Le projet de Farid Kacha est de “relancer le travail de mémoire et de reconnaissance” autour de la psychiatrie. Selon lui, cette discipline “mérite assurément une attention particulière, car elle a souffert du départ brutal de la plupart de ses soignants au lendemain de l’indépendance”.
Parce que la psychiatrie est l’une des rares, voire l’unique spécialité des sciences médicales à “se situer au cœur de l’homme, son humanité et sa liberté”, le docteur Farid Kacha, ancien chef de service à l’hôpital de Chéraga, publie aux éditions Koukou un ouvrage sur l’histoire de cette discipline médicale et sa situation en Algérie, ainsi que son parcours professionnel, entamé au sortir de l’indépencance.
Face à la montée en puissance des neurotechnologies.
La Chambre des députés au Chili a approuvé mercredi une loi sur les "neurodroits", ou droits du cerveau, devenant ainsi le premier pays au monde à légiférer sur les neurotechnologies. Ce projet de loi, déjà voté à l’unanimité au Sénat, pourrait constituer la base d’une jurisprudence à venir en matière de droits humains face aux avancées des technologies appliquées au mental et au cerveau.
"Nous sommes heureux que ce soit le début d’une évaluation au niveau mondial sur comment les technologies doivent être utilisées pour le bien de l’Humanité", s’est réjoui le médecin et sénateur de l’opposition Guido Girardi, un des promoteurs de cette loi, qui doit déboucher sur une révision de la Constitution.
Cette réforme constitutionnelle entend préserver "l’intégrité physique et psychologique" du citoyen, de sorte qu'"aucune autorité ou individu" ne puisse, par le biais des nouvelles technologies sur le cerveau humain, "augmenter, diminuer ou perturber cette intégrité individuelle sans le consentement approprié".
Kiosque360. Le Maristane de Sidi Frej dans la Médina de Fès, fondé par les Mérinides au XIIIe siècle, a fonctionné comme un hôpital pour les indigents et les malades mentaux jusqu’au XXe siècle. Aujourd’hui, les travaux de sa réhabilitation sont en cours. Tranche d’histoire.
Ressuscité en 2018, dans le cadre du programme de réhabilitation de la Médina de Fès, le Maristane de Sidi Frej est un haut lieu d’histoire et de mémoire. Le site, fondé par le Sultan mérinide Abu Ya’qub Yusuf au XIIIe siècle, est une preuve du développement de la psychiatrie au Maroc à cette époque. Durant des siècles, il a fonctionné comme un hôpital et un hospice pour les indigents et les malades mentaux, rapporte l’hebdomadaire La Vie Eco dans sa dernière livraison.
Situé entre la rue Tala’a El-Kebira et la Zawiya de Moulay Idriss II, le site s’ouvre sur son côté ouest, sur une petite place publique, qui était historiquement désignée comme le Souk El-Henna (le marché du henné). Il était composé d’un rez-de-chaussée avec un étage où étaient hospitalisés séparément les hommes et les femmes.
Propos recueillis par Luc ChatelPublié le 26 septembre 2021
« En sacralisant le prêtre, l’Eglise en a fait un être à part, dégenré et désexualisé », relève Josselin Tricou. Dans son livre « Des soutanes et des hommes », le sociologue analyse la masculinité atypique de ceux que l’Eglise catholique place au sommet de sa hiérarchie.
Entretien. Célibat perçu comme toxique, violences sexuelles tues par l’Eglise, condamnation de l’homosexualité, refus d’ordonner des femmes… Depuis plusieurs décennies, de nombreuses raisons sont avancées pour remettre en question la figure du prêtre, qui ne semble pas être un homme comme les autres.
Maître-assistant en sociologie des religions à l’université de Lausanne (Suisse), docteur en science politique et études de genre, Josselin Tricou est l’auteur du livre Des soutanes et des hommes. Enquête sur la masculinité des prêtres catholiques (PUF, 472 pages, 23 euros). Il analyse cette construction d’une masculinité atypique du clergé par l’Eglise et ses conséquences, tant d’un point de vue historique et sociologique que politique.
