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Articles, témoignages, infos sur la psychiatrie, la psychanalyse, la clinique, etc.

dimanche 31 octobre 2010





Société
28/10/2010


La prison sommée de se refaire une santé

Soins . «Libération» s’est procuré le texte du plan gouvernemental sur la médecine en détention.

Par SONYA FAURE

S’assurer que les préservatifs soient accessibles aux détenus, permettre le dépistage des cancers du sein ou du col de l’utérus pour les femmes incarcérées, rendre automatique un examen bucco-dentaire dès l’arrivée en prison… et faire en sorte qu’un principe plusieurs fois répété soit enfin effectif : les détenus doivent bénéficier de la même qualité de soin que ceux du dehors. Libération s’est procuré le «plan d’actions stratégiques pour la prise en charge sanitaire des personnes détenues 2010-2014» que doivent présenter cet après-midi les ministres de la Santé et de la Justice.

D’abord, un constat sans appel : on est davantage malade en prison. Les prévalences des infections par le VIH et l’hépatite C sont plus élevées chez les personnes détenues (1,04% pour le VIH et 4,2% pour l’hépatite) que dans la population générale (0,23% et 0,84 %). «L’incidence de la tuberculose y est 8 à 10 fois supérieure», lit-on aussi dans le préambule. Et les auteurs reconnaissent : «Le choc carcéral et l’épreuve de l’enfermement sont susceptibles d’avoir un impact sur la santé

Suicides. Tranchant avec l’ergotage de l’administration pénitentiaire, le texte assène : «Les personnes détenues se suicident 6 fois plus que les hommes libres âgés de 15 à 59 ans. Les données récentes montrent une augmentation des actes auto-agressifs dans les établissements pénitentiaires : 2 599 tentatives de suicides et 2 426 automutilations ont été comptabilisées en 2009 (contre 1 699 et 2 187 en 2008).» Le texte prévoit des études épidémiologiques, l’amélioration des données sur le phénomène suicidaire et, en 2012, un plan pluriannuel de mise en conformité des prisons avec la réglementation en matière d’hygiène, de sécurité et de salubrité.

«Le ministère de la Santé va enfin mettre son nez dans les conditions de vie des détenus. Il aurait pu aller encore plus loin et ne pas "cogérer" avec l’administration pénitentiaire les questions de santé en prison, notamment la prévention du suicide : il ne réaffirme pas l’importance du secret médical en prison», commente François Bès, de l’Observatoire international des prisons. «Depuis une réforme de 1994, l’hôpital est arrivé dans la prison. Mais des blocages sont vite apparus, rendant l’accès aux soins souvent théorique, explique-t-il. L’hygiène des locaux, le manque de soins dentaires, la problématique de la mise aux normes des lieux de soins somatiques… tout est enfin mis noir sur blanc avec ce plan, qui donne un programme précis pour y remédier d’ici 2014. L’éventail des thèmes abordés est large : de l’intimité de la vie sexuelle à l’immatriculation à la sécurité sociale.» Bémol, toutefois : «Le plan laisse aux UHSA [unités hospitalières spécialement aménagées, ndlr], ces nouveaux hôpitaux-prisons, le soin de s’occuper des malades psychiatriques. On ne sort pas du principe d’enfermement.»

Seringues. Ce plan reprend une expertise de l’Inserm qui recommandait de «pallier les carences constatées en France : distribution d’eau de Javel [pour désinfecter les seringues], accès aux préservatifs, aux matériels stériles liés à la toxicomanie». Sans donner de méthode et de calendrier précis. «Alors que le plan est très précis sur les mesures pour éviter la contamination lors des tatouages, il ne dit rien sur les échanges de seringues : ça dérange. C’est pourtant ce qui a réussi à diminuer les contaminations, dehors, dans les années 90 ! s’agace Laura Petersell, d’Act Up. Pour le reste, ce plan est une mascarade, il ne fait que dire : "Il faut appliquer le droit en prison."On oublie juste de rappeler que la prison n’est pas un lieu de soin et qu’il faut appliquer les suspensions de peines prévues pour les malades.»





Société
28/10/2010


Paris malade de sa carence en infirmières

L’hôpital Tenon, comme une grande partie des établissements parisiens, est à court de personnel. Une pénurie permanente.

Par ERIC FAVEREAU

C’était vendredi. Un nouveau rassemblement du personnel devant l’hôpital Tenon, dans le XXe arrondissement de Paris. Le dixième du même genre. Une petite foule. «Depuis quatre semaines, l’hôpital est en grève pour une remise à niveau des effectifs et une réelle amélioration des conditions de travail», expliquait avec force le responsable CGT. Et il ajoutait : «Hier, les patients de dialyse ont dû être transférés par manque de personnel, cinq infirmières se trouvant en arrêt maladie.» Le scénario classique ? Celui d’un banal conflit comme il y en a régulièrement dans les milliers d’établissements de santé en France, toujours à vif ? Pas si sûr… Car ce qui se passe à l’hôpital Tenon est emblématique d’une radicalisation de certains mouvements sociaux à l’hôpital, en particulier chez les infirmières.

Tenon, comme les autres établissements parisiens, est en pleine restructuration. Il doit se regrouper avec les hôpitaux Saint-Antoine, Rothschild et l’hôpital pédiatrique Trousseau. Tout cela est logique, mais voilà, à Paris, il manque des infirmières. Et tout devient plus aigu. Les causes de cette pénurie sont nombreuses, mais la première est la difficulté de trouver un logement dans la capitale avec un salaire d’infirmière.

Plus de 10% de postes sont ainsi vacants à l’hôpital Tenon : 58 postes sur 600. Et cela tend à augmenter. Très logiquement, pour essayer d’y faire face, la direction de l’établissement fait régulièrement fonctionner le robinet des intérimaires. En même temps, il existe une équipe d’infirmières suppléantes qui tourne dans les services au gré des besoins. On se débrouille, mais les tensions restent palpables. «C’est bien sûr aux urgences que les choses se compliquent. Et en particulier dans les équipes de nuit, explique le professeur Etienne Hinglais, chef du service des urgences, mais aussi membre de la commission médicale d’établissement (CME) de toute l’Assistance publique de Paris. On travaille dans de mauvaises conditions, les gens sont fatigués. En plus, les locaux ne sont pas adaptés. Et le nouveau bâtiment n’est toujours pas prêt.»

Prime. A Tenon, ce sont de grosses urgences: 45 000 passages par an. Déjà l’année dernière, une grève des infirmières avait éclaté. «Celles qui travaillent disent, non sans justesse, que vu le contexte et la surcharge de travail, il serait normal qu’elles soient aidées financièrement.» A l’époque, une petite prime avait été accordée. Mais rien n’a vraiment changé. Pis, la direction a même de plus en plus de mal à embaucher des intérimaires. «Au point que le week-end, 25% des infirmières sont intérimaires», s’alarme le professeur Hinglais.

Début octobre, les syndicats de l’hôpital Tenon annoncent le dépôt d’un préavis de grève. Le matin du samedi 2 octobre, veille de la Nuit blanche et jour de manifestation dans les rues de Paris, cinq infirmières sont attendues aux urgences. Quelques minutes avant la prise de leur service, trois infirmières appellent pour dire qu’elles sont en arrêt maladie. «C’est inédit», note le Pr Hinglais. Il est rarissime que des infirmières aillent aussi loin, au risque de mettre en danger la santé des malades. «Pour nous, cela a été un choc, suivi d’un branle-bas de combat, poursuit le chef de service. Les aides soignantes étaient toutes présentes, on a dispatché les malades du service porte [l’arrivée des urgences, ndlr] vers les autres services, puis les médecins se sont mis en première ligne aux urgences et on a renvoyé les patients vers les autres hôpitaux.» Ce qui, au passage, a désorganisé les hôpitaux voisins. Mais il n’y a pas qu’aux urgences de Tenon que le conflit s’est durci. En radiothérapie, en oncologie et en dialyse également. «Il y a un tel manque d’infirmières que tout le monde en souffre, raconte un autre chef de service. Il arrive que le matin même, sans préavis, certaines infirmières soient déplacées vers d’autres services. Avant, il y avait une équipe tournante ; maintenant, elle est inexistante.»

