sur ses lauriers. Si les partenaires sociaux montent au créneau, elle pourra très bien retomber dans l'orange, ou dans le rouge. Une stratégie du "name and shame" ("nommer et faire honte"), explique Xavier Darcos dans Paris Match, qui "a des conséquences sur leur image". Le bonnet d'âne n'est pas loin.