Le garçon jette un regard noir à la petite troupe qui a passé une tête dans sa cellule sans lui avoir demandé l’autorisation. Il a 16 ans, en paraît 13, et s’est fait un programme de pompes quotidiennes pour prendre un peu des épaules, il y a du travail. Sa cellule de 9 m2 sent l’ado qui se néglige. Il n’y a presque rien, des miettes et des restes de gâteau sur la petite table, un lit douteux, une petite armoire où sont jetés en boule quelques tee-shirts et un short. Pas de photos, pas de souvenirs, juste des murs lépreux couverts de graffitis et de fautes d’orthographe. « C’est l’une des cellules en bon état », constate sobrement un surveillant.
Les cellules du quartier des mineurs de Fleury-Mérogis, le plus grand d’Europe, ne ressemblent en rien à celles des détenus plus âgés, avec leur réchaud bricolé, leurs bouquins, leurs mille petits objets personnels, où chacun essaie de s’habituer à habiter là. Les gamins détenus, eux, cassent. « D’abord les toilettes et le lavabo, explique le capitaine Ahmed Hirti, le chef de la détention. Puis le globe en plastique qui protège le petit écran plat de la télé, puis la télé. » Ils l’échangent parfois contre du shit, avec un yo-yo, un bout de ficelle qui permet de la balancer doucement par la fenêtre jusqu’à une fenêtre voisine. C’est interdit, bien sûr. Tout le monde le fait.