«Dantesque.» «Tout se tient, poursuit le Pr Hinglais. Faute d’infirmières, plus de 5% des lits de Tenon sont fermés. Donc cela devient absolument dantesque pour arriver à hospitaliser en urgence une personne âgée. On est à deux doigts de l’accident.» Dans ce contexte, une grande majorité de médecins de Tenon a signé un appel commun. Où ils notent : «Le manque d’effectif est compensé depuis de longs mois par les efforts du personnel en place. Il est fréquemment arrivé que le personnel infirmier reste en poste plusieurs heures supplémentaires, faute de relève. Devant cette situation, la direction du personnel a recours à des infirmiers intérimaires. Ce recours, couramment utilisé pendant les périodes de congés depuis quelques années, se généralise durant toute l’année, particulièrement aujourd’hui. Le personnel intérimaire ne peut pas assurer les mêmes prestations quand ils ne connaissent ni les locaux ni les spécificités des services auxquels ils sont affectés. De ce fait, il est arrivé que des infirmiers intérimaires, recrutés en réanimation ou en soins intensifs, refusent d’assurer leur mission, considérant qu’ils n’avaient pas la formation suffisante pour l’assurer sans danger pour les patients, laissant le personnel soignant du service en sous-nombre.» Et ils concluent : «Le personnel soignant se sent pris dans une spirale infernale : maintien du nombre de patients entrants, diminution du nombre de lits disponibles, engorgement des services, épuisement prévisible des équipes ! A ce jour, l’hôpital Tenon connaît une crise inédite qui menace de compromettre la qualité et la continuité des soins.»

En attendant, la grève se poursuit et les discussions se succèdent entre les syndicats et la direction. Dernier malentendu en date : mardi, ils devaient être reçus par la nouvelle directrice de l’Assistance publique, mais ils ont dû se contenter de la DRH.



Les tailleurs de pierre de Blombos
29.10.10

Vous manifestez parfois un mépris condescendant pour les hommes des cavernes ? Essayez donc de tailler un silex. L'affaire est beaucoup plus compliquée qu'il n'y paraît. Car il ne s'agit pas de cogner comme un sourd sur un caillou : les préhistoriens identifient un vaste éventail de techniques de débitage et de taille de la pierre. L'une des plus précises et des plus raffinées était présumée avoir été inventée tardivement en Europe, voilà quelque 20 000 ans. Las ! Cette prérogative n'est plus européenne : des archéologues et préhistoriens démontrent, dans l'édition du vendredi 29 octobre de la revue Science, que cette technique très élaborée, dite de "retouche par pression", est en réalité apparue il y quelque 75 000 ans, en Afrique australe.

Cette technique, jusqu'ici caractéristique de la culture dite solutréenne, consiste à exercer de fortes pressions sur la pierre à tailler, à l'aide d'instruments sans doute en os ou en bois de cervidés. Ces pressions successives sur les bords de la pierre permettent d'enlever de petits éclats et d'obtenir ainsi des objets d'une grande finesse, pointes de flèche ou de lance très aiguës et tranchantes. Si régulières et si belles que "ce sont presque des oeuvres d'art", dit la préhistorienne Paola Villa (université du Colorado à Boulder, laboratoire Pacéa à Bordeaux). Or, des pointes ressemblantes avaient été découvertes voilà plusieurs années dans la grotte de Blombos (Afrique du Sud), fouillée depuis le début des années 1990.

Mais de vagues ressemblances ne démontrent rien. D'autant que "les pierres utilisées à Blombos ne sont pas faites en silex, comme c'est le cas en Europe, mais en silcrète", dit Mme Villa, coauteur de ces travaux. Les caractéristiques de ces deux roches étant différentes, des techniques identiques ne produisent pas nécessairement les mêmes résultats. Aussi, pour en avoir le coeur net, les chercheurs ont taillé du silcrète en reproduisant la technique de retouche par pression.

"Retouche par pression"

En outre, avant de les travailler, les chercheurs ont chauffé les pierres pour les attendrir, comme le faisaient les "Européens" il y a 20 000 ans, c'est-à-dire "en les plaçant dans le sable, sous les foyers", explique Vincent Mourre (Institut national de recherches archéologiques préventives), principal auteur de l'étude. Ayant appliqué au silcrète l'ensemble des techniques réputées être nées en Europe au paléolithique supérieur, les chercheurs obtiennent un résultat remarquablement comparable aux pierres taillées il y a 75 000 ans par les hommes de Blombos. "En particulier, nous avons étudié la taille et l'abondance des éclats retrouvés dans la grotte et nous les avons comparés à ceux obtenus en taillant les pierres nous-mêmes selon cette technique", raconte Vincent Mourre. L'étude au microscope des outils modernes et anciens a achevé de convaincre les chercheurs : la "retouche par pression" n'a pas été inventée il y a 20 000 ans en Europe, mais il y a 75 000 ans en Afrique.

Y a-t-il une filiation entre les deux techniques ? "C'est une question à laquelle nous ne pouvons pas répondre pour le moment, répond Mme Villa. Nous avons un trou d'environ 50 000 ans au cours desquels on ne retrouve pas d'objets taillés avec cette technique. Des outils découverts en Russie, sur un site daté de 35 000 ans, ont peut être été obtenus grâce à cette technique, mais il resterait encore un vide de 40 000 ans..." Peut-être la mémoire de cette technologie africaine a-t-elle simplement disparu, avant d'être "réinventée", beaucoup plus tard, en Europe.

Quelle que soit la réponse, le site de Blombos dépossède une fois de plus l'Europe de l'une de ses fières prérogatives. On pensait que l'art était apparu en Europe voilà quelque 30 000 ans, avec les peintures rupestres comme celles de la grotte Chauvet : des parures de coquillages anciennes de plus de 70 000 ans, sans doute portées en collier, ont été récemment découvertes à Blombos. D'où les archéologues ont aussi exhumé des petits blocs d'ocre inscrits de motifs géométriques, signe d'une vie spirituelle de ses auteurs car, comme le dit M. Mourre, "ces petits objets n'étaient nullement nécessaires à la survie matérielle du groupe".
Stéphane Foucart



Un sondage montre l'acceptation massive de l'euthanasie en France
30.10.10

L'immense majorité des Français se déclare favorable à une loi sur l'euthanasie dans certains cas, comme une de maladie incurable, selon un sondage CSA publié, samedi 30 octobre, dans Sud-Ouest. Selon cette enquête, 94% des personnes interrogées se disent pour une telle loi. En 2001, ils étaient 88%.

Si la progression est impressionnante, l'adhésion à l'idée d'une autorisation de l'euthanasie dépend fortement de la religion : 97% des personnes sans religion se déclarent favorables à une telle loi, contre 82% des catholiques pratiquants et 58% des musulmans.

De même, si les sondés sont en faveur d'une telle possibilité, ils souhaitent qu'elle soit strictement encadrée : 58% souhaitent que l'euthanasie soit possible "dans certains cas", 36% qu'elle "devrait s'appliquer à toutes les personnes atteintes de maladies insupportables et incurables".

Sondage réalisé par téléphone du 21 au 22 octobre sur un échantillon représentatif de 956 adultes selon la méthode des quotas..
AFP
Héros contemporains et psychanalyse
http://heroscontemporainsetpsychanalyse.wordpress.com/

Zelda, Link ou la bisexualité psychique ?


Zelda et Link sont des personnages des jeux vidéos “The Legend of Zelda” produit par Nintendo dont le premier titre est sorti en 1986.
Contrairement à ce qu’on pourrait penser au travers du nom de ce jeu, le joueur incarne un jeune homme se nommant Link dans la plupart des épisodes de la série. Ce personnage doit sauver la Princesse Zelda, le plus fréquemment enlevée par le Seigneur Ganondorf. Afin de sauver Zelda, Link sera amener à affronter des monstres dans différents donjons lui permettant d’obtenir des armes. Il est toujours muni en début d’aventure d’une épée et d’un bouclier.

Une des principales quêtes est aussi de retrouver “Excalibur”, l’épée pouvant sauver la princesse Zelda.

La tryade Oedipienne est retrouvée au travers de Zelda, Ganondorf et Link. Le symbole même du jeu est la “triforce”, représentant les qualités principales du guerrier. La “force” pour Ganondorf, celui contre qui doit s’opposer Link qui a le “courage”, enfin la “sagesse” revient à la mère : Zelda.

Au-delà d’une question Oedipienne retrouvé à travers la rivalité entre Link et Ganondorf, afin d’être l’objet d’amour de Zelda, d’autres questions se posent sur l’identité sexuelle des personnages.

En premier lieu, on peut constater que chaque joueur de “The legend of Zelda” a effectué l’erreur : parler de Link en utilisant le nom de Zelda. La différenciation entre les deux personnages semble fragile. Link est le personnage auquel le joueur s’identifie, mais il est également le “lien” avec d’autres personnages.

