par Sandra Onana publié le 12 juillet 2022
Quand elles ne crèvent pas les yeux, c’est bien connu, les évidences rendent aveugles. La Nuit du 12 met en face d’une de ces évidences telles qu’on ne les voit plus, arpentant l’espace infime entre la banalité et l’impensable. On sort sonnés d’y avoir appris, comme pour la première fois, que la misogynie est le sujet fondamental du polar. Qu’à travers nos films policiers, nos romans noirs et nos faits divers, s’écrit encore et toujours l’effarante biographie de la gent masculine. Des hommes y enquêtent sur les meurtres commis majoritairement sur des femmes, par des hommes – leurs semblables. On est déjà à la fin du film lorsque le personnage subtilement interprété par Mouna Soualem, nouvelle recrue et seule femme de la brigade criminelle, verbalise cette vérité au nez de ses collègues. C’est comme une porte entrouverte qu’on enfonce. Pas à grands fracas, mais avec un bruit mat, amorti.