De notre correspondant Christophe MARTIN-25 sept. 2021
Vincent Clerc a appris à gérer sa maladie, la schizophrénie, dont il dit lui-même qu’elle ne guérira jamais. À travers l’art, il essaie également d’encourager d’autres patients à trouver des ressources en eux-mêmes.
Dolois d’origine, Vincent Clerc a 46 ans. Depuis de longues années, il souffre de schizophrénie et réside au centre hospitalier spécialisé de Saint-Ylie.
« Je suis quand même fort d’avoir pu produire tout ça »
« Moi, je me bats, souligne-t-il. Ça fait un peu plus d’un mois que la schizophrénie est à peu près stabilisée. Ça veut dire que je n’ai plus beaucoup d’hallucinations. Les hallucinations, c’est terrible parce que vous pouvez entendre des voix, être persécuté sous différentes formes. En fait, votre cortex auditif produit des sons, des phrases avec des voix bien particulières, mais c’est lui qui vous joue des tours. »
Vincent Clerc a aménagé la chambre 12 de l’unité des Brunelles, à sa manière, avec 250 feuillets pendus aux murs. « C’est à la fois mon miroir, commente-t-il, quand je les regarde ou quand je les relie, quand je les ai ainsi en surface, ça me rappelle que je suis quand même fort d’avoir pu produire tout ça. Et puis, il y a une deuxième chose. C’est l’effet protection : c’est comme s’il y avait sur les murs une nouvelle peau ; une écorce nouvelle qui est en train de naître et qui me protège. »
Un défilé de mode pour ne plus voir les différences entre les personnes. Ce dimanche Aux Frigos, à Metz, patients et soignants de structures spécialisées dans la maladie mentale ont défilé sur un podium improvisé sous d'immenses marronniers.
Des traces de pas d'humains mises au jour sur une île le long de la côte de la Colombie-Britannique, dans l'Ouest canadien, dateraient d'environ 13.000 ans, ce qui en feraient les plus vieilles découvertes en Amérique du Nord, selon une étude publiée mercredi.
La plage du Rozel, dans la Manche, livre lors de chaque fouille archéologique estivale de nouvelles empreintes de pieds, témoins du passage de probables jeunes Néandertaliens.
Les découvertes archéologiques sont souvent le fruit du hasard. C’est le cas du site du Rozel, une dune au lieu-dit Le Pou, dans l’ouest du Cotentin. On y a mis au jour quantité de silex taillés et d’os d’animaux ainsi que des foyers. Mais ce qui distingue ce gisement et lui donne un intérêt exceptionnel, c’est la découverte depuis 2012 de 2 200 empreintes de pieds d’hommes préhistoriques et de 35 autres de mains, conservées dans le sable durci.
Avant cette découverte, on n’avait recensé pour tout le paléolithique moyen (de − 300 000 à − 40 000) que neuf empreintes de pieds réparties sur trois sites : Vartop (Roumanie), Theopetra (Grèce) et Biache-Saint-Vaast (Pas-de-Calais). Depuis, on en aurait découvert une centaine à Matalascanas, dans le sud de l’Espagne, dont l’étude est en cours.
De son côté, Le Rozel livre constamment de nouvelles traces. Cette année, en juin et juillet, les équipes d’archéologues qui se sont succédé sur le site, sous la direction de Dominique Cliquet, spécialiste du paléolithique ancien et moyen, conservateur du service régional d’archéologie de Caen, coordinateur du projet, en ont relevé 200, soit autant que lors de la campagne 2020, du 1er juillet au 31 août. C’est dire l’importance de ce site comparable, dans son domaine, aux grottes de Lascaux ou de Cosquer.
Adoptée à la naissance par un couple blanc, la cinéaste et sociologue interroge dans son nouvel essai autobiographique, «Une poupée en chocolat», les enjeux des adoptions transraciales, entre non-dits et violences sociales.