Selon Freud (Dans “Trois essais sur la théorie sexuelle” 1905) : “tout être humain aurait constitutionnellement des dispositions sexuelles à la fois masculines et féminines se retrouvant dans les conflits que le sujet connaît pour assumer son propre sexe”  (“Vocabulaire de la psychanalyse”). Freud vient à penser, grâce à Fliess, qu’il y a un hermaphrodisme psychique. Cette notion de bissexualité nous permettrait de comprendre les identifications oedipiennes au sexe opposé.

Zelda est donc une femme, mais tout le monde l’a déjà confondu avec un homme (Link). D’autant plus que “Ocarina of time”, Zelda se déguise en Sheik, un jeune homme qui aide Link.

Le titre du Jeu Vidéo le rappelle, l’aventure vécue par le joueur est une “Légende”. La bisexualité a toujours eu une place importante dans les mythes et les religions. Zelda représente l’homme et la femme, divinité suprême considérée comme androgyne amenant la création du monde (un exemple de personnages androgynes dans les trois religions monothéistes sont les anges, dépourvu de sexe, ils sont les êtres les plus proche de Dieu). Les androgynes étant considérés pour certaines cultures les liens entre les humaines et dieux.
Au-delà de ceci, Zelda serait-elle transexuelle? Comme l’explique Mormont ( “Blanche-neige était-elle transexuelle?”Michel, Mormont, 2002 ), à travers la passation du Rorschach (Méthode Exner), il a pu constater un “Snow White Syndrom” constaté chez les transexuelles. Ce Syndrome, définit par Exner, serait l’expression d’une propension à se réfugier dans la passivité et dans l’imaginaire pour fuir les difficultés de la vie.

Zelda fuit en quelque sorte à chaque nouvelle aventure, et se trouve dans une position passive, attendant que Link vienne la sauver. La seule fois où Zelda fut active, c’est lorsqu’ellle devint Sheik




Être soigné par une infirmière-robot, ça vous dit ?
28/10/2010

Elle s'appelle Actroid-F et elle est le premier robot androïde destiné aux service médicaux. Ses capacités d'actions et ses expressions faciales sont ultra réalistes, elle est programmée notamment pour prodiguer des soins à des patients. Elle a été conçue par Yoshio Matsumoto, un chercheur de l'AIST (Institute of Advanced Industrial Science and Technology), pour être utilisée dans les hôpitaux mais aussi dans n'importe quelle endroit de contact. Cette androïde est capable de reproduire des expressions typiquement humaines (cligner des yeux, sourire ou froncer les sourcils) et surtout elle peut interagir avec ceux-ci. Ses expressions faciales peuvent être contrôlées par un PC.

Mais le robot est aussi capable d'imiter et de reproduire à la perfection les expressions et les mouvements humains qu'il perçoit dans son intelligence artificielle. Portable et léger, il peut être rechargé grâce à de simples batteries. Rarement un robot n'avait atteint un tel niveau de ressemblance. A tel point que ça en devient presque flippant...

Les infirmières vont faire la gueule


Actroid-F est destinée au domaine médical. Elle peut servir d'aides aux personnes âgées et aux handicapés ainsi qu'aux enfants hospitalisés. A ce stade de sa création, l'androïde n'est bien sûr pas encore prête à assurer toutes les fonctions d'une infirmière "humaine". Mais elle a été développée dans ce but.

Reste à savoir ce qu'en pense les infirmières, pas certain qu'elles soient ravies de se faire piquer un job, déjà pas super bien payé, par un robot japonais...

Voir la vidéo ici

mercredi 27 octobre 2010




IMAGES DE LA FOLIEC. QUÉTELGallimard Albums Beaux Livres
188 pages
Prix : 49 euros


 Présentation de l'éditeur :

Aucune maladie n'a été plus porteuse d'iconographie que la folie. Le mot lui-même a toujours été ambivalent, signifiant à la fois absence de sagesse et perte de la raison au sens médical du mot. Les artistes se sont engouffrés dans la brèche en jouant sur les deux tableaux. Des pures allégories de la folie comme La Nef des fous, on a cependant tôt fait d'arriver à des représentations où la pathologie a déjà sa place. C'est néanmoins avec la naissance de la psychiatrie, à l'orée du XIXe siècle, que les images de la folie se multiplient : peintures édifiantes, types d'aliénés, scènes de la vie asilaire... L'asile, voulu comme un instrument de guérison, se transforme en vision d'épouvante à travers les images-reportages de ses cours et de ses dortoirs, de ses médications et de ses appareils de contention.
L'iconographie de la folie s'exprime aussi dans les représentations de maladies «vedettes» comme l'hystérie, dans le regard des artistes à diverses époques, dans les figurations d'une antipsychiatrie aussi ancienne que la psychiatrie elle-même. Enfin, les fous eux-mêmes font oeuvre dans l'expression de l'art brut.
Au total, ces images constituent une véritable histoire de la folie, d'une folie qui, rapidement débarrassée de ses oripeaux allégoriques, apparaît en dépit de la diversité de ses représentations comme ce qu'elle a été de tous temps : une maladie toujours aussi mystérieuse et encombrante pour la société.

L'historien Claude Quétel a publié une Histoire de la folie, de l'Antiquité à nos jours (Tallandier, 2009), qui constitue la synthèse de nombreux travaux publiés sur l'histoire de la folie, le plus souvent en collaboration avec des psychiatres (notamment la Nouvelle histoire de la psychiatrie, dirigée avec le Dr Jacques Postel).





Société
26/10/2010
«Ce n'est pas demain la veille qu'on fera des consultations par Internet»
RECUEILLI PAR FÉLIX PENNEL

La télémédecine dispose désormais d'un cadre juridique : un décret qui vient d'être publié au Journal officiel réglemente à partir d'avril 2012 des activités telles que téléconsultation, téléexpertise, télésurveillance médicale ou téléassistance médicale.

Révolution ou simple reconnaissance de ce qui se fait déjà? Le docteur Claude Leicher, président du syndicat des médecins généralistes MG France, opte pour le second choix.

La téléconsultation marque-t-elle un tournant pour la médecine en France ?

Déjà, je ne suis pas favorable à l'emploi de ce terme de «téléconsultation». Ce n'est qu'une façon de résumer les choses. En fait, dans les cabinets médicaux, nous avons tous les jours des appels téléphoniques de patients qui ont des questions. Nous, médecins, leur donnons des conseils pratiques et d'orientation vers tel ou tel spécialiste.

Donc oui, ce décret est intéressant parce qu'il reconnaît ce que nous faisons déjà depuis longtemps. Mais concrètement, ça ne s'appliquera qu'à quelques situations particulières. Par exemple sur une île sans médecin ou en montagne, ce système va permettre de rassurer, de prodiguer des conseils précis grâce aux images retransmises. Mais ça ne remplacera absolument pas la consultation.

Est-il possible de tirer un diagnostic précis d'une «consultation» par Internet ?

Ce système ne permet aucun diagnostic. Bien sûr, si par exemple, une mère signale que son enfant a la varicelle, une description des boutons nous permet de le confirmer. Mais si un patient signale qu'il est anormalement essoufflé, on ne peut rien faire. Un médecin doit le voir pour l'examiner et faire le diagnostic.

C'est pour ça que le terme «téléconsultation» n'est pas approprié, ce n'est pas une consultation.

Quels sont les avantages et les inconvénients d'un «Internet médicalisé» ?

Cela va faciliter l'accès à la santé et permettre aux médecins qui seront en contact avec les patients de donner un degré d'urgence face à un problème.

Mais depuis qu'Internet existe, beaucoup de gens viennent nous voir avec des informations qu'ils ont trouvées, et ne comprennent rien à ce qu'ils ont pu lire. Il ne suffit pas d'avoir les informations, il faut aussi avoir l'interprétation. Nous verrons comment ça se met en place.

Pourquoi avoir attendu si longtemps pour l'autoriser ?

Parce qu'en France on a toujours du retard... Dans les pays anglo-saxons ça existe déjà depuis longtemps. Chez nous c'est toujours soit bon, soit mauvais. On a peur du changement, alors on a attendu.

Pourtant le monde ne va pas changer. Ce n'est pas de la médecine à distance mais bien du conseil. Et ce n'est pas demain la veille qu'on fera des consultations par Internet ou téléphone comme dans un cabinet.





APRÈS LA PARUTION DU DÉCRET TÉLÉMÉDECINE

La e-consultation : fantasme ou réalité ?

Floue sur certains points, la toute fraîche réglementation de la télémédecine laisse le champ libre à l’interprétation, notamment pour ce que sera – ou ne sera pas – une téléconsultation.

