Un chauffeur de bus a été condamné, mercredi, à cinq ans d’emprisonnement dont dix-huit mois ferme par la cour d’assises du Val-d’Oise pour l’expulsion fatale de son passager.
Il se prénommait Issam, ou peut-être Rachid ou encore Samy. Il se nommait Moulayrchid, ou Saat ou Saadi. Il était né au Maroc ou en Algérie. Il était âgé de 37 ans, peut-être 38. C’est tout ce que le fichier des empreintes digitales a permis de savoir de lui. « Dans ce dossier, la victime nous a donné plus de travail que l’auteur », dit l’enquêteur de police. Il avait 2,5 grammes d’alcool, de la nicotine, de la caféine, des benzodiazépines dans le sang, un foie malade, un cœur fatigué, des sutures sur le visage. « Il n’était pas éligible au don d’organes », dit pudiquement le médecin légiste.
Issam ne possédait qu’une sacoche. Elle contenait un téléphone portable qui ne lui appartenait pas, une montre en acier, trois briquets, un couteau multifonction, une pince Facom, deux paquets de mouchoirs en papier, une écharpe multicolore, une paire de chaussures montantes marron, un bonnet noir, un manteau bleu foncé, un tee-shirt noir, un pull-over gris, quatre pièces de 10 centimes, une pièce de 5 centimes, deux pièces de 2 centimes, deux pièces de 1 centime, et vingt-quatre tickets RATP. Il était SDF. Il a été enterré dans le carré des indigents du cimetière de Gonesse (Val-d’Oise). Voilà pour sa vie.