On ressort essoré de la lecture d’Une poupée en chocolat (la Découverte). L’essai de la cinéaste, sociologue et militante afroféministe Amandine Gay, consacré aux enjeux de l’adoption, est bien plus qu’un simple compte rendu de recherche historique et sociologique. Sur le fond, d’une part, elle pose, de façon précise et méthodique, tous les tenants et aboutissants de cette démarche qui n’est jamais réellement questionnée pour mettre en lumière les rouages politiques et les systèmes de domination qui sont à l’œuvre, comme elle l’a déjà fait dans son film documentaire Une histoire à soi, sorti en salles début juillet. Sur la forme, d’autre part, car Une poupée en chocolat peut aussi se lire comme une autobiographie qui captive de la première ligne jusqu’aux bouleversantes dernières pages. Son histoire est celle d’une fille noire adoptée après sa naissance sous X en 1984 par un couple blanc. Malgré tout l’amour de ses parents et leur conscience, plutôt aiguisée pour l’époque, des enjeux d’une adoption transraciale, ça ne l’a pas empêché d’en subir les conséquences systémiques.
ette année 2019, nous commémorons le 80e anniversaire de la mort de Sigmund Freud qui écrivait à son épouse Martha le 16 août 1882 : « Aucune idée ne me semble plus déprimante que celle d’avoir un jour ma tombe au Centralfriedhoff ». Son biographe Ernest Jones commente : « Et en fait, ses restes ne se trouvent pas dans cet épouvantable cimetière viennois, mais dans sa chère Angleterre. » (La vie et l’œuvre de Freud, 1, p. 197).
Dans le texte Considérations actuelles sur la guerre et la mort (1915), Freud concluait : « Si tu veux supporter la vie, organise-toi pour la mort ». Cette réflexion fait écho à la maxime du philosophe Montaigne pour qui « philosopher c’est apprendre à mourir ». Cette vision de la vie comprise à travers le miroir réfléchissant de la mort est partagée par de nombreuses traditions religieuses, puisqu’il s’agit de vivre en vue du salut prochain, à l’origine des croyances dans le paradis, et pour les bouddhistes l’espoir de sortir du cycle des renaissances (samsara). Notons en passant le point commun qui existe entre la « résurrection » du Christ qui se fait en chair et en os et l’idée de réincarnation bouddhique ! En Chine, pour les taoïstes, « mourir » c’est rentrer chez soi, tandis que la naissance est vécue déjà en soi comme une petite mort. Pour le confucianisme, la mort est l’accomplissement final d’une vie-rituelle.
Dans les prochains jours se tiendront les Assises de la santé mentale et de la psychiatrie. Or, la psychiatrie est la grande absente de ces Assises. Refoulée à l’arrière-plan, ses problématiques seront reléguées dans l’opacité des cabinets ministériels. Il est de notre devoir de citoyen de remettre au centre de la psychiatrie l’accueil de la personne souffrante, sa famille, ses rêves, ses petites et ses grandes histoires.
Santé mentale qui n’a désormais que peu à voir avec les souffrances et les soins car elle se concentre désormais sur « le bien-être » et « la qualité de la vie ».
Un appel collectif lancé par 300 signataires, dont 120 psychiatres.
TEXTE COLLECTIF
Les assises de la santé mentale et de la psychiatrie doivent se tenir, les 27 et 28 septembre 2021, sous l’égide de la présidence d’Emmanuel Macron.
Si cette initiative peut être saluée pour mettre au cœur des débats un des parents pauvres de la santé, elle risque d’être une frustration de plus pour un secteur sinistré par des années d’appauvrissement et de pénurie.
Alors que ces assises ont pour ambition d’être « historiques » et de réunir l’ensemble des acteurs de ce champ, il est étonnant de constater le nombre de problématiques invisibilisées alors même que des textes législatifs sont actuellement en cours d’élaboration. En tant qu’acteurs et observateurs de la psychiatrie de proximité, nous attirons l’attention sur des omissions surprenantes.