LA PARUTION à la fin de la semaine dernière du décret organisant la télémédecine (« le Quotidien » du 25 octobre) a suscité de nombreux commentaires dans les médias, certains voyant déjà pour demain la téléconsultation d’un patient par un médecin via Internet, avec rédaction d’une e-ordonnance et télépaiement à la clé. À l’origine de cet emballement, un certain flou dans l’interprétation de la nouvelle réglemenation. Que dit le décret en cause ? « La téléconsultation a pour objet de permettre à un professionnel médical de donner une consultation à distance à un patient. Un professionnel de santé peut être présent auprès du patient et, le cas échéant, assister le professionnel médical au cours de la téléconsultation. »

À l’Ordre des médecins, le Dr Jacques Lucas, vice-président en charge des questions de télémédecine remet les pendules à l’heure. Pour lui, la téléconsultation dispose essentiellement de deux champs d’application. Soit le patient est suivi régulièrement par le médecin dans le cadre d’une pathologie de longue durée, et après élaboration d’un protocole de télésuivi, il peut lui télétransmettre directement des résultats d’analyse par exemple, ou un électrocardiogramme, ou encore une radiographie dans le cadre de ce suivi. Soit le patient est en consultation chez un autre professionnel de santé ou dans un établissement de santé, et il est demandé à un médecin extérieur d’analyser à distance des symptômes, ou des résultats d’analyses. En dermatologie par exemple, la télétransmission de l’image d’une plaie peut aider au diagnostic.« La téléconsultation, ce n’est pas un diagnostic fondé sur les déclarations fournies par le patient, continue Jacques Lucas, c’est un examen médical différent basé sur l’analyse de données objectives. »

Il n’est donc pas question pour le moment d’imaginer qu’un patient puisse se connecter au cabinet d’un médecin pour lui décrire ses symptômes, encore moins que le médecin rédige une ordonnance et que le patient paye cette téléconsultation. « Non que nous y soyons opposés, précise le Dr Lucas, mais le décret ne prévoit pour l’instant rien de tel et il nous semble que si des évolutions doivent y être apportées, elles doivent se faire petit à petit, en prenant en compte le seul intérêt du patient. »

Accélération.

Mais au chapitre des évolutions futures que pourrait connaître la téléconsultation, le Pr Guy Vallancien a quelques idées. « Les choses vont s’accélérer, prophétise-t-il, car la téléconsultation est l’une des réponses à la désertification médicale et à l’encombrement des cabinets qui en résulte. » Guy Vallancien, qui a rédigé de nombreux rapports à la demande des pouvoirs publics, tant sur les maisons de santé pluridisciplinaires que sur la réforme des hôpitaux ou la rémunération des médecins, est également le père du projet expérimental de cabinet médical mobile. Il prend l’exemple du Canada où certains médecins ont une patientèle disséminée sur des territoires de plusieurs centaines de kilomètres carrés. « Dans chaque village, continue-t-il, des professionnels de santé spécialement formés, et de niveau master, vont voir les malades, procèdent aux examens et analyses nécessaires, et télétransmettent les résultats au médecin qui pose alors son diagnostic et fait sa prescription. »
Mais Guy Vallancien, jamais en retard d’une avancée potentielle, voit encore plus loin et estime que la téléconsultation directe, sans l’intervention d’un autre professionnel de santé, verra le jour tôt ou tard. « Ca n’est pas pour demain, reconnaît-il, et tout dépendra des corporatismes qui se manifesteront. » Mais il en est persuadé,si les collectivités locales investissent dans des bornes Internet, les progrès de la technologie rendront un jour la chose possible. « Les Français vont comprendre qu’on ne perd pas nécessairement de lien humain par Internet, conclut-il. Parfois même, les patients se confient plus en écrivant leurs symptômes ou en les décrivant par webcam interposée. »

HENRI DE SAINT ROMAN

Le Quotidien du Médecin du : 27/10/2010

 


La figure du psy dans les séries

Psychiatres, psychologues, psychanalystes, thérapies courtes, de couple, de groupe… : nombreuses sont les séries télé qui intègrent à leur intrigue un personnage de thérapeute, régulier ou occasionnel. Mais si les années 2000 ont marqué l’apparition du psy comme possible figure centrale de la série (In Treatment, Huff, State Of Mind, Tell Me You Love Me, Head Case, Lie To Me), certaines avaient déjà exploré cette voie quelques années auparavant (The Bob Newhart Show, Sessions). Aujourd’hui, rares sont les séries dont les personnages ne sont pas amenés, à un moment ou à un autre, à livrer leurs tourments dans le secret d’un cabinet de psy

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La Parole et la mort
, comment une société humaine est-elle possible?
Moustapha Safouan
Essai
Paru en 10/2010

Les questions relatives à l’essence des choses et à leur définition tournent court. Il est préférable de leur substituer celles concernant leurs relations. « Qu’est-ce que l’inconscient ? » devient : quelles sont les relations de l’inconscient au signifiant, à la vérité, au savoir, aux lois universelles de la parole et, last but not least, à l’objet de la pulsion telle que Freud l’articule dans sa métapsychologie ?

Mais encore : en quoi ces relations nous renvoient à notre situation au sein du langage ? Quel est le sens qu’elles donnent à la division du sujet ? et non pas du moi, ce dernier étant l'instance où s'investit le leurre de l'unité.

Ces questions sont traitées dans cette réédition de La Parole ou la Mort dont la première édition portait plus particulièrement sur les lois universelles de la parole, en tant qu’elles constituent les conditions des possibilités de la société humaine. Ce changement du centre de gravité du livre a entraîné des modifications substantielles ; il ne serait pas exagéré de parler d’un nouvel ouvrage.

Moustapha Safouan est analyste, formé au sein de la Société Psychanalytique de Paris. Il a été parmi les premiers à suivre l’enseignement de Lacan dès ses débuts, en 1951, ce qui lui a permis de mesurer combien cet enseignement renouvelait la pratique et la théorie psychanalytiques. Parmi ses nombreux ouvrages : L’Inconscient et son scribe (Seuil, 1982) et Le Langage ordinaire et la Différence sexuelle
(Odile Jacob, 2009).





Traité du bas de l'être
Jean Broustra

Essai 
Paru en 10/2010

Le traité du bas de l'être est un essai sur les modalités contrastées entre le bas et le haut, le lourd et le léger, le corporel et le spirituel. Inscrit dans la tradition occidentale, tel le Traité de la concupiscence de Bossuet ou le célèbre livre de Bachelard L'air et les songes, il accorde une place privilégiée à la philosophie (d'Héraclite à Deleuze), à la psychanalyse, à la poésie. Plusieurs pratiques sont données en référence, à partir de l'expérience de l'auteur dans la médecine psychiatrique, la psychanalyse, la psychothérapie en ateliers d'expression, l'écriture dans la tenue de carnets personnels et la publications de romans. Loin d'être conceptuel et abstrait, cet ouvrage relate une histoire de vie à la recherche d'une pensée, d'un sens, par le jeu de la transmission mais aussi par la prise de risque d'une nécessaire invention.

Jean Broustra est psychiatre, psychanalyste, écrivain. Ancien chef de clinique (Bordeaux 2), il est formateur en thérapeutiques d'expression.

magicmaman.com
http://www.magicmaman.com/,les-fessees-rendraient-les-enfants-anxieux,2222,1663349.asp

Les fessées rendraient les enfants anxieux


La chercheuse en psychiatrie de l'Université de Montréal Françoise Maheu a rendu les premières conclusions de sa grande enquête sur la fessée. Elle vient confirmer ce que plusieurs autres études avaient déjà démontré au préalable : « des pratiques courantes comme donner la fessée ou punir avec excès (...) ne permettent pas d'inculquer une bonne discipline. Au contraire, il y a des effets psychologiques sur les enfants.» Les fessées développeraient en effet selon elle l'anxiété des enfants.

La chercheuse fait bien la distinction entre les fessées fréquentes qui visent à punir l'enfant et la maltraitance ou l'abus physique.

Pour mener à bien cette étude, Françoise Maheu et son équipe a suivi près de 2 500 enfants de 5 mois à 12 ans. «Nous avons découvert que de cinq à sept pour cent des femmes qui ont de nombreuses pratiques parentales coercitives alors que leur enfant est âgé de cinq mois les conservent au fil du temps, indique Françoise Maheu. D'où l'importance d'intervenir le plus tôt possible afin d'avoir un effet à long terme sur le bien être des jeunes.»




Une nouvelle forme de harcèlement
Par Vincent Olivier
04/10/2010

Les médecins ont défini un harcèlement ni sexuel ni professionnel : la "traque furtive".

Le "stalking": c'est ainsi que les Anglo-saxons appellent cette forme de harcèlement (littéralement: le fait de traquer quelqu'un) que les Français ont traduit par "traque furtive". Ce terme est apparu durant les années 90 pour qualifier, notamment, les admirateurs de célébrités en tous genres qui harcèlent ces dernières à coups de coups de fil, lettres ou même de cadeaux non demandés! 