Maintes et maintes fois différées, les assises de la santé mentale et de la psychiatrie se dérouleront et seront surement sous les feux des projecteurs ces lundi 27 et mardi 28 septembre. Alors que le ministre de la Santé Olivier Véran, assure que le gouvernement veut " à tout prix éviter une troisième vague, qui serait celle de la santé mentale ".
Assises évoquées déjà depuis janvier dernier par le Président Macron. Afin disait-il " de dresser les orientations de la psychiatrie pour les années à venir. Mais aussi pour répondre à la crise et aux manques de moyens et des lits.
De plus, la crise du Covid ayant imposé une distanciation sociale inédite et elle a agi comme le miroir des situations de souffrance et de mal être, des conditions de travail particulièrement tendues, avaient de nouveau été mises en lumière. D’où l’urgence d’agir vite et bien.
Un contexte terrible dans toute la France, des postes de psychiatres sont vacants, un manque de lits criants, un manque évident en personnel, financement étranglé, des plans d’investissements qui se font attendre, une offre de soins pas à la hauteur des besoins, encore plus à la Réunion, qui reste encore sous-dotée par rapport à la Métropole.
Dans son dernier essai autobiographique, "Une poupée en chocolat" (La Découverte, 2021), Amandine Gay revient, à l'aide de son expérience personnelle, sur le sujet de l'adoption internationale pour en creuser les enjeux et l'historique.
Je me donne naissance à moi-même par le biais de la création. (Amandine Gay)
En partant d'un témoignage intime concernant sa naissance sous X et son adoption, Amandine Gay tire le fil d'un phénomène large, historique et aux enjeux multiples: l'adoption transnationale et transraciale. Dans Une poupée en chocolat (La Découverte, 2021), un essai traversé par les théories afroféministes et décoloniales, elle aborde non seulement le contexte historique de l'adoption internationale mais aussi son contexte politique.
C'est plus facile de rentrer dans des sujets politiques parfois très controversés en allant d'abord dans l'expérience vécue. (Amandine Gay)
On ne peut considérer que l'adoption est un sujet circonstancié dans le temps. (Amandine Gay)
C’est l’histoire d’un philosophe qui avait décidé d’aller sur le terrain pour mettre ses connaissances – et donc se mettre lui-même aussi – à l’épreuve. Le philosophe Guillaume Durand, maître de conférences à l’université de Nantes, dirige aussi la consultation d’éthique clinique au Centre hospitalier de Saint-Nazaire après une dizaine d’années à exercer dans ce domaine. Il raconte quelques situations tirées de son expérience dans son nouveau livre Un philosophe à l’hôpital (Flammarion).
Le ministre Olivier Véran a annoncé ce jeudi le maintien jusqu’en 2025 de ces structures expérimentales, qui vont devenir des «haltes soin addiction» afin d’en finir avec les caricatures sur les «salles de shoot».
Oubliez les «salles de consommation à moindre risque» et dites bonjour aux «haltes soin addiction», ou «HAS». La nouvelle, annoncée ce jeudi via la lecture d’un courrier d’Olivier Véran lors de l’ouverture du congrès annuel de la Fédération Addiction, a suscité de vifs applaudissements de la part des professionnels du monde de l’addiction réunis au palais des congrès de Metz.
Chantal Birman, sage-femme libérale et féministe, a consacré sa vie à défendre le droit des femmes. À presque 70 ans, elle continue de se rendre auprès de celles qui viennent d’accoucher pour leur prodiguer soins et conseils.
Le secrétaire général de FO Pénitentiaire dénonce un mal-être au sein des prisons réunionnaises qui affecte aussi bien le personnel que les détenus. Selon les syndicalistes, une “vraie” prise en charge psychiatrique des détenus est la première solution.
La vie carcérale ne fait pas rêver. C’est connu et même attendu. Les détenus y purgent des peines pour délits et crimes, après tout. Mais les prisons à La Réunion sont devenues des lieux de violences, troubles psychiatriques graves et les surveillants sont découragés, selon le secrétaire régional de FO Pénitentiaire, Vincent Pardoux.