Si, aux Etats-Unis, ce comportement est réprimé sur le plan légal, il n'en va pas de même en France: les seules formes de harcèlement reconnues par le code pénal sont d'ordre sexuel et professionnel. Impossible, donc, pour les victimes de porter plainte quand ce harcèlement n'est pas accompagné de menaces. 

"J'ai vu arriver aux urgences des personnes brisées par le stalking", explique le Dr Nicolas Dantchev, chef de clinique dans le service de psychiatrie de l'Hôtel-dieu à Paris, qui est intervenu sur ce thème dans le cadre des Entretiens de Bichat qui se sont achevés ce week-end à Paris. "Des gens traqués pendant des années, détaille-t-il, qui ont reçu des centaines de lettres, ont été épiés, pris en filature, parfois même obligés de déménager plusieurs fois." 

Les femmes premières victimes


Le plus souvent, le "stalker" est un ex-partenaire qui n'a pas accepté une rupture amoureuse. Parfois "l'histoire n'a même tout simplement jamais eu lieu, le stalker s'est imaginé quelque chose et a, ensuite, le sentiment d'avoir été trahi", note le Dr Dantchev. Mais la victime peut être également un collègue de travail, un supérieur hiérarchique voire... le psychiatre qui a suivi, un temps, cette personne! 

S'il n'existe pas, à proprement parler, de "profil type" du stalker, on peut néanmoins dégager quelques grandes tendances. Dans 80%, le stalker est un homme. Pas nécessairement pervers, ce dernier manifeste souvent une intolérance à la séparation; il se caractérise également par un sentiment exagéré de sa propre importance. Bref, il s'agit en général d'une personnalité "border-line", quand elle n'est pas profondément narcissique. 

La prise en charge des victimes repose avant tout sur un soutien psychologique, très proche de celle que l'on propose en cas de stress post-traumatique. Elle est "d'autant plus nécessaire que la victime n'est pas reconnue comme telle par la justice", regrette Nicolas Dantchev. 

Lorsque le stalker passe aux menaces directes toutefois, une mesure d'éloignement peut être ordonnée, du même genre que celles qui sont prononcées dans le cadre des violences conjugales. Dans les faits, de telles décisions de justice restent malheureusement trop rares. 





Alzheimer: "Des pistes de recherche" à foison selon un spécialiste

PARIS - Vaccins, alimentation, génétique et nouvelles molécules, la recherche sur la maladie d'Alzheimer présente de multiples facettes et offre des pistes d'avenir, même si l'effort et les financements doivent vraiment s'intensifier, explique un spécialiste.

"On ne dispose d'aucun traitement spécifique efficace susceptible de guérir la maladie" constate le professeur Alexis Brice, neurologue (hôpital de la Pitié-Salpêtrière, Paris), directeur de l'institut thématique "neurosciences, sciences cognitives, neurologie et psychiatrie".

"Mais il y a pas mal de pistes de recherche grâce à une meilleure connaissance des mécanismes fondamentaux" qui mènent à la formation des plaques amyloïdes et à la dégénérescence.

La maladie d'Alzheimer et les démences apparentées touchent quelque 860.000 personnes en France et ce nombre, avec le vieillissement de la population, ne fera qu'augmenter.

Sur le plan thérapeutique, des inhibiteurs ont été développés. "Il faudra en vérifier l'effet sur les plaques et les symptômes de la maladie" (troubles intellectuels, perte de mémoire...)", explique-t-il à l'AFP, à l'occasion de la Journée mondiale Alzheimer.

Objectif par exemple des inhibiteurs (ou activateurs) d'enzymes appelées "sécrétases": bloquer la formation du peptide beta-amyloïde, une molécule qui s'accumule autour des neurones et forme les plaques séniles.

Les inhibiteurs de la gamma sécrétase empêchent la protéine précurseur de se transformer en peptide bêta-amyloïde. Les activateurs de l'alpha sécrétasse aboutissent au même résultat. "Il y a des essais en cours déjà en phase 3, sur plusieurs centaines de malades en Europe et aux Etats-Unis", relève le Pr Brice.

Il existe aujourd'hui des marqueurs d'imagerie cérébrale (TEP) qui vont permettre de visualiser l'évolution des plaques caractéristiques de la maladie. "Avec cet outil, qui n'existait pas il y a une dizaine d'années, on peut suivre in vivo les effets des nouveaux traitements sur les plaques amyloïdes", raconte le médecin.

Les vaccins, malgré les premiers écueils, restent une "piste prometteuse" et de nouveaux essais sont en cours.

Selon lui, "l'immunothérapie passive, qui devrait avoir moins d'effets secondaires (encéphalite)", fait l'objet d'essais avancés. Elle consiste à administrer des anticorps afin de favoriser l'élimination du peptide beta-amyloïde.

Autre champ de recherche, la génétique. "Les formes héréditaires, purement génétique, d'Alzheimer, qui surviennent plus jeune, avant 60 ans, représentent moins de 1% des cas, même si elles nous ont beaucoup appris sur la maladie", souligne le Pr Brice.

Plus généralement, il existe des facteurs de prédisposition, comme le gène Apo4. "Les porteurs d'une copie de cette forme du gène ont 2 à 3 fois plus de risque de développer un Alzheimer et ce risque augmente significativement en présence de deux copies".

La recherche a permis d'en identifier d'autres, comme l'a montré récemment l'équipe du Pr Philippe Amouyel (Inserm), souligne-t-il. "En combinant les différents facteurs de risque génétique, on pourrait imaginer de repérer les personnes à risque significativement augmenté". "Un risque ne veut pas dire une certitude, à l'exception de certaines formes familiales", met-il cependant en garde.

Par ailleurs, dans le domaine alimentaire, l'effet de suppléments en oméga 3 sur la survenue de nouveaux cas d'Alzheimer chez des personnes de 70 ans ou plus est en cours d'étude à Toulouse, selon la Fondation pour la recherche médicale.

Outre Atlantique, l'impact d'un antioxydant, le resvératrol, un polyphénol contenu dans le raisin et le vin est actuellement testé sur des formes de la maladie d'Alzheimer débutante ou modérée.

(©AFP / 21 septembre 2010)






Des éléments clés contre les démences

Une équipe INSERM montre que la lutte contre le diabète et la dépression pourrait réduire le risque de démence après 65 ans.

L’équipe de Karen Ritchie (INSERM 888, Montpellier) a suivi 1 433 personnes en bonne santé âgées de 65 ans et plus, recrutées entre 1999 et 2001 et habitant dans l’agglomération montpelliéraine. Ces personnes étaient soumises à des tests cognitifs à l’entrée dans l’étude puis deux, quatre et sept ans plus tard.

L’étude montre que la suppression de la dépression et du diabète ainsi qu’une augmentation de la consommation de fruits et légumes conduiraient à une réduction globale de 21 % des nouveaux cas de démences ou de déficits cognitifs modérés ; la dépression a la plus forte contribution (10 %).

L’amélioration des capacités intellectuelles conduirait à une réduction de 18 % du nombre de cas. En ce qui concerne le gène de l’apoE4, bien connu dans l’Alzheimer, son élimination ne réduirait que de 7 % le nombre de nouveaux cas.

Pour les auteurs, les programmes de santé publique devraient inciter aux activités intellectuelles, au traitement rapide des symptômes dépressifs et à la détection précoce de l’intolérance au glucose et de la résistance à l’insuline.

Dr E. DE V.

« BMJ online », 5 août 2010.
Quotimed.com, le 23/08/2010

samedi 23 octobre 2010




Grand Sud » Toulouse
23/10/2010
EMMANUELLE REY

Marchant : le personnel réclame des moyens

Depuis lundi, une partie du personnel de l'hôpital Marchant est en grève reconductible. Pour le retrait de la loi sur les retraites mais surtout pour dénoncer le manque de moyens.

De part et d'autre de la grande tente blanche dressée depuis lundi devant l'entrée de l'hôpital Marchant, les revendications sont clairement affichées. « Non à la retraite à 67 ans », « Oui à l'emploi », « Sauvons l'hôpital », « Davantage de petites cuillères en métal »… Votée en assemblée générale vendredi dernier, la grève, soutenue par l'intersyndicale CFDT-CGT-FO-SUD et le personnel non syndiqué, a vite dépassé le cadre national de lutte contre la réforme des retraites. « Tout est lié, c'est la même volonté politique. On veut faire payer aux salariés et aux plus faibles, l'ardoise de la crise. On manque de moyens humains, l'hôpital public est en danger. On en arrive même à pleurer pour réclamer une petite cuillère… C'est peut-être anecdotique, mais, dans mon service de pédopsychiatrie, les enfants ne peuvent plus manger de kiwis parce que les cuillères en plastique se cassent », lance Isabelle Morère, secrétaire du syndicat CGT de l'hôpital Marchant. « Ce qui a mis le feu aux poudres ici c'est le manque de personnel infirmier dans le service de gériatrie. Pour pallier l'absence de huit titulaires sur dix - arrêts de travail ou départs - la direction a fait appel en urgence, la semaine dernière, aux infirmiers des autres unités de l'hôpital alors que les gestes ne sont pas les mêmes, ils demandent même une certaine expertise. », ajoute Jean-Paul Fauré, secrétaire Sud santé de Marchant.

Dans la tente des grévistes, les témoignages se succèdent et remplissent le cahier de doléances. Tous témoignent d'un épuisement professionnel. « Les infirmiers ne doivent pas être baladés comme des pions, c'est inhumain », souligne encore Isabelle Morère en précisant que la pénurie d'infirmiers en psychiatrie devient de plus en plus critique.

« Le contexte de recrutement des personnels infirmiers est difficile », confirme Michel Thiriet, directeur de l'hôpital Marchant qui compte 563 lits en psychiatrie et 47 en gériatrie. Il parle aujourd'hui d'une « douzaine de besoins de remplacement ». « Nous faisons face à une pénurie de candidatures et c'est souvent le cas en fin d'année. Nous devons attendre début décembre et la sortie des étudiants diplômés de l'école. D'ici là, pour les remplacements, il est normal de faire jouer la solidarité d'établissement », conclut le directeur après avoir rappelé que huit postes médicaux et quarante non médicaux ont été créés en quatre ans.

Les grévistes, reçus au tout début de leur mouvement par le directeur, ont décidé de « tenir le camp ». « Postes, besoins, on joue sur les mots. Nous, nous ne voulons plus travailler dans des conditions dégradées », explique Isabelle Morere.

vendredi 22 octobre 2010





Des psychanalystes mettent en cause la politique du gouvernement français à l’égard des Tsiganes


Journée de réflexion et de protestation à l’initiative d’Espace Analytique - Dimanche 21 novembre 2010, de 13h30 à 19, ENS rue d’Ulm, Paris


Cibler une population pour l’exclure, comme le gouvernement français l’a fait envers les Gens du Voyage, français, et les Roms, étrangers communautaires, est un acte condamnable. Dans une Europe fragilisée par une crise économique majeure, ce genre de geste risque de transférer le malheur quotidien en vindicte populaire, dès lors qu’est désigné un bouc émissaire.

Mais il y a plus grave. L’histoire du XXe siècle nous enseigne que c’est là un engrenage politique fatal. Les institutions européennes ont protesté. L’idéologie de la libre circulation des personnes est constamment affichée. Pourtant la mise en place de la zone Schengen et une phraséologie multiculturaliste à géométrie variable provoquent des formes de clôture ségrégative intra-européenne.

La psychanalyse a cerné la tendance à la ségrégation, relevée par Lacan après la Massenpsychologie de Freud, propre au fonctionnement de l’inconscient individuel. Espace Analytique en avait fait le thème de son Congrès de 2004. Il importe d’y revenir aujourd’hui, alors que fonctionne cette "exclusion interne" que nous connaissons bien, en invitant nos collègues à une journée de réflexion et de protestation le 21 novembre prochain, autour d’Henriette Asséo, historienne, professeur à l’EHESS et de Patrick Williams, anthropologue, directeur de recherches au CNRS dont les recherches font autorité sur l’histoire et l’anthropologie des Tsiganes.

La politique gouvernementale française actuelle a une double dimension.

Sur le plan intérieur, elle laisse entendre que la nationalité ne confère plus la citoyenneté de plein droit. Ainsi, en gommant le fait que les Gens du Voyage vivant en France sont des citoyens français, elle teste des techniques de suspicion sur l’ « identité nationale » d’une partie des Français.

Sur le plan extérieur, elle déconnecte des étrangers relevant du droit communautaire, les Roumains ou Bulgares dits « Roms », de leurs attaches nationales. Elle contribue à accélérer les expropriations en Europe centrale et orientale et à fabriquer une catégorie politique unique de « roms migrants », ethniquement responsable de leurs discriminations.

La tentation partagée par tous les États européens de l’« ethnicisation politique » remet en cause les principes de la souveraineté nationale ; elle met en péril le fonctionnement démocratique de notre société, tel qu’il s’est bon an mal an établi depuis la Seconde Guerre mondiale. C’est de cela que nous parlerons dimanche 21 novembre 2010.

Programme ici






PARIS (Reuters)
Les valeurs à suivre à la Bourse de Paris

[...]
* ORPEA, spécialiste des maisons de retraite et des cliniques de moyen séjour et de psychiatrie, a annoncé l'acquisition de 4.866 lits en Europe, offrant un chiffre d'affaires potentiel supplémentaire de 250 à 280 millions d'euros, et a relevé son objectif de chiffre d'affaires pour 2011.

* TRANSGENE a publié lundi un chiffre d'affaires sur neuf mois de 11,1 millions d'euros. La société de biotechnologies, qui précise disposer d'une trésorerie d'environ 194 millions d'euros à fin septembre, confirme être en bonne voie pour mettre sur le marché un premier produit en 2015.
[...]
Raoul Sachs, Florent Le Quintrec et Marie Mawad, édité par Dominique Rodriguez



Dépression grave : la piste de la thérapie génique
Anne Jouan

6 à 7 % des dépressifs souffriront d'une forme grave de la maladie.

Des chercheurs ont testé avec succès cette technique chez la souris.


La dépression touche plus de 3 millions de Français. Mais ce terme englobe des réalités très diverses, avec des souffrances d'intensité et de durée variables. De manière générale, on estime qu'environ 20 à 30% de la population connaîtra un jour un épisode dépressif à un moment de son existence. Et 6 à 7% d'entre eux souffriraient d'une forme plus grave que les spécialistes appellent la dépression «majeure» ou sévère. Si une grande proportion répond favorablement aux traitements, un petit nombre de malades ne réagit pas aux antidépresseurs. Soit parce que les médicaments ne produisent pas sur eux l'effet escompté, soit parce qu'ils n'agissent que momentanément, voire, dans certains cas, aggravent même les symptômes. Dans ces formes graves, différentes thérapeutiques plus lourdes sont parfois proposées : électrochocs, stimulation cérébrale (à l'essai)…
Dans ce contexte de pauvreté thérapeutique face à la dépression grave, des scientifiques se sont penchés sur l'intérêt de la thérapie génique. De manière expérimentale pour l'instant. Des chercheurs de l'université Cornell et de l'hôpital Presbyterian à New York viennent en effet de publier un article dans la revue américaine Science Translational Medicine qui conclut que la thérapie génique pourrait être une solution pour les dépressions graves ne répondant à aucun traitement chimique. Schématiquement, ils ont injecté un gène activant une protéine dite «p11» dans une partie du cerveau appelée le «noyau accumbens». La restauration de ce gène a permis d'éliminer les symptômes dépressifs chez des souris de laboratoire (symptômes évalués selon des protocoles standardisés).

Une protéine du plaisir

Les chercheurs avaient l'intuition que cette protéine p11 activée dans le noyau accumbens du cerveau est fondamentale pour ressentir du plaisir et éprouver un sentiment de satisfaction, absent chez les sujets dépressifs. Des analyses post-mortem ont montré que les patients souffrant de dépression grave avaient des taux de protéine p11 très bas. C'est pourquoi le Dr Michael Kaplitt de l'université Cornell a choisi d'insérer le gène produisant la protéine p11 dans le noyau accumbens en utilisant un virus comme vecteur. Il avait lui-même testé avec succès cette technique pour un traitement génétique de malades souffrant de Parkinson dans un essai clinique (phase 1). «En matière de dépression, il ne faut s'interdire aucune recherche, analyse le psychiatre Bruno Falissard, professeur à Paris-Sud. Il n'est pas complètement fou de vouloir essayer la thérapie génique, même si cette dernière était réservée jusqu'à présent aux maladies génétiques.»
Stéphane Jamain, chercheur à l'Inserm dans l'équipe de psychiatrie génétique (hôpital Henri-Mondor à Créteil), juge les résultats de ses collègues américains très intéressants. «Ils apportent de beaux résultats sur la physiopathologie de la maladie. C'est l'une des premières fois que l'on montre qu'il est possible de modifier un comportement en touchant aux gènes. Même si nous sommes encore loin de la thérapie génique pour l'homme dépressif», estime le chercheur, qui rappelle que les spécialistes soupçonnent depuis quelque temps le noyau accumbens d'être impliqué dans la dépression.

Des doutes subsistent


«En revanche, nous ne savons pas aujourd'hui avec certitude si la protéine p11 est réellement la protéine de la dépression», tempère Stéphane Jamain. «Ces recherches sont très intéressantes pour mieux comprendre les mécanismes qui entrent en jeu dans une dépression, observe la Pr Chantal Henry, psychiatre au CHU Albert-Chenevier (Créteil). Dotés de meilleures caractérisations cliniques, nous pourrons améliorer la prise en charge des malades et affiner leur prise en charge.»
Traiter la dépression, fût-elle sévère, par la thérapie génique n'est pas sans poser des questions d'ordre philosophique. «Cela équivaut à dire que l'on ne peut rien faire contre cette maladie et que la seule réponse est d'ordre génétique. Or c'est faux», insiste le Dr  Bruno Falissard. L'équipe américaine espère rapidement transposer sa découverte des rongeurs à l'homme.







La thérapie génique au chevet de la dépression
22.10.10

"Je suis le Ténébreux, - le Veuf, - l'Inconsolé (...) Ma seule Etoile est morte, - et mon luth constellé porte le Soleil noir de la Mélancolie", soupire Gérard de Nerval dans son poème El Desdichado ("le déshérité"). En écho, Baudelaire, dans son Spleen, décrit les affres de "l'esprit gémissant en proie aux longs ennuis", où "l'Angoisse, atroce, despotique (...) plante son drapeau noir".


Les poètes et les peintres, dont les états cafardeux ont maintes fois inspiré la veine créative, jugeraient sans doute que l'étude américano-suédoise publiée dans l'édition du 20 octobre de la revue Science Translational Medecine manque furieusement de romantisme. Ce travail laisse entrevoir - de façon encore très préliminaire - la possibilité d'une thérapie génique des dépressions sévères.

Cette stratégie curative, consistant à remplacer des gènes défectueux, ou à introduire des gènes correcteurs dans certaines cellules, est expérimentée depuis peu chez des malades parkinsoniens. Mais elle est inédite pour la dépression. L'enjeu est énorme, puisque cette pathologie est en passe de devenir la deuxième cause d'invalidité après les maladies cardio-vasculaires, selon l'Organisation mondiale de la santé. Et qu'elle résiste, chez près d'un patient sur trois, à l'arsenal des médicaments antidépresseurs.

L'expérience, conduite par Brian Alexander (Weill Cornell Medical College de New York), a pris comme cobayes six jeunes souris mâles. Elle a d'abord inactivé à l'aide d'un virus, dans une minuscule région de leur cerveau appelée noyau accumbens, le gène p11, qui gouverne la synthèse de la protéine du même nom. Celle-ci est connue pour réguler le signal transmis aux cellules cérébrales par la sérotonine, un neuromédiateur impliqué dans l'humeur, le sommeil et la mémoire.

Les chercheurs ont alors observé les mouvements des rongeurs, lorsqu'ils les suspendaient par la queue, ou qu'ils les plongeaient dans une bassine d'eau dont ils ne pouvaient s'échapper. Ils ont constaté que les animaux renonçaient plus vite à se débattre ou à nager, une résignation classiquement observée dans les modèles animaux de dépression. Signe corroboré par leur moindre appétence pour une boisson sucrée, rappelant l'anhédonie (insensibilité au plaisir) des personnes dépressives.

L'équipe a ensuite procédé à l'expérience inverse, en réintroduisant dans leur cerveau, par le truchement d'un autre virus, le bon gène, afin de restaurer l'expression de la protéine. Les animaux ont retrouvé une agitation normale, en même temps que leur goût pour le sucre.

Parallèlement, les chercheurs ont passé au scalpel les tissus cérébraux de 34 cadavres d'humains, dont la moitié avait souffert de dépression et les autres non. Et ils ont découvert, dans le noyau accumbens des premiers, un niveau plus faible de la protéine p11.

Ils en concluent que, chez l'homme comme chez la souris, le noyau accumbens et le gène p11 jouent un rôle-clé dans la dépression. Et qu'une thérapie génique pourrait être envisagée pour "des patients présentant une dépression majeure, et réfractaires aux autres traitements antidépresseurs".

"Il s'agit d'un travail sérieux et novateur, qui apporte des éléments importants sur la physiopathologie de la dépression", commente Stéphane Jamain, de l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm, équipe de psychiatrie génétique, hôpital Henri-Mondor de Créteil). Mais, ajoute-t-il, "cela ne signifie pas qu'il va révolutionner la psychiatrie".

"Le recours à la thérapie génique pour traiter des troubles psychiatriques complexes reste un domaine inexploré", estiment eux aussi, dans une mise en perspective publiée dans la même revue, trois chercheurs de la firme pharmaceutique américaine Johnson & Johnson. A leurs yeux, "même si nous nous engageons sur une nouvelle voie prometteuse, un grand nombre de questions cliniques et réglementaires doivent être résolues avant que de telles thérapies puissent être mises en œuvre ".

Entre la réaction d'un rongeur pendu par la queue et le comportement humain, il existe un fossé vertigineux. Même si les tests de la pendaison et de la nage forcée font partie de la batterie des protocoles standards utilisés avant l'éventuelle mise sur le marché d'un antidépresseur.

Dans le cas précis, l'extrapolation du modèle animal à l'homme semble d'autant plus hasardeuse que la thérapie génique a été effectuée sur des souris âgées de onze semaines seulement. Ce qui, transposé à l'homme, reviendrait à un traitement précoce, de post-adolescents, potentiellement avant l'apparition des premiers symptômes.

En outre, l'observation, post mortem, d'une carence de la protéine p11 dans le cerveau des sujets dépressifs pose l'éternelle question de la poule et de l'œuf. Comme il en va pour d'autres troubles psychiatriques, comme la schizophrénie ou l'autisme, il est impossible de déterminer si les anomalies cérébrales repérées sont la cause ou, au contraire, la conséquence de ces affections.

L'étude se focalise de surcroît sur un gène particulier, alors que la dépression, pour autant qu'elle puisse s'expliquer par des causes génétiques, implique vraisemblablement de nombreux gènes.

Il reste à démontrer que celui dont les chercheurs ont mis en évidence l'action joue un rôle plus déterminant que les autres. Cela, pour l'ensemble des manifestations dépressives, et non pas seulement pour un type spécifique de dépression.

Enfin, et peut-être surtout, ce travail propose une approche strictement biologique d'un trouble du comportement, dont les praticiens considèrent qu'il est la résultante d'un faisceau complexe où se mêlent des facteurs personnels, sociaux et environnementaux, associant traumatismes, stress et conditions de vie.

En dépit de toutes ces réserves, les résultats rapportés ont le mérite d'établir l'importance d'une zone très localisée du cerveau dans les états dépressifs. De l'établir, ou de la confirmer, puisque des essais de stimulation profonde du noyau accumbens, par des électrodes, ont déjà été menés pour des cas de dépression sévère résistant aux médicaments.

En outre, note Stéphane Jamain, qu'ils débouchent ou non sur une future thérapie génique, ils offrent un espoir aux dépressifs. Ils suggèrent, en effet, que cette pathologie, même dans l'hypothèse où elle serait inscrite dans les gènes, "peut être corrigée a posteriori, en compensant un déficit de neurotransmetteur".

L'étude est cosignée par treize biologistes, dont le patron, Michael Kaplit, professeur associé au Weill Cornell Medical College, est aussi cofondateur et consultant de la société américaine de biotechnologies Neurologix Inc. Cette société, cotée en Bourse, a acquis la licence d'un brevet déposé par l'université Cornell, sur la thérapie génique avec le gène p11. Les intérêts financiers en jeu expliquent, peut-être, s'agissant des perspectives thérapeutiques, le raccourci un peu rapide fait entre des souris et des hommes.
Pierre Le Hir





Gard« La santé mentale souffre d’une omerta, d’un défaut d’image très grave »

Denis Reynaud est secrétaire général de l’Union des cliniques psychiatriques privées

Jusqu’au 27 octobre, les cliniques psychiatriques diffusent une campagne radio nationale en faveur d’une meilleure compréhension des maladies mentales. Pourquoi ?

La santé mentale souffre d’une omerta, d’un défaut d’image très grave. Se faire hospitaliser en psychiatrie, cela reste tabou pour la plupart des gens. Pourtant, la maladie mentale, cela se soigne, il y a des résultats. Surtout si elle est prise en charge très tôt. Une dépression qui est prise en charge dès les premiers jours aura alors beaucoup plus de chances d’être guérie. C’est vrai aussi pour d’autres pathologies.

Votre action s’inscrit justement dans la semaine nationale de la dépression. Cette maladie continue-t-elle de progresser ?
Il faut savoir qu’actuellement, il y a une chance sur quatre, ou cinq, que tout un chacun soit un jour hospitalisé en psychiatrie. La plus fréquente des maladies mentales est la dépression ; selon l’INVS, de 5 % à 8 % des Français sont frappés par un épisode de dépression majeur. On constate un accroissement régulier des pathologies, la dépression en tête.

À cause de la crise ?
Oui, la crise se traduit par l’augmentation de la prise en charge de pathologies liées au stress.
L’image négative de la psychiatrie ce n’est pas qu’une affaire de tabou. C’est aussi le manque de moyens, les infirmiers surmenés...

Non ?

Il est exact qu’on a du mal à trouver des infirmières. On dit d’ailleurs au gouvernement qu’il faut en former plus.

La spécialisation en psychiatrie a d’ailleurs été supprimée pour les infirmières...
Ce n’est pas forcément une mauvaise chose : enfermer toute sa vie un infirmier en psychiatrie, c’est terriblement usant. Mais voilà, cette réforme a été mal faite : on n’a pas augmenté la formation en psychiatrie des infirmières. Il y a aussi un manque de moyens financiers. Depuis trois ans, on nous autorise une augmentation tarifaire d’un pour cent l’an. Comment pourrait-on dès lors augmenter le salaire de nos personnels ? Aujourd’hui, aucune clinique privée n’est en mesure d’équilibrer ses comptes en fonction des tarifs accordés par la tutelle. Les tarifs ne couvrent pas les coûts.

Comment faites-vous alors ?
On récupère avec les tarifs des chambres individuelles : mais voilà, tous les patients ne peuvent pas se permettre de se payer une chambre individuelle.

Dans le Sud, plus d’établissements
Les cliniques psychiatriques sont particulièrement implantées dans le Sud-Est. Une raison historique à cela : cette terre d’élection des sanatoriums, a vu, à leur disparition, nombre de ces établissements muer en cliniques psychiatriques. Aujourd’hui, en Languedoc- Roussillon, plus de la moitié des hospitalisations sont prises en charge par des établissements privés. En France, le privé prend en charge près de 25 % de l’activité, avec un budget inférieur à 10 % du total de la psychiatrie en France. « On ne trouve pas cela équitable », dit M. Reynaud au nom de l’Union nationale des cliniques psychiatriques privées (UNCPSY, 163 établissements) laquelle milite pour une meilleure reconnaissance de leur action par les pouvoirs publics et la population.

Mont Duplan : clinique rachetée
« On n’arrive plus à s’en sortir », affirme M. Reynaud. Il y a un an, « à contrecœur », il a vendu la clinique du Mont Duplan au groupe VP Investissement. En 1931, son grand-père avait fondé l’établissement qui sera l’un des derniers sanatoriums de France avant sa mue, en 1974. Cette année, la clinique (58 lits, dont 30 en chambres individuelles) a été la première à décrocher la certification V2010, et ce sans réserve de la Haute autorité de santé (HAS). Un gage de qualité, « grâce à la mobilisation exceptionnelle du personnel », souligne M. Reynaud.
Recueilli par Richard BOUDES
 




Les femmes survivent mieux à un traumatisme grave

Une femme victime d’un traumatisme violent a 14 % de plus de chance de survivre qu’un homme blessé de la même façon. Selon une équipe de l’université Johns Hopkins (Baltimore), il faudrait y voir une action délétère des androgènes. Adil H. Haider et coll. ont analysé les données nationales des traumatisés, soit plus de 48 000 cas survenus entre 2001 et 2005, vus aux urgences en hypotension et hypovolémie. Ils ont séparé ces accidentés en trois catégories : moins de 12 ans, 13-64, 65 ans et plus.

Dans les deux groupes extrêmes, les plus jeunes et les plus âgés, c’est-à-dire ceux aux taux d’hormones sexuelles les plus bas, il n’existe pas de différence de survie entre hommes et femmes. En revanche, chez les adultes soumis à une pression hormonale, les femmes se sont montrées avantagées par estrogènes et progestérone.

Une hypothèse thérapeutique en est née. Peut-être lors d’un traumatisme important serait-il utile de traiter les hommes par des inhibiteurs des androgènes, de façon temporaire. Des tests antérieurs réalisés sur des souris confortent cette option.
› Dr G. B.

« Journal of Trauma », septembre 2010.
Quotimed.com, le 21/10/2010




Ce que prévoit le projet de loi de bioéthique

La ministre de la Santé Roselyne Bachelot a présenté en conseil des ministres son projet de loi de révision de la loi bioéthique de 2004, qui devrait être discuté au Parlement au début de l’année prochaine.

LA PRINCIPALE innovation est la possibilité pour les enfants issus d’un don de gamète (sperme ou ovocyte) – soit à peu près 1 300 naissances par an – d’avoir accès à leurs origines. À leur majorité, ils pourront avoir accès à des données non identifiantes sur le donneur (âge, origine, catégorie socioprofessionnelle...) mais aussi à son identité, si celui-ci, informé de la demande, y consent. La mesure ne s’appliquera pas aux dons antérieurs à la loi, a souligné le ministère, répondant ainsi à une inquiétude des donneurs et des professionnels de santé.

Critères élargis.


Autre point très attendu par la communauté scientifique, le sort réservé à la recherche sur l’embryon et les cellules souches embryonnaires. La loi de 2004 l’interdit, tout en prévoyant des autorisations dérogatoires par l’Agence de la biomédecine pour une période limitée à 5 ans, ce moratoire venant à échéance en février 2011. Le projet de révision supprime le moratoire, mais maintient le principe d’interdiction de la recherche et le régime d’autorisations à titre dérogatoire. Les critères sont élargis, puisque pourront être autorisées les recherches « susceptibles de permettre des progrès médicaux majeurs » (et non plus des « progrès thérapeutiques majeurs »), « ce qui permettra d’inclure les recherches en matière de diagnostic et de prévention », est-il précisé.

En matière d’assistance médicale à la procréation (AMP), le texte met en exergue le caractère strictement médical des critères justifiant d’y recourir. Il prévoit le même droit d’accès aux couples hétérosexuels pacsés qu’aux couples mariés (sans avoir à justifier de deux ans de vie commune comme prévu dans les autres cas). Les conditions de recours au diagnostic pré-implantatoire ou DPI (une quarantaine de naissances par an) restent inchangées, dans le cadre d’une AMP lorsqu’un couple a une forte probabilité de donner naissance à un enfant atteint d’une maladie grave reconnue comme incurable. En revanche, le gouvernement ouvre enfin la porte à la technique de la congélation ovocytaire ultrarapide (ou vitrification). Roselyne Bachelot s’était montrée, depuis le début des débats, défavorable à la gestation pour autrui : sans surprise, le texte ne l’envisage pas.

En matière de greffe, enfin, le don croisé d’organes est envisagé. En revanche, le gouvernement n’ouvre pas la voie à la conservation autologue de sang de cordon.
› STÉPHANIE HASENDAHL

Quotimed.com, le 20/10/2010




Le Sénat a adopté la réforme de la médecine du travail

Le Sénat a adopté dimanche matin la disposition réformant la médecine du travail introduite par les députés dans le projet de loi sur les retraites (dans le cadre du volet sur la pénibilité). Durant le débat, les sénateurs de gauche ont bataillé contre cette disposition, estimant qu’il y aurait une « perte d’indépendance de la médecine du travail ». Plusieurs parlementaires ont brocardé un texte écrit « sur le bureau de Laurence Parisot », présidente du MEDEF, un « passage en force », ou encore la « démédicalisation programmée de la santé au travail ». Certains élus ont dénoncé un cavalier législatif (une disposition n’ayant aucun lien avec le texte dans lequel il est incorporé).

La réforme stipule notamment que les missions des services de santé au travail« sont exercées par les médecins du travail, en lien avec les employeurs et les salariés désignés pour des activités de protection et de prévention des risques professionnels (...) ».

Le ministre du Tavail, Éric Woerth, s’est justifié sur tous les points sensibles.« Le secret professionnel (du médecin) est garanti. Son indépendance est garantie, a-t-il assuré. Il faut des équipes pluridisciplinaires, prenant notamment en compte la dimension psychologique, il faut aussi mieux coordonner les services de santé. Nous organisons un pilotage au niveau national et régional. Enfin, nous transposons des directives européennes car c’est une directive qui impose la désignation par l’employeur de personnes chargées de la protection et de la prévention des risques. »
› C. D.

Quotimed.com, le 18/